Vers Ferba
Dans les profondeurs des mines, la chaleur était insupportable. L’air y était étouffant, et chaque respiration semblait alourdir l’atmosphère déjà saturée de poussière et de l’odeur de pierre. La sueur perlait sur les fronts et les épaules, laissant des traces sombres sur les vêtements des travailleurs épuisés. Des veines de pierres précieuses scintillaient faiblement sous les faibles lueurs des torches, rendant le labeur presque mystique.
"C’est bientôt fini," souffla Sébastian en essuyant son front du revers de sa main, visiblement épuisé mais satisfait.
"Non, c’est fini maintenant," déclara Rev'Na en se redressant, ses mains chargées de pierres précieuses tandis que des miettes de gâteau parsemaient encore ses lèvres, signe d’un en-cas rapide dans la mine.
Ensemble, ils poussèrent le chariot, désormais rempli à ras bord de pierres brillantes, hors des profondeurs pour émerger à la lumière du jour. Une fois dehors, ils prirent une pause bien méritée, mais leur curiosité les poussa rapidement vers un autre objectif : nourrir leurs dragonneaux affamés.
Merilla tenta d’apporter une entrecôte de bœuf à son jeune dragon, mais celui-ci, enfermé dans sa cage, se montrait réticent. Il reculait la tête avec une certaine méfiance, observant la viande avec dédain.
"Comment faites-vous pour acheminer toute cette nourriture jusqu’ici ?" demanda Merilla, fascinée.
"On utilise un système de poulies qui va de la base des mines jusqu’aux niveaux supérieurs," répondit Rev'Na en pointant du doigt un système complexe de cordes et de roues.
"Pourquoi on n’a pas utilisé ce système pour faire monter notre chargement ?" s’enquit Merilla, un brin frustrée.
"Ce serait bien trop long, et puis, le système n’est pas conçu pour supporter un poids aussi énorme," expliqua-t-il, amusé.
Soudain, Nico, curieux comme toujours, s’invita dans la conversation. "Pourquoi avez-vous des suffixes dans vos noms ?"
Rev'Na lui adressa un sourire amusé. "Eh bien, chaque suffixe a un sens. 'A' signifie que nous sommes encore enfants. En vieillissant, cela évoluera en 'Ra' pour les adolescents masculins ou en 'Ba' pour les adolescentes."
"Et pourquoi Teb'I ?" demanda Nico, intrigué par ce nom particulier.
Teb'I, qui avait écouté la conversation en silence, intervint en haussant les épaules. "Parce que je suis jeune adulte. Je n’ai pas encore d’enfant, mais le jour où j’en aurai un, je l’appellerai Ham'A, suivant la tradition."
"Tu devrais lui donner un nom normal, comme 'Brave Reg'. Ça sonne bien mieux," ajouta Merilla avec un sourire taquin.
"Non, je préfère l’appeler 'Sourire'," répondit Teb'I avec une lueur d’espoir dans le regard.
"Bon, assez discuté," interrompit Rev'Na en secouant légèrement ses ailes, manifestant une impatience joyeuse. "Vous ne nous devez plus rien, alors on vous laisse repartir."
"Quoi, c’est tout ? On ne reçoit aucune récompense après tout ce travail ?" demanda Merilla, déçue et épuisée.
Rev'Na sortit un sac en peau cousu avec soin, et en extirpa quelques provisions : une entrecôte de bœuf, un ragoût de Vormeton et une torche spéciale, capable de s’allumer à volonté.
"Comment ça marche, ce truc ?" s’émerveilla Nico en observant la torche.
Teb'I s’approcha et appuya sur un bouton sur le manche, illuminant la cour d’une douce lumière qui perça l’obscurité ambiante, projetant des ombres autour d’eux.
Alors que tout semblait prêt pour le départ, Nico posa une main hésitante sur Teb'I. "Pourquoi tu ne restes pas avec nous ?" demanda-t-il, son dragon se pressant contre lui avec un miaulement affectueux.
Teb'I secoua la tête. "Je dois partir chercher Lyra. Ces gens ici… ils ne m’apprécient pas vraiment, à cause de mon caractère."
Jorge éclata de rire en se frappant les cuisses. "Bah ! Avec nous, tu seras toujours le bienvenu, et tu le sais bien !" Il tenta de poser une main amicale sur l’épaule de Teb'I, mais celui-ci le repoussa d’un geste sec, son regard fixé au loin.
Prenant son envol, Teb'I disparut dans le ciel, laissant les autres le regarder partir, partagés entre la tristesse et la compréhension. Quelques instants plus tard, il atterrit plus loin, attendant ses compagnons.
"On a plusieurs jours de marche devant nous," fit remarquer Jorge, jetant un œil aux provisions dans leurs sacs. "Vous avez vu, il n’y en a pas assez."
"Peu importe, tant qu’on atteint Ferba," répondit Merilla, serrant les dents. Une lueur étrange passa dans les yeux de Jorge, et un liquide rougeâtre commença à s’écouler lentement de sa tête jusqu’à ses pieds, comme s’il s’apprêtait à se transformer.
"C’est près de Sebarbia, mon village d’enfance…" murmura-t-il, pensif.
Merilla posa une main compatissante sur son bras. "Tu veux en parler ?"
Il inspira profondément. "Peut-être… enfin…"
Soudain, un Mermepin, créature volante au plumage scintillant, les rejoignit, une lettre attachée à sa patte gauche. L’oiseau s’accrocha à un perchoir, sa tête inclinée d’un côté à l’autre en observant la troupe d’un air curieux. Puis, il tendit la patte pour donner la missive à Ogöl, qui la déplia avec précaution.
La lettre était signée Camille : "Chers amis, je vous guiderai jusqu’à Ferba, mais en échange, promettez-moi que vous m’aiderez à retrouver Lyra. Nous voyagerons à dos de Naira."
À peine eut-il terminé sa lecture qu’une tempête de sable s’éleva autour d’eux, tourbillonnant dans une danse féroce de sable et de givre, formant des flocons de cristaux sablonneux, comme un présage mystique.
L’équipage monta tant bien que mal sur le dos du dragon, mais alors que Camille se hissait à bord, Jorge sortit son fusil à impulsion, le pointant directement sur sa tempe.
"Personne ne m’empêchera de tuer Lionel. Personne, compris ?" Son regard était glaciale et il figea le groupe dans un mutisme étranger.
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