Tsizine
Camille se figea, son souffle coupé, tandis qu'une goutte de sueur perlait le long de sa tempe et qu'un frisson glacé lui parcourait l'échine. Les battements de son cœur tambourinaient si fort qu'elle peinait à entendre Merilla crier derrière elle :
"Arrête tes conneries ! On n'est plus des enfants, tout ça, c'est fini ! Ce qu'on doit faire tout de suite, c'est retrouver Lyra !"
Merilla, déterminée, s'avançait en serrant les poings, ses yeux d'un noir profond lançant des éclairs. Mais Jorge, le visage fermé, n'était pas de cet avis.
"D'abord, on part à Ferba !" lança-t-il, sa voix grondant dans l'air, projetant quelques postillons de rage.
"On ira, d'accord ! Mais baisse ton arme ! Je n’ai pas envie que tout explose ici !" plaisanta Camille, bien qu'un sourire nerveux traversa son visage, trahissant sa surprise.
Ignorant leur tension, Merilla saisit fermement une plume de Wyvern, libérant Naïra, leur majestueuse monture ailée, dans le ciel. Le grand oiseau s'envola en laissant derrière lui une traînée de flocons cristallins, illuminant l'air froid de leur douce lumière.
Le voyage fut rapide. En quelques battements d'ailes, ils aperçurent les premières huttes de Ferba. Devant l'une d'elles, une silhouette se dessinait : une femme aux cheveux d'un noir obsidienne, entourée de créatures étranges et changeantes, des variants, dansant en cercle autour d'elle dans un ballet hypnotique.
D'un geste gracieux mais autoritaire, elle fit apparaître une banderole éthérée qui enserra fermement Teb'I, l'attirant à elle comme un serpent enroule sa proie. Le visage de cette femme était marqué par une froideur sinistre ; un sourire perfide trahissait ses intentions malveillantes.
"C'est Tsizine," murmura Merilla, le regard fixe. "Son sourire en dit long. Elle ne nous laissera pas partir sans se battre."
Tsizine tenait dans sa main droite deux Saeros enchaînés, de frêles créatures, leurs yeux implorant la pitié. De sa main gauche, elle maintenait Teb'I dans un cocon étouffant, comme une momie prisonnière .
"Tsi, ne fais pas l'idiote," cria Camille d'une voix forte pour se faire entendre par-dessus les chants des variants. "Retourne auprès du roi, c'est là que tu dois être !"
Mais Tsizine éclata d'un rire glacial. "Je m'en suis lassée depuis bien longtemps. J'ai des plans bien plus grands que ceux de notre soi-disant roi. Ne vois-tu pas que c'est moi, la plus mature ? Je vais libérer les esclaves et régner sur les humains, asservis sous ma volonté !"
En prononçant ces mots, elle relâcha les chaînes, et les Saeros, maintenant libres, tourbillonnèrent autour des héros dans une danse enflammée, dressant un cercle de feu impitoyable qui les encerclait.
Merilla, le regard vif, se campa fermement. "Tu crois que le feu peut nous arrêter ?!"
Tsizine rit de nouveau, un rire empli de mépris. "Le feu, non… mais la fumée, elle, aura raison de vous. Ne t'inquiète pas." Elle lança Teb'I dans les flammes, son aile brûlant sous l'effet de la chaleur.
"Non, non… putain !" jura Teb'I, la douleur le dévorant, tandis qu'il agrippait son épaule, ne sentant plus qu'une plume calcinée.
Jorge s'avança, impassible, se rapprochant des flammes. Sa carrure imposante en faisait un obstacle intimidant. "Lionel est-il avec vous ?" demanda-t-il d'un ton ferme.
Tsizine ne détourna pas son regard, défiant. "Lionel ? Il a disparu depuis longtemps déjà. Mais cela importe peu."
Sous l'effet de la colère, les veines de Teb'I se mirent à gonfler et des marques rougeoyantes se dessinèrent sur ses avant-bras, montant jusqu'à sa poitrine. Dans un rugissement de rage, il déchaîna une rafale qui balaya la hutte et éteignit le cercle de feu en une seule explosion de puissance.
Le vent projetait tout dans les airs, dans un chaos retentissant. Tsizine, emportée par la rafale, s'écrasa lourdement au sol, le visage contre terre, ses os fracturés rendant sa silhouette déformée.
Autour de lui, les plumes restantes de Teb'I tombaient en lambeaux, telles des feuilles d’automne. Il se tenait droit, le regard sombre, fixant Tsizine.
"Vous m’importunez, madame. Cette aile… elle était un héritage trop lourd pour moi." Sa voix résonnait d'une résignation amère.
Jorge, imperturbable, pointa son fusil sur la tête inerte de Tsizine.
"Qu'est-ce que tu fais ?!" hurla Camille, prise de panique.
"J'abats l'ennemi," répondit Jorge en se retournant.
Camille ne pouvait l'accepter. Elle ferma les yeux, concentrée, et envoya une goutte de sueur magique qui se transforma en lianes, enserrant Jorge et l'immobilisant.
"Il doit bien exister une meilleure solution que la mort pour elle, non ?" s'exclama Camille, désespérée.
Jorge baissa la tête, un rictus d'indifférence déformant ses traits. "Elle est presque morte. Autant en finir."
"Non, je l'emmènerai au roi," déclara Nico, s'avançant, les yeux pleins de détermination.
Ogöl, son père, le fixa avec une peur sourde. "Tu es sûr de toi, Nico ?"
"Oui, père. Je partirai avec Merilla."
Jorge, détaché, lâcha un dernier sourire narquois. "Allez-vous-en. Une femme et un gosse en moins, ça me va parfaitement."
S'éloignant, il fit signe à Teb'I, qui se posa sur son épaule. Mais avant de disparaître dans l'ombre, il pointa un fusil sur Tsizine.
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