Sa nouvelle forme

Au bord de la mer, le ciel s’étendait à perte de vue, teinté d’un bleu profond, seulement troublé par quelques nuages étirés par le vent marin. Djibril observa un instant l’horizon, le souffle calme malgré l’intensité du moment, avant de dégainer son arme. Sa rapière, fine et élégante, était ornée d’une garde noire complexe, entrelacée de symboles gothiques finement ciselés. Au centre de cette garde, une pierre d'osmosite brillait d’un éclat surnaturel, diffusant une lumière spectrale. Le regard de Djibril se posa sur Lyra, qui se tenait face à lui, prête à se lancer dans cet entraînement qu’il venait de lui imposer.

« Nous allons nous battre, » déclara Djibril d’un ton assuré, en pointant la rapière vers elle. « Tu as besoin de t’endurcir si tu veux affronter des ennemis plus forts que toi. Et il se trouve que je suis un excellent professeur. »

Lyra le fixa, surprise par la soudaineté de la situation, mais elle comprit qu’il ne s’agissait pas seulement d’un jeu. Elle hocha la tête, déterminée. Elle leva les bras et fit signe aux badauds rassemblés autour d’eux de s’éloigner, tentant de libérer la place publique pour leur duel. Mais les passants, curieux et captivés, ne bougèrent qu’à contrecœur. Certains semblaient fascinés, d'autres sceptiques, mais tous étaient intrigués par ce qui se passait au bord de l’eau.

Djibril, sans perdre une seconde, exécuta un mouvement rapide et précis avec son épée. Un souffle puissant jaillit de sa lame, créant une onde de choc qui se propagea en une bourrasque dévastatrice. Le vent se déchaîna en tourbillonnant autour de lui, dispersant sable et poussière dans une spirale impressionnante. Les passants, pris dans la tempête soudaine, furent forcés de reculer, certains vacillant sous l’impact tandis que d'autres prenaient la fuite pour éviter d’être balayés par la violence du vent.

« Voilà, maintenant on est tranquilles, » dit Djibril en souriant d’un air satisfait, les yeux pétillants d'excitation.

Lyra, se préparant à entrer dans l’action, acquiesça en silence. Elle porta la main à son étui et en sortit une flèche, qu’elle n’hésita pas à pointer vers Djibril. D’un geste fluide, elle la décocha. Djibril, avec la vivacité d’un prédateur, leva sa rapière et dévia la flèche d’un mouvement maîtrisé, puis se jeta vers elle avec une vitesse fulgurante. Sa lame fusa vers elle dans un coup d’estoc rapide, visant un point vital. Mais Lyra, réactive, déploya soudain des lianes mystiques qui jaillirent de ses bras. Les plantes grimpantes entourèrent la rapière de Djibril, freinant son attaque en l'enveloppant d'une étreinte végétale.

« Tu ne te retiens pas du tout, dis donc, » dit-elle avec un sourire défiant.

Djibril haussa les épaules, amusé. « T’as essayé de me tirer dessus. Et je te rappelle que l’épée est faite pour tuer, alors si tu veux vraiment être prête, prépare-toi à y faire face. » Il laissa échapper un rire léger. « C’est ce qu’on dit, après tout : si tu refuses de céder, sois prête à en payer le prix. »

Il enfonça sa rapière dans le sable, la traînant pour former un cercle tout autour de lui. L'air sembla vibrer, et une puissante déflagration de vent éclata autour de lui, soulevant des gerbes de sable qui lacérèrent la peau de Lyra. Elle tituba sous l'impact, poussée au sol par l’intensité du vent. Le sable l’écorchait, brûlant sa peau en fines entailles, et elle tomba lourdement à genoux.

Mais alors qu'elle semblait en difficulté, une étrange lueur apparut dans son regard. À genoux dans le sable, elle sentit une énergie ancienne s'éveiller en elle, une force qu’elle n’avait jusque-là jamais pleinement comprise. Sa peau se teinta d’une couleur verdâtre, scintillant faiblement dans le clair-obscur du crépuscule. Des motifs tribaux apparurent le long de ses bras et de son visage, prenant vie comme s’ils pulsaient d’une volonté propre. Elle grandit devant les yeux étonnés de Djibril et des spectateurs, sa silhouette se transformant en quelque chose de presque surnaturel.

Un peu plus loin, Paragus observait silencieusement la scène, assis sur une chaise en bois usé qu'il avait récupérée après une tempête. Son regard perçant ne quittait pas Lyra, comme s’il savait exactement ce qui se passait. « Voilà… » murmura-t-il pour lui-même, comme s’il assistait à un moment prédestiné, quelque chose qu'il avait attendu.

La transformation de Lyra continua, enveloppée d'une brume verte et mystérieuse. Elle devint plus grande, plus imposante, son corps paré de tatouages incandescents qui pulsaient d’une énergie vivante. Son visage se recouvrit d’un masque rituel aux motifs ancestraux, et ses cheveux se tressèrent d’eux-mêmes en longues nattes grisonnantes, retombant de part et d’autre de son visage. Elle ressemblait désormais à une figure mythique, empreinte de la même aura que celle qu'avait atteinte son père dix ans auparavant, durant la sanglante Guerre de la Griffe Bleue.

Elle fit un pas vers l’eau, chaque empreinte marquant le sable d’une profondeur étrange, comme si la terre elle-même se soumettait à sa puissance. Les badauds, fascinés et terrifiés, la regardaient s'avancer, leur curiosité mêlée de crainte. Pour beaucoup, elle était une apparition à la fois belle et effrayante, une incarnation de légendes oubliées. Ceux qui avaient déjà vu une telle transformation tremblaient, murmurant entre eux, conscients du danger imminent.

Soudain, elle plongea dans l’eau, ses longs doigts crochus s'étendant pour capturer les créatures des profondeurs. En un geste habile, elle embrocha plusieurs poissons, le sang diffusant autour d’elle dans un tourbillon aquatique. Une brume verte s’éleva, créant une atmosphère irréelle, presque mystique, tandis qu’elle se redressait dans une posture imposante, prête à affronter Djibril .

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