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Le monstre, surnommé le Concasseur, s'élança vers Lyra avec une force terrifiante. Sa gueule, grande ouverte, révélait des dents acérées prêtes à déchirer, tandis que ses puissantes mâchoires se refermaient en rythme avec sa course sous-marine. Sa queue fouettait l'eau en un sillage bouillonnant, propulsant son immense corps dont la peau rugueuse, d'un violet sombre tirant sur l'obsidienne, luisait sous le faible éclat de la lumière qui filtrait à travers les vagues.

Serrant les dents, Lyra ajusta un filet de lianes magiques autour de la créature, espérant la retenir. Mais le Concasseur, animé d'une rage incontrôlée, se débattait violemment. Chaque mouvement de sa nageoire déchirait un peu plus les lianes qui cédaient sous sa force redoutable. Voyant que le piège n'allait pas tenir longtemps, Lyra prit une décision risquée. Elle nagea droit sur le monstre, ses propres dents se transformant en crocs acérés sous sa forme animale, et planta ses mâchoires dans l'œil visqueux de la créature. Un liquide visqueux et chaud s'échappa de l'orbite tandis qu'elle mordait avec une détermination féroce, arrachant l'œil avec une texture semblable à du flan.

La créature rugit de douleur, un hurlement guttural qui résonna jusque sur la surface de l'eau. Sur le rivage, les habitants de Porferuz observaient, éblouis par le soleil écrasant et incapables de comprendre exactement ce qu'il se passait sous les vagues.

"Une attaque suicidaire ?" murmura Djibril, l'angoisse marquant ses traits.

"Non," répondit Paragus, stupéfait mais admiratif. "Sans elle, nous serions déjà condamnés."

Le Concasseur, libéré de l'étreinte des lianes, émergea de l'eau, son unique œil intact brûlant de rage et son abdomen exposé. Une plaie béante se dessinait, mais cela ne le ralentissait pas. Lyra saisit son arc, tandis que Djibril dégainait son épée. Dans une parfaite coordination, ils se lancèrent dans une attaque combinée. Lyra décocha une flèche qui vint frapper le flanc de la créature, détournant son attention, tandis que Djibril se précipitait sur le Concasseur pour lui ouvrir l'abdomen en un geste précis et violent. Un flot d'organismes parasites, semblables à des crabes aux pinces massives et recouverts de fourrure, se déversa hors de la créature. L'eau, teintée d'une couleur rouge sombre, se mélangeait aux créatures expulsées, leur carapace blanche éclatant comme de la gouache sur la toile d'une mer en furie.

Lyra émergea enfin de l'eau, retrouvant sa forme humaine. Le choc de la bataille la laissait épuisée, trempée et sans vêtement, sa peau exposée au regard curieux des habitants. Embarrassée, elle se pressa contre les rochers, tentant de cacher sa poitrine.

Paragus, voyant sa détresse, s'approcha et lui tendit sa cape sans dire un mot. Elle l'enfila en hâte, ajustant les pans du tissu d'un geste brusque, encore électrisée par l'adrénaline.

"On a réussi," souffla-t-elle avec un soupir de soulagement.

"Il était temps," répondit Djibril, essuyant son épée. "Mais laissez-moi un peu de paix, je suis nue et trempée jusqu'aux os."

Une fois de retour au village, les héros furent conduits au bureau du maire pour y recevoir leur récompense. Le vieil homme, le regard fatigué mais reconnaissant, posa une bourse de cuir sur la table. "Voici vingt mille Ribels," dit-il.

Djibril fronça les sourcils. "Avec ça, on peut à peine louer une villa pour une soirée. Ce n'est vraiment pas beaucoup pour avoir risqué nos vies contre ce monstre."

Le maire, visiblement mal à l'aise, baissa les yeux. "Les attaques répétées de créatures ont épuisé nos ressources. Notre économie s'effondre peu à peu... Mais si vous le souhaitez, vous pourriez toujours vous rendre chez Pacel. La grand-mère y accueille volontiers les étrangers."

Les héros échangèrent un regard partagé entre frustration et compréhension. Leur victoire ne suffisait pas à leur remonter le moral.

Sur le chemin du retour, Lyra brisa le silence. "À propos de ton arme... pourquoi as-tu dit qu'elle est interdite ?"

Djibril hésita, son regard se perdant dans le vague. "Elle renferme l'âme d'un membre de ton espèce ," répondit-il enfin. "Une âme liée à la pierre d'osmosite... Un pouvoir dangereux, même pour moi."

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