Mycerons

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L’aube naissait à peine, et le ciel pâle baignait l’île d’une lueur bleutée. Autour d’eux, une forêt étrange s’étendait, remplie de champignons phosphorescents qui brillaient doucement sous la lumière timide du matin. Certains étaient si grands qu’ils dominaient le paysage, leurs immenses chapeaux rouges atteignant plusieurs mètres de hauteur et créant des ombres épaisses sur le sol.

"Restez vigilants," murmura Djibril en scrutant les environs. "Ils savent sûrement qu'on est là."

Ils n’avaient pas fait trois pas de plus qu’un groupe de créatures apparut entre les champignons géants. Ces êtres humanoïdes semblaient faits de chair et de champignons fusionnés. Ils n’avaient aucun trait distinctif, aucune bouche ni yeux, seulement un large chapeau de champignon à la place de la tête, oscillant légèrement comme un organisme vivant. Ils approchèrent dans un silence étrange, puis, de manière presque comique, ils s'inclinèrent en signe de salut.

"Bienvenue, étrangers," dit l'un d'entre eux d'une voix douce et monocorde. "Nous sommes les Mycerons. Que pouvons-nous faire pour vous ?"

Petra ne perdit pas de temps. D’un geste vif, elle dégaina son sabre et, en un éclair, trancha la tête de deux Mycerons. Leurs corps tombèrent sans bruit, laissant s’échapper un liquide blanchâtre et épais, similaire à de la sève.

Un autre Myceron recula légèrement, levant les mains en signe de paix. "Nous ne vous voulons aucun mal," dit-il d’une voix étrangement calme, comme s'il n'avait pas remarqué la perte de ses camarades. Derrière lui, d’autres Mycerons apparurent, formant un cercle silencieux. Au centre de cette étrange troupe, une silhouette grandiose s'éleva.

C’était une immense créature, drapée de fils soyeux et scintillants, semblant tissée de lumière elle-même. Elle ressemblait à une déesse de champignons, éthérée, mais imposante. Sa robe semblait flotter autour d'elle comme un nuage de spores argentés.

Petra esquissa un sourire moqueur. "Ces champignons nous imitent pour nous tromper. Ils disent vouloir la paix, mais ils ne veulent qu'une chose : nous dévorer ! C'est sûrement pour ça qu’ils vivent sur cette île reculée."

Un murmure courut parmi les Mycerons, mais aucun ne fit un mouvement agressif. Leur grande déesse de soie s’avança lentement, ses mouvements mesurés, et parla d’une voix résonante, grave et solennelle. "Nous sommes ici par choix, loin des hommes. Nous cherchons la tranquillité, non le conflit."

Petra leva les yeux vers elle, défiante. "La tranquillité, vraiment ? Pourquoi alors avoir envoyé vos sbires contre nous ?"

La déesse inclina légèrement la tête, observant le groupe avec intensité. Puis, avec une froideur glaçante, elle ordonna : "Que mes enfants se nourrissent de vous, étrangers."

Les Mycerons poussèrent alors des cris stridents et se ruèrent sur eux, leurs bras tendus comme des crocs prêts à les déchiqueter. La déesse, elle, observait, immobile, semblant certaine de sa victoire.

Lyra réagit avec une rapidité animale. Elle tendit les bras et des lianes de lierre surgirent du sol, formant un mur végétal pour protéger ses compagnons. Puis, son corps se transforma en sa forme animale. Ses membres s’épaissirent, ses griffes s’allongèrent, et elle bondit avec une agilité redoutable, se jetant sur le premier Myceron à sa portée. Elle planta ses crocs dans son chapeau spongieux, arrachant un morceau d’un liquide visqueux blanc.

Elle continuait, implacable, bondissant de Myceron en Myceron, leur arrachant la tête avec férocité. Les cadavres s’empilaient à ses pieds tandis qu’elle en abattait quinze d’affilée, ses crocs et ses griffes dégoulinant de leur étrange liquide.

La déesse observa la scène avec une lueur d'intérêt dans ses yeux inhumains. Elle leva finalement une main, et les Mycerons cessèrent leur attaque.

"Je vous accorde une audience," déclara-t-elle d'une voix douce mais autoritaire. "La louve pourra approcher."

Les autres observaient Lyra avec inquiétude, mais elle reprit doucement sa forme humaine, bien que des traces de sa transformation restaient visibles. Son teint verdâtre s’était teinté de bleu cyan, et une plume rouge était apparue derrière son oreille droite. Un diadème liquide et scintillant flottait au-dessus de son front, s’évaporant peu à peu.

La foule de Mycerons s’écarta pour laisser Lyra passer, formant un couloir jusqu'à la déesse de soie. Djibril et Paragus échangèrent un regard, incertains.

"Est-on vraiment sûr qu’elle est encore avec nous ?" murmura Djibril, mal à l’aise.

Paragus secoua la tête. "Elle ne nous trahirait pas. Mais même si elle le faisait, elle ne pourrait pas nous vaincre tous les deux."

Lyra, le regard empli d’une lueur sauvage, avança jusqu'à la déesse. Sa transformation laissait encore sur son visage un éclat féroce.

"Que voulez-vous, étrangère ?" demanda la déesse, sa voix douce contrastant avec son aura imposante.

Lyra la fixa intensément, un sourire carnassier se dessinant sur ses lèvres. "Vous dévorer, vous et votre engeance," répondit-elle d’une voix grondante, son instinct de louve prêt à ressurgir.

À ces mots, un soldat murmura : "Est-on vraiment sûr qu’elle est encore de notre côté ?"

La déesse se tourna vers ses troupes. "Notre nom est Amédée, et j’accorde à la louve son désir."

Elle fit un geste, et dix Mycerons s’approchèrent, se plaçant en ligne devant Lyra. L'un après l'autre, ils s’agenouillèrent devant elle et se décapitèrent chacun leur tour, laissant leurs têtes rouler jusqu'à ses pieds. Le liquide visqueux blanchâtre formait une mare autour d’eux. Le dernier, en un geste final de dévotion, s’auto-décapita en silence, le visage toujours tourné vers elle.

Lyra, les yeux brillant de triomphe, saisit les tête et s'écria :
"A moi la gloire"

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