Lyra fuit
Sous le tintement de la cloche matinale, le vent d'hiver sifflait ,s'infiltrant dans les moindres interstices pour caresser les poils drus de Lionel. Imposant comme une montagne, Ses cheveux d’un blanc aussi ancien que le royaume lui-même encadraient un visage marqué par des années de combat, et des muscles, fruits d’une discipline inébranlable.Sur sa peau burinée, des cicatrices saillantes vibraient, comme animées par une malédiction silencieuse qui imprégnait son être.
Un bruissement, d'abord imperceptible, se fit progressivement plus fort derrière lui, venant briser le calme lourd de la matinée.
"— Lionel !" s’écria Merilla, haletante et couverte de boue après une course éreintante à travers les bois trempés de Damas.
Lionel tourna la tête vers elle avec une lenteur calculée, mais resta silencieux, son regard perçant fixant l’horizon comme si rien ne pouvait troubler son indifférence. Ce mépris glacial, figé dans ses yeux fatigués, suffit à provoquer un frisson chez Merilla. Face à lui, elle se sentait vulnérable, comme une proie devant un chasseur aguerri..
" Sans arme, tu ne survivras pas, même avec cent ans d’entraînement", lança Lionel d’une voix grave et rauque. Il s'approcha, saisissant fermement son menton, et éraflant légèrement sa peau de ses ongles épais. "Mon niveau est divin, proche de celui d’Abel."
Soudain, il la saisit par le cou et la projeta violemment vers le bastion d’Abel. Elle s'écrasa lourdement, le choc soulevant des gravats qui volèrent tout autour d’elle. La panique gagna la foule, et les habitants fuirent en hurlant, tentant de s’éloigner du chaos.
Merilla, étourdie, ouvrit péniblement les yeux, la vision encore floue.
"— Meri !", s’écria Nico, accourant vers elle, ses petites jambes rapides parcourant la distance qui les séparait. Son visage était empreint d’une inquiétude sincère.
Lionel se tenait déjà à proximité.
"— Lyra, où est-elle ?" demanda-t-il d'un ton sec.
"— Elle arrive, monsieur… s’il vous plaît, ne faites pas de mal à mon amie," supplia Nico, d'une voix triste.
Peu après, Lyra apparut, émergeant de la foule avec une assurance inébranlable. Elle réajusta calmement le col de sa tunique de combat, dévoilant une cicatrice sombre qui marquait son epaule. Dans un geste calculé, elle retira sa cape qui glissa doucement au sol, révélant le carquois solidement attaché à sa taille.
"— Lyra… ma fille", murmura Lionel d’une voix étrangement douce, tendant une main qu’elle refusa d’emblée.
"— Merilla, ça va ?" demanda Lyra, son regard dur s'adoucissant un bref instant pour son amie.
"— Presque", toussota Merilla en forçant un sourire rassurant.
Tous les habitants s'étaient déjà dispersés, fuyant le périmètre de ce qui ressemblait de plus en plus à un champ de bataille. Le groupe était désormais seul, la rue déserte formant un couloir silencieux et sinistre .
Lyra tendit son arc, bandant une flèche qu’elle décocha en direction de Lionel. Mais sans ciller, il l’attrapa d’une main ferme, l'air impassible.
"Pas si faible", commenta-t-il avec un demi-sourire, tandis que des motifs en vagues se dessinaient progressivement sur sa peau. Une transformation subtile courbait son corps, augmentant sa puissance. Il tendit de nouveau la main vers Lyra.
"Viens avec moi, Lyra. Ensemble, nous pourrions être invincibles."
"Merci, mais non", répliqua Lyra avec froideur. "Mes amis sont ici, et tu n’en fais pas partie."
Son arc semblait maintenant scintiller, irradiant une énergie étrange qui se concentrait autour d’elle. Cette fois, la flèche décochée par Lyra atteignit Lionel au flanc, lui arrachant une grimace, trahissant pour la première fois une certaine surprise.
À l'horizon, les silhouettes des reines apparurent, courant pour les rejoindre. La tension dans l'air les ayant alerter.
"— Je m’en vais. Rejoins-moi en Eastland si tu le souhaites", déclara Lionel, avant de laisser tomber une carte marquée d’un X au sol.
Lyra s’agenouilla aux côtés de Merilla, vérifiant son état avec attention.
"— Il ne m’a pas trop amochée", souffla Merilla en esquissant un sourire.
Alors qu'elles se remettaient, la reine Tsizine s’avança avec autorité, ordonnant aux soldats de se préparer pour une éventuelle poursuite. Astrid, la reine des Mers, s'empara de la carte avec un éclat de triomphe.
" Cette carte est à moi", déclara-t-elle en lançant une bulle emprisonnant Lyra,un sourire de victoire aux lèvres.
" Laissez-moi sortir !" protesta Lyra, frappant les parois invisibles qui la maintenaient prisonnière.
"—Relâche-la, Astrid", intervint Camille, la reine du Soleil, d'un ton impératif. "C’est son père, après tout."
Astrid haussa les épaules, son regard empli d’indifférence.
" Les affaires de famille ne me concernent pas. Nous attaquerons Lionel nous-mêmes. Il est hors de question qu’une simple variante nous devance."
Lyra, toujours enfermée dans la bulle, se prosterna, la douleur et la colère se lisant dans chaque ligne de son visage.
Pendant ce temps, dans les couloirs sombres du château, Teb’I, errait sans but lorsqu'il surprit une conversation suspecte entre Jorge, l'un des compagnons de Lyra, et le roi.
"Très bien mon roi je surveillerai Lyra "
Plus tard dans la nuit, Teb'I rejoignit discrètement Lyra, endormie dans une cellule de fortune, et murmura avec inquiétude :
"— Lyra… Jorge nous a trahis."
Elle ne réagit pas immédiatement, mais quand Teb'I se laissa emporter par le sommeil, Lyra ouvrit lentement les yeux. Son regard se fit dur, ses poings se serrant contre sa poitrine, ravagée par la douleur et une colère contenue. Se relevant en silence, elle saisit un sac et s'éclipsa dans l'obscurité de la nuit, ses pas résonnant sur les dalles froides et désertes. Son cœur était empli de détermination ; elle allait affronter les ombres de son passé, et son propre père, coûte que coûte.
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