A'dabana , enfin

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Loin dans le désert, alors que le soleil venait tout juste de se lever, la troupe de Jorge et Teb’I se regroupait dans un silence de plomb. Le sable flottant s’infiltrait dans leurs yeux et leur bouche, rendant la vue et la respiration difficiles en ce début de matinée. À six heures précises, sous la lumière dorée de l’aube, ils se tenaient tous ensemble, serrés comme des sardines, observant les imposants piliers bruns et rocheux de la cité d’Adabana, qui se découpaient contre l’horizon.

Trois piliers, taillés dans une roche brute, formaient une barrière défensive naturelle autour de la ville. Leur disposition était calculée avec soin, permettant à l’un des Stryges de s’envoler à tout moment pour protéger la cité d’Adabana. Chaque pilier ressemblait à une sentinelle silencieuse, prête à se défendre. Celui de gauche, en particulier, servait de tremplin pour ces créatures ailées, ses escaliers abrupts se terminant brusquement, comme si le chemin s’arrêtait en plein ciel. La structure, à la fois massive et harmonieuse, offrait aux Stryges un point de départ pour un vol en hauteur, leur permettant de s’élancer directement vers le clocher en cas de menace.

La troupe se mit en marche, entreprenant la longue montée vers le sommet du pilier. Pendant une demi-heure, ils gravirent les escaliers escarpés, leurs dragons en muselière avançant avec difficulté. Les imposantes créatures, dont les mâchoires se refermaient parfois dans un claquement sonore, laissaient échapper un liquide translucide de leurs gueules, coulant en fines gouttelettes à chaque pas.

Au sommet des escaliers, Teb’I prit une profonde inspiration, puis s’élança dans le vide, laissant le vent gonfler ses ailes. Il s’élança droit vers le clocher qui se dressait au loin, les yeux plissés pour éviter le sable qui continuait de tourbillonner autour de lui. Ses ailes, frappées par la lumière montante, prenaient des reflets irisés tandis qu’il gagnait de la hauteur.

En bas, les autres membres de la troupe attendaient patiemment le signal. Une tension palpable flottait dans l’air, chacun jetant des regards nerveux vers les hauteurs où le Stryges avait pris son envol.

"Qu’est-ce que c’est que ce bruit ?" murmura Sebastian Nico, ses fioles cliquetant et produisant un tintamarre qui brisait le silence. Les autres se retournèrent, agacés.

"Faites taire ce crétin !" s’écria Merilla, irritée.

"Il n’y a que des fioles de soins et de somnifères, rien d’autre," tenta de se justifier Nico, en essayant de calmer la situation.

"Tu nous caches quelque chose, gamin ?" demanda Jorge en lui jetant un regard suspicieux, ses paupières mi-closes, son dragonneau somnolant à ses côtés, la gueule entrouverte.

Ogöl, la voix grondante, intervint : "Arrêtez d'embêter mon fils ! Il utilise de la Lucido pour ses potions. Ça l’aide à manipuler les esprits sans avoir à engager un combat frontal. Il est jeune et doit prendre des précautions." Ogöl claqua ses jambes contre son dragon en signe de mécontentement.

Soudain, un tintement clair résonna dans l’air : deux coups de cloche, limpides et profonds. Les Stryges avaient donné leur approbation. La troupe enfourcha alors ses dragonneaux, les créatures reniflant et grognant en secouant la tête, encore gênées par le sable.

Merilla fut la première à s’élancer, suivie de Jorge et du reste de la troupe. Leur vol, bien que courageux, était maladroit et oscillant, comme si les créatures luttaient pour maintenir un équilibre incertain dans les airs. Ils suivaient avec précision le tracé qui les mènerait vers le clocher, cherchant à atteindre le sommet de la falaise. Là-bas, le village s’étalait, baigné par une lumière rougeoyante. Des maisons en paille parsemaient le paysage, et en leur centre, des couleurs vives semblaient s’agiter, comme une danse d’ombres mystérieuses.

Merilla, plissant les yeux, posa une main sur son front, tentant de mimer des lunettes pour mieux voir. Ils continuèrent leur vol et atteignirent le "Point des messagers", un pont suspendu au-dessus du vide. Là, Teb’I les attendait, entouré de plusieurs membres de son espèce, des Stryges aux ailes colorées, semblables à un troupeau de vaches rassemblées au milieu de la place. Une fumée âcre et épaisse s’échappait d’un feu de camp au centre du groupe, formant des volutes grisâtres.

Les maisons, construites en matériaux solides et imposants, semblaient abriter de grandes familles. La cité d’Adabana, ce jour-là, baignait dans une atmosphère de normalité, mais tout dans cette scène respirait l’extraordinaire : des torches électriques alimentées par du charbon éclairaient les rues pavées, conférant une lueur orangée aux façades. Le village semblait flotter, suspendu au-dessus des terres ordinaires.

Soudain, un homme massif aux cheveux gris et aux ailes rougeâtres s’approcha. Il dégageait une aura de puissance et de sérénité, ses ailes rappelant la couleur éclatante d’une rose au printemps.

"Bienvenue dans la cité d'Adabana. Je m'appelle Verb'Na," déclara-t-il d'une voix grave mais chaleureuse, ses yeux perçant chaque membre de la troupe d’un regard appuyé.

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