1 contre 2

Le dragon se déplaçait dans la forêt avec une force brute, frappant les arbres de ses puissantes griffes. Les troncs cédaient sous les coups, s'écrasant au sol dans un fracas assourdissant. D'un mouvement précis de la mâchoire, il saisissait les morceaux de bois et les empilait, formant une sorte de carré rudimentaire. Une fois satisfait de sa construction, il la tapissa de paille, s'y coucha lourdement et se roula en boule, utilisant cette structure comme un lit de fortune.

« C'est toi qui t'en charges, Lyra », lança Petra en lui donnant une légère tape dans le dos.

Lyra secoua vivement la tête, ses yeux remplis d'une appréhension à peine dissimulée. Elle tenait fermement les épaules de Petra, comme pour se raccrocher à elle. « Non, non, c'est ton idée, c’est à toi de faire le premier pas ! »

Petra esquissa un sourire et lui fit un clin d'œil rassurant. « Allez, t'inquiète pas, ils sont pacifiques, ces dragons. C'est juste… des grosses bêtes avec des ailes. »

Lyra soupira, mais prit une grande inspiration pour se donner du courage. Elle s'approcha du dragon, qui n'avait toujours pas remarqué sa présence. De près, elle put mieux observer ses ailes massives, striées de longues veines sinueuses. Leur teinte brun foncé rappelait celle de la roche volcanique, brute et impénétrable. La créature faisait bien quatre mètres de long pour près de deux de haut, imposant et majestueux.

D'un geste hésitant, elle tendit la main et posa doucement sa paume sur le museau du dragon. La créature renifla lentement, son souffle chaud caressant les doigts de Lyra. Elle sentait son propre cœur battre à tout rompre, chaque instant lui paraissant suspendu dans le temps.

« Ça va, toi ? » demanda-t-elle d'une voix basse, espérant ne pas l'effrayer.

À sa grande surprise, une voix résonna dans l'air, grave et sereine : « Oui. »

Lyra eut un sursaut de frayeur, mais aussi d'émerveillement. Elle s’apprêtait à questionner le dragon quand, tout autour d’eux, des silhouettes vêtues de noir sortirent des ombres des arbres, encerclant la clairière. Leurs visages étaient dissimulés sous des capuches, et leurs mains serraient des armes scintillantes de magie.

L'un des inconnus prit la parole, sa voix calme mais menaçante : « On prend le dragon. Si vous nous laissez faire, on vous épargne. »

Lyra n'attendit pas une seconde. Elle attrapa une flèche dans son carquois et la décocha avec rapidité. La flèche fila dans les airs et atteignit l'un des assaillants en pleine jambe. Il s’effondra avec un cri, le sang commençant à s'écouler de sa blessure.

Petra, de son côté, tenta d'enrouler un bandage autour de l'un des agresseurs blessés pour le maîtriser. Mais un autre mage, apparemment plus puissant, leva la main et murmura une incantation. Une boule de feu se forma au creux de sa paume avant de foncer directement vers Petra. Elle n'eut pas le temps de réagir. La boule de feu la frappa de plein fouet à l'estomac, l'envoyant au sol, où elle resta sans mouvement, ses vêtements brûlés et son corps inerte.

Lyra sentit une vague d'horreur l'envahir en voyant son amie étendue au sol. Elle serra les dents, le cœur lourd de colère et de douleur. Où étaient Djibril et Paragus ? Pourquoi n’étaient-ils pas là pour les aider ?

Elle rassembla toute son énergie et appela ses pouvoirs. Des lianes jaillirent du sol, s'enroulant autour des jambes de l'un des mages, le forçant à genoux. Mais l'autre, un sorcier de feu, enflamma ses mains, brûlant les lianes d'un geste sec. Son sourire cruel trahissait son plaisir de la voir se débattre.

Lyra sentait son énergie s'intensifier, comme une force incontrôlable qui se libérait en elle. Son arc prit une lueur verte, vibrant de magie naturelle. Elle tira trois flèches simultanément, les propulsant avec une précision surnaturelle. Le mage de feu lança une boule de flammes, réduisant deux des flèches en cendres avant qu'elles ne l'atteignent, mais la troisième réussit à le frôler, lui laissant une entaille au bras.

Cependant, le second mage ne comptait pas se laisser faire. Il fit jaillir des éclairs de ses mains, les dirigeant vers Lyra, mais, d’un bond puissant, le dragon se plaça devant elle, balançant sa queue rocheuse qui intercepta les éclairs. Le choc produisit une détonation assourdissante, et Lyra recula sous l'impact.

Le premier mage haussa les sourcils, impressionné : « une variante. »

Le second rit d’un rire glacial. « Et un dragon sans maître… Encore plus rare. »

Lyra savait qu’elle ne pourrait pas les affronter seule. Elle se cacha derrière le dragon, utilisant son imposant allié comme bouclier. Les mages redoublèrent d’attaques, brûlant les arbres autour d'eux, réduisant la végétation en cendres. Le dragon, dans un élan protecteur, posa doucement son museau contre Lyra, comme pour l'encourager. Puis, d’un mouvement rapide, il la souleva et la déposa sur son dos.

Avec un dernier regard vers les ennemis, le dragon bondit en avant, ses puissantes pattes d’aigle s’accrochant au sol et soulevant des gerbes de terre et de sable. La créature se mit à galoper à toute vitesse, emportant Lyra loin du danger. Les mages hurlèrent en vain, leurs sorts se dispersant dans le vent.

Après un long moment, Lyra aperçut une pancarte en bois décrépit, indiquant l'entrée d'une petite ville : Prayir. Le ciel était sombre, le vent glacial, et l'ambiance de la ville reflétait ce climat morose. Tandis qu'ils approchaient, les habitants s'écartèrent, les observant avec méfiance. Chevaucher un dragon, et être reconnue comme une variante – une personne dotée de pouvoirs – attirait les regards. Les adultes la fixaient d’un air inquiet, mais les enfants, eux, la suivaient des yeux, ébahis par cette vision presque féérique.

Le dragon avança calmement, sans montrer la moindre résistance, comme s’il reconnaissait Lyra comme son alliée. Ils traversèrent lentement la rue principale jusqu’à atteindre une place pavée où se dressait une grande statue d’un homme chauve brandissant une épée, l’air fier et déterminé. Une stèle gravée se trouvait juste devant la statue.

Lyra descendit du dos du dragon et s’approcha pour lire les mots gravés sur la stèle : Abel, le premier de tous.

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