Chapitre 19

Le directeur entre dans la cours et nous fait signe de le rejoindre. Quand tout le monde s'est agglutiné autour de lui, il inspire:

- Bon, les petits nouveaux, les professeurs et moi-même sommes très déçus par votre comportement. Vous n'écoutez pas les cours et ne faîtes aucun effort. Vous vous permettez même de chahuter alors que vous devriez être chez vous à vous débrouiller seuls. Nous voulons bien vous aider, mais il faut vraiment que vous fassiez un effort.

Il se tourne vers nous (ceux qui sont vraiment d'ici) et plus particulièrement vers moi:

- Je suis désolé, mais, classes séparées, c'est ingérable, nous allons devoir mélanger les groupes.

Ma déception est inégalable. J'avais presque retrouvé une vie normale, et là, bah, on retourne bien loin en arrière. Je vais devoir supporter les SDF. Mais, ce n'est pas ça qui me chagrine. Connaissant M. Richard, je sais qu'il va me mettre dans la même classe que les pires. Donc, je serais sans doute avec l'asticot débile et crétin, Johanna, Liam, je crois et sûrement les autres. Ô joie, ô bonheur!

Ayant retenue la leçon, je ne fais aucun commentaire, mais je mets toute ma déception dans le regard que je dédie à mon directeur. Il le reçoit et détourne le regard.

- Voici donc les groupes classe.

Il énumère alors tous les élèves.

Sans surprise, je me retrouve avec Jace, Johanna, Liam, Tom, Swen, Julian et d'autres filles, amies avec Johanna. Bref, les pires. Dans mes amies, il n'y a que Juliette, Leïla et Jessica. Ainsi que Esse et Lydia.

Une horreur. Je sens que cette semaine va être une horreur! 

Je jette un coup d'œil à nos trois nouvelles amies. Elles sont aux anges. Elles vont enfin pouvoir se sentir vraiment intégrées. Esse me jette un regard ravi. Je me force à lui sourire et son air réjouit me réchauffe un peu le cœur. Bon, au moins, elles sont contentes.

Deuxième point positif, les profs et M. Richard ont besoin d'un peu de temps pour fignoler les nouveaux emplois du temps, donc, pas de cours de la matinée.

Il faut toujours voir le côté positif des choses. Mais bon, quand il y a trop de négatif, c'est dur! 

Nos deux lycées se séparent et chacun va dans son coin. À l'exception de Esse et ses amies qui ont choisi notre camp. 

- J'en ai vraiment marre de ces SDF! s'exclame Eve en leur jetant un regard assassin.

Mes amies hochent la tête en soupirant.

La matinée est un cauchemar. On passe notre temps à râler et être irrespectueux envers les SDF. Bref, on se plaint, on proteste, on critique, on soupire... heureusement qu'il fait beau.

Le repas se passe comme tous les jours, ils font un boucan pas possible et on ne s'entend pas. Joyce a beaucoup plus de travail qu'avant. 

Quand on était un lycée privé poli et discipliné, elle n'avait presque rien à faire. J'étais là et gérais mes camarades la plupart du temps. Elle pouvait ainsi rester dans son bureau à faire de la paperasse. Mais, maintenant, elle sait que je ne peut pas gérer cette bande de fous et est obligée d'être là aux récréations ainsi qu'au self. Je vois bien à ses traits tirés que les nouveaux la fatiguent.

J'aimerais l'aider... euh... tout compte fait, non. Désolée Joyce, mais je ne peux rien pour toi.

Quand je termine mon assiette, j'attends impatiemment mes amies et nous sortons. Le silence de la cours nous fait un bien fou. On échange des sourires, comme des débiles, mais ça fait vraiment du bien de ne pas entendre les cris, les insultes, les vulgarités de ces odieux personnages.

- Ça fait du bien le silence, chuchote Nora.

Je hoche la tête:

- Comment vous faisiez pour les supporter?

Elles haussent les épaules:

- Oh, tu sais, on ne connaissait pas le calme d'ici. Si tu as toujours vécu en ville, parmi les klaxons des automobilistes, tu ne souffres pas de ne pas entendre les oiseaux chanter. Nous, on ne souffrait pas de ne pas être respectés puisqu'on ne connaissait pas ça. Mais, après ici, je pense que ça va être dur de retourner là bas. Je pense sérieusement à changer de lycée, déclare Lydia.

- C'est vrai? Oh cool!

Elle sourit face au ton enjoué de Clémence. Les deux autres nous apprennent qu'elles en ont parlé à leur parents et que ça leur est égal. Ça leur fait juste un peu bizarre de payer l'école, mais, ils sont prêts à le faire.

On rigole à plusieurs reprises et c'est au moment où on voit Jace et sa bande sortir qu'on se souvient de la galère dans laquelle on est. On recommence les protestations de ce matin et quand la cloche sonne, on se range en soupirant. On se fait des signes d'au revoir dégoûtés. Le fait qu'on soit répartis en groupes fixes va faire que je ne risque plus d'être beaucoup avec mes amies.

La prof de français nous fait signe de la suivre et nous nous enfonçons dans le lycée. 

Arrivée en classe, je m'assois au premier rang, à côté de Leïla. Et là, j'aurais envie de gifler la prof quand elle dit:

- Ouh là. Non. Ça ne va pas le faire le groupe du fond. Attendez... je vous replace...

À ce moment précis, je sais que je ne vais pas rester longtemps avec Leïla et mon cœur se serre. Ces abrutis me font peur. C'est plus fort que moi et je n'ai absolument pas envie de me retrouver à côté de l'un d'entre eux.

Je croise les doigts et supplie ma prof du regard, mais des l'instant où elle pose les yeux sur moi, je sais que ma nouvelle place sera à côté d'un de ces fous.


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À la semaine prochaine!!!!!

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