Chapitre 10

Je quitte la salle d'étude tranquillement, toujours rageant contre cet espèce d'imbécile de Jace.

Comme si je n'étais pas assez en colère, il se met à pleuvoir. Ils n'avaient pas annoncé de pluie à la météo. Super, on peut vraiment faire confiance à personne! J'ai plus qu'à me dépêcher de rentrer à la maiso...

Soudain, je me fige. On est lundi. Et, le lundi, je dois aller au périscolaire donner un coup de main aux animatrices. J'ai une heure de retard!

Je m'élance et traverse la rue en courant. La pluie commence déjà à traverser mes vêtements, et je me mets à grelotter.

- Eh! La connasse! hurle une voix que je connais trop bien, derrière moi.

Je tourne la tête sans cesser de courir et vois Jace, marchant tranquillement (alors qu'il pleut, je le rappelle), son sourire toujours là, au coin de ses lèvres.

Je vais lui répondre un truc (bien méchant, hein), mais mon pied trouve le vide à la place du sol. En me retournant, je n'ai pas vu que je me suis décalée, et là, je viens de mettre mon pied sur la route au lieu du trottoir. Le problème c'est que, puisque je ne m'attendais pas à descendre d'un étage, mon pied heurte violemment le sol, provoquant ainsi une vive douleur. Ma cheville se tord et je tombe, comme une poupée de chiffon. Humiliée, mouillée, frigorifiée, et blessée (par terre aussi), je réalise que ma journée n'aurait pas pu être plus belle.

Ben nan! Je ne me dis pas ça, voyons!

Je me prends conscience que le lundi est définitivement le pire jour de la semaine. Et ce lundi-là, le pire de toute ma vie, sans doute. Je tente de me redresser alors que les larmes emplissent déjà mes yeux. Pourquoi faut-il qu'elles soient toujours là, celles-là?!

- Oh? Ma beauté te fait chavirer à ce point-là? ironise Jace, sarcastique en arrivant à mon niveau avec nonchalance.

J'aurai envie de lui arracher les yeux, mais, je ne le peux pas (heureusement pour lui, malheureusement pour moi). Après un sourire moqueur, il s'éloigne en sifflotant et disparaît dans un angle de la rue. Une Volvo orange arrive à mon niveau et s'arrête pour en laisser sortir une dame assez inquiète qui se précipite vers moi et m'aide à me relever:

- Rien de cassé? demande-t-elle.

Je pose mon pied et grimace:

- Peut-être ma cheville.

- Je t'emmène chez le médecin.

- Merci.

Elle me sourit et me guide jusqu'à la place du passager. Elle fait le tour de la voiture tandis que je m'attache, puis démarre. Elle me demande ce qu'il s'est passé, puis, on se met à discuter tranquillement. Elle s'appelle Roxane, est divorcée et a deux fils qui la font tourner en bourrique. Elle est super gentille et me redonne le moral après cette journée catastrophique.

Elle éteint le moteur quelques minutes plus tard, arrivées chez le médecin. Elle m'aide à monter les marches et après avoir expliqué la situation à la secrétaire, elle me guide en salle d'attente.

Celle-ci est vide. Je soupire de soulagement en m'asseyant.

- Tu veux que je reste?

- Vous pouvez y aller, je vais me débrouiller maintenant. Merci beaucoup.

Elle me sourit:

- Tu peux me tutoyer tu sais. Et, tu es vraiment sûre?

Je hoche la tête:

- Oui, je vais appeler ma tante.

- Bon, eh bien, à bientôt, peut-être?

- Oui.

Elle quitte le cabinet ma laissant seule, et aussitôt, je me sens moins joyeuse. Elle a emporté le peu de bonne humeur qu'elle m'avait donné avec elle.

Je compose le numéro de ma tante. J'ai à peine commencé à lui expliquer la situation, qu'elle se met à paniquer et me demande où je suis avant de raccrocher et sans doute se précipiter vers sa voiture.

Quelque minutes plus tard, la porte de la salle d'attente s'ouvre sur mon médecin. Le docteur Frame. Elle est vraiment gentille et s'occupe de moi depuis que je suis petite.

- Bonjour Madison. Viens, avec moi.

Elle m'aide à me rendre dans son cabinet. Là, elle me pose des questions et tâte ma cheville. Après quelques minutes, elle me demande d'aller à la pharmacie acheter une atèle que je devrais porter au moins un mois.

Je la remercie et sors. Ma tante se précipite vers moi.

- Madison! Mais qu'est-ce qui t'est arrivé encore?!

- Bérénice! m'exclamé-je en tombant dans ses bras.

Elle m'aide à me rendre à la voiture. Là, elle démarre tandis que je lui raconte ma journée. Elle me donne quelques astuces pour remettre Jace à sa place et me fait part de son opinion sur "cet espèce d'asticot débile et crétin" (ce sont ses mots). Je ne peux m'empêcher de rire.

Elle me laisse ensuite quelques instants et va me chercher une atèle. Elle me la ramène, et je me dépêche de l'essayer.

Bérénice m'emmène chez elle et me donne ses vieilles béquilles. Elle me propose de passer la nuit ici, mais je préfère rentrer chez moi. Elle reprend sa voiture et me dépose devant chez moi.

Pour la première fois de ma vie, je me demande pourquoi ma maison est si grande et majoritairement composée d'escaliers. Je me mets en pyjama et rien que ça, c'est galère quand on ne doit pas s'appuyer sur sa cheville. Je me réchauffe une pizza surgelée, pas le courage de cuisiner, et m'affale dans le canapé devant un film drôle qui me redonne le sourire. Je me couche assez tard, et après, mets du temps à m'endormir en imaginant la tête de Jace quand il verra mon atèle. J'essaie d'oublier sa future hilarité, mais je n'y arrive pas.

C'est sous les moqueries imaginaires de "l'asticot débile et crétin" que je finis pas m'endormir et sombre dans une nuit rythmée de cauchemars sur la journée de demain.



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Coucouuuuuu!!
C'est la fin de ce nouveau chapitre!
Dîtes-moi ce que vous en avez pensé...
On se retrouve la semaine prochaine, normalement...
Kissouilles!
Cécilie

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