Te comprendre est une tâche ardue (Preciousmetalshipping)
(Le Preciousmetalshipping est paradoxalement le couple le plus facile sur lequel écrire des histoires et en même temps le plus difficile. Facile car une dynamique comme la leur est ridiculement simple à retranscrire, et difficile puisqu'à ce titre, l'originalité est plus que jamais recommandée pour en tirer quelque chose de marquant. Quoique, dans tous les cas, ça m'aura plut d'écrire ce one-shot...)
Avec Gold
Peut-être était-ce dû au moment propice à la somnolence ou au beau temps qui apaisait les esprits, mais le lycée St Arceus était, à cette heure de la journée, étonnamment calme. Seuls quelques Pokémon admis se baladaient languissamment dans les jardins en fleurs presque vides.
Si l'on tendait l'oreille, on pouvait entendre le bruissement du vent dans les feuilles, les roucoulements des Poichigeons, le glouglou familier de la fontaine centrale. Mais si l'on prêtait encore un peu plus d'attention à ces bruits, l'un d'eux ressemblait à s'y méprendre... à l'écho d'un baiser.
Le baiser ardent que Gold et Silver échangeaient, installés dans les bras l'un de l'autre sur un banc. Le garçon aux cheveux noirs avait presque allongé son amant roux sur le siège de métal brûlant, les mains sur ses hanches, le maintenant en-dessous de lui. Leurs bouches se séparèrent un instant, le temps de reprendre leur souffle. Pendant ce court laps de temps, où Gold posait son front sur celui de son amoureux, il en profitait pour le détailler sous tous ses angles.
Ses yeux qui brillaient d'une lumière gris tourterelle.
Ses longs cheveux rouges comme le sang qui d'ordinaire dissimulaient son visage.
Sa peau aux fragrances épicées et à la douceur addictive.
Ses lèvres couleur dragée tièdes, succulentes, savoureuses comme une délicieuse friandise.
Son souffle court et saccadé, qui semblait toujours en réclamer plus de la part du skateur.
C'était si beau, si parfait, que Gold sentait invariablement son cœur battre si fort qu'il résonnait jusque dans ses tympans. Comme s'il tombait amoureux de Silver un peu plus à chaque fois qu'il l'embrassait, à chaque fois qu'il le voyait doté de ce visage dépourvu de son mépris et de son stoïcisme habituels.
Il avait presque l'air d'une autre personne, et c'était à la fois déstabilisant et bizarrement attendrissant.
Une main se posa brusquement sur le front du plus grand, cachant ses yeux et le repoussant sans douceur. Silver s'était redressé et avait détourné le regard, se recomposant une mine bougonne et irritée.
-Arrête de me fixer avec ces yeux de Magicarpe bouillis.
-Hein, mais pourquoi ? Ça te gêne pas d'habitude !
-Tu me mets mal à l'aise, et puis tu as l'air débile.
-Moh, j'en connais un qui a besoin de plus de câlins ~
Les bras du garçon aux yeux dorés ceinturèrent la taille du fils de Giovanni alors que son visage plongea dans son cou. Une myriade de baisers s'abattit sur la peau exposée comme autant de gouttes de pluie sur une fenêtre. Il fallut à Silver une micro-seconde pour réagir et le repousser encore une fois ; c'est tout juste s'il ne se mettait pas à feuler comme un chat.
-STOP JE T'AI DIT ! Tu comprends pas quand je parle ?
-Pff, pas marrant.
Gold prit une expression boudeuse qui fit lever les yeux au ciel de l'assassin roux ; lequel arrangea de son mieux ses cheveux décoiffés et se redressa en prenant son sac.
-Tu vas où ?
-Au CDI, je dois faire un truc avec Gladio.
-On pourra rentrer ensemble ?
-Si tu veux, mais envoie-moi un message pour que je n'oublie pas.
Le garçon aux yeux dorés gardait son regard fixé sur le dos de son amant à mesure que celui-ci s'éloignait pour rentrer dans l'établissement. Ce fut seulement après qu'il tourna que, dépité, le skateur s'affala sur le banc. Les nuages qui voguaient dans l'océan du ciel et la vague quiétude du lieu ne lui permettaient pas de faire le vide dans son esprit.
Déjà six mois que Silver et lui sortaient ensemble. Il savait à quoi s'attendre en étant l'amoureux du rouquin ; après tout, il le côtoyait et lui tournait autour depuis tellement longtemps, presque rien n'avait changé entre eux à l'exception des baisers et des contacts physiques plus intimes.
Et c'est justement ça qui frustrait notre jeune pervers.
Même en tant que petit ami, le dresseur d'Aligatueur restait toujours une énigme pour lui. Rares étaient les moments où Silver ne repoussait son affection, et encore plus les fois où Gold avait vraiment eu l'impression qu'il s'ouvrait un peu à lui. C'en était presque rageant, mais étrangement ces instant où il mettait l'assassin en confiance faisaient parti des raisons pour lesquelles il le chérissait tant ; Gold avait réalisé qu'il aimait dompter peu à peu Silver. C'était une tâche longue et pénible, mais qu'à cela ne tienne. À force de persévérance et de patience (qualité qu'il s'était découvert durant leurs rencards), il espérait venir à bout de la carapace que son rouquin s'était forgé. C'est sur cette pensée que, ragaillardi tout d'un coup, Gold se leva d'un bond du banc et se dirigea vers la salle d'études.
Le skateur ne s'attendait évidemment pas à ce que Silver devienne une guimauve, mais il espérait qu'un jour, il arriverait à ouvrir le coffre blindé qui servait de cœur à celui qu'il aimait.
Et que ce jour-là, il parviendrait vraiment à le comprendre.
Avec Silver
Le croissant de lune scintillait d'une faible lueur dans le ciel noir d'encre. Sa lumière timide, pénétrant par les carreaux de la fenêtre, suffisait à peine à éclairer deux silhouettes dont les ombres se mouvaient sur les murs. Deux silhouettes silencieuses qui s'embrassaient, se touchaient, se caressaient, se fondaient l'une dans l'autre dans un ballet secret.
Dans cette joute amoureuse ardue, son corps étant déjà un territoire conquis pour son amant, Silver s'accrochait à Gold, les yeux mi-clos. Presque en signe de soumission, il rejeta la tête en arrière, lui donnant accès à son cou qui fut marqué par un suçon violacé. Leurs regards se croisèrent et, comme à chaque fois qu'il faisait face à ses yeux brûlants d'amour à son égard, le roux ne put s'empêcher de frissonner. Prenant à tord cette réaction pour un signe de froid, le dresseur aux yeux dorés resserra avec véhémence son étreinte ardente, plus concentré que jamais sur les réactions de son amoureux.
-Silver...
-Hm ?
-Je peux t'embrasser ?
Le rouquin joignit leurs lèvres pour seule réponse. Leur danse enfiévrée reprit, et Silver se sentit de nouveau fondre sous les attentions du skateur.
Se rencontrer peau à peau de cette façon... Le roux avait trouvé cela dangereux.
Cette connexion si parfaite entre leurs deux corps, où le plaisir charnel se mêlait à la douceur du sentiment d'amour, créait invariablement une fêlure dans les barrières qu'il avait mis tant de soins à se construire. Et Silver avait encore du mal à trancher pour savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose.
C'était lui qui s'était réveillé le premier, le lendemain. Empêtré dans les draps, en position cuillère avec Gold, nu et encore un brin ensommeillé. Pris d'une soudaine affection, Silver caressa du bout du doigt les bras qui l'emprisonnaient dans cette étreinte aimante et aimée. Ce n'est qu'au bout d'un moment, la gorge agressée par la soif, qu'il se dégagea avec retenue pour poser ses pieds sur le sol froid du matin. Enfilant à la va-vite son boxer, il hésita avant d'enfiler finalement le t-shirt de son amant pour descendre dans la cuisine. Sur le tissu était encore accroché le parfum de son Goldy, une fragrance juvénile et musquée qui le rendait spécial...
Un soupir silencieux passa les lèvres de Silver alors qu'il se versait du thé et entamait la confection d'un chocolat chaud pour le garçon endormi dans son lit.
Penser à Gold, comme d'habitude, allumait une petite flamme dans son cœur. Il n'avait jamais autant tenu à quelqu'un, en particulier quelqu'un d'aussi solaire et lumineux que le dresseur de Typhlosion. Habitué à tout contrôler et à dissimuler ce qu'il ressentait, il se maudissait d'être autant désarmé face à une seule personne. Il aimait s'agenouiller devant la puissance des sentiments qu'il éprouvait et en même temps repousser ce sentimentalisme qui le gênait.
À cause de cela, Silver se sentait totalement perdu. D'un côté, il avait terriblement envie de lui montrer son affection, de se rapprocher de lui, car après tout, il était son petit ami. Et de l'autre, son inexpérience de l'amour en général le poussait à s'éloigner de Gold.
Alors qu'il repensait à tout ça en remontant les escaliers avec les deux tasses en main, le roux pénétra dans la chambre pour trouver le jeune homme aux yeux dorés, assis sur le lit à moitié habillé et bâillant sans élégance, les cheveux encore plus en bataille que d'habitude.
-Tu es déjà debout ? interrogea l'assassin en lui tendant la boisson chocolatée.
-Le lit était froid sans toi, répliqua simplement son amant en haussant les épaules et vidant le gobelet d'une traite avant de le poser sur la table de chevet.
Dissimulant à grand-peine un rougissement naissant, Silver sirota sa boisson en s'asseyant près de Gold. Immédiatement le dénommé s'avachit à moitié sur lui, glissant tactiquement ses mains sur ses genoux et enroulant une mèche de cheveux autour de son doigt. Il lui restait encore un peu du désir de leurs précédents ébats, et il réclamait assez clairement de la tendresse. Le repousser maintenant serait cruel, aussi le rouquin posa d'un air indifférent un baiser sur sa joue.
En plein conflit avec ses sentiments internes, Silver n'arrivait pas à saisir ce que Gold lui trouvait. N'importe qui, à sa place, en étant repoussé de la sorte, se serait éloigné depuis longtemps. Pas le dresseur de Typhlosion. Au contraire, il se rapprochait, il lui montrait verbalement et physiquement son amour, il tentait sans cesse d'amadouer l'assassin, de le faire craquer.
Est-ce qu'il était maso pour ne pas broncher quand il était éconduit ? Est-ce qu'il était juste stupide ? Ou est-ce qu'il était amoureux au point de vouloir le changer ?
Ou était-ce Silver lui-même qui, inconsciemment et parce que ce sentiment lui était étranger, s'interdisait d'aimer quelqu'un et le tenait à distance ?
À cette question, pourtant, il ne jugea pas utile de répondre. C'était futile. Tout ce qu'il pouvait faire, face aux efforts que cet adolescent si immature et désinvolte faisait pour le connaître en profondeur et l'accepter, c'était à son tour lui montrer sa gratitude et s'ouvrir, pas à pas, à son amour. Pour le remercier silencieusement, le roux posa sa tasse à présent vide sur la table de chevet, embrassa avec un affection non dissimulé et murmura d'une voix si basse que le garçon aux yeux dorés dût tendre l'oreille pour l'entendre :
-Merci, Gold...
Trop heureux de cette démonstration d'affection, le plus grand lui sauta dans les bras pour l'assaillir de baisers, auxquels le roux ne répondit que par des grognements mi-exaspérés et mi-ravi.
Même s'il ne saisissait pas l'obstination de Gold pour le connaître et lire dans son âme, il se sentait plutôt... heureux.
Heureux de savoir qu'un jour, Silver n'aura plus besoin de silences ou de confessions à demi-mot pour permettre à celui qu'il aime de le comprendre.
(À la base, ce one-shot devait être musical avec la chanson "Friends" et traiter de l'amour à sens unique de Silver pour Gold. Qui sait, je réutiliserais peut-être cette idée dans le futur...)
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