Je joue et je gagne... ton cœur (Checkmateshipping)

(Je n'aurais jamais cru écrire un one-shot sur le Checkmateshipping, moi qui suis particulièrement adepte de l'Agencyshipping, avec Black et White. Je ne suis même pas sûre de la réception qu'il aura, étant de plus un couple relativement méconnu. Mais bon, on n'est jamais sûrs de ce que l'avenir nous réservera, et mine de rien j'ai beaucoup plus inspirée que je ne le pensais au premier...)



Avec Ludvina

Le plus naturellement du monde, l'air presque ennuyé par ce qu'il faisait, Cheren déplaça une nouvelle pièce en porcelaine sur l'échiquier en déclarant :

-Échec au roi, Ludvina.

-C'est pas possible !

On pouvait presque voir les rouages de la réflexion se mettre à tourner à vive allure au-dessus de la tête de la jeune fille, qui en se mordillant un ongle manucuré avec soin promena son regard paniqué sur l'immobile champ de bataille bicolore.

-Alors si je déplace ça ici... non, je risque de me retrouver bloquée... Euh, ça plutôt...

Peu assurée et après un long moment d'hésitation, Ludvina s'empara de son roi et le mit en relative sécurité avant de se dandiner nerveusement sur sa chaise à cause de la nouvelle action de Cheren qui bougea sa tour. Après quoi il se plongea dans une intense méditation stratégique, le regard vissé sur le plateau de jeu, indifférent aux gémissements agonisants de sa partenaire d'échecs.

Une dizaine de coups plus tard, le garçon à lunettes poussa presque solennellement le roi de la brune qui dégringola de l'échiquier, signe évident que son trône reposait désormais entre les mains de son adversaire.

-Échec et mat.

-Heeeeein ?? Mais à quel moment ??? Aaaaah j'en peux plus, ce jeu me rend folle ; si on peut encore appeler ça un jeu !

-Pourtant tu t'es bien améliorée depuis la dernière fois, tu apprends même plutôt vite.

Cheren lui décocha un sourire si gentil et sincère que la jeune femme sentit son cœur se ramollir comme un marshmallow au-dessus d'un feu de bois en entendant son compliment. Sourire qui bien vite se mua en un léger rictus.

-Maintenant, je te prierais de me donner ma récompense.

Lui tirant la langue pour bien marquer son mécontentement, la dresseuse d'Unys poussa vers lui son éclair à la vanille encore intact. Et rien que pour la titiller un peu, Cheren prit bien le temps d'embrasser la pâtisserie avant de croquer dedans, l'air canaille, pour la déguster avec une lenteur exagérée. Sa partenaire, en dépit de son évidente déception, ne put s'empêcher de sourire.


Ludvina avait beaucoup hésité avant de l'aborder, car le jeune homme ne ressemblait pas du tout au genre de personne qui s'ouvrait aux autres. Il avait plus l'aspect de quelqu'un de renfermé, discret, taciturne, ne s'intéressant qu'aux études et à rien d'autres.

En bref, un intello un peu coincé et vite prise de tête.


Ce qu'il était en partie, il est vrai. Mais Cheren était également curieux, amical et ouvert une fois les premières minutes de tension passées. En plus d'être poli et posé, les sujets de conversation avec lui étaient divers si bien que l'on s'ennuyait jamais en sa compagnie. Ludvina, en tous cas, passait de très bons moments avec lui.


Et ce qu'ils aimaient par-dessus tout, c'était jouer ensemble. Ils jouaient à tout et n'importe quoi ensemble. Le frisson de ne pas savoir le prochain coup de l'adversaire, l'angoisse qui se mue en excitation à chaque geste, la tension délicieuse, le vertige de l'imprévisible... et la satisfaction intense de la récompense à gagner.

Ils n'avaient pour l'instant rien parié de plus élevé que leurs desserts ou une semaine de devoirs à faire, et s'en contentaient largement. De toutes façons, ce n'est pas comme s'ils pouvaient parier autre chose... N'est-ce pas ?

-Je propose qu'on joue à autre chose, suggéra alors la jeune femme. Mais c'est à moi de décider !

-Bien sûr, opina son ami en essuyant ses doigts tâchés de crème. Ce que tu veux.

Contente de sa réponse, le brune sortit de son sac à dos une petite boîte bleu rectangulaire en carton, scellée par un scotch simple et marqué de spirales blanches.

-Un Poker, ça te dit ? J'ai regardé les gens de ma classe en faire l'autre jour et ça m'a donné envie d'essayer.

-Pourquoi pas, ça pourrait être amusant. Mais du coup, qu'est-ce qu'on parie ?

Ils baissèrent en même temps les yeux sur ce qu'ils possédaient. Pas grand-chose, en vrai. Lui comme elle avaient fini leurs pâtisseries, ils n'avaient plus un sou sur eux et pas de devoirs à faire pour le moment. Ludvina tergiversa un bon moment sur la question, avant de décider, le visage se fendant d'un large sourire :

-Le gagnant pourra demander ce qu'il veut au perdant ! Et si le perdant refuse, il devient l'esclave de l'autre pendant deux mois !

-Oh, j'apprécie l'idée ! Mais tu es sûre que tu ne le regretteras pas ?

-Ne me sous-estimes pas, Cheren ! Je vais te faire mordre la poussière !

Les cartes furent battues, distribuées, regardées et analysées. Ludvina avait beau tenté de rester aussi impassible que possible, de ne pas bouger les mains, de se mordre les lèvres ou de cligner les yeux, à chaque fois son partenaire semblait deviner à l'avance quel coup elle allait jouer.


Le premier point était pour lui.

Puis le deuxième, le troisième, le quatrième, le cinquième.


Mais Ludvina n'allait pas se laisser faire si facilement, non non. Elle se mit au contraire à tirer parti du fait que Cheren pouvait voir ses signes de stress, pour les retourner contre lui.

Et cela marcha brillamment. À partir du sixième point, elle commença à enchaîner les victoires comme d'autres glissaient des perles sur un fil pour en faire un collier.


Un point, puis deux, trois, quatre, cinq.


La onzième partie fut décisive, mais finalement la jeune brune emporta de justesse, sa main étant plus forte que celle de Cheren.

-Impressionnant, avoua celui-ci en couchant ses cartes sur la table, acceptant humblement sa défaite. J'ai cru avoir lu dans ton jeu, et je me suis planté en beauté.

-Héhé, je t'avais dit de ne pas me sous-estimer ! fanfaronna Ludvina, récupérant et rangeant soigneusement les cartes dans leur étui.

-Je suppose maintenant que je dois réaliser mon gage. Quel est-il ?

La jeune femme aux yeux turquoise se mordilla l'ongle de l'auriculaire, soutenant les yeux de Cheren à travers les verres transparents de ses lunettes. Cela faisait si longtemps qu'elle rêvait de lui demander quelque chose, et grâce à leur pari et à sa victoire au Poker, elle se sentait suffisamment courageuse pour l'énoncer à voix haute.

-Cheren... Ton gage est d'être mon petit ami.

Le dénommé eut un instant un air interloqué, comme sonné par ce qu'il venait d'entendre. Les joues rouges piment, Ludvina résista à l'envie de s'enfuir en courant ou de se cacher dans un trou de souris. Elle s'attendait à toutes les réactions de la part de celui qu'elle aimait (de la nervosité à l'acceptation en passant par la colère) mais ce qu'il lui dit l'assomma encore plus :

-Mais Ludvina... on sort déjà ensemble...

Il avait l'air tellement sérieux que la jeune fille ne sut plus du tout où se mettre.

-De QUOI ?

-On est en couple depuis un bail... Je veux dire, je t'ai dit mes sentiments, on se tient la main, je t'embrasse dans le cou et sur les lèvres, on est tout le temps ensemble, je t'appelle ma chérie, je t'ai même dit que je t'aime pas plus tard que ce matin avant d'aller en cours ! Et tu m'as même répondu "Je t'aime aussi, Cheren", ça ne s'invente pas. 

-Mais... que... je pensais que ça se faisait entre amis !

-Red et Green sont amis, tu les vois s'embrasser sur la bouche ou se dire "Je t'aime" ?

La tête de Ludvina s'était presque mise à fumer comme une cocotte-minute sous pression. Rouge comme une tomate, elle regarda son interlocuteur qui s'était affalé contre le dos de sa chaise, les mains sur le visage.

-Est-ce que j'étais dans la plus grosse friendzone de l'histoire du Poké-World ?

-Oh non ! Non non non non ! Cheren, je suis désolée, c'est moi qui... Je suis tellement stupide d'avoir oublié un truc comme ça !

Se jetant à son cou pour se faire pardonner, Ludvina plongea son visage contre son torse.

-Pardon, pardon ! Pardon !

-Hey, du calme, ne te mets pas dans des états pareils pour ça...

Les doigts de l'intello aux cheveux charbon allèrent se loger sous le menton de son amante, pour redresser son visage. De près, Ludvina put admirer la fine courbure de ses lèvres et sa peau lactée qui paraissaient si douce au toucher.

Leur baiser fut tendre et affectueux, un peu de douceur, un peu de joie, beaucoup d'amour et une pincée de pardon. Ce petit malentendu était totalement effacé par le sentiment de paix et de bonheur procuré par ce baiser.


Et quand ils se séparèrent, secoués d'un rire qui venait du fond de leurs cœurs connectés, rien n'avait changé entre nos deux amoureux...

-Du coup, puisque tu ne peux pas faire ton gage... tu vas devoir être mon esclave pendant deux mois !

-Oh, Ludvina ! Tu es vraiment irrécupérable !




(Comme j'aime écrire des one-shot tout choupi et tout tranquilles sur cette fanfic ! Même si la régularité ne suit pas toujours les idées, je suis toujours contente d'écrire des petites histoires pour être de bonne humeur et aussi égayer ceux qui les apprécient !)

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