Chapitre 4 : Le secret d'un prince
— D'accord, mais juste pour le temps d'un baiser.
Mes lèvres s'écroulent sur les siennes en même temps que mes doigts tirent sa tête vers la mienne pour effacer complètement la distinction entre nos nos deux bouches. Surpris, sa flûte de Champagne glisse d'entre ses mains pour venir se briser en un son strident et aqueux. Je nous détache alors légèrement, le temps de constater son magnifique visage déformé par l'effroi, avant de revenir attaquer ses lèvres.
Je ferme mes yeux et me concentre sur la manière dont mes morceaux de chairs pincent, ondulent et embrassent sans relâche les siens, ne parvenant à me retenir d'éprouver du plaisir à cela. Son poing frappe contre ma poitrine, mais, étrangement, il hésite à me repousser, agrippant faibrilement ma veste sans savoir comment réagir. Et la chaleur m'envahit sous la forme embarrassante de frissons d'excitation lorsque je le sens remuer maladroitement pour tenter de suivre mes mouvements.
Certainement sous l'effet de l'alcool, mon corps ne cesse de me demander encore et toujours plus de sensation, avançant vers lui pour le pousser contre un mur, et ainsi réduire le moindre espace entre nos deux corps. Je respire bruyamment entre chaque baiser, me pressant sans relâche contre lui au point où mes jambes s'entremêlent avec les siennes.
Putain, pourquoi est-ce aussi bon ?
Ma cuisse appuie à présent sur sa hanche alors qu'il resserre son étreinte sur mon uniforme, plus crispé que jamais. Puis, épris d'une envie incontrôlable, je glisse mon pouce sur son menton, et l'abaisse délicatement afin d'insérer ma langue entre ses lèvres. Il la repousse avec la sienne mais ce simple contact suffit à le faire trembler. Et à chaque fois que je sépare nos bouches, je peux sentir son souffle brûlant et timide comme s'il essayait de réprimer ce désir qui l'anime. À présent, je connais le secret du troisième fils de la famille royale.
— Hé ! Tout va bien ici ?
Je me redresse vivement en même temps que Jimin me repousse en se tournant à l'opposé de l'entrée du couloir, d'où provient la voix. J'appuie mon épaule sur le mur, croisant les bras et minant une expression sereine tandis que je cache le prince avec mon corps. Sungchan, un élève de première, apparaît alors face à moi, un peu d'inquiétude visible sur son visage.
— Oh ? C'est toi Jungkook ? demande-t-il surpris.
— Que... qu'est-ce qu'il y a ?
Je déglutis, craignant qu'il ne suspecte quoique ce soit et priant pour que l'obscurité du couloir camoufle assez bien Jimin pour qu'il ne le remarque pas.
— J'ai vu des bouts de verres alors je me suis approché et comme j'ai entendu des sortes d'halètements, j'ai cru que quelqu'un s'était blessé ou quelque chose du genre...
Je me mord discrètement la lèvre, frustré. On a vraiment foiré sur ce coup ! Cependant... je me demande jusqu'où on serait allé si personne ne nous avait interrompu. Est-ce qu'on aurait fini dans la chambre de l'un ou de l'autre ? Mais la vraie question est : pourquoi est-ce que je n'arrivais pas à m'arrêter ? Je voulais simplement taquiner un peu ce prince arrogant et le mettre assez en rogne pour qu'il me rende vite ma couronne, sauf que je ne m'attendais ni à sa réaction... ni à la mienne.
— Ah oui, hum... je me suis un peu éloigné pour respirer un coup mais j'ai fait tomber ma flûte alors j'ai du soupirer un peu trop fort, haha.
— Je te comprends, ça doit être vraiment épuisant d'être le lutin...
— Je t'en parle pas !
Il me fixe longuement, comme s'il était perplexe vis-à-vis de quelque chose. Ne me dit pas qu'il... a compri ?
— Au fait, où est passé ta couronne ?
— Ma...?
Par reflexe, je lève les yeux vers le haut de ma tête et pose ma main dessus, avant de me souvenir que je l'avais donné à Jimin. Je me tourne alors vivement vers l'arrière, m'attendant à le voir recroquevillé quelque part mais... rien, personne ! Cet enfoiré s'est enfui avec !
Mes yeux s'écarquillent d'horreur et je marmonne un :
— J... je l'ai oublié là bas, j'y vais !
Je ne lui laisse pas le temps de répondre et cours à toute vitesse dans le couloir, la rage crispant ma mâchoire.
Bordel, comment est-ce que j'ai fait pour ne pas l'entendre s'éclipser avec toutes les clochettes qu'il a sur la tête ?!
Mais qu'est-ce qu'il pourrait bien faire avec ma couronne ? Ça ne fait pas tout pour être le lutin, alors ça ne l'avance à absolument rien de me la voler ! À moins que...
"La couronne est la clé du trésor de Tastirhbourg."
J'accélère le pas.
Bordel ce couloir est littéralement le seul qui mène à ce fameux endroit ! Comment a-t-il fait pour l'apprendre aussi vite ?!
— Hé ! Jimin ! crié-je après l'avoir aperçu marcher rapidement en cachant la couronne sous son pull.
C'est donc comme ça qu'il étouffe le bruit... mais peu importe !
— Reviens ici tout de suite !
Il commence déjà à courir pour m'échapper. Je le suis évidemment, prenant les virages tellement serrés que je dois me tenir à l'angle des murs pour ne pas tomber à cause de la vitesse. Le son des grelots raisonne dans tout le couloir, devenant de plus en plus bruyant et... rendant cette course poursuite vraiment absurde. Il
pense vraiment pouvoir me semer en faisant un boucant pareil ?!
Je finis par réussir à l'attraper par le bras. Il tente de se libérer mais je le tire vers moi pour qu'il comprenne qu'il serait temps d'abandonner.
— T'es vraiment qu'un petit...! je m'interromps, n'osant l'insulter franchement.
— Lache moi, bordel !
— Pour que tu puisses mettre le bazar dans toute l'organisation de Tastirhbourg ? Très bien, pas de problème !
Je défais mon étreinte et récupère ma couronne de force.
— Mais ce sera sans mon aide ou celle de mon titre !
— Qu'est-ce que tu racontes encore ?! Je suis juste parti pour pas qu'on me voit avec un taré comme toi !
Je fronce les sourcils, perplexe.
— Pourquoi t'as couru alors ?
— Parce que tu avais l'air de vouloir me frapper ! Et comme j'ai bu, je ne suis pas en état de te défoncer encore une fois !
Je me fige, et l'observe. Il est rouge d'avoir utilisé tant d'énergie, ses cheveux sont en pétard, il est à bout de souffle et ses yeux remplis de colère ne semblent pas cacher une quelconque arrière pensée. J'éclate de rire.
— Hé ! Tu te moques de moi, connard ?!
— Tu es vraiment... adorable ! M'exclamé-je entre deux éclats.
Il crispe son visage et me pousse rageusement avant de rebrousser chemin.
— C'est la dernière fois que je viens à ta soirée absurde !
— Arrête ! On s'est bien amusé, non ?
Il ne répond pas, mais de là où je suis, je peux voir la rougeur du haut de ses oreilles ainsi que ses poings serrés. Je sais exactement ce à quoi il pense et je sais aussi que je devrais lancer le sujet cependant... c'est bien trop embarrassant !
On s'est littéralement... argh ! Je ne veux pas y penser !
Je trotine vers Jimin et me met à sa droite pour poser mon coude sur son épaule.
— Allons boire au de-là de l'ivresse !
Il me fait une clé de bras. Je grimace de douleur et d'ennui. Ce type est l'incarnation même de la nervosité !
— Touche moi encore une seule fois et je te déboîte l'épaule !
Je me libère de son emprise et m'éloigne un peu de lui afin d'éviter toute attaque plausible.
— Mais calme toi un peu, non ?!
— Je suis très calme ! C'est juste toi qui m'insupporte avec ton... tes...
Je croise les bras et le fixe en haussant les sourcils, attendant de voir ce qu'il pourrait bien redire sur mon physique littéralement parfait. Il me scrute avec acharnement, les lèvres crispées. A leur vue, je me remémore leur sensation contre les miennes et détourne furtivement mon regard d'elles, me mordant la langue pour penser à autre chose.
— Ton esprit mal placé !
Je manque de m'étouffer avec ma propre salive, ahuri. Ne me dites pas qu'il a deviner ce à quoi je pensais juste en m'observant un peu... !
— Qu... quoi ?! Mais j'ai pas du tout l'esprit mal placé !
— Tu ne trompes personne, sale lutin.
Oh, peut-être qu'il dit simplement ça à cause de mon titre qui laisse sous entendre un caractère un peu... taquin ? Le mieux serait de rentrer dans son jeu afin de ne pas me faire démasquer.
— Admettons, Admettons...
On sort du couloir et, craignant que Jimin ne décide de s'en aller, je saisis son poignet pour l'entraîner vers la foule.
— Je t'ai pas dis de ne pas me toucher, enfoiré ?
— Attention à ton langage, ici je suis le seul qui n'est pas ton égal, princesse.
Je lui fais un clin d'œil et continue à le tirer jusqu'à ce qu'on arrive à notre place initiale : le salon du lutin. C'est un espace à côté de la piste de danse, où quatre fauteuils en cuir encadrent une table basse ronde remplie de fruit, d'apéritifs et — bien sûr — de boissons avec et sans alcool. Je m'y assois et Jimin m'imite, enragé.
— Il est minuit passé et je commence à sept heure trente demain !
— Ah oui ?
Je lui tends une barquette de tteokbokies (ce sont des sortes de gâteaux de riz pimentés, à la texture un peu caoutchouteuse et sur lesquelles j'ai ajouté de la mozarella fondue).
— En quoi est-ce que ça me concerne ?
— Espèce de... ! S'énerve-t-il avant d'apercevoir le met que je lui tends. Qu'est-ce que c'est ?
Oh, alors comme ça c'est la nourriture qui apaise cette furie ?
— Goûte.
— Et si jamais tu as saupoudré ça d'une poudre pour m'endormir et me traiter encore une fois comme du n'importe quoi ?
Je soupire bruyamment, saisis une petite fourchette et la pique dans un gâteau avant de le manger avec irritation.
— Convaincu ?
Il me fixe encore un peu, suspicieux, avant de prendre la barquette et de commencer à la déguster. Sa posture est impécable, ses doigts tiennent l'ustensile avec bien trop de manière pour ce que c'est, la façon dont il prend chaque tteokbokie en bouche est également extrêmement calculée et je suis persuadé qu'il les aurait très certainement découpé en plusieurs petit morceau s'il je les lui avais servis dans une assiette avec un couvert parfait. Pourtant, malgré son masque de bienséance qui le déshumanise drastiquement, les expressions de son visage, elles, restent complètement honnêtes.
Ses yeux sont un peu ronds de satisfaction, ses sourcils frémissent légèrement à chaque bouchée, et ses lèvres esquissent un presque imperceptible sourire. À cette vu, je ne peux m'empêcher de sentir une chaleur m'envahir comme... de l'attendrissement ? Mon visage se crispe de dégoût.
Non, impossible ! Je ne peux pas ressentir ça pour... un prince !
Jimin se tourne vivement vers moi.
— Arrête de me fixer ou je t'étrangle.
Deux personnes débarquent alors dans mon salon, deux bouteilles en verre à la main.
— Vous permettez, mon lutin ? Demande ironiquement Hoseok en se laissant tomber sur un canapé à côté de celui de Jimin et moi.
— Mon lutin, coupez vous les veines, on a soif ! Se plaint Jackson en s'installant à ses côtés.
Je ricane doucement et place quelques verres sur la table avant de mélanger de la vodka à du sirop de grenadine et de la limonade. Je crée quatre cocktails et leur tends deux coupes.
— Buvez, ceci est mon sang.
Ils éclatent de rire et se servent. Je prends ensuite les deux breuvages restant et en donne un à Jimin pendant que j'apporte l'autre à mes lèvres.
— Si ce n'est pas bon, je te tue, dit-il en saisissant son verre.
Hoseok se tourne vers lui, amusé.
— Tu es le petit frère de Taehyung, non ?
Le prince fronce les sourcils, méfiant.
— Et alors ?
— Tu sais, il occupait la place de Kook lorsqu'il était encore au lycée.
— Rha ! 'Me parle même pas de cet emmerdeur ! Ce type prenait son titre bien trop au sérieux et saoulait tout le monde à coup de "Tu me dois le respect", "vouvoie moi quand tu t'adresses à moi", "baisse les yeux quand je te parle"... bref ! L'un des pires lutin qu'on ait eu.
Jimin ne répond rien, une expression indéchiffrable sur le visage. Il boit simplement, en maintenant sa tête haute et ses yeux baissés. Je l'examine encore un peu, voulant comprendre ce qui lui traverse l'esprit et remarque une fine buée se dessiner sur son verre. Il a soupiré faiblement. Pourquoi une telle réaction lorsque l'on parle de son frère ? Pourquoi un visage de marbre alors qu'il a l'habitude de tout trahir ?
J'ai besoin d'en savoir plus, alors je lache :
— Arrêtez, il s'agit quand même de sa famille.
Jimin me fusille du regard, et repose sa coupe, vide.
— Ah oui c'est vrai... désolé si on t'a offensé, Minnie ! s'exclame Hoseok.
— Ce qui m'offense surtout, c'est le surnom absurde que tu m'as donné.
Insinue-t-il par là qu'il se fichait de ce qu'on disait sur le prince Taehyung ? Mais dans ce cas, pourquoi avoir soupirer ?
À trop l'observer, nos regards ont fini par se croiser. Jimin se lève brusquement et sort du salon.
— Hé ! Où est-ce que tu vas ?! Dis-je en le suivant.
Il m'ignore, évitant la foule en se dirigeant droit vers la sortie, accélérant le pas
— Jimin !
Je trotine légèrement pour le rattraper juste avant qu'il ne quitte la pièce, saisissant fermement son poignet.
— Bordel mais fiche moi la paix ! Dit-il en tentant de se libérer.
— Je te laisserai partir quand tu m'auras dit ce que tu as !
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression qu'il y a quelque chose d'étrange dans sa voix. J'avance pour lui faire face mais il tourne la tête pour ne pas que je le voie.
— Je n'ai rien du tout alors lache moi !
Je l'attrape par les épaules, le forçant à me faire face. Là, mes yeux s'écarquillent d'effroi et mes mains agrippant ses épaules perdent peu à peu en force. Il pince ses lèvres entre-elles comme pour ne pas craquer, le bout de son nez est aussi rouge que ses joues, ses sourcils sont froncés d'embarras, et des larmes brouillent ses magnifiques pupilles céruléennes.
— Tu...
— Ferme la.
Il me contourne et traverse la sortie.
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À suivre...
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J'espère que ce chapitre vous aura plu ^^
En attendant le prochain, on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de Lutinerie ~♧
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