Chapitre 3 : Un rôle plus important que nécessaire
Pov Jungkook
Arrogance, dédain, froideur et invulnérabilité : voilà ce qui définit un prince. Ils possèdent en eux chaque caractéristique d'un humain détestable, et pourtant, on doit les respecter.
De ce fait, j'ai toujours détesté les descendants de la couronne de tout mon cœur. Alors quoi de plus satisfaisant que d'assouvir ma haine contre eux en commençant par ce taré de Jimin ?
La fin des cours est très vite arrivé étant donné que j'ai manqué la moitié de la journée. Je me rends donc dans mon dortoir attitré (ll en existe un par niveau de classe, "Épiphanie" pour les secondes, celui des premières répond au nom de "Pantecôte" et les terminales, donc moi également, résident à l' "Ascension"). J'entre dans ma chambre que je partage avec Jackson Wang, un ami à moi depuis que je suis entré à Tastirhbourg, et m'écroule sur mon lit, épuisé.
— Que vois-je ? Le grand Jungkook s'est fait tabassé ?
— Si je te racontais ce qui m'est arrivé, tu me croirais pas.
Qui pourrait imaginer qu'un petit prince à l'apparence plus délicate que belliqueuse m'a sauté à la gorge pour une blague innocente ?
— Comme tu voudras... tu vas à la lutinerie ce soir ?
— J'ai pas vraiment le choix, je dois faire l'éducation du nouveau !
— Jimin de Park Lee Soulth ? Tu ne devrais te friter à la famille royale, ces gens là ne sont pas comme nous.
Évidemment... ils sont bien pires !
— Fait moi une faveur, Jack, assure toi que personne ne me cherche ce soir.
***
Minuit pile. Lorsque la lune monte dans le ciel, que les animaux nocturnes sortent pour commencer leur journée et que les êtres humains s'abandonnent à leurs rêveries futiles, des pieds se promènent, des bougies s'allument et l'on entend le grincement aigu d'une trappe qui s'ouvre petit à petit. Les pas s'agitent alors pour dévaller des escaliers en ciment rugueux et pousser une lourde porte à clou.
Un silence surplombe la salle, les dix premiers élèves s'alignent, plaqués aux murs du couloir, et... cling... cling... cling : un son régulier de clochettes qui se bousculent approche lentement. C'est un homme vétu d'un uniforme vert foncé, similaire en tout point (hormis la couleur) à celui de l'établissement. Il maintient la tête haute, le regard froid et fixe, et survole par la seule hauteur de sa taille supérieure aux têtes qui s'inclinent peu à peu au fil de ses pas, ses serviteurs.
La légende raconte qu'il est née, un soir sans lune et sans étoile, de la soif dionysiaque d'un groupe de terminal de Tastirhbourg. Ces derniers ont rassemblé tout ce qu'ils avaient de plus précieux dans une pièce secrète, ont prêté serment de ne jamais se détourner de leur dessein, et ont fait couler l'alcool à flot sur leur trésor en récitant des paroles lutines que seules les sourds entendent. Un rire strident a alors percé les tympans des jeunes adultes, les empêchant d'entendre quoique ce soit.
Une fumée verte et toxique s'est mise à flotter dans toute la pièce, manquant de tous les faire mourir étouffé, et alors, elle s'engouffra dans le corps d'un élève par ses yeux, son nez, sa bouche et ses oreilles, et il perdit connaissance. À son réveil, il se retrouvait assis sur un trône, son uniforme autrefois rouge avait prit la couleur de la forêt et tous ses amis s'étaient mis à genou devant lui, leur vêtement en lambeau, leur corps arrosé d'alcool et leurs yeux pleurant de l'eau toxique. Comme épris d'une révélation divine, il trancha son poignée, laissa son sang couler dans une coupe d'eau fraîche qui se transforma peu à peu en vin. Il donna une gorgée à chacun. Leur ouïe se rétablit, ils recouvrirent la vue, et burent plus loin encore que l'ivresse sous l'expression rieuse de l'élève à l'uniforme vert.
Il s'agissait d'Athos, le premier lutin de l'établissement.
À partir de ce jour, chaque année, un nouveau terminal est désigné pour perpétuer l'âme de la lutinerie. On dit que, une fois nommé, son sang devient aussi enivrant que de l'alcool, ses yeux aussi envoûtant qu'une drogue et sa beauté si intense que n'importe qui verra son visage...
—... ne pourra s'empêcher de tomber éperdument amoureux de son charme.
— Tu m'as sérieusement fait venir pour me raconter des conneries pareilles ?!
Assis sur un fauteuil du club, avec Jimin et... quelques verres pour supporter sa présence, je lui raconte (ou plutôt racontais) l'histoire de la lutinerie. Mais il faut croire que ce petit insolent n'a vraiment aucun respect que ce soit pour ses aînés ou les traditions !
— Je pensais que ça t'intéressais, répliqué-je, agacé.
— Eh bien c'était avant que je réalise que ce concept n'est vraiment rien de plus qu'un gros prétexte à la déchéance ! Rien qu'un conte absurde pour justifier que vous buviez pour quatre dans une cave juste en dessous de la chapelle de l'école !
— Hé ! Je te signale que tout ce que je t'ai dis est vrai !
— Ah oui ? Alors coupe tes veines pour que je puisse me saouler !
Je soupire bruyamment, faisant de mon mieux pour retenir ma colère. Calme toi, Jungkook...
Je me sers un verre d'un cocktail un peu trop chargé et le descend d'une traite.
— C'est une métaphore, imbécile ! Ça veut juste dire que j'ai le pouvoir de rendre ivre n'importe qui rien qu'avec ma force de persuasion.
Il grimace atrocement, me fixant avec dédain. Depuis quand est-ce que les princes sont autorisés à avoir autant d'attitude ?
— Pfft ! C'est sûr que ta beauté est bien métaphorique !
— Qu'est-ce que t'insinue, là ? Que je ne suis pas beau ?!
— Exactement !
J'écarquille grandement mes yeux, outré. Avoir un physique avantageux est littéralement le critère numéro un pour devenir le lutin alors sa petite pique ne m'atteint pas du tout !
— Espèce de...
— Qui a-t-il ? Tu veux te battre peut-être ?
Respire, Jungkook, Respire...
Je décroche un raisin de sa grappe et l'apporte à mes lèvres pour venir le mâcher prudemment, tentant de me calmer petit à petit. Puis, je ferme les yeux et les rouvre pour venir regarder calmement Jimin.
— Je sais ce qui pourrait t'intéresser.
— Qu'attends-tu pour me le dire ?
— Que vous la fermiez, mon prince.
Oups... ça m'a échappé.
Ce fou furieux se rue sur moi en me saisissait par le col, me faisant basculer à plat dos sur le canapé. Assis sur moi, il brandit son poing au dessus de ma tête. Je souris narquoisement.
— Ce genre de position pourrait être très mal interprété... surtout à la lutinerie.
Les joues de Jimin s'empourprent instantanément. Il regarde autour de nous, craignant qu'un des élèves qui dansent au rythme de la musique n'est égaré son regard en notre direction, avant de sortir de sur moi en crispant son visage de rage. Il se rassoit pendant que je me redresse, et croise les bras.
— Ne te crois pas sorti d'affaire ! Dès que l'on sera seul, je te ferai regretter tes paroles !
— Sur un lit ?
— Peu importe l'endroit !
Je tente de me retenir de rire, remarquant qu'il n'a pas du tout saisit l'allusion sexuelle à laquelle j'ai fait référence, par peur qu'il ne s'énerve de nouveau.
— Tant que tu me laisses être actif, ça ne me dérange pas.
Il fronce les sourcils, déconcerté.
J'arrive pas à croire que cette boule de feu ambiante puisse être plus innocente qu'un ado prépubère !
— Mais qu'est-ce que tu racontes, enfoiré ?
— Laisse tomber, dis-je rieusement malgré moi.
Il me fixe un long moment, les sourcils froncés d'incompréhension et de colère, tentant certainement de déchiffrer l'idée qui me trotte dans la tête derrière mon expression amusée.
— Bref. Je t'écoute.
Je tapote légèrement ma couronne en un son clinquant de grelots qui s'entrechoquent, avant de commencer à parler.
— La couronne du lutin est la clé du trésor de Tastirhbourg.
Ses yeux s'arrondissent légèrement, se lèvent vers mon chapeau doré, et se braquent instantément vers moi.
— Où est la pièce secrète ?
— Ah ça, seul le lutin le sait !
Il grimace et fronce les sourcils.
— Mais tu es le lutin, imbécile !
— Exactement, et toi non. Donc...
Je laisse ma phrase en suspension, attendant qu'il ne la complète avec la bonne réponse.
— Donc toi et ta stupide couronne de clochettes ne me servez absolument à rien !
— T'as tout compris.
Il donne un coup dans la table ronde en face de nous et se lève d'un bond.
— Tu m'as vraiment fait perdre mon temps !
À ces mots, il disparaît dans la foule.
Et mince... c'était pas du tout sensé se passer comme ça ! Je me redresse alors et me mets à marcher rapidement parmi les élèves qui se dandinent et qui ne manquent pas de m'interpeler.
— Vous voulez bien boire avec nous, mon lutin ? demande un seconde.
— Je suis occupé.
— Jungkook, viens goûter à ce cocktail ! clame Hoseok.
— Plus tard, plus tard...
— Mon lutin, c'est vrai que vous pleurez de l'alcool ?
— Hein ? Non j'en saigne, tu ne connais pas la légende ?!
Au fur et à mesure qu'on me retient, j'ai de plus en plus de mal à empêcher mon agacement de se faire ressentir dans mes paroles. Bientôt, quitte à entacher ma réputation du "lutin le plus sympathique de l'histoire", je finis par ne plus répondre à personne, marchant à toute vitesse en regardant autour de moi avec détermination.
Je te retrouverai, Park Jimin.
J'aperçois alors une petit tête blonde qui traverse insoucieusement un groupe d'étudiant. Je me rue en sa direction et déboule dans un petit couloir sombre que personne n'emprunte et qui, se trouvant près de l'entrée du club, n'est visible que si l'on sort ou entre. Jimin s'y est réfugié, un verre de Champagne à la main. Essoufflé, je me retrouve en face de lui qui me regarde avec interrogation. On est étrangement proche à cause des murs serrés qui nous encadrent, et, pour une raison ou pour une autre, regarder son expression emplie de question me donne extrêmement chaud. Sous cet angle, ses yeux clairs paraissent bien plus grands et innocents que d'habitude. C'est comme si... je l'apercevais pour la première fois.
— Veux-tu mourir ? lache-t-il finalement.
Je fronce les sourcils, me souvenant qu'il s'agit là de Jimin.
— Et toi alors ? Tu penses que c'est poli de laisser le lutin en plan ?
— Poli ou pas, le lutin est la pire ordure du monde !
— Hé ! Je dois te rappeler que sans lui tu ne pourrais pas boire de toute ta scolarité ?
— J'admets que l'alcool est la meilleure chose au monde mais ça ne change en rien le fait qu'il n'a aucun droit légal de traiter des gens comme du n'importe quoi pour faire honneur à une légende inventée par des élèves entre deux verres de trop !
Je soupire bruyamment, ne pouvant lui faire entendre raison.
— Écoute, est-ce que, lorsque tu as posé un pied ici, tu as ressenti un seul regard indiscret sur toi ? Ou bien même une seule personne s'est-elle senti mal à l'aise en ta présence ?
Ses yeux de perdent dans le vide et il mord discrètement ses lèvres en affichant une mine concernée. Il réfléchit un temps, avant d'entre-ouvrir la bouche avec hésitation.
— Je...
Sa voix s'étrangle. Il se racle discrètement la gorge avant de me regarder dans les yeux.
— Je ne vois pas le rapport avec le lutin.
Je pose vivement ma main sur ma poitrine.
— Je représente toute la hiérarchie de ce lieu. Je suis au dessus de tous parce que je suis le lutin et grâce à moi, "tous" devient personne. Peu importe qu'un tel sois le fils du président de la plus grande entreprise, qu'un autre ne soit qu'un bâtard créé par accident qui est parvenu à rentrer dans cet établissement prestigieux grâce à ses notes, ou bien que celui là soit un noble ou un orphelin ; ils sont tous, à égalité, inférieurs au lutin !
Je le fixe, la passion ayant déformé mon visage et mon emportement ayant entraîné une expression indéchiffrable sur son visage. Il paraît simplement... surpris ? Je profite de son trouble pour prendre son visage entre mes mains, le relevant pour qu'il ne puisse détourner le regard. Mes pouces glissent malgré moi sur ses joues, découvrant à quel point elles sont douces et délicates.
— Ici, tu peux faire tout ce que tu veux, être tout ce que tu veux, Jimin, personne ne va te regarder différemment ou faire attention à ce qu'il te dit juste parce que tu es de Park Lee Soulth, le prince de cette putain de couronne.
Un souffle incrédule s'échappe de ses lèvres. Ses yeux analysent mon visage, de mes pommettes à mes paupières, en passant par ma bouche, il m'épille sans relâche avant que son regard ne se pose au dessus de ma tête.
— Je veux... commence-t-il, je veux être le lutin.
Un sourire amusé étire mon visage.
Décidément, c'est vraiment difficile pour un prince de se voir sans un titre pour le qualifier. Je soupire faiblement, glisse ma main sur ma couronne qu'il ne lâche pas des yeux, l'empoigne et la pose sur sa tête. Un poids en moins me soulage mais je peux sentir, de part sa façon d'incliner légèrement la tête, qu'il ne s'attendait pas à ce qu'une centaine de grelots soit aussi lourds.
— D'accord, mais juste pour le temps d'un baiser.
Je ne le laisse pas le temps d'accepter ou de refuser et presse mes lèvres contre les siennes.
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À suivre...
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J'espère que ce chapitre vous aura plu ^^
N'hésitez pas à le voter et à laisser un petit commentaire pour que je sache qu'il y a bel et bien des lecteurs qui me soutiennent haha :')
En attendant le prochain, on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de lutinerie ~♧
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