Chapitre 21 : Double imprévu
Pov Jimin
— Pourquoi suis-je ici, Jimin ?
Je me fige. Mon poing est toujours crispé sur le col de Jungkook, mon visage toujours agacé par ses allusions indécentes et son regard est toujours aussi sérieux. Lorsqu'il me pose ce genre de question, lorsqu'il me fixe avec ces yeux, lorsque sa voix ne trahit aucune plaisanterie, c'est là que s'installe cette sensation étrange dans ma poitrine. Comme si je m'étouffais dans mon propre souffle, comme si, lui, cet être humain de bas étage, cette tache noire sur un vêtement noir, m'avait volé une partie de moi.
Alors je n'arrive plus à réflechir correctement, à m'énerver correctement, ni même à parler correctement. Je le relache un peu, mes yeux perdus dans la noirceur des siens, cette obscurité qui brille pourtant comme un ciel nivéal étoilé, et je fais de mon mieux pour reprendre mes esprits. Il est vrai que, il y a quelques semaines encore, je lui proposais un dilemme grossier, et maintenant qu'il est chez moi, que toutes les conditions sont réunies pour que l'on le fasse, je le repousse.
— Je ne sais pas, je marmonne.
— Comment ça tu "ne sais pas" ?
Un silence succède à sa question. Je le relâche complètement.
— Eh bien...
— Tu m'as invité ici sans "savoir" ce que tu sous-entendais ?
Je fronce les sourcils et redresse vivement la tête.
— Non je...!
— Alors quoi ? Je suis là juste pour que l'on se bécote puérilement comme au pensionnat, sans que ça n'aboutisse jamais à rien ?
— Putain mais écoute !
— Non je ne vais pas t'écouter, Jimin ! Parce que ça me saoule de t'entendre raconter des conneries à longueur de journée, à m'attirer, me repousser, me frapper et m'insulter dès que je m'approche un peu trop alors là, c'est toi qui va m'écouter et me dire exactement, tu veux coucher avec moi oui ou n... !
— Oui ! Je hurle.
Une expression de choc se fige sur le visage de Jungkook, alors que moi, les joues brûlantes d'embarras et de colère, je m'évertue à garder la face. Mon cœur raisonne tellement fort dans ma poitrine que ça m'est douloureux, dans le silence perçant semble flotter l'écho de ma réponse et je sais que, dans une pièce où dans d'autres, un membre du personnel à tout entendu de notre conversation. Mais, là maintenant tout de suite, ça m'est tout à fait égal.
— Qu'est-ce que tu, balbutie-t-il, qu'est-ce que tu...
— Ce que je ne sais pas, ce n'est pas si je veux le faire avec toi ou non, mais c'est si toi tu le veux vraiment.
Jungkook fronce gravement les sourcils, perplexe, avant qu'un léger rire agacé ne se confonde dans son souffle.
— Attends... tu plaisantes là, Jimin ? Tu ne vois pas à quel point je te fais du rentre dedans tout le temps ? Comme je n'arrive pas à me détacher de tes lèvres et à quel point je suis impatient de te toucher ?
— Oui mais... je ne sais pas si tu me taquine ou pas. Tu parles toujours sur le ton de la comédie, comme si tu jouais un rôle, comme si je ne devrais jamais prendre tes avances sérieusement alors je...
Ses doigts s'imiscent brusquement dans mes cheveux avant qu'il ne vienne écraser ses lèvres contre les miennes. Il commence à les embrasser sans retenue, sans délicatesse ni violence, de sorte à ce que je n'arrive pas à comprendre ce qu'il se passe. Quelle est cette fougue avec laquelle il me pousse contre une porte, halète entre chaque baiser, se presse encore et toujours à moi ? Comment appelle-t-on cela encore ? C'est trop enflammé pour que ce soit de l'excitation, mais trop désordonné pour être une énième plaisanterie.
Ce n'est que lorsqu'il m'a poussé sur le fauteuil en cuir du bureau de mon père, qu'il s'est mis au dessus de moi et a saisi ma mâchoire pour continuer à m'étouffer avec ses lèvres que j'ai compris. L'énervement avec lequel il glisse une main sur mon buste nu, celui avec lequel il force l'ouverture de mes cuisses avec son genou et le son assourdissant de son cœur contre le mien, ne peuvent être que cela ; de la passion.
Les doigts tremblants, je pose ma main sur sa poitrine, ressentant comme... une nécessité à le toucher. Je le sens qui frissonne alors, plus confiant, je longe son buste jusqu'à atteindre la base de son tee-shirt que je remonte lentement. Junkook se redresse, de sorte à ce que nos regards puissent se rencontrer. Les lèvres entrouvertes et humides, on se fixe un temps. J'ai l'impression qu'il veut prononcer quelque chose mais il se ravise et retire brusquement son haut avant de le jeter à travers la pièce.
Un léger rictus se dessine sur mon visage et il se penche de nouveau afin d'embrasser bruyamment mon cou en des sons claquants. Je laisse tomber mes doigts sur sa nuque et fixe le plafond aux moulures maîtrisées, le regard perdu dans le vide. Autant de frissons me parcourent, comme si mon corps entier se faisait dévorer vivant. Alors, étranger à ces sensations, je fronce les sourcils d'incompréhension et ne bouge plus.
Il a pourtant déjà fait tellement plus alors pourquoi... est-ce si bon ?
Je ferme les yeux et bouscule un peu sa tête avec ma joue, ayant de plus en plus de mal à le supporter. Je le sens qui s'écrase entre mes jambes, sa cuisse bougeant contre ma peau trop sensible, étroitement et chaudement. Sa main glisse de ma taille à ma hanche, qu'il se met à palper un peu brusquement, la tirant vers lui au rythme de ses va-et-vients.
— Jimin... je ne pense pas que je vais pouvoir...
Ses paroles ne prennent tout leur sens que lorsqu'il délasse nos jambes afin de se mettre complètement à califourchon sur moi.
— Frappe moi si je vais trop loin.
Il glisse alors mon pantalon entre mes cuisses. Je rougis violemment et hésite à me redresser mais il prend mes lèvres de nouveau, m'embrassant de cette même fougue. Je le sens empoigner ma chaire et la presser contre la sienne avant de venir faire des aller-retours avec sa main humide de précum. Au rythme de ses mouvements, il bouge son bassin d'avant en arrière, s'appuyant sur moi à chaque fois que ses doigts ralentissent un peu.
Moi, le visage crispé, je détourne la tête d'un coup sec, ayant besoin de respirer correctement. Ressentir autant de choses à la fois m'est presque douloureux alors je ferme mon poing sur sa poitrine pour le repousser mais il saisit mon poignet et le plaque au dessus de ma tête. Son front s'enfonce dans mon épaule alors que ses mouvements accélèrent, et que je sens que je ne pourrais me retenir plus longtemps. Son pouce se presse sur le bout, là où c'est le plus sensible, s'attardant dessus alors que j'ai déjà l'impression que je vais mourir d'asphixie. Je sens sa respiration s'agiter également, en des sons presque trop bruyants, avant qu'un grognement ne s'échappe du fond de sa gorge lorsqu'il resserre d'avantage ses doigts pour que l'on vienne s'abandonner entre nos torses.
En quelques mouvements supplémentaires, il nous fait jouir encore un peu, avant d'arrêter totalement, s'écroulant sur moi. Je prends un temps pour me remettre de toutes ces sensations, les yeux perdus dans le vide et la respiration ralentissante.
— Je vais te tuer, je marmonne.
Dans son épuisement, je l'entends souffler un rire. Il se redresse un peu afin de me regarder. Il a cette expression agaçante de satisfaction sur ses lèvres.
— Pour quoi ? Ne pas t'avoir branlé plus tôt ?
Je grimace d'agacement et le repousse pour me redresser en position assise, le dos reposer contre l'accoudoir du fauteuil, après avoir remonté mon pantalon. Je regarde mon torse humide, avec dégoût.
— C'est sale.
— Tu dis ça mais t'as éjaculé en premier.
J'abas mon pied dans son ventre. Il se plie en deux en gémissant de douleur.
— C'est parce que tu faisais toutes ces saloperies dans mon cou.
Il rit de plus belle et se lève. Il ramasse son tee-shirt et me le lance après avoir essuyé son buste avec. J'évite son excès de bonté et sors du fauteuil à mon tour.
— Je vais prendre une douche plutôt.
— Comme tu voudras.
Je réfléchis néanmoins un peu plus et, réalisant que je ne devrais pas me balader devant les domestiques avec ce liquide blanchâtre sur la peau, je prends plusieurs mouchoirs en papier qui sont sur le bureau, est me sèche du mieux que je peux. Je jette le tout dans la corbeille à côté, tandis que Jungkook se charge d'effacer toute trace de notre élan de folie, sur le fauteuil en cuir. Il ouvre ensuite la fenêtre, certainement pour aérer la pièce de cette odeur sexuelle qui flotte dans l'air.
— Combien de temps dure une chasse environ ?
Je hausse les épaules.
— Ça dépend. Ça peut prendre deux ou quatre heures, selon la météo, le gibier et les compétences de chacun, pourquoi ?
— Parce que j'ai entendu des voix provenant du porche tout à l'heure.
Une vague de panique me prend.
— Et c'est que maintenant que tu t'en inquiètes ?!
— Je pensais que c'était le personnel !
Je passe activement mes doigts dans mes cheveux afin de les arranger en me précipitant vers l'extérieur de la pièce. Jungkook me suit avec la même énergie.
— Pourquoi est-ce qu'ils reviennent aussi vite ? demande cet imbécile.
— J'en sais rien, connard !
Je m'apprête à prendre un virage à droite mais, à peine ai-je tourné la tête, que la porte d'entrée s'ouvre. Je fais immédiatement demi-tour et entre dans la pièce la plus proche, entraînant Jungkook avec moi.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Chuchote-t-il.
— Ils sont là.
Ainsi caché dans le salon secondaire, je garde une vue sur le couloir où ils sont entrain de passer, faisant attention à ne pas faire de bruit. Namjoon soutient Taehyung par la taille, tandis que lui, boîte en serrant les dents. Mon père les suit, une expression désemparée sur le visage.
— Ce connard de Tae s'est blessé, je murmure au lutin.
— Quoi...?!
Je me retourne vivement pour étouffer son cri derrière ma paume, avant qu'il ne soit trop audible. L'un pressé sur l'autre, contre la porte, on se fige alors que j'entends le bruit de pas s'arrêter. Je prie de toute mon âme pour qu'ils ne nous aient pas entendu, le cœur battant à toute allure.
— Jimin ? Prononce Namjoon.
Les pas avancent en notre direction. Pris de panique, je saisis Jungkook par le poignet et le tire derrière un canapé, près d'une fenêtre. Je m'y accroupie mais, voyant que sa tête risque de dépasser, vu de la porte de la pièce, je le tire encore vers moi, nous faisant tomber à la renverse. Il tente de me rattraper en glissant sa main sur mon dos, sauf qu'il se retrouve entraîner également sur moi. L'un sur l'autre, ses doigts sur ma taille, je m'apprête à le repousser pour qu'il se redresse mais la porte s'ouvre soudainement.
On se fige tous les deux, retient notre respiration et attend. Un silence pesant flotte dans l'air, si complet que j'ai peur que les battements de mon cœur ne soient trop bruyants. Étrangement, Jungkook me fixe en souriant légèrement. Je fronce les sourcils d'incompréhension, ne parvenant à saisir ce qui peut l'amuser dans cette situation, lorsqu'il se penche dangereusement vers moi. Je ne peux pas bouger et risquer de griller notre couverture mais rester là, à le laisser faire ce qu'il veut, m'est tout bonnement inimaginable !
Je détourne la tête mais il suit son mouvement et pose ses lèvres contre les miennes. C'est complètement insensé, mon frère est là, à quelques mètres, juste derrière le canapé, à scanner la pièce de ses yeux, il peut venir à tout moment, nous surprendre et ce serait ma fin et pourtant, pourtant... je réponds à son baiser. Lentement, si lentement, alors que la chaleur monte violemment en moi. Je sens nos langues qui se rencontrent de temps à autres, glissent un peu, puis laissent place à nos lèvres. Il pince mon inférieure avec les siennes, la tirant un peu en esquissant ce qui me semble être un sourire, puis recommence à presser sa bouche contre la mienne en la décollant le plus délicatement possible afin d'éviter tout bruit humide.
Moi, le visage et le corps en feu, je le laisse faire, ne pouvant me résoudre à le repousser lorsqu'il murmure à mon oreille :
— Il est parti depuis longtemps.
Je le repousse violemment et me redresse pour constater que la porte est belle et bien fermée, et que la pièce est vide. Rouge d'embarras, je me lève en feignant l'indifférence et me précipite vers la sortie. Jungkook me suit, un léger ricanement dans la voix, et, après que j'ai vérifié que le couloir soit libre, je sors du salon et avance tout aussi rapidement vers l'étage. On enjambe les marches de l'escalier, prends le premier virage à gauche, et se réfugit dans ma chambre, fermant prudemment la porte derrière nous.
Essoufflé, je me laisse tomber sur ma table de chevet, tandis que Jungkook s'allonge sur mon lit. On se regarde une seconde avant d'éclater de rire, le plus silencieusement possible.
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À suivre...
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Voilà pour ce chapitre ^^
J'espère qu'il vous aura plu ~
En attendant le prochain, on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de lutinerie ~♧
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