Chapitre 20 : Aube bruyante

Le majordome me raccompagne à ma chambre attitrée, me dit quelques formalités comme l'endroit où il a mis mes vêtements, où se trouve la salle de bain et comment l'appeler en cas de besoin, avant de s'en aller en me souhaitant une bonne nuit. Je m'écroule donc sur le lit après avoir pris une longue douche brûlante et avoir enfilé le jogging qui me sert de pyjama et ferme les yeux doucement.

Mon esprit se dirige malgré moi vers Taehyung et nos moments passés ensemble plus que notre dernière conversation, et je finis par laissé mon corps s'alourdir avec un sourire aux lèvres et un pincement au cœur.

   — Lève toi, raisonne une voix en même temps qu'un coup brusque secoue le lit légèrement.

J'ouvre péniblement les yeux en grommelant de désarroi et me cache sous la couette.

   — Fous moi la paix, je marmonne.

J'entends les pas de Jimin s'éloigner un peu avant qu'un son strident de rideau qui s'ouvre ne vienne me faire froncer les sourcils en plus d'une faible lueur matinale beaucoup trop vive à mes yeux.

   — Lève toi, ça me saoule.

Je ne réponds rien, trop fatigué pour rétorquer quoique ce soit. Je sens soudainement un poids s'accentuer sur le matelas avant que je ne comprenne que cet enfoiré s'est mis debout dessus pour me rouer de coup de pied.

   — Putain mais... ! Tu fais chier, Nicaïse ! je hurle en me protégeant comme je peux.

Il se fige un temps, comme choqué, avant de s'assoir sur moi pour me frapper avec ses poings.

   — Comment oses-tu... ?!

   — Argh ! Ok, désolé, désolé ! Casse toi, t'es chiant là !

   — Espèce d'enfoiré ! Passer trop de temps avec l'autre taré t'as fais perdre la tête ?!

Je soupire bruyamment en tentant d'attraper ses poignets pour le retenir de me frapper, en me retournant pour me mettre face à lui en même temps que je me décide enfin à sortir de sous la couette. Je saisis ses avant-bras afin de l'immobiliser tandis qu'il continue à s'agiter sur moi.

  — Tu veux bien te calmer ?!

Le visage crispé et rouge de colère, il me fixe droit dans les yeux en essayant de se libérer de mon étreinte.

   — Lâche moi, bordel !

Merde, s'il continue à s'agiter comme ça... Je me mords la lèvre en me crispant d'embarras au fur et à mesure que je sens son bassin bouger contre le mien. Non seulement c'est le matin, mais en plus c'est Jimin, alias l'homme le plus sexy du monde, qui est sur moi alors... même à travers une couette aussi épaisse je... 

   — A... arrête de... je tente de marmonner en fronçant les sourcils de gêne.

D'un coup, comme s'il venait de réaliser quelque chose, le prince se fige, glisse son regard au niveau de mes hanches et écarquille largement les yeux.

   — Argh ! 

Il tombe presque à la renverse en reculant pour sortir de sur moi, et me fixe avec choc. Je laisse tomber mon avant-bras sur mes paupières en soupirant, bien trop embarrassé pour dire quoique ce soit.

   — H... habille toi, tout le monde t'attends, il balbutie avant de quitter rapidement la pièce.

Je reste une bonne dizaine de seconde allongé, le visage en feu et l'esprit complètement troublé, avant d'enfin me décider à me lever une fois un peu calmé. Je sors du lit, enfile des vêtements plutôt confortables, à savoir, un jogging un peu plus sophistiqué et un t-shirt à manche longue. Je ne m'occupe pas trop de mes cheveux, souffrant d'un excès de flemme (il est quand même cinq heure du mat' quoi), et glisse paresseusement mes pieds dans des pantoufles avant de quitter ma chambre.

   — Tu en mets du temps pour ne ressembler à rien !

Je grimace en fusillant Jimin du regard. Il est adossé au mur près de mes « appartements » et porte des vêtements plus ou moins similaires aux miens. Hormis le fait qu'il sois pied nu... sur le parquet... en plein mois de décembre... 

   — Dit l'homme de cro magnon, je rétorque.

Son visage se déforme de colère, offensé, et il s'apprête à répondre quelque chose mais je lève les yeux au ciel et avance dans le couloir. Il finit par me suivre et on descend les escaliers jusqu'à marcher pour arriver dans le salon principal où tout le monde se tient. Ils portent tous des pantalons de randonnée avec de lourdes chaussures et d'épaisses polaires. En me voyant dans mon semblant de pyjamas, je peux deviner un sourire moqueur se dessiner sur les lèvres de Taehyung, de la confusion dans le regard de Namjoon et un peu d'étonnement dans celui du roi.

   — Comptes-tu réellement chasser dans cette tenue ? me demande Tae d'un ton méprisant.

Je fronce les sourcils.

   — Chasser ?

   — Bah oui, pourquoi penses-tu que je t'ai levé à cinq heures, imbécile ? marmonne plus ou moins discrètement Jimin.

   — J'en sais rien moi, je me suis juste habillé comme toi ! je grince entre mes dents en le fusillant du regard.

Un rire sonore raisonne dans la pièce en même temps que je braque mon regard sur l'allure plutôt charismatique du roi qui se lève lentement de son fauteuil.

   — Allons, pas de chamailleries, les jeunes !

Taehyung se lève à son tour pour prendre la parole en avançant vers moi.

   — Nicaïse n'a jamais apprécié la chasse donc il n'a pas prévu de nous accompagner et puisque tu n'es pas non plus prêt à y aller, il vaudrait mieux que nous partions sans toi.

Ne sachant pas tellement quoi répondre, je reste muet et le roi, ainsi que les deux frères s'en vont après m'avoir donné deux trois indications pour je-ne-sais-quoi et m'avoir promis de m'emmener la semaine prochaine. Bon... est-ce que je peux dire que j'ai totalement foiré de bien me faire voir par la famille royale ? Absolument. Mais est-ce que je regrette que ce quiproquo m'empêche d'aller dans le froid, un dimanche matin, durant des heures et de passer mon temps seul avec Jimin ? Absolument pas.

Je me laisse alors tomber sur un des fauteuils du salon et fixe le petit prince alors qu'il commence à détacher prudemment sa chemise de nuit.

   — Tu me fais un strip-tease, princesse ?

Il tourne les yeux vers moi, la rage bouillonnant au fond de ses pupilles et une expression de dégoût déformant son visage.

   — Un mot de plus et je te fais décapiter.

Il me lance sa chemise en pleine face et me tourne le dos afin de s'éloigner de moi. Un léger rire s'échappe de mes lèvres et je me redresse pour lui emboîter le pas, son vêtement entre mes doigts.

   — Où est-ce que tu vas ?

   — Manger.

À ces mots, il tourne en direction de la cuisine, entre à l'intérieur et sors la part de tarte restant de la veille. Il la pose sur le plan de travail et commence à la dévorer à la fourchette. Amusé, je décide de m'installer sur une chaise haute afin de l'observer faire. Je ne sais pas si j'ai un sérieux problème psychologique ou autre mais... sa façon de manger est affreusement d'obscène !

Voyez, il plonge sa fourchette dans la sucrerie, fait un léger mouvement princier pour en prendre un morceau, l'apporte à ses lèvres, laisse une partie du nappage transparent glisser sur sa supérieur déjà luisante de ses bouchées précédente, puis pose le contenu sur sa langue, et enfin ferme ses lèvres sur la fourchette en laissant une traînée de sirop sur l'argent. Puis il mache avec délice, sa bouche en cœur, son buste nu, ses cheveux en bataille et ses yeux bleus pétillants il...

   — Jimin, quand est-ce qu'on baise ?

Je me fige. Il se fige. Nous nous figeons face à mes paroles. Il tourne son regard, puis son visage vers moi et...

   — Je vais te tuer.

Je ne peux même pas lui en vouloir. Je lève mon bras pour contrer sa tentative de me planter avec sa fourchette, il fait un pas vers moi pour s'appuyer de tout son poids afin que les piques en argent me touche, tandis que je résiste comme je peux. De son visage rouge de colère, mon regard dévie vers sa poitrine, puis ses tétons. Je deglutis. Il le remarque et force encore plus dans sa tentative d'assassinat. J'essaye de me retenir de rire lorsque je croise ses pupilles mais ne peux m'empêcher de le taquiner.

   — Ils sont roses.

   — Et ton sang est rouge sale pervert !

Je ris de plus belle et parviens à le repousser un peu mieux. J'attrape alors ses poignées et opte pour ma position favorite : au dessus de lui. Je me lève donc et le fais reculer jusqu'à ce que son dos ne se heurte contre la table. Je le vois serrer la mâchoire de douleur mais ne peux m'empêcher de jubiler de cette faiblesse. J'exerce une pression supplémentaire sur son poignet, l'obligeant à lâcher la fourchette, et me penche vers lui afin de le fixer droit dans les yeux.

   — J'ai envie de toi Park Jimin, je siffle pour le taquiner.

Il lève violemment son genou pour l'abattre dans mon ventre. Le souffle coupé, je me tords de douleur en toussotant tandis qu'il se défait de mon étreinte.

   — Tout se passe bien, Votre Altesse ? intervient une voix dans le couloir.

Essoufflé, les cheveux en bataille et le visage encore rouge, Jimin a toutes les traces d'un homme qui vient de se battre. Et puis il y a moi aussi, plié en deux, le visage crispé d'inconfort et le corps prêt à s'écrouler à tout moment. Je prends un peu sur ma condition et me force à me redresser du mieux que je peux, la mâchoire serrée, tandis que le prince croise ses bras.

   — Oui, Sebastian. Vous pouvez disposer, déclare-t-il d'un ton un peu sec.

Le majordome acquiesce, s'incline et s'en va après m'avoir lancé un regard indéchiffrable.

   — Je pense qu'il me déteste, je marmonne.

   — Non, tu crois ?! Réponds sarcastiquement le prince.

Il se recoiffe un peu paresseusement et sors de la pièce avec hâte. Je soupire et le rattrape par le poignet.

   — Qu'est-ce que tu...!

   — Je ne mentais pas tout à l'heure.

Peut-être parce que j'ai prononcé ces mots si sérieusement, et sans un soupçon d'ironie, Jimin semble être... déstabilisé.

   — Je sais que je plaisantes beaucoup mais... j'ai vraiment, vraiment envie de toi.

Ses commissures frétillent un peu, ses sourcils aussi et ses yeux alternent entre mes deux pupilles. J'ai l'impression qu'il est devenu complètement muet et qu'il est sur le point de fondre. Est-ce qu'il a va enfin arrêter de résister autant ? Peut-être est-il entrain de chercher comment me répondre que, lui aussi, me veut, et que l'on pourrait profiter de l'absence de sa famille pour se faire plaisir ? Ou bien peut-être va-t-il tout simplement me sauter dessus après avoir fermé la porte pour être sûr que personne ne nous interromp ? Ou, ou peut-être va-t-il détourner la tête, en rougissant et en se mordillant la lèvre timidem...

   — Tu veux mourir ?

Ah... j'avais oublié qu'il s'agissait de ce connard de Park Jimin. Je le relache comme si mes doigts me brûlaient et fait un pas en arrière.

   — C'est bon, c'est bon... Pas la peine de s'énerver autant...

Franchement, je ne le comprends pas du tout. Un coup je suis dans son lit et son corps me supplie de le toucher ; puis le lendemain je lui fait du rentre dedans et il agit comme si nous étions des inconnus !
Je le vois qui, pour la énième fois, s'éloigne. Mes poings se serrent, ma mâchoire se crispe et je sens la colère monter en moi.

   — Pourquoi tu m'as invité alors ?!

Il s'arrête, se retourne et fronce les sourcils.

   — Pardon ?

   — C'était par pitié ? Parce que je t'ai dis que je devais passer les vacances au lycée ?

   — Putain mais qu'est-ce que tu racontes, Jungkook ?

Je soupire et marche vers lui, passant nerveusement mes doigts dans mes cheveux.

   — Je te demande pourquoi tu m'as invité dans ta putain de baraque si c'est pas pour bai...

Il m'attrape par le col et me pousse contre un mur.

   — As-tu perdu la tête ? Il grince entre ses doigts.

   — Oui, complètement.

Je peux lire une sorte de fureur dans son regard, mais, je ne saurais trop l'expliquer, il y a comme quelque chose d'autre. De la crainte peut-être ?

   — Pourquoi suis-je ici, Jimin ?

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À suivre...
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Voilà pour ce chapitre ^^

J'espère qu'il vous aura plu ~

Désolé pour le temps qu'il a mis à sortir, je n'arrivais plus à trouver la motivation d'écrire...

En attendant le prochain, on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de lutinerie ~♧

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