Chapitre 19 : Des souvenirs pour dessert
Pov Jungkook
La première fois que j'ai rencontré Taehyung date de ma seconde. Il était le lutin et je venais de rentrer au lycée alors, tout naturellement, il a fait mon initiation. Je ne m'en souviens pas tellement mais il me semble ne pas l'avoir pris trop mal (il faut dire que puisque je suis à Tastirbourgh depuis le collège, j'ai toujours eu vent de cette légende de lutinerie alors je n'ai pas été très étonné lorsque des terminales sont venus me sortir de ma chambre vers une heure du matin.) Enfin bref, j'ai trouvé le lutin cool à première vu mais c'était avant d'en connaître plus sur lui.
Taehyung Kim de Soulth (pour faire court) est le type qui m'a fait détester les princes. En plus d'être un héritier de la couronne, d'être beau, grand et populaire, il a fallu qu'il soit élu lutin. Alors, inutile de préciser à quel point il était imbuvable. Il regardait tout le monde de haut, ne prenait même pas le temps de discuter avec ceux qu'il considérait comme « inférieur à lui » et ne participait aux lutineries que pour rappeler à tout le monde qu'il en était le chef. Et pourtant, un type aussi arrogant et détestable que lui est parvenu à se lier d'amitié avec moi. Enfin... pas exactement.
- Je me demandais, qui est le lutin cette année ?
Je sens tous les regards se diriger vers Jimin et moi en même temps que je réalise que cette question n'est rien d'autre qu'une énième ruse de Taehyung pour me rabaisser. Je dessine un sourire conventionnel sur mes lèvres en même temps que je le regarde dans les yeux.
- Puisque les terminales sont les secondes de ton règne, tu les connais presque tous. Alors à ton avis, lequel d'entre nous a été élu comme ton deuxième successeur ?
Il répond à mon sourire avec un soupçon d'espièglerie dans son regard (remarquable uniquement lorsque l'on le connaît assez bien), et dépose son verre de vin duquel il vient de prendre une gorgée.
- Tu sais très bien que je ne vous remarquais pas vraiment.
Je ricane légèrement et bois un peu de rouge avant de rétorquer :
- Tente, ça ne te coûte rien !
Il acquiesce et fait tourner son breuvage alcoolisée dans sa coupe du bout des doigts.
- Jimin déteste ce qui est bas de gamme. S'il t'a emmené ici, c'est qu'il a du te trouver quelque chose d'intéressant en dehors de... ta famille. Ce n'est pas toi tout de même ? demande-t-il avec une pointe d'ironie dans la voix et en levant ses yeux vers moi.
Et voilà le vrai visage du deuxième prince de mon pays. Avant de répondre, je prends le temps d'analyser celui de chaque personne se trouvant autour de nous, à commencer par le roi. Lui, semble plus ou moins perdu ou peut-être juste distrait. Il laisse la conversation se faire sans ressentir le besoin d'intervenir et en dégustant sa salade. Namjoon, au contraire, paraît s'amuser de notre échange, s'accrochant à nos lèvres comme s'il assistait à une pièce de théâtre. Et Jimin, est... fâché ? Il n'a pas les sourcils froncés ou bien même les lèvres crispées, il semble juste presque vide. Il bouge comme un automate, droit comme un piquet et le menton à une hauteur irréprochable pendant qu'il mange précieusement. C'est comme si toute cette situation l'agaçait tellement qu'il a simplement choisi de n'être présent qu'en apparence.
- C'est bien moi pourtant, je finis par déclarer.
Taehyung laisse échapper un pouffement presque indigné avant que l'on ne vienne pour nous débarrasser et servir le plat principal : de la joue de bœuf braisée au vin rouge accompagnée de ses légumes rôtis. En voyant ce met arriver face à moi, une vague d'inconfort me prend. Je saisis mes couverts et commence à découper les composant de mon assiette en tentant de séparer un peu les carottes et asperges de la sauce brune.
- Qu'avez vous fait en notre absence ? demande soudainement Namjoon à Jimin.
Ce dernier hausse les épaules et commence à trancher des lamelles de sa viande.
- Rien de spécial.
- Jimin m'a simplement fait visiter un peu, j'ajoute pour contrebalancer l'indifférence du petit prince face à la curiosité de son grand-frère.
L'ainé acquiesce et on continue à discuter de scolarité, politique ou géographie en riant un peu faussement aux plaisanteries de chacun. Je me contente de déguster les légumes rôtis, ne touchant pas au bœuf, et l'on finit par nous débarrasser pour apporter ensuite le dessert.
À la suite de ce dîner, nous nous sommes tous installés dans le salon, autour d'une tasse de thé en blablatant toujours autant jusqu'à ce que le roi décide de se retirer, prétextant la fatigue, suivit de Jimin qui semblait attendre ce moment pour s'éclipser, avant que Namjoon ne fasse de même (ne trouvant certainement plus d'intérêt à la conversation maintenant que son petit frère adoré n'en fait plus parti.)
Ainsi, je me retrouve en tête à tête avec Taehyung qui ne semble pas vouloir s'en aller de si tôt.
- Tu étais « déçu »?! Je répète en riant, presque outré.
- Bien sûr ! Je m'attendais à voir un petit enfant à genou, entrain de pleurer et de me supplier de l'épargner mais tu ne semblais même pas un peu contrarié ou fâché !
J'éclate de rire en m'enfonçant dans le canapé, à côté de lui.
- Excuse moi de ne pas avoir répondu à tes attentes sadiques !
Il rit à son tour en passant rapidement ses doigts au travers de ses cheveux dorés. On se regarde un peu en souriant et pouffant quelques temps avant que l'atmosphère ne retombe doucement. Le visage de Taehyung se ferme un peu et son regard se perd dans le vide. Il croise ses bras et ses jambes en s'adossant au dossier.
- Comment peux-tu rire avec moi après ce que je t'ai fait ? Finit-il par déclarer.
Mon sourire tombe légèrement et mes souvenirs reviennent comme un coup de fouet. Je ne perds néanmoins pas la face.
- Tu aurais préféré que je t'ignore puérilement pour une chose qui s'est passé il y a si longtemps ?
- Deux ans, ce n'est pas très long.
Je tente de maintenir mon calme et mon assurance en minant une bonne humeur.
- Assez pour oublier des paroles en l'air.
- Putain, Jungkook, je me suis servi de toi ! Ce n'était pas juste des paroles en l'air : tout mon comportement, toutes mes blagues et mes invitations étaient faites pour me moquer de toi ! Comment peux-tu y être aussi indifférent ?
Je soupire nerveusement et laisse tomber ma tête dans mes mains, mes coudes enfoncés sur mes cuisses.
- Et qu'est-ce que tu voulais que je fasse au juste ?
Je me redresse juste assez pour pouvoir le regarder dans les yeux.
- Que je refuse de te serrer la main ou bien que je la prenne avec trop d'intensité ? Que je te fusille du regard et te toise dès que je me rappelle ta présence ? Ou bien que je t'insulte et t'envoie chier à chaque fois que tu m'adresses la parole ? Je suis chez toi, bordel ! Je sais que je ne suis qu'un non-née barbare à tes yeux mais figures toi que j'ai des valeurs et des principes.
Il soupire bruyamment en déserrant sa cravate avec son index et adopte ma position pour me fixer en retour.
- Qu'aurais-tu fais si l'on n'était pas ici ? Si l'on s'était croisé dans un gala ou une stupide fête mondaine de ce genre ?
- Je t'aurais juste ignoré.
Il acquiesce, les lèvres crispées et remet habilement et rapidement une mèche de ses lisses cheveux blonds derrière son oreille. Je connais cette gesture, cette expression faciale et ce long et répété hochement de tête. Il est à deux doigts d'exploser.
- Alors ignore moi à présent, déclare-t-il en se levant brusquement.
Il commence à s'éloigner d'un pas ferme, décidé et rapide, tandis que je replonge mon visage dans mes paumes. Ma jambe s'agite nerveusement tandis que j'essaye d'organiser mes pensées comme je peux. Mais le son de ses talons qui percutent le sol ne cesse de me rappeler que, encore une fois, il me laisse derrière. Alors je ne peux m'en empêcher, je me lève à mon tour et lui emboîte le pas jusqu'à pouvoir saisir son bras pour le forcer à s'arrêter. Il se tourne face à moi, le visage rouge de rage avant que je ne le relâche.
- Tu mens, dis-je.
- Pardon ?
Je soupire et fais un pas en arrière en glissant les doigts dans mes cheveux.
- Lorsque tu me parlais, plaisantais et qu'on riait ensemble, tu as toujours été sincère. Même si ton but était de te moquer de moi, notre amitié était réelle, tu ne peux pas dire le contraire. Sinon, pourquoi est-ce que l'on parviens à aussi bien s'entendre après tant de temps et à s'amuser aussi naturellement ?
- Admettons que je fus sincère comme tu le prêtant. Pourquoi penses-tu que je sois parvenu à me débarrasser de toi aussi facilement ?
Je crispe ma mâchoire en même temps que je sens mes émotions me submerger un peu trop violemment. Je fronce les sourcils, ferme les yeux le temps de réfléchir, avant de le fixer de nouveau.
- C'est une chose que je n'ai jamais comprise.
Il se détend en un long soupire inaudible et s'en va après avoir déclaré :
- Bonne nuit, Jungkook.
Je le regarde monter les escaliers et attends juste qu'il disparaisse de ma vue. Je ne peux plus contrôler ma rage à présent et enjambe rapidement les marches, tourne à gauche et ouvre brusquement la porte de Jimin. Un ample pantalon accroché au bas de ses hanches par un cordon en laine, son buste plat nu de vêtement et ses mains tenant un haut assorti à son bas, mon prince est debout de profil à l'entrée. Il tourne la tête vers moi, ayant figé son mouvement de surprise et fronce les sourcils de colère.
- Es-tu fou ? Me demande-t-il avec l'arrogance qui lui colle à la peau.
Je me précipite vers lui en fermant la porte derrière mon dos. Il lâche son t-shirt et se met en garde. Je souris, amusé par son tempérament belliqueux, et le pousse sur son lit avant de me mettre rapidement au dessus de son corps tandis qu'il tente de me repousser. Je prends ses poignets entre mes mains et les plaque contre le matelas afin de le calmer pendant que je le fixe droit dans les yeux.
- Putain, mais dégage ! C'est quoi ton problème ?! Veux-tu que je t'en colle une, enfoiré ?!
- Arrête de gindre et laisse moi t'embrasser.
Ses joues s'empourprent violemment.
- Cesse de mentir, tu veux juste me frapper parce que je t'ai laissé seul avec ce taré de Taehyung !
J'explose de rire et le relâche doucement avant de glisser une main derrière sa nuque.
- T'en n'as pas marre de toujours vouloir te battre, princesse ?
- Et toi de toujours chercher à m'énerver ?
Je me baisse vers lui et presse mes lèvres contre sa joue avant de les traîner jusqu'aux siennes, lentement et prudemment. Je peux sentir sa respiration accélérer doucement, son corps se crisper et sa peau chercher la chaleur de la mienne.
- Je t'énerve là ?
- Tais-toi.
Je soupire rieusement en même temps que nos deux bouches se rencontrent pour se pincer et se baiser doucement. Une intense chaleur provenant de mon bas ventre remonte progressivement jusqu'à ma tête en passant par mon échine en de frissons presque désagréables. Je ressens de plus en plus le besoin de m'appuyer contre Jimin qui écarte un peu les cuisses lorsque je viens glisser une jambe entre. Mes doigts parcours son dos qui s'arrondit au fil de mon touché jusqu'à ce que je parvienne à son bassin que je tire lentement vers le mien. Je l'écrase totalement à présent, bougeant contre lui qui semble se perdre dans son propre souffle au fil de mes mouvements.
Le costume que je porte encore semble de plus en plus serré et je ne veux plus qu'une seule chose : m'en débarrasser au plus vite. Je saisis la main de Jimin et la tire vers mon buste pendant que je détache mes lèvres des siennes pour me rapprocher de son oreille et y susurrer gravement et d'un timbre déformé par mon excitation :
- Déshabille moi.
Il commence alors à glisser ses doigts dans le noeud de ma cravate lorsque je me redresse un peu pour lui laisser l'espace adéquat pour le faire. Ses yeux sont rivés sur son activité tandis que les miens dévorent ses lèvres du regard. Plus je les fixe, et plus elles m'attirent. C'est comme si toute leur forme ont été conçu pour s'emboîter parfaitement avec mes attentes et mes gestes. Le poing de Jimin se ferme étrangement pour émettre une légère pression sur ma poitrine. Je fronce les sourcils en le regardant qui fixe dans le vide, les yeux écarquillés.
- Quelqu'un arrive, déclare-t-il.
J'entends alors trois coups réguliers raisonner sur le bois de la porte.
- Votre Altesse ?
Je soupire bruyamment et laisse tomber ma tête sur l'épaule de Jimin, déçu et frustré, avant de me rouler un peu pour m'écrouler sur le coté. Le prince, lui, se redresse en position assise, aux aguets. Il n'a plus cette posture crispée et impeccable qu'il arborait à table, mais une plus détendu. Ses épaules sont affaissées, ses jambes écartées et ses cheveux reprennent un peu de leur nature bouclée.
- Oui, Sebastian ?
- Messire Jungkook est-il avec vous ? Je n'ai pas eu de réponse de sa part dans ses appartements !
Je lève les yeux au ciel et commence à me lever.
- Il est ici en effet !
- Très bien, je me permets de l'attendre afin de le raccompagner à sa chambre !
Je me recoiffe un peu et arrange mes vêtements. Je m'apprête à me diriger vers la sortie mais je décide de laisser parler mon corps quelques temps supplémentaires. Alors je me penche de nouveau vers Jimin, en glissant mes doigts dans sa chevelure si douce et redresse son menton du bout du pouce. Je l'embrasse délicieusement, sans retenir ma claire excitation frustrante. Il suit mes mouvements en tentant plus ou moins de s'en défaire (certainement stressé par la présence du majordome derrière la porte.) Je finis par nous décoller lentement avant de caresser affectueusement sa joue.
- J'y vais maintenant.
- Tu aurais même du partir plus tôt.
Je grimace légèrement.
- Tu es bien content que je t'aies embrassé encore un peu.
- Tais-toi et va-t-en.
Je pouffe un peu de rire et me redresse.
- Penses à moi avant de dormir.
- Non, j'ai peur de faire des cauchemars.
Je lui fais un doigt d'honneur et me précipite vers la sortie.
- Espèce de...!
Je l'entends s'agiter un peu et, à l'instant où j'ouvre la porte pour m'échapper, un lourd coussin atterrit sur l'arrière de ma tête.
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À suivre...
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Voilà pour ce chapitre ^^
J'espère qu'il vous aura plu ~
En attendant le prochain, on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de lutinerie ~♧
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