Chapitre 17 : Rouge fraise et rouge...?
Pov Jimin
— On sait tous les deux que ça t'arrange bien.
Je le fixe encore quelques temps, me demandant pourquoi est-ce que je trouve ses paroles ni enrageantes ni embarrassantes. Est-ce que le fait de ne pas s'être vu depuis si longtemps a altéré ma vision de lui ? Ou bien ai-je simplement retrouvé mes esprits ? Peu importe.
— Penses ce qu'il te chante.
Sur ce je tourne les talons et me dirige vers la porte.
— Tu vas me faire visiter ? me demande-t-il en m'emboîtant le pas.
— Pas tout de suite.
On longe le couloir.
— J'ai réalisé qu'aujourdhui est le dernier avant l'arrivée de ma famille. Donc on devrait profiter de leur absence, tu ne penses pas ?
Je me tourne vers lui en souriant légèrement. On dévale les escaliers, traverse un couloir supplémentaire et j'ouvre la double porte de la cuisine pour venir y pénétrer. Je me lave ensuite les mains tandis que Jungkook s'installe sur une chaise haute située de l'autre côté du comptoir. Je me sèche dans une serviette en papier et sors les ingrédients dont j'ai besoin, les prenant tous d'un coup. Je me retrouve alors avec des œufs posés sur la tête, un sac de farine en équilibre sur du sucre et une brique de lait, quelques branches de vanilles entre les doigts et un pot de sel serré étroitement entre toutes ces choses. Je les pose sur le comptoir, en face du lutin et les range avant de sortir quelques bols et ustensiles.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— J'ai envie d'une tarte aux fraises.
Il soupire en écrasant sa joue sur son poing, me regardant avec ennui.
— C'est ça pour toi, « profiter » ? Normalement, quand on dit ça, c'est pour annoncer qu'on compte faire des choses qu'on nous interdit, voire des trucs complètement immorales ou illégales. Pas cuisiner, quoi !
Je soupire rieusement en séparant le blanc du jaune d'un œuf dans deux saladiers différents. Puis j'ajoute du sucre ainsi qu'une pincée de sel dans celui où se trouve le jaune avant de prendre un fouet, prêt à assembler le tout d'un coup de main.
— Je suis un prince, Jungkook.
— Et alors ?
Je lève les yeux une seconde pour rencontrer les siens, sombres et profonds.
— Un prince, ça ne pâtisse pas.
Je ne parviens à déchiffrer l'expression de son visage, mais ce que j'ai dit à dû l'affecter un peu puisqu'il se lève après avoir retiré sa veste, contourne le comptoir et se dirige vers l'évier pour se laver les mains après avoir retroussé les manches de sa chemise. Il se les essuie et avance derrière moi. Un baiser s'écroule alors sur ma nuque, me faisant manquer de renverser ma préparation de surprise.
— Hé !
Il rit doucement et se place à ma droite, un radieux sourire sur ses lèvres, il penche un peu la tête pour me demander :
— Comment puis-je vous aider, Votre Altesse ?
Je tente de dissimuler mon amusement et pousse une brique de lait vers lui.
— Occupe toi de la crème pâtissière.
Il prend ce que je lui ai tendu en main, le fixant d'un air un peu troublé.
— Mets le lait sur le feu, je te donnerai les directives après.
Ainsi, on se met tous les deux à cuisiner. Moi, je m'occupe de la pâte sablée tandis que Jungkook se charge de la garniture. Je malaxe donc les ingrédients ensemble, plongeant mes mains dans la texture plutôt molle et friable afin de former une boule que j'étalerai ensuite. Cependant, j'ai bizarrement du mal à me concentrer. Je fais des erreurs stupides comme verser de la farine juste à côté du saladier ou encore manquer de le faire tomber en appuyant trop sur les rebords.
Une fois la pâte terminée, je commence à l'étaler. Je la glisse ensuite dans un moule, la badigeonne d'un jaune d'œuf afin qu'elle dore parfaitement au four et l'engouffre à l'intérieur. Je souffle un peu, étrangement fatigué d'avoir fait si peu d'efforts pourtant et me sers un vers d'eau avant de laver les fraises. Je les ramène sur une planche à découper afin de les équeuter lorsque tout se met à danser autour de moi.
— Jimin !
Je sens alors une main m'agripper au niveau de la taille et soutenir mon corps en le tirant vers une une chaleur réconfortante. Oh ? J'étais entrain de tomber ?... Je tourne la tête vers Jungkook, déboussolé.
— Ça va ? me demande-t-il d'un air inquiet.
— Hm.
Je me redresse et chasse doucement sa main. Il la plaque sur mon front.
— Tu es brûlant !
— Rien de plus normal pour un malade, imbécile.
Je continue à m'occuper de ma préparation.
— Mais... va t'allonger ! C'est hyper irresponsable de ta part !
— Et te laisser gâcher ma tarte aux fraises ? Non merci !
Il soupire bruyamment et immobilise mes mains qui sont en plein activité.
— Tout est déjà presque prêt. Tu peux t'assoir pendant que je m'occupe du reste.
Agacé, je fronce les sourcils et reprends mon activité. Même si je ne le vois pas, je peux clairement supposer son expression exaspérée et ça m'irrite encore plus. Il attrape une chaise haute située en face et la ramène juste derrière moi. Je l'ignore.
— Je ne vais pas t'empêcher de continuer ce que tu fais mais tu devrais au moins te reposer dessus. Ça va pas te tuer et ça va m'éviter de devoir surveiller que tu ne tombes pas à longueur de temps.
J'hésite un moment avant de finalement utiliser la chaise, sans rien dire. Je suis fatigué. J'observe ce qu'il me reste à faire avec désespoir. Ce n'est pourtant rien, juste préparer les fraises, surveiller la pâte sablée, vérifier la crème et assembler le tout mais ça me parait si épuisant. Je laisse tomber ma tête sur ma main et ferme les yeux. Le son éloigné du feu qui crépite me berce, l'odeur de cuisson que dégage le four ainsi que celle de la garniture aux soupçons de vanille m'apaise et la chaleur qui flotte dans la pièce malgré les vents impitoyables derrière la fenêtre m'enveloppe tendrement.
Tout en restant dans la pièce, mon esprit divague, ma tête qui me faisait souffrir depuis mon réveil cesse de crier, mes muscles crispés se détendent et ma respiration se calme. Dans cette bulle de délicatesse, un touché un peu froid se met à caresser ma tempe. J'ouvre doucement les yeux pour venir constater Jungkook, penché, la tête à mon niveau qui me regarde fixement. Je ne sursaute pas, trop déboussolé par mon assoupissement et me redresse en prenant une profonde inspiration.
— On mange ? demande-t-il avec un soupçon de malice dans la voix.
Je constate alors une tarte parfaitement assemblée au milieu de la cuisine impeccable. Oh... donc il a tout fait ? Un peu déçu de ne pas avoir contribué plus que je le souhaitais, je me lève pour me munir d'un couteau et de deux assiettes. Je découpe soigneusement le dessert et nous sers. Jungkook s'assoit sur la chaise où il était avant tandis que je monte sur la table pour m'installer juste en face de lui. Je prends une première bouchée. Succulent.
— Alors ? On a géré, pas vrai ?
Je souris et acquiesce en continuant à déguster la tarte.
— Ouais. Mais bon, c'est surtout la pâte qui fait toute la différence.
— Tu parles ! Sans la crème pâtisserie, ça serait juste hyper fade.
On se regarde un temps, un brin de complicité dans le regard avant que Jungkook n'éclate de rire tandis que je soupire rieusement. On commence ainsi à manger, en plaisantant de temps à autre lorsque je remarque une expression un peu éteinte sur son visage. Qu'est-ce qu'il...?
— Jimin... est-ce qu'on va vraiment éviter le sujet toutes les vacances ?...
Je prends un temps avant de comprendre à quoi il fait référence. Je détourne le regard, mal à l'aise.
— Ce qu'il s'est passé ce jour-là, cette... rumeur stupide, est-ce que tu penses que...
— Ce soit toi ?
Il baisse la tête et acquiesce. Ses doigts se faufilent dans ses cheveux et un soupir presque inaudible s'échappe de ses lèvres. Il est tellement... stupide.
— Tu n'as confié ça à personne d'autre que moi, que ça circule même pas deux jours plus tard, sans parler du faux lutin (il marmonne), tout est parfaitement aligné pour que je sois le suspect numéro un.
Je me crispe, anxieux. Je n'arrive ni à le regarder dans les yeux, ni à ne plus jamais le faire. Il y a quelque chose chez lui qui m'échappe, quelque chose qui ne tourne pas rond et qui pourrait bien se retourner contre moi ; et pourtant je ne cesse de mettre mes soupçons de côtés, de me concentrer uniquement sur ce qui m'arrange — de lui faire confiance. Pourquoi ? Pourquoi ai-je tant envie de continuer à croire en lui ? Ça serait tellement plus logique que j'arrête de le côtoyer mais j'en suis incapable. Peut-être parce qu'il est le seul dont je sois un peu proche, ou peut-être est-ce autre chose : cette chose qui me fait le laisser faire tout ce qu'il souhaite.
— S'il s'agit de toi, débrouille toi avec ta conscience. Si non, cesse de remettre ce sujet embarrassant sur le tapis. Dans tous les cas, je te veux près de moi.
À ces mots, je saute hors de la table et mets une part de tarte de côté, dans le réfrigérateur, avant d'en prendre une autre et de me diriger vers le salon.
— À présent que nous avons cuisiné, qu'est-ce que tu dirais de passer aux choses sérieuses ?
— Aux... choses sérieuses ?
J'acquiesce et, tout en mangeant ma tarte, entre dans le salon. Mon regard croise celui d'un des domestiques alignés le long du mur et je lui fait un signe, un sourire aux lèvres. Il comprend, s'incline et tous les autres s'en vont avec lui. Je pousse alors la table basse entourée de canapés et de fauteuils, en dehors du cercle, balance les coussins par terre, sur le tapis et me tourne vers Jungkook qui, troublé, ne saisit pas encore.
— Enlève tes chaussures.
Il prend un temps avant d'exécuter ma demande, perplexe. Deux domestiques reviennent, une guitare électrique, un amplificateur ainsi qu'un lecteur cassette à la main. Ils installent le tout et repartent. Je termine ma tarte, les doigts collants de sucre et de beurre.
— Approche, Jungkook.
Il avance en écrasant quelques coussins pour me rejoindre. J'essuie alors ma main sur sa chemise.
— Espèce de...!
Il agrippe vivement mon poignet pour m'éloigner de son vêtement, me faisant rire aux éclats mais aussi diminuer la distance entre nos deux corps. Remarquant notre embarrassante proximité, je recule d'un pas sauf qu'il me retient en appuyant sa main sur le bas de mon dos. Je grimace et lève la tête pour l'insulter ; cependant, à la vu de son visage si proche du mien, de ses yeux juste au dessus des miens, les mots se confondent dans mon esprit.
— Laisse moi me venger et je te laisserai partir.
« Se venger » ? À tous les coups, il va juste m'embrasser et ensuite je pourrais tranquillement aller faire mon concert. Je soupire.
— Comme tu...
Ses lèvres s'approchent des miennes mais les contournent au moment où je pensais qu'elles allaient les toucher, afin de se poser juste en dessous de ma mâchoire, sur le haut de ma gorge. Je fronce les sourcils déconcerté, et souhaite m'écarter mais Jungkook me serre encore plus contre lui. Quelque chose n'est pas normal. Ce baiser dure trop longtemps. Je sens alors ma peau se faire aspirer puis mordre délicatement. Mon visage s'enflamme violemment de colère.
— Mais t'es... !
Je le pousse de toutes mes forces afin qu'il me lâche, le faisant perdre équilibre sur un coussin et manquer de tomber. Mes doigts se posent automatiquement à l'endroit où il m'a embrassé, choqué. Je me mords la lèvre et tourne vivement les talons afin de me précipiter vers le miroir le plus proche, angoissé. Je lève ma tête tout en fixant mon reflet pour venir constater un suçon rouge vif. Je vais le tuer.
— T'aimes mon cadeau, princesse ?
— Espèce d'enfoiré, t'es complètement malade ?!
Je me rue vers lui, prêt à lui lancer une droite en pleine figure. Il s'apprête à l'intercepté alors j'écrase mon pied dans son estomac, le faisant s'écrouler à genou. Je monte ensuite sur lui, le poussant juste assez pour que son dos rencontre le sol et me mets à le rouer de coup de poings tandis qu'il se protège comme il peut. J'ai comme... une impression de déjà vu.
— Putain, mais tu fais chier, Jimin !
— La ferme ! Tu penses que tu peux faire ce genre de marques sans impunités, connard ?!
Il parvient à se libérer de mes frappes en me faisant basculer sur le côté, plaquant son avant-bras sur ma gorge. Mais quel enfoiré !
— Calme toi, bordel, ça partira demain ou après demain et en attendant t'as juste à mettre un pansement !
Ayant du mal à respirer, je saisis son bras pour tenter de l'éloigner de mon cou. À califourchon au dessus de moi, il tient bon.
— Tu n'avais qu'à ne pas faire ça en premier lieu !
— Je te signale que c'est toi qui a commencé en prenant mon corps comme chiffon !
— Alors pour un vêtement sali, tu taches ma peau ?!
Il soupire bruyamment. Je profite de son inattention pour le repousser vivement. Il tombe alors en position assise tandis que je me redresse en toussotant douloureusement. Bordel, ce connard !... Je tiens ma gorge d'inconfort en haletant. Je croise son regard, inquiet et mal à l'aise.
— Hé... ça va ? Désolé, j'aurai dû mieux gérer la pression...
Je parviens à refaire circuler l'air dans mes poumons normalement, le fusillant du regard.
— Tu n'est vraiment qu'un lâche pour te battre contre un malade !
— Pour un malade, tu te débrouilles pas mal avec tes poings !
Il s'approche de moi et me pointe sa lèvre du doigt. Elle... saigne.
— T'as vu ce que tu m'as fait ?
Je fronce les sourcils et détourne le regard. Merde.
— Peu m'importe.
— P... « peu t'importe » ? Je te signale que c'est la famille royale que je vais rencontrer et maintenant, grâce à toi, on va me prendre pour un voyou !
— Et moi alors ?! Comment penses-tu qu'ils vont me voir s'ils remarquent que j'ai un suçon ?!
Il écrase ses paumes de part et d'autre de mon corps afin que nos visages ne soient qu'à quelques centimètre l'un de l'autre. Son regard furieux s'aligne parfaitement avec le mien rempli d'inquiétude. Je ne recule pas. Il hausse hautainement les sourcils avant de prononcer :
— Peu m'importe.
Je meurs d'envie de lui en coller une. De me remettre sur lui pour le fracasser sans retenue et de l'insulter de tous les noms. Et pourtant, ce sont ses lèvres que mes yeux regardent. Même ensanglantées, elles m'attirent et leur touché me revient en tête tel un rêve idyllique. Je les veux... tout de suite.
— Votre Altesse ?
Jungkook et moi nous séparons à toute vitesse. Je tourne vivement la tête vers mon majordome, le visage rouge d'émotions tout en cachant le suçon avec ma main.
— Qu... qu'il y a-t-il, Sebastian ?
— La famille royale est arrivée.
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À suivre...
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Voilà pour ce chapitre ^^
J'espère qu'il vous aura plu ~
En attendant le prochain, on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de lutinerie ~♧
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