— Attends... quoi ?! s'exclame Hoseok.

Marchant dans le couloir en direction du réfectoire, j'ai décidé de raconter à cet enfoiré ce qu'il s'est passé entre Jimin et moi hier soir. Mais il n'a pas l'air de vouloir saisir ! Je soupire bruyamment.

   — Pour la énième fois, imbécile, il m'a invité chez lui après m'avoir demandé ce que je préférais entre baiser dix meufs en dix jours et lui le soir de Noël.

   — Non mais toi, après, qu'est-ce que t'as répondu ?!

   — Lui parce que ça doit être hyper épuisant de le faire non-stop pendant autant de temps.

   — Mouais c'est surtout pour son petit c...

Je le fusille du regard, à deux doigts de l'étriper.

   — Pour un gars pas trop tolérant, tu parles comme une pédale, dis-je.

   — Hé ! T'insinue quoi, là ?

Je lève les yeux au ciel et ouvre la porte de la cantine.

   — Rien du tout, rien du tout.

On se sert quelques trucs qui nous paraissent intéressants et s'assoit à notre place attribuée : une table de quatre située au centre de la salle. Dans chaque génération de lutin, cet endroit a toujours appartenu à l' « élite » de l'établissement, à savoir, le démon vert et ses proches. 

   — Et donc lorsqu'il t'a proposé de venir au château, qu'est-ce que tu as dit ?

   — Au début je savais pas trop comment le prendre parce que ça m'a un peu choqué, tu vois ? Mais après je lui ai posé des questions pour en savoir plus sauf qu'il dormait déjà. 

   — Si ça se trouve, il a juste prononcé ça à demi-conscient hein. Il s'en souvient peut-être même pas.

Je soupire et commence à manger, accablé par ces problèmes nées d'une hyper mauvaise communication.

   — C'est bien ce qui m'inquiète.

Jackson et San nous rejoignent, laissant tomber bruyamment leur plateau en discutant de la dernière lutinerie. Étant donné que je n'y étais pas, je ne les écoute pas vraiment. Je sens alors un coup de coude « discret » de Hoseok et me tourne vers lui. Il me pointe un truc d'un mouvement de tête et je suis son regard pour constater Jimin debout à quelques mètre de moi.

Avant même que je ne puisse me lever pour lui faire signe, il tourne les talons et rejoins un groupe de seconde. Je soupire discrètement et continue à manger, un peu la tête ailleurs.

   — Vous faites quoi pendant les vacances ? demande San.

   — Perso je vais voir ma meuf un max, affirme Jackson. C'est une vraie torture de pas pouvoir baiser pendant autant de temps !

J'acquiesce.

   — Franchement, commencé-je, je me demande vraiment ce qu'on a fait pour mériter un tel châtiment... 

Un silence surplombe la table pendant qu'on se lance tous des regards lourds de sens.

   — C'est pas comme si on se bourrait la gueule juste en dessous de la maison de Jésus quoi ! plaisante Hoseok.

On éclate tous de rire en continuant à discuter, lorsque je remarque une silhouette titubante qui s'éloigne faibrilement. Interrogé, mon attention se dirige vers elle et je réalise alors qu'il s'agit de Jimin. Je fronce les sourcils et m'apprête à le rejoindre mais réfléchis à deux fois, me remémorant ma conversation avec Hoseok.

« En gros, t'es sa pute. »

Je me force à rester à table, le temps de finir de manger. Je devrais peut-être lui laisser un peu d'air.  Mais, à l'instant où on quitte le self, je me précipite vers le groupe de Wooyoung pour en savoir plus sur ce qu'il s'est passé.

   — Vous avez vu Jimin ?

Ils s'échangent des regards que j'ai du mal à déchiffrer avant que le délégué ne se décide à répondre.

   — Il est parti un peu après nous avoir rejoint. Personne n'a trop compris pourquoi mais il ne semblait pas vouloir nous répondre.

   — C'est peut-être à cause de la rumeur, marmonne un type qu'il me semble avoir invité la dernière fois.

   — Chut !

Je fronce les sourcils et le dévisage tandis que les autres le fusillent du regard.

   — Quelle rumeur ?

   — R... rien !

J'avance d'un pas, voulant faire pression sur celui qui a parlé en premier.

   — Dit moi ce que tu sais.

Mal à l'aise, il se crispe, tentant de se faire plus petit.

   — Ce... ce n'est pas vraiment sûr mais... j'ai entendu que... le troisième prince serait peut-être un... un bâtard.

Mes yeux s'arrondissent de stupeur et je commence à ressentir l'angoisse grimper en moi. Je ne dois pas perdre la face.

   — Qui t'as raconté une connerie pareille ?

   — Ce... c'est...

Je me penche vers lui pour qu'il se sente obligé de me répondre.

— Parle. Qui est l'enflure qui s'amuse à répandre de telles bêtises ?

  Wooyoung me bouscule légèrement pour que je m'écarte de son ami et se met entre nous deux pour me fixer droit dans les yeux. Il semble... enragé ?

   — Arrête de faire l'innocent, Jungkook, tout le monde sait que c'est toi.

Je me fige, complètement perdu.

   — M... moi ?

   — Qui d'autre ?

   — J'en ai aucune putain d'idée ! 

Agacé, il soupire bruyamment en croisant ses bras.

   — Hier soir, le lutin a fait son apparition quelques minutes dans la soirée et s'est amusé à faire des blagues au sujet de Jimin.

   — Le lutin ? Ce n'est pas possible, je n'ai pas posé un seul pied à la lutinerie !

   — T'en as pas marre de mentir ? Tout le monde t'as vu ! 

   — Je ne sais pas qui est-ce que vous avez pris pour moi mais je peux t'assurer que je n'y suis pas allé !

   — Jackson a affirmé t'avoir entendu sortir vers une heure du matin. Si ce n'est pas pour te rendre à la soirée, où est-ce que tu étais ?

Je me fige. Merde... ça risque d'être encore pire si je réponds. 

   — Je... ne peux pas te le dire mais il y a quelqu'un qui peut témoigner de mon absence à la lutinerie d'hier soir.

   — Ah oui ? Et qui est-ce ?

   — Ça ne te regarde pas mais réponds plutôt à ma question...

Je pose mes mains sur ses deux épaules, me baisse un peu pour le regarder droit dans les yeux et demande :

   — En mettant ta colère de côté, est-ce que tu peux sincèrement affirmer avoir clairement vu mon visage, hier soir, prononcer des absurdités sur le prince ? 

Il détourne le regard.

    — Un uniforme vert, une couronne et la carrure d'un terminale, ça ne peut être que...

   — Ce n'est pas ma question, Wooyoung.

Je le secoue un peu pour qu'il repose les yeux sur moi.

   — Es-tu sûr que c'était moi ? Oui ou non ?

Les sourcils froncés de malaise, il fait de son mieux pour maintenir notre contact visuel malgré la pression de mon regard sévère avant d'affirmer :

   — Non.

Soulagé, je le relâche et me redresse pour reprendre ma marche.

   — Alors ça signifie que quelqu'un s'amuse à se faire passer pour moi.

   — Qu... quoi ? Mais qui ?!

Wooyoung me suit de près tandis que j'avance rapidement en cherchant autour de moi.

   — J'en n'ai aucune idée mais d'abord, je dois trouver Jimin.

Si même les gens avec qui il a déjeuné sont au courants de cette rumeur, ils ont certainement dû en parler. Sachant que je suis l'une des personnes, sinon la seule à qui il s'est confié, ça ne m'étonnerait pas que ce truc soit la raison pour laquelle il marchait aussi faibrilement tout à l'heure. D'autant plus qu'entre le moment où il est entré au self et celui où il est parti, il s'est écoulé pas plus de cinq minutes donc il n'a pas eu le temps de manger. Pour l'instant, plus que cette histoire de faux lutin, j'espère juste qu'il va bien.

   — C'était lui ? demande soudainement le délégué.

   — De quoi est-ce que tu parles ?

On entre dans l'infirmerie. Je balaie la salle des yeux pour venir constater immédiatement son absence. Une chevelure blonde, ça ne se rate pas. Désespéré, je soupire en passant ma main dans mes cheveux et sors de la salle. Bordel, où es-tu ?

   — La personne avec qui tu étais hier soir, c'était le prince ? 

Je ne réponds rien et continue à regarder un peu partout en commençant par la cour.

   — Je ne suis pas très proche de Jimin, poursuit-il, ce n'est pas que je n'en ai pas envie, c'est juste que c'est beaucoup trop compliqué. Il construit des murs autour de lui, il semble tout le temps sur ses gardes et j'ai du mal à gagner sa confiance. Au début, je pensais que c'était juste comme ça, un élu royal, quelqu'un qui se doit d'être constamment à l'écart des autres et que personne ne peut atteindre. Mais à toi, il semble avoir accordé son amitié. Alors lorsque j'ai cru que tu t'étais moqué de lui pendant tout ce temps, ça m'a sérieusement mis en colère. Je me suis dis que moi j'aurai pu être digne de lui. Je ne lui veux que du bien, je te l'assure ! Donc, s'il te plaît, réponds moi, je ne te demanderai ni pourquoi ni dans quelle mesure mais... étais-tu avec lui ?

Après avoir fait le tour de la cour, je m'arrête pour regarder Wooyoung finir son discours. Je réfléchis, je le fixe droit dans les yeux, redoutant un soupçon de malice dans son regard. Mais il n'y a rien, il semble vraiment sincère. J'hésite, je garde le silence. Sauf que, plus je me tais et plus répondre par la négative me paraît absurde. Sans que je ne dise rien, tout est déjà trop évident. Je reprends ma marche.

   — Je pense savoir où il est.

Je me précipite vers le fond de l'établissement, traversant des couloirs inutilisés depuis un bon moment déjà, des salles de classes condamnées ou fermées depuis si longtemps que les portes semblent à présent faire partie du mur. Je finis par en pousser une située tout au bout et dont les verrous ne sont présent que pour faire joli. 

La lumière aveuglante du soleil agresse mes yeux lorsque je pénètre dans le cloître et il me faut bien trop de temps pour remarquer un ange recouvert de neige. 

   — Jimin !

Affolé, je me rue vers lui, chasse les flocons qui se sont entassés sur son corps immobile, et le tire de son lit immaculé pour venir le prendre dans mes bras. Il est... congelé. Je le serre contre moi pour tenter de le réchauffer comme je le peux. Et place sa tête en face de la mienne pour constater son visage complètement lasse.

   — Il s'est... évanoui ? demande Wooyoung.

   — Je... j'en sais rien il... 

Ma voix déraille en même temps que je remarque qu'il ne respire que très peu et qu'il ne réagit pas à mes appels discrets. Je pose ma main sur son visage, de ses joues à son front, toujours en le maintenant à distance du sol.

   — Il est brûlant.

Je tourne les talons et avance rapidement en direction du bâtiment principale. Mon coeur bat à toute allure, j'ai du mal à respirer et des sueurs froides me font frissonner. J'ai peur. Je le sens alors remuer faiblement dans mes bras, pour venir loger lourdement sa tête dans mon cou.

   — Je te déteste... Jeon Jungkook. Je ne veux plus... jamais te revoir.

Mes yeux s'embuent de larmes tandis qu'il se rendort sous l'effet de sa fièvre grandissante. J'ouvre la porte de l'infirmerie, l'allonge dans un lit et Wooyoung se charge d'aller chercher l'infirmière. 

Moi, j'observe ce visage si parfait, endormi, et éblouissant, encadré par des adorables accroche-cœur. J'en enroule un avec mon index et pour la première fois, tel le dernier des imbéciles, je comprends pourquoi il s'évertue à faire disparaître ses boucles pourtant si magnifiques.

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À suivre...
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Voilà pour ce chapitre ^^

J'espère qu'il vous aura plu ~

En attendant le prochain, on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de lutinerie ~♧

Petite question : Vous préférez les Pov Jimin ou Jungkook ? (Ça m'intrigue vraiment).