Chapitre 13 : Sentiments incompréhensibles

Pov Jimin

Allongé sur mon lit, je regarde le levraut en le caressant tendrement. Je ne sais pas quelle heure il est ni même depuis combien de temps je suis dans cette position mais je n'arrive pas à dormir. Je repense un peu à tout. À Jungkook, à nos moment ensemble et à ceux séparés ; et force est de constater que même s'il m'énerve affreusement, je ne m'ennuie jamais avec lui. Mais bon, il est trop téméraire et imprévisible pour que je le supporte encore. Je pense que c'est vraiment une bonne chose qu'on ait coupé les ponts hier surtout que...

Un bruit cognant raisonne depuis l'extérieur. Moïse se blottit contre moi, tentant de se cacher sous la couette. Je me rassure en me disant qu'il ne s'agit que de branches d'arbre entraînées par le vent lorsque un coup encore plus violent retentit. Je me lève d'un bond, chassant la couverture de sur mon corps et avance précipitamment vers l'ouverture en question. Là, je tire le rideau et aperçois Jungkook qui manque de tomber à la renverse.

J'ai l'impression que mon coeur va s'arracher de ma poitrine à l'instant où je le vois basculer maladroitement d'avant en arrière, et ouvre la fenêtre pour le rattraper bien qu'il ait déjà retrouvé l'équilibre.

   — As-tu perdu la tête ?! 

Il sourit doucement et saute d'un bond dans ma chambre.

   — Je suis là pour voir mon fils ! affirme-t-il en regardant de droite à gauche. 

Une fois qu'il l'a trouvé, il se rue vers mon lit et se laisse tomber dessus après avoir pris le levraut dans ses mains. Agacé par son comportement sans gêne, je croise les bras et m'assois en tailleur à côté de lui après avoir fermé la fenêtre.

   — Sache que je l'ai déjà nourri alors ne t'avise pas de lui donner une goutte de plus !

   — Mouais... il me parait un peu maigrichon.

   — C'est sa morphologie qui est comme ça ! Les lièvres n'ont pas besoin d'être énorme puisqu'ils doivent courir v...

   — Parle moins fort ! Tu veux attirer tout le lycée ou quoi ?

Énervé qu'on me coupe la parole, j'hésite à le rouer de coups mais je dois admettre qu'il a un peu (pas énormément non plus) raison alors je l'épargne. Je l'observe contempler et jouer avec Moïse en repensant à notre dispute de la veille. Je me mords la lèvre et décide de m'allonger en utilisant son ventre comme coussin.

  — 'Te gêne pas ! 

Dit-il.

   — C'est mon lit alors je fais ce que je veux dessus.

   — Ouais mais c'est mon corps.

Il se redresse un peu, me faisant glisser sur ses cuisses et me regarde d'en haut. Je lève les yeux vers lui et l'examine un temps. Ses yeux en forme de lune sont intrigants, ses lèvres fines mais pleines attirantes et ses boucles noires qui tombent un peu partout charmantes. Sa façon de me fixer me déconcerte et pourtant je n'attends que ça. Il m'agace au plus haut point mais il y a quelque chose chez lui qui me force à tout lui accorder. 

   — J'en fais ce que je veux aussi.

Un sourire lui creuse de discrètes fossettes aux deux joues. Pourquoi est-ce la première fois que je les remarque ?

   — Tu ne crois pas si bien dire, princesse.

Mon visage s'enflamme malgré la fraîcheur cruelle de la nuit et je dois faire de mon mieux pour agir comme si de rien n'était. Je ferme les yeux.

   — Que fais-tu pendant les vacances de Noël ?

   — Je pense rester ici. J'ai pas mal d'examens qui vont tomber et puis les billets de trains sont trop chers pour que je rentre chez moi.

Ses doigts viennent s'immiscer dans mes cheveux pour venir les triturer à leur guise. Je ne saurai l'expliquer mais à la manière dont ils le font, je comprends que Jungkook me demande de le regarder. Alors je réponds à sa réclamation, pour venir constater son visage qui ne cesse de me fixer.

   — Est-ce si cher que ça, un billet de train ?

   — Hum... c'est environ trois cents euros quand même.

   — Ce n'est rien du tout ! C'est à peine le prix de mon pyjama.

Il ricane légèrement.

    — Eh bien moi je ne peux pas me permettre un truc pareil.

Troublé, je tente de trouver un sens à ses paroles. Il y a des gens qui n'ont même pas quelques centaines pour à mettre dans un vêtement aussi indispensable ?

   — Jungkook... es-tu... 

Je laisse ma phrase en suspens, n'osant la finir par peur de rendre mes soupçons réalités avant de m'y résoudre, une sensation d'effroi me prenant aux tripes.

   — Pauvre ?

Son visage s'empourpre de rage et il me fusille du regard.

   — Je ne suis pas pauvre, je fais juste partie de la classe moyenne.

   — Tes parents gagnent combien par mois ?

   — Trois à quatre mille.

   — Argh !

Je me redresse vivement, complètement effrayé.

   — Mais c'est affreux ! Comment fais-tu pour voyager ? Ou juste pour rester dans cette école ? La scolarité ici est au moins à dix milles euros par mois et l'uniforme à deux, même avec un an de salaire, tes parents ne pourrons jamais... !

   — Alors déjà c'est cent mille euros par an, ensuite l'uniforme est à trois mille et il existe un truc super qui s'appelle des bourses d'études, espèce de gosse de riche !

Déconcerté, je fronce les sourcils d'incompréhension.

   — Une bourse ?

Il soupire bruyamment en laissant tomber sa tête dans sa main. Ça m'énerve qu'il agisse comme si tout était évident. Personne ne m'a jamais parlé d'une chose pareille !

   — C'est une certaine somme d'argent qu'on accorde seulement aux très bons élèves qui n'ont pas assez pour se permettre de bonnes écoles. Le montant diffère en fonction des notes, appréciations et comportement de l'étudiant et couvre plus ou moins les frais de scolarité. Personnellement, même en ayant la bourse maximale il y a des choses qui ne sont pas comprises comme l'uniforme, la cantine et certains séjours à visé pédagogique mais mes parents se plient en quatre pour que je puisse « vivre » comme tout le monde ici. Bref, ils n'ont pas les moyens de me faire rentrer ces vacances.

Je le fixe longuement, revoyant chacun de ses comportements, réactions et rires sous un autre angle. Ce n'est pas de la pitié et encore moins du dégoût mais une certaine forme... d'admiration. Je soupire et m'allonge sur mon lit en le regardant du coin de l'œil. En voyant la manière dont il mord discrètement sa lèvre, je ressens comme un lien se former entre nous, un sentiment commun né de la crainte de confier des choses si délicates à un presque-inconnu. Et alors, il me semble totalement juste d'affirmer :

   — Même lorsque tu dis des choses pareilles, tu restes extrêmement beau.

Un sourire envahit son visage en même temps qu'il se penche au-dessus de moi, enfonçant ses paumes de part et d'autre de mon corps pour m'observer précautionneusement.

   — Qui aurait cru que mon prince pouvait être aussi romantique ?

Mon visage s'enflamme en même temps que je commence presque à regretter d'avoir lâché des paroles aussi niaises. Je tente malgré tout de garder la face en maintenant notre contact visuel.

   — Depuis quand suis-je ton prince ?

   — Depuis bien avant notre premier baiser.

Il s'approche un peu. Sentir son visage si proche du mien, sa chaleur si intense et sa façon de me regarder comme si sa vie en dépendait me donne l'impression que mon corps entier est à l'étroit. C'est comme si... plus je l'observe et plus sa vue m'arrache le souffle. N'en pouvant plus, je détourne les yeux.

   — Je ne m'en souviens même plus.

   — On aurait pu le comparer à une irruption volcanique.

Ses lèvres viennent se placer dans le creux de mon oreille pour venir y murmurer :

   — Brûlant et catastrophique.

Ne respirant déjà plus, je le repousse vivement afin qu'il tombe à côté de moi et laisse mon avant-bras s'écrouler sur mes paupières closes.

   — Arrête de jouer.

Il éclate de rire et glisse son bras sur ma taille pour venir me tirer vers lui.

   — Désolé mais tes réactions sont délicieuses !

Je ne répond rien, ne sachant ni que répondre ni comment respirer correctement, et me contente de maintenir mes yeux fermés. Remarquant que je ne bouge plus depuis un moment déjà, Jungkook se lève et sort du lit. Il prend soin de glisser Moïse dans son panier (c'est une corbeille de pain que j'ai volé ce matin et dans laquelle j'ai fourré un tas de vêtement déchiré) avant de remettre ses chaussures. 

Je serre ma mâchoire, me jurant de ne pas l'ouvrir avant qu'il ne s'en aille. Je ferme les yeux pour ne pas le voir, pas crainte de prononcer quelque chose de travers. Mais à l'instant où j'entends ses pas s'éloigner, mon souffle qu'il m'a précédemment arraché se presse d'articuler :

   — Reste.

Je l'entends s'arrêter. Je refuse de le regarder et de le supplier une fois de plus. Il s'éloigne doucement, le bruit de ses vêtement qui tombent crée de légers courant d'air et sa chaleur qui vient envahir mon corps lorsqu'il se glisse sous les draps me fait paradoxalement frissonner. Il envahit l'autre moitié de mon coussin et je sens son regard pesant m'implorer de lui répondre. Alors, j'ouvre lentement les yeux. Il ne sourit pas, ne rougit pas et ne semble pas même satisfait de son contrôle sur moi. Non, son expression est fixe, sérieuse et sévère.

   — J'ai envie de t'embrasser, lâche-t-il.

Prévisible.

   — J'ai envie que tu m'embrasses, je réponds.

   — Qu'est-ce qui m'en empêche ?

   — Moi.

Un soupire nerveux se dissimule discrètement dans son souffle en même temps qu'il se retient de dévoiler une quelconque expression d'irritation.

   — Pourquoi ?

   — Si on commence, je ne pourrais plus m'arrêter et j'ai envie que l'on parle un peu.

Il penche sa tête vers moi pour venir se blottir dans mes bras. Je me tends. Étrangement, ce n'est pas de malaise ou même d'inconfort mais plus de... crainte ? Pourquoi ? De quoi ai-je si peur ? 

   — Je t'écoute.

Je sens sa respiration irrégulière me brûler peu à peu. Je tente de garder la tête froide bien que mon esprit ne cesse de me répéter qu'il s'agit des mêmes soupirs qui s'essoufflent au fil de nos baisers. 

   — Tu préférerais coucher avec une fille magnifique par jour pendant dix jours ou avec moi le soir de Noël ?

Je le sens rire discrètement, la voix lasse et un peu faiblarde tandis que j'attends sa réponse avec impatience.

   — Toi, évidement.

   — Tu veux venir au château pendant les vacances ?

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À suivre...
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Voilà pour ce chapitre ^^ 

J'espère qu'il vous aura plu ~

En attendant le prochain, on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de lutinerie ~♧

Petite question : Vous préférez les Pov Jimin ou Jungkook ? (Ça m'intrigue vraiment)

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