Chapitre 10 : Confidences sur l'oreiller
Pendant longtemps, on s'est embrassé. D'abord, c'était simplement de courts baisers entrecoupés, chastes et vaporeux. Mais petit à petit, les mouvements sont devenus de plus en plus liés et pinçant jusqu'à ce que nos langues se soient mises à se rencontrer toujours plus souvent. À chaque contact, je ne pouvais m'empêcher de laisser échapper un léger soupir d'aise.
À mon premier son, Jungkook a glissé ses doigts derrière ma nuque pour venir onduler son pouce au travers de mes cheveux. À mon deuxième, sa cuisse s'est immiscer entre mes jambes et j'ai commencé à me crisper d'inconfort, serrant mon poing pour me retenir de le repousser. Il s'est alors écarté en déclarant : « arrêtons avant que j'ai envie d'aller plus loin ».
Étrangement, j'ai ressenti de la déception.
À mon réveil — soit à six heure — il était déjà parti. Je ne sais pas trop si je lui en veux de s'en être allé comme ça, sans un mot, mais j'avoue que je n'aurai pas supporté le voir dès le réveil. Peu importe.
Je me lève, nourris le levraut qui est beaucoup plus en forme que la veille, et décide de déplacer son « lit » sur le mien car la fenêtre risquerait de lui donner froid. Je le câline un peu en jouant à lui frotter tantôt le ventre, tantôt les oreilles, et il finit par se rendormir. Alors, je me prépare en reprenant une douche et en enfilant mon uniforme du dimanche, avant de me diriger vers la salle à manger vers six heure quarante-cinq.
Je me coupe une tartine d'un pain de campagne sur lequel j'ajoute du beurre et de la confiture de cerise, accompagné d'un verre de jus d'orange. Je ne sais si c'est parce que je me suis habitué à la nourriture infecte ou juste s'ils ont fini par s'améliorer, mais pour une fois, j'ai apprécié mon petit-déjeuner.
Je retourne dans ma chambre pour me brosser les dents et me lisser les cheveux de nouveau, avant de sortir du dortoir, en direction de La Chapelle de Tastirhbourg.
J'entre à l'intérieur en même temps qu'un autre groupe de seconde, et m'installe à l'extrémité du tout premier banc (d'après la directrice, étant donné que je suis prince, je suis chargé de montrer l'exemple.) Lorsque tout le monde est présent, Jungkook débarque de derrière l'autel, une bible à la main. Il récite quelques psaumes que l'on répète en cœur avant que l'orgue ne se mette à raisonner pour faire trembler les murs.
Il descend alors de l'estrade, s'installe à une place libre du premier rang, et on se lève pour tous chanter des « ave Maria » ou encore des « domine deus ». Au bout de trois bonnes heures de messes, on peut sortir de La Chapelle pour faire ce que bon nous semble. Je me précipite vers ma chambre. La plupart des gens retourne se coucher, d'autres restent dans le jardin pour s'amuser ou certains se rendent en salle d'étude pour s'avancer dans leurs révisions. Le lutin fait parti de ces derniers.
— T'en a mis du temps, princesse ! m'interpelle-t-il devant la porte de ma chambre.
— Que fais-tu ici ?
Je fronce les sourcils et déverrouille la serrure en y passant ma clé. Jungkook entre dans ma chambre, l'examine et avance rapidement vers le levraut.
— Je suis venu voir mon fils, pardi !
— Ton fils ? C'est moi qui l'ai sauvé et qui ai remarqué qu'il respirait encore !
Il acquiesce en caressant l'animal du bout des doigts, un sourire aux lèvres.
— Je suis d'accord mais qui est-ce qui a déchiré ses habits pour en faire un drap mortuaire et une couverture ? Qui est-ce qui t'as dis comment préparer un biberon pour chaton alors même que tu voulais lui donner du pur lait de vache ? Qui est-ce qui t'as appris qu'il fallait allonger le levraut lorsque tu le nourrissais ?
Dépassé, je me mords la lèvre en serrant les poings. Quel enfoiré !... Il rit bruyamment et me tend sa main.
— Ce n'est pas un concours, Jimin, alors disons que c'est notre enfant à tous les deux, hm ? Approche.
J'avance, non pas pour lui obéir mais pour me mettre à côté du petit, en repoussant ses doigts. Je m'agenouille au pied de mon lit, près de Jungkook, et le rejoint dans les caresses de l'animal.
— Tu lui as donné à manger ce matin ?
— Pour qui me prends-tu ?
Il pouffe de rire et s'excuse en sortant une autre bouteille de lait préparé à l'avance.
— J'en ai refais ce matin lors du petit-déjeuner.
Il en verse alors un peu dans le biberon de fortune et glisse la tétine entre les babines du levraut qui se met à boire immédiatement. Attendri par ses petites oreilles qui frémissent au moindre contact et par son museau un peu écrasé qui bouge pour se nourrir, en laissant tomber quelques gouttes à chaque gorgée, j'allonge ma tête près de lui pour le regarder tendrement.
— Il faut lui donner un nom, dis-je.
— Survivor !
Je grimace de dégoût.
— T'aurais pas pu trouver moins nul, imbécile ?
— Mais arrête ! Ce gars là est un vrai battant ! Il a survécu aux braconniers, à la mort et à ton incapacité !
Je lui donne un coup de pied.
— Mais puisque je te dis que je l'ai nourri ce matin !
— Oui oui je te crois...
— Espèce de...!
Je brandis mon poing vers lui.
— Bon choisis un nom, monsieur L'expert.
Je me calme pour réfléchir un temps.
— Nicaïse ?
— Oh c'est joli. J'aime beaucoup.
Je souris, satisfait. Bon changeons de sujet avant qu'il ne remarque la supercherie.
— Attends une seconde... c'est pas un de tes deuxièmes prénoms, espèce de narcissique ?
Je prends un temps pour répondre, feignant l'ignorance.
— Non.
— Si si ! Jimin Nicaïse Josh William Peter Park de Soulth...
Je soupire bruyamment.
— Bon j'avoue mais c'est tellement compliqué de nommer quelque chose !
— Avant, les gens regardait juste le nom du saint qui apparaissait sur le calendrier le jour de la naissance de l'enfant.
— Ah oui ?
Je me précipite vers celui qui est accroché à l'entrée de ma chambre et l'apporte près de nous.
— Prenons la date d'hier, on dira que c'est sa naissance.
— Ça l'étais sûrement vu sa taille et le fait que sa mère soit encore près de lui.
Je grimace. Il m'énerve à savoir toujours tout sur tout celui là ! Je me reconcentre sur le calendrier.
— Hier c'était la Sainte... Ninon.
Un blanc s'installe entre nous.
— Je préfère encore Nicaïse.
J'éclate de rire et acquiesce.
— Tout bien réfléchi, « survivor » c'est pas si mal, je marmonne.
Il rit à son tour et je repose les yeux sur le petit.
— Quitte à lui donner un nom biblique autant que ce soit un que l'on choi...
— Moïse ! M'exclamé-je.
Jungkook me regarde avec questionnement.
— Moïse a été trouvé sur un fleuve par la femme de pharaon et elle l'a recueilli et élevé, un peu comme nous tu vois ?
Il réfléchit un temps avant d'acquiescer.
— Très bien. On part sur Moïse-survivor alors.
Je grimace.
— Si tu veux mais moi je l'appellerai que Moïse !
Il hausse les épaules.
— Comme tu voudras.
Après s'être occupé du levraut, on s'est allongé sur mon lit, Moïse sur ma poitrine tandis que l'on le caresse doucement, silencieux depuis un moment. Je sens peu à peu l'attention de Jungkook se diriger vers moi. Je l'ignore, me concentrant pour réfléchir à un sujet de conversation (pour ne pas qu'on finisse comme hier... ou plutôt ce matin.)
— Comment peux-tu présenter la messe alors que t'es le plus grand pêcheur de l'établissement ?
Jungkook éclate de rire en se tenant le ventre. Je fronce les sourcils. Il ne me prends pas au sérieux ou quoi ?
— Tu dis ça parce que je suis le lutin ?
— Pas uniquement.
Je repense à toutes ces choses qu'il apprécie me faire, rougissant malgré moi. Il reprend son sérieux, soupirant en s'enfonçant dans le coussin, la tête sur son bras gauche et les doigts jouant dans mes cheveux.
— Qu'il y a-t-il de mal dans mon amour pour la beauté ?
— Tu cèdes à tous tes désirs, tu n'as aucune retenue et tu fais ce que tu as envie de faire sans réfléchir à si c'est bien ou non.
— Parce que tu penses être mieux que moi ? Tu t'énerves pour un rien, insultes tout le monde et regarde tout le monde de haut. Tu es narcissique, égoïste, dédaigneux et colérique.
Je tourne ma tête vers lui pour le regarder droit dans les yeux.
— Et pourtant, juste parce que je suis beau, tu fais tout ton possible pour rester près de moi.
Il acquiesce en souriant doucement et continue à me caresser les cheveux.
— C'est aussi parce que tu m'intrigues. De ce que je sais de toi, ta vie est parfaite. Tu es prince, tu n'as pas le poids de prendre la couronne un jour puisque tu es le dernier, tes parents ont de l'argent et sont reconnus internationalement, jamais on utilisera ta famille comme excuse pour te freiner, tu es magnifique et brillant. Alors pourquoi es-tu autant en colère ?
Je le regarde droit dans les yeux, faisant de mon mieux pour ne pas détourner le regard malgré le poids qu'exerce le sien sur moi. Je n'ai pas envie de répondre. Je déteste ce sujet, cette question et ces vérités. Personne n'a à savoir ce à quoi je pense, personne ne devrait comprendre ce qui me tracasse vraiment. Et pourtant, juste à lui, j'ai envie de tout raconter. La manière dont je pleurais sans cesse lorsque j'étais enfant, celle dont je pleure toujours à ce souvenir. Les taquineries cruels de mes grands frères et les mensonges qu'il me disaient pour me faire souffrir.
— Il existe une rumeur selon laquelle je serais un bâtard.
Ses yeux s'arrondissent de stupeur.
— Les mois qui ont précédés ma naissance sont flous pour tout le monde, même pour ma famille. Les domestiques ont été changés après que je naisse et personne ne les a jamais revus. Il y en avait cependant une qui est resté pendant plusieurs années. Elle était belle, blonde aux yeux émeraudes, fine et avait d'épaisse boucle qui s'écroulaient jusqu'à ses coudes. C'était ma nourrice jusqu'à mes sept ans. La reine ne faisait pas vraiment attention à moi, le roi me regardait avec culpabilité ; cette femme était la seule qui semblait m'aimer. Je ne sais si mes impressions étaient correctes ou si c'était simplement le résultat des plaisanteries de mes frères, mais je ne me suis jamais senti à ma place au château.
Je soupire et ferme les yeux, ne voulant affronter ceux de Jungkook.
— Jusqu'à maintenant, je ne sais si cette femme était ma mère mais je ne l'ai jamais revu.
Un lourd silence s'installe entre nous, me faisant regretter de mettre confié aussi sincèrement. Puis, je sens un touché traîner de ma joue à mes cheveux pour venir s'y immiscer tendrement.
— Même lorsque tu dis des choses pareilles, tu restes extrêmement beau.
Je pouffe de rire en le repoussant gentiment.
— Va te faire foutre ! Je te parle d'une chose sérieuse, privée et extrêmement confidentielle et c'est tout ce que tu trouves à dire ?
Il se redresse pour me regarder, son visage au dessus du mien, et recommence à caresser ma joue. Je fixe ses yeux tandis que les siens sont rivés sur ses mouvements sur ma peau.
— Désolé mais je m'en fiche un peu quoi. Que tu sois le fils de la bonne ou de la reine, tu restes Jimin de je-ne-sais-quoi et personne ne peut t'enlever ça. Pas même un foutu test adn. Alors maintenant arrête de laisser ce truc stupide te prendre la tête et laisse moi t'embrasser. Je n'arrive plus à penser à rien d'autre que ça depuis ce matin !
Mon visage s'enflamme de tellement d'émotions que je ne sais plus comment réagir.
— Je vais te tuer.
Je veux me ruer sur lui mais, me rappelant la présence de Moïse sur moi, je le prends entre mes mains, le dépose dans son « nid » que j'installe près de mon lit, et retourne régler son compte à cet enflure de Jungkook. Je monte sur lui et enferme son cou dans mes doigts. Il me fait basculer sur le côté et immobilise mes poignets, à califourchon au dessus de mon corps.
— Lâche moi, enfoiré !
— Arrête de t'énerver d'abord.
Je me débat comme je peux, faisant de mon mieux pour me défaire de sa poigne.
— C'est toi qui m'énerve à parler comme un pervers !
— Ce matin ça ne te dérangeait pas pourtant...
Mon visage s'empourpre.
— Espèce de...!
— Ne t'énerve pas devant notre fils, voyons !
À l'instant où je parviens à libérer mon poing, ses lèvres atterrissent sur les miennes. Je me fige et une vague de chaleur me détends. On commence alors à mouvoir nos bouches l'une contre l'autre, haletant tous deux de plaisir. Sa main glisse derrière mon dos pour me rapprocher de lui, et il s'amuse à morde ma lèvre inférieure pour la tirer prudemment. Je le laisse faire, troublé par cette nouveauté, puis, le mord à mon tour pour lui rendre la pareille. Je sens un sourire se former sur son visage, en même temps que la porte s'ouvre vivement.
On se redresse à toute vitesse, s'éloignant l'un de l'autre en se tournant vers l'ouverture où se tient Hoseok.
— Qu'est-ce que vous foutez ?
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À suivre...
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Voilà pour ce chapitre ^^
J'espère qu'il vous aura plu ~
En attendant le prochain, on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de lutinerie ~♧
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