Chapitre 1-4
Je m'en voulais un peu de l'avoir accusé de la sorte, mais pas assez pour tenter de la réconforter. Mes sens de louve m'indiquaient qu'elle ne craignait rien et après ses tentatives incessantes pour pousser l'un de nous à la transformer, j'avais un peu épuisé mon stock de patience et de bienveillance.
— Où vas-tu comme ça ? demandai-je négligemment à Grant alors qu'il se dirigeait à son tour vers la porte.
— A ton avis ? me répondit-il d'un ton peu amène. Je ne veux pas qu'elle reste seule avec ce type. Tu ne lui fais pas plus confiance que moi.
— Dans l'absolu, tu as raison. Mais je sais aussi qu'il ne lui fera rien, liens de meutes, ajoutai-je avec un petit sourire forcé en posant mon doigt sur ma tempe.
Je le vis hésiter, pour finalement me rejoindre autour du plan de travail et s'assoir sur l'un des tabourets haut. Je fis glisser vers lui le mug que je venais de remplir avant d'en prendre un autre dans le placard et de lui faire passer la boite contenant les sachets de thé et d'infusion.
— Tu n'as rien de plus costaud que de l'eau chaude ?
— Avec des plantes infusées, c'est meilleur, lui répondis-je sur le ton de la plaisanterie en glissant un sachet de thé vert dans ma tasse.
— Je préfère le café aux tisanes pisse-mamie, me répondit-il d'un ton bourru tout en passant tout de même en revu la collection de sachets colorés.
— Vu ton état de nerf, je te conseillerais la camomille.
— Tu as décidé de me chercher longtemps comme ça ?
— J'essaye de te déstresser au contraire ! J'avoue que je commence à en avoir ma claque de n'être entouré que de machos ronchons.
— Tu places Nicolas dans la même catégorie ?
Je faillis recracher ma gorgée de thé en entendant la pointe d'humour dans sa voix. C'était si rare de ne pas le voir maussade et taciturne, que nous n'espérions plus vraiment de réactions à nos tentatives pour le dérider.
— Parfois, oui ! Même s'il reste plus supportable que vous.
Nous restâmes quelques secondes à siroter nos boissons, un léger sourire flottant sur nos lèvres. C'était l'une des premières fois depuis son sauvetage que je le sentais si calme, presque serein.
— Tu ne savais vraiment pas pour Jenny et Cooper ? finit-il par me demander en reposant son mug.
— Non, pas du tout. Comment l'as-tu appris ?
— Ce petit con de mercenaire avait raison ! Cooper m'a appelé pour me prévenir. Connaissant ma fille, cet accès de franchise risque de mettre un terme définitif à leur histoire de toute façon.
— Pas si elle tient vraiment à lui et, Loup-garou ou non, Cooper est un type bien, crus-je bon de le défendre.
— Je n'aurais jamais cru dire ça mais, dans cette histoire, ce n'est pas lui qui m'inquiète, sortit-il dans un soupir accompagné d'un petit rire sans joie. J'espérais qu'avec tout ce qu'il s'était passé, cette lubie lui était sortie de la tête et voilà que l'on m'annonce qu'elle a une histoire avec un loup-garou.
— Ce n'est peut-être qu'une coïncidence...
— Tu crois vraiment à ce que tu dis ?
Est-ce que j'y croyais ? Disons plutôt que je voulais y croire. Nous avions discuté, Jenny et moi et je pouvais comprendre ce qui la poussait à vouloir devenir un loup-garou. Ce que je ne cautionnais pas, en revanche, cela avait été sa manière de s'y prendre. J'espérais que notre discussion lui avait ouvert les yeux et convaincu d'attendre encore quelques années avant d'y repenser. Mais si elle se servait des sentiments naissants de Cooper à son égard pour parvenir à ses fins, il était hors de question que je la laisse faire. J'étais en train de chercher mes mots lorsque Jenny choisi ce moment pour revenir dans la pièce.
— Luc te demande, dit-elle à son père en maintenant la porte ouverte. Il voudrait te demander quelque chose.
Aucun de nous deux ne fut dupe ne l'excuse bancale de Jenny, mais cela n'empêcha pas Grant d'acquiescer d'un signe de tête avant d'aller rejoindre le jeune loup à l'extérieur. Jenny referma la porte derrière son père avant de s'approcher de moi.
— Je n'ai pas l'intention d'utiliser Cooper, me dit-elle d'une voix franche en plantant son regard dans le mien. Ce n'était pas du tout prémédité. On s'est croisé plusieurs fois à l'hôpital et on a discuté et... je ne sais pas où cela nous mènera, ce n'est que le début. C'est la première fois pour moi... que j'ai un petit ami, je veux dire et...
— Tu n'as pas choisi le plus simple, l'interrompis-je gentiment pour détendre l'atmosphère. Et tu sais que ce genre de relation est très risqué avec un jeune loup-garou ? J'espère juste que tu ne souhaite pas que cela dérape ? Car tu aurais de fortes chances de ne pas y survivre et Cooper ne s'en remettrait pas.
— Oui, on sait tout cela. Ce n'est qu'un flirt pour l'instant et cela nous convient très bien à tous les deux. Je ne sais pas...
Une sonnerie stridente se mit soudain à retentir dans la pièce, lui coupant la parole. Surprise, je mis plusieurs secondes à en déterminer l'origine, qui s'avéra être la ligne de secours. Ce téléphone portable n'avait encore jamais sonné et ne servait qu'aux urgences. Seules certaines personnes triées sur le volet et les groupes de métamorphes que nous connaissions bien avaient ce numéro et consigne de ne s'en servir qu'en cas d'absolue nécessité.
Soudain en alerte et craignant intérieurement que Nicolas ait des ennuis, je m'empressai de décrocher.
— Nicolas ?
Malgré le chuchotement et le tremblement apeuré de la jeune femme à l'autre bout de la ligne, il me sembla reconnaître la voix. Pourtant la peur et le trouble qui émanaient de mon interlocutrice ne cadrait tellement pas avec le souvenir que j'en avais que je crus m'être trompée.
— Non c'est Rose. Qui êtes-vous ?
— Il faut que tu me passes Nicolas, me supplia-t-elle d'un ton précipité.
— Il n'est pas là... Eva, c'est toi ?
— Oui. Dis à Nicolas de ven...
— Eva ? Eva, tu es toujours là ?
Seule la tonalité me répondit. Troublée et inquiète, même si je n'avais jamais apprécié la métamorphe, j'allais récupérer mon portable sur la table basse dans l'idée d'appeler Nicolas. Mais une fois son numéro sélectionné et le doigt sur le bouton d'appel, j'hésitai... et si je le dérangeais à un moment crucial de sa mission de surveillance ? Le ton et la peur dans la voix d'Eva me taraudait. Du peu que j'avais pu constater lorsque je l'avais rencontré, elle était fière, bornée et limite garce sur les bords, qu'elle appelle à l'aide était déjà inquiétant en soi. Décidée à prendre le risque j'allais lancer l'appel, lorsque la porte d'entrée s'ouvrit à la volée.
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Hello, hello,
Comme je serais sur Salon de Provence de Jeudi à dimanche, le prochain chapitre n'arrivera certainement que mardi prochain :-)
Des bisous <3 <3 <3
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