Chapitre 47-1

*En ligne jusqu'au samedi 05 Juin*


Tout me paraissait irréel. Mon cœur cognant dans ma poitrine, la sueur froide me dégoulinant dans le dos et mes muscles qui commençaient à tétaniser, tendus à l'extrême par l'effort. Je ne savais pas ce que nous faisions mais j'essayais ne pas entendre le chuintement du gaz qui se répandait et les gémissements de frayeurs de mes camarades. A bout de force, mes jambes commencèrent à trembler et je crus que j'allais m'écrouler et rompre la connexion. Mais les bras de Nicolas s'enroulèrent autour de moi pour me soutenir. Son étreinte, solide et ferme, me rassura. S'il était toujours debout c'est que ce que nous faisions fonctionnait. Je puisais dans mes dernières ressources pour tenir encore, sentant les mains de ma mère commencer à trembler plus fort que les miennes. Combien de temps allions-nous pouvoir tenir ?

« Processus de décontamination en cours d'achèvement – Purification et rétablissement de la circulation d'air dans H moins... 30 secondes »

Presque malgré moi j'égrenai les chiffres dans ma tête, serrant les dents et priant pour tenir jusqu'au bout du compte à rebours. Je ne me rendis compte que j'avais retenu ma respiration que lorsqu'une multitude de points dorés éclatèrent devant mes paupières closes. La tête me tournait et c'est sans réfléchir que j'ouvris les yeux.

Une sorte de voile d'énergie translucide coulait de nos mains jointes, tombant comme un rideau de pluie autour de nous et nous isolant du reste de la pièce. A l'exception de Storm et Nicolas qui nous soutenaient, les autres étaient tous recroquevillés contre Uriel, les yeux fermés et les bras au-dessus de la tête en une impression illusoire de protection.

« Processus achevé – charge virale et bactérienne nulle – Déverrouillage du système enclenché »

Ma mère rompit le contact presque à la seconde même où la sirène se tue enfin et nous nous écroulâmes dans les bras de nos loup-garou respectifs. Je pris une grande inspiration hoquetante tandis que Nicolas m'accompagnait jusqu'au sol où je m'assis, complètement vidée. Je n'aspirai qu'à une chose, dormir. Dormir pendant des heures, voir des jours... je n'avais plus une once d'énergie, ne parvenant même pas à me réjouir d'être toujours en vie.

— Rose... tu dois lutter, il ne faut pas t'endormir... sinon tu ne te réveilleras pas, ânonna ma mère d'une voix sans force.

Je sentis Nicolas m'attraper sous les aisselles et me tirer brusquement vers le haut, me remettant debout.

— Rose, appelle ta louve.

— Je n'ai pas... assez de force, bafouillai-je comme je pus, consciente d'être de la guimauve entre ses bras.

Une salve de pouvoir brut et agressif me percuta alors que les yeux de Nicolas viraient à l'ambre en un quart de seconde. Une odeur de sous-bois, d'arbre, d'humus et d'air pur m'enveloppa, éveillant mes sens et forçant Whisper à émerger. Je n'avais plus assez d'énergie pour changer, mais cela suffit à mettre momentanément ma louve aux commandes et à me sortir de ma fatigue tétanisante. J'avais toujours la tête dans du coton et les jambes flageolantes mais au moins j'étais lucide et tenait debout à peu près toute seule, ce qui était un progrès certain.

— Mais qu'est-ce que c'est que cet endroit ? siffla Allistaire entre ses dents en jetant un coup d'œil à travers la porte. On se croirait dans un mauvais film de science-fiction !

Un des gardes n'était pas parvenu à sortir et son corps gisait, convulsé et torturé, sur le sol les doigts effleurant le battant d'acier de la porte.

— Les gens pour qui travaille Janos sont légèrement parano, lui répondit ma mère toujours soutenue par Storm. Lupus Nostrum existe depuis plusieurs siècles, fondé par des loups-garous et des sorciers trop tyranniques et egocentrique pour s'adapter correctement au monde en constante évolution. Ils ont attendu leur heure, recrutant des adeptes crédules ou les enrôlant de force par contrôle magique. Tout s'est accéléré lorsque les métamorphes se sont révélés aux humains. Pour une certaine branche de l'armée c'était un secret de polichinelle mais ils ignoraient tout des sorciers et des garous, c'était le scénario rêvé et... vous connaissez la suite.

— Pas totalement, la contredit Nicolas tandis que nous nous dirigions vers la porte. Les expériences que vous faites ici, quelles étaient leur but exact ?

— Créer un virus capable de transmettre la mutation des métamorphes à des humains. Les rendre « contagieux » au même titre que les loups-garous.

— Mais quel intérêt pour eux ?

— Aucun, ricana Nicolas d'un air sinistre en écartant le cadavre du sorcier du bout du pied. Ils se sont fait doubler en beauté. Les sorciers n'ont jamais eu l'intention de partager le pouvoir.

— Le but était que les humains considèrent les métamorphes comme des monstres, au même titre que les garous...

— Ce qui est fait ma chère et en grande partie grâce à vous, l'interrompit Janos en sortant de la salle de décontamination.

Il n'avait plus de masque, pourtant, aucun signe ne montrait qu'il venait de passer plusieurs minutes dans une pièce emplie d'un gaz mortel.

— Nous sommes tellement plus fort et plus intelligent que vous tous réunis, fanfaronna-t-il d'un ton emphatique alors que ceux qui avaient encore une arme entre les mains, le mettaient en joue aussitôt.

— Très mauvaise idée, à votre place je ne ferais pas ça ! dit-il en accompagnant sa phrase d'un simple geste de la main.

Aussitôt les armes furent arrachées des mains de leurs propriétaires et allèrent percuter le mur avec violence. Plusieurs coups partirent tout seul nous ratant de peu. Le sorcier, debout au milieu de la pièce hexagonale nous regardait comme un chat devant des souris se demandant laquelle il allait bien pouvoir grignoter en premier.

— Cette porte ne s'ouvrira pas, ricana-t-il en voyant ma mère fixer la diode rouge avec l'intensité du désespoir. C'est moi qui contrôle tout depuis le début. Vous êtes exactement là où je vous voulais dans l'état où je le voulais. Tellement épuisés et affaiblis que vous ne pourrez plus me résister.

— A quoi ça rime tout ça ? si vous vouliez nous tuer il y avait des moyens plus simples et plus rapide ! Pourquoi toute cette mise en scène alambiquée ? demanda Uriel de sa plus belle voix vindicative.

— Parce que je voulais voir vos visages lorsque vous comprendriez que vous vous êtes fait berner depuis le début ! Ah et... je ne suis pas venus seul, ajouta-t-il en sortant de sa poche une petite télécommande d'un grand geste théâtral parfaitement superflu,

Lorsqu'il appuya sur le bouton nous entendîmes une porte s'ouvrir un peu plus loin dans la pièce et des pas résonner sur le carrelage. Trois hommes rejoignirent Janos, trainant chacun un corps derrière eux. Je reconnu aussitôt Shane, Luc et Azaldée, qu'ils balancèrent à nos pieds comme de vulgaires sacs poubelles. Nicolas se retrouva accroupis à leurs côtés, plus vite que nos yeux purent l'appréhender. Aucun d'eux ne portaient de blessures apparentes et seule la poitrine de Shane se soulevait encore par moment, me rendis-compte en le rejoignant. Ses mains étaient glacées lorsque je les pris dans les miennes et je vis Nicolas faire pareil avec Luc. Sans nous concerter nous nous mîmes à partager notre énergie avec nos loups respectifs même s'il ne nous en restait plus beaucoup. Allistaire, Storm et Uriel s'étaient d'instinct placés devant nous, nous dissimulant du mieux qu'ils pouvaient aux yeux de Janos, qui ne nous portait, pour le moment, aucune attention, trop occupé à cuisiner ses hommes qui n'en menaient pas large.

— Où sont les autres ? hurlait-il en postillonnant alors qu'une nouvelle personne le rejoignait au centre de la pièce.

Voir Riwanon se placer aux côtés de Janos un sourire suffisant sur les lèvres ne m'étonna pas plus que ça, ce qui ne fut pas le cas de mes camarades qui poussèrent une multitude de jurons inventifs. Nicolas me saisit le poignet tandis que nous nous relevions. La tête me tournait de nouveau, mais Shane et Luc respiraient à présent de manière plus naturelle et régulière, même s'ils étaient toujours inconscient. Pour Azaldée, malheureusement, nous ne pouvions plus rien faire. La jeune sorcière était morte bien avant qu'il ne nous l'amène, certainement l'œuvre de sa prêtresse. La pauvre n'avait pas vu le coup venir, elle n'avait eu aucune chance.

— Pourquoi ? criai-je à la sorcière d'une voix que la rage avait fait baisser d'un octave.

— Parce qu'il est temps que le pouvoir change de main et aussi... qu'une mère doit toujours soutenir ses enfants, ajouta-t-elle en posant sa main sur l'épaule de Janos.

Alors celle-là, je ne l'avais pas venu venir ! eus-je le temps depenser avant que ce dernier ne lâche une révélation encore plus énorme,éclairant d'un nouveau jour toute cette situation cauchemardesque et surréaliste.

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Voilà, avant dernier chapitre en ligne ^.^ Encore un, plus l'épilogue et ce sera la FIN !!*o*!! Mais une fin relative puisque l'intrigue se poursuivra dans le tome 2 de "Elémental" ;-) D'où la complexité de trouver une fin pas trop ouverte à cette trilogie ^o^

Je vous donne rendez-vous demain pour la suite et certainement samedi pour l'épilogue :-)

Kisssssss <3 <3 <3

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