Chapitre 46-2
*En ligne jusqu'au jeudi 03 Juin*
— Attention, elle n'est peut-être plus humaine, murmurai-je à Nicolas pour ne pas que Spéra m'entende.
— Et ce doit être la seule raison pour laquelle elle n'est pas morte, me chuchota-t-il à son tour alors que nous avancions au milieu des cellules vides.
La voix enregistrée s'était tu mais l'alarme continuait à retentir tel un glas, de plus en plus pressent et de plus en plus sinistre. Soudain les lumières s'éteignirent et nous nous retrouvâmes subitement plongés dans le noir. Tout le monde stoppa net à l'affut du moindre son suspect. Mon cœur battait à tout rompre et j'avais l'impression d'entendre des bruits qui n'existaient sûrement que dans mon imagination. Quelque chose me frôla et je bondis sur le côté me retenant in-extremis de crier.
— Ce n'est que moi, Uriel, me dit ce dernier. J'ai une très bonne mémoire visuelle et spatiale, je suis venu assurer vos arrières.
A cet instant, un doux bourdonnement retentit et le bas des murs s'illumina d'un halo jaunâtre, l'éclairage de secours venait de prendre le relais. L'atmosphère déjà lugubre passa carrément au glauque tandis que nous nous hâtions de sortir du couloir des cellules.
— La salle de décontamination est par ici, nous aiguilla ma mère en nous montrant, au fond du nouveau couloir, une porte munie d'un hublot.
— Stop ! C'est trop facile, gronda Nicolas. Vous nous conduisez tout droit dans un piège.
— Certainement, mais c'est le dernier endroit par lequel on pourra sortir, lui répondit ma mère du tac au tac. Nous n'avons pas le choix...
— En effet, ma chère, vous ne l'avez pas ! s'éleva une voix moqueuse et assourdie, tandis qu'un homme équipé d'un masque à gaz, que je supposais être Junos, semblait sortir de nulle part.
Ma mère se défendit mais il l'immobilisa d'une clef de bras en l'attirant vers lui.
— J'ai besoin d'elle vivante, vous en revanche, ce n'est pas nécessaire, ricana-t-il en reculant vers la porte, entraînant ma mère avec lui.
Ils n'avaient pas fait un pas qu'Uriel avait déjà armé et tiré. Junos fut rapide mais pas assez et la balle l'atteignit à l'épaule rendant son bras inutilisable. Ma mère en profita pour s'éloigner lui décochant un bon coup de genoux dans les parties. Dans un cri rauque, le sorcier tomba sur le sol comme une grosse merde et Storm s'empressa de lui coller le canon de son flingue sur la tempe.
— Non, vous ne pouvez pas faire ça ! s'insurgea Zal, comme je l'aurais sans doute fait il y avait encore peu de temps.
Storm se contenta de la fixer avant de m'interroger silencieusement du regard. Dans notre nouvelle meute, il était mon second, le plus haut dans la hiérarchie après moi. Théoriquement, il avait donc besoin de mon approbation pour tirer, même s'il me la demandait plus par politesse qu'autre chose. Je n'hésitai qu'une fraction de seconde avant d'abaisser la tête d'un geste ferme. Son doigts commençait déjà à presser la détente lorsque Zal le mit en joue.
— Si vous tirer, je tire aussi. Je représente la loi, je ne peux pas vous laisser faire ça.
Junos grimaça un sourire sous son masque tout en commençant à se relever.
— Si vous bougez encore d'un centimètre, je tente ma chance, gronda Storm à l'attention du sorcier qui se figea aussitôt.
— Zal, on n'a vraiment pas le temps pour ça, tenta de la raisonner Allistaire.
« Délai pour évacuation terminé – Purge enclenché – Début du processus dans H moins 5minutes »
L'adrénaline me fouetta les sang et Nicolas et moi bondîmes en avant d'un même élan. En l'espace de quelques secondes, Nicolas avait désarmé Zal, déconcentrée par le compte à rebours et j'avais arraché son masque à Janos, qui semblait beaucoup moins rigoler à présent.
— De toute façon, c'est trop tard, vous ne sortirez jamais d'ici vivant.
Le crosse de l'arme de Storm s'abattit sur la tempe du sorcier, le réduisant très efficacement au silence tandis que nous nous précipitions vers la porte. Nous pénétrâmes dans une sorte de sas donnant sur une petite pièce hermétique et hexagonale dans laquelle ma mère avait déjà pénétré.
— Vite dépêchez-vous, nous n'avons plus beaucoup de temps, nous pressa-t-elle alors qu'un angoissant H moins trois minutes, retentissait dans le bâtiment désert.
Elle appuya de la paume de la main sur un gros bouton rouge et une nouvelle bruine glacée nous aspergea. Aucune odeur n'émanait du produit, pourtant lorsqu'il toucha ma peau cela commença à me démanger comme si une myriade d'insecte dansait soudain la sarabande sur mon épiderme. L'air semblait se raréfier à mesure que le processus se déroulait et c'est presque à bout de souffle que nous nous présentâmes devant la sortie. Trépignant en attendant que la diode clignotante passe au vert.
Dès que ce fut le cas, la porte se déverrouilla d'elle-même et nous nous ruâmes à l'extérieur où trois hommes armés nous attendaient. Ils ouvrirent le feu aussitôt, nous obligeant à nous réfugier de nouveau à l'intérieur, accroupis derrière le mur qui n'allait que jusqu'à mi-hauteur. Les impacts ricochèrent sur le verre pare-balle tandis que Storm et Uriel, ripostaient à tour de rôle. Nicolas gêné par le corps toujours inerte de Luna, ne pouvait qu'attendre, recroquevillé au-dessus de la jeune femme pour la protéger du mieux possible. Tout à coup les coups de feu cessèrent juste avant que l'alarme ne s'emballe.
« Compte à rebours terminé – Verrouillage des portes – Décontamination globale du site enclenchée »
J'échangeai un regard affligé avec Nicolas qui me faisait frénétiquement signe d'enfiler le masque que je lui tendais.
— Rose ! cria ma mère d'une voix désespéré et pressante en me faisant signe de la rejoindre.
Indécise, je fini par lancer le masque en direction de Nicolas qui jura et se précipita pour le ramasser et me rattraper tandis que je fonçai rejoindre ma mère.
— Mettez-vous tous autour de nous ! ordonna ma mère en me prenant les mains.
— Qu'est-ce que tu fais ? criai-je pour me faire entendre par-dessus la sirène devenue assourdissante.
— Pas le temps de t'expliquer, me dit-elle alors qu'elle entrelaçait ses doigts aux miens et levait nos bras vers le plafond.
Je sentis un pouvoir froid envelopper mes mains et se déverser le long de mes bras. Le temps étant compté, ma mère ne fut pas subtile et sa magie chercha à aspirer la mienne avec une urgence violente. Ne comprenant pas ce qu'elle voulait faire, je me contentai de ne pas résister sentant ma force et ma puissance s'envoler et se mêler à celle de ma mère, formant un vortex qui nous enveloppa en tournoyant alors que le gaz commençait à envahir la pièce.
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