Chapitre 44-2

*En ligne jusqu'au jeudi 27 Mai*


Je m'étais demandée si Zaltana le verrai ou si l'illusion n'avait été levée que pour moi, mais l'exclamation très imagée qu'elle poussa répondit bien vite à ma question silencieuse.

— C'est quoi ce... ce bintz ?! répéta-t-elle une seconde plus tard, la grossièreté en moins. J'ai pas rêvé, cette porte n'était pas là il y a quelques minutes ?

— Non, en effet, répondis-je en m'approchant du battant métallique, bien consciente que nous n'avions pas beaucoup de temps.

Aucune poignée n'affleurait le panneau d'acier qui luisait doucement sous la lumière artificielle. La petite diode rouge qui clignotait presque au rythme de mon cœur, semblait me narguer. Nous étions prêt du but, je le sentais. Pourtant, sans un miracle, jamais nous n'ouvririons cette porte avant d'être découverte par la sécurité. J'étais d'ailleurs surprise qu'ils ne nous soient pas déjà tombés dessus.

— Vous m'expliquez ce qu'il vient de se passer ?

— Vous m'expliquez comment ouvrir cette porte ? lui rétorquai-je du tac-au-tac.

— Pourquoi pas avec le pass ?!

Nous nous retournâmes aussitôt au son de la voix d'Allistaire, qui se tenait dans l'embrasure de la porte, carte magnétique à la main et grand sourire aux lèvres.

— Où tu as trouvé ça ? Et qu'as-tu fait de Miss « Oh là là ! » ? lui demanda Zal avant que je n'aie eu le temps d'ouvrir la bouche.

— Elle fait une bonne petite sieste dans le placard des toilettes pour homme. Pas sûr que ses bas résistent très longtemps lorsqu'elle se réveillera, on ferait mieux de ne pas traîner. Tu as prévenu Nico ? me demanda-t-il en approchant la carte du lecteur.

— Eh ! Stop ! Qu'as-tu fait à cette femme ? Vous allez m'expliquer ce qui se passe ?!

— Rien de plus que ce que l'on est venu faire. On t'avait dit qu'ils étaient pas nets, cette porte I.Tech qui n'a rien à faire dans un centre de loisir, devrait te prouver que l'on avait raison. Mais ça, encore plus, ajouta-t-il en se tournant pour lui montrer la manche tailladée de son blouson. A l'instant où vous n'avez plus été en vue, cette brave Madame Flower m'a attaqué au couteau et ce n'était pas une débutante. Maintenant on ferait bien de passer cette porte avant de se retrouver avec un comité d'accueil de l'autre côté. Si tu préfères rester là, fais-toi plaisir !

D'un geste plus rapide que la normale, il passa la carte dans le lecteur dont la lumière passa aussitôt au vert, tandis que le panneau pivotait vers l'intérieur dans un chuintement hydraulique. Allistaire récupéra l'arme de poing dissimulée dans la poche de son blouson d'un geste fluide né de la pratique, aussitôt imité par Zal, avant de me tendre le poignard de miss Brushing.

— Attention, ne touche pas la lame, c'est de l'argent, me chuchota-t-il avant de franchir le seuil de la porte dissimulée.

Zal, aussi silencieuse qu'une tombe, nous emboita le pas arme à la main, malgré l'air réprobateur qui plissait ses traits. Dès qu'Allistaire mis un pied de l'autre côté, le couloir s'illumina comme en plein jour, manquant me faire avoir une crise cardiaque. Dans cette partie du bâtiment, l'atmosphère changeait du tout au tout. Ici tout était blanc, aseptisé et tellement saturé en odeur de javel que je manquai d'éternuer. La porte se referma derrière nous sans un bruit et mes oreilles se bouchèrent instantanément.

— C'était quoi, ça ? murmura Zal en secouant la tête.

— La pression a changé. Nous sommes certainement dans un sas, nous expliqua Allistaire.

C'est vrai que le couloir où nous nous trouvions ressemblait plus à une antichambre. Long d'à peine trois mètres, il se terminait par une cabine d'ascenseur sans bouton d'appel, surmontée d'une caméra en activité.

— Souriez, vous êtes filmés ! ironisa Allistaire, alors que les portes s'ouvraient devant nous sans le petit « ding » habituel.

Immédiatement en position de défense, nous braquâmes tous nos armes vers la cabine qui s'avéra... être déserte.

— A quoi ils jouent ? demanda Zal. S'ils savent que nous sommes là, pourquoi ne nous ont-ils pas encore stoppé ? 

— Parce qu'ils nous attendent, affirmai-je d'une voix sinistre en fixant la caméra. Riwanon avait raison, il a bien un traitre parmi nous.

Allistaire me jeta un regard alarmé et je savais très bien à quoi il pensait. Le traitre savait-il pour Nicolas et les autres ? Nous ne pouvions pas les avertir sans les trahir. Car dès qu'ils me verraient utiliser mon portable, ils comprendraient que nous n'étions pas seuls. Nous n'avions plus qu'à espérer que les sorcières soient vraiment aussi fortes qu'elles le prétendaient et que nos renforts ne soient pas déjà tombés dans une embuscade. De nôtre côté nous ne pouvions plus reculer. L'envie de contacter Nicolas télépathiquement était forte, mais aurait été trop risqué. J'allais avoir besoin de toutes mes forces et de toutes mes capacités pour ce qui allait suivre et préférai garder cet atout en dernier recours.

— Vous allez y aller quand même ? me demanda Zal en me voyant approcher de la cabine.

— Il est trop tard pour faire demi-tour et... j'en ai marre de jouer à cache-cache ! dis-je en pénétrant dans l'ascenseur aussitôt suivit d'Allistaire.

— Mais tu n'es pas obligée de nous suivre, lui dit Allistaire alors que les portes commençaient à se refermer.

L'indécision fit vite place à de la détermination dans les yeux de Zal, alors qu'elle bondissait en avant, bloquant la fermeture des portes avec son bras.

— Ne croyez pas vous débarrasser de moi, si facilement ! dit-elle en nous rejoignant.

Les portes se refermèrent enfin et nous commençâmes à descendre. A première vue, aucune caméra ne semblait présente dans l'ascenseur mais dans le doute, nous préférâmes rester silencieux. Lorsque la cabine s'arrêta mon corps était déjà saturé d'adrénaline et mon cœur venait de passer la surmultipliée. Le manche du couteau glissait légèrement au creux de ma main rendu moite par le stress et l'appréhension. Qu'est-ce qui nous attendait derrière ces portes, ou plutôt qui ? Nous voulaient-ils vivants ou morts ?

J'en était là de mes réflexions macabres lorsque les battants coulissèrent. Armes braquées et aussi éloigné que possible les uns des autres pour ne pas offrir une cible facile à l'ennemi, nous nous raidîmes, nous attendant au pire... pour nous retrouver devant un nouveau couloir... totalement vide !

— C'est quoi ce délire ? souffla Zal alors que nous faisions les premiers pas sur le carrelage blanc.

Autour de nous, des dizaines de portes munies de vitres rectangulaires, s'ouvraient des deux côtés du couloirs. A l'intérieur, des jeunes à l'air hagard nous regardaient sans vraiment nous voir.

— Qu'est-ce qui se passe ici ? Vous le savez ? s'indigna-t-elle en tentant d'ouvrir l'une des cellules où une jeune fille d'environ dix ans, dormait en position fœtale, serrant contre elle une peluche lapin.

— Zal, tu vois bien qu'il n'y a pas de poignée. Ces cellules s'ouvrent à distance, le mieux c'est de continuer à avancer.

— Non, je veux que vous m'expliquiez ! Pourquoi n'avez-vous pas l'air surpris ? qu'est-ce qui se passe ici ?

— Des expérimentations illégales, lui répondit finalement Allistaire dans un soupir.

— Quel genre d'expérimentation ? Et pourquoi personne ne recherche ces enfants ?

— Parce que pour certains, leurs parents sont au courant et pour les autres, ils les pensent en sécurité. Ils ne se doute pas un seul instant de ce qui se passe ici et quand ils rentrent chez eux, ils ne se souviennent de rien.

— Mais comment tu sais tout ça ? s'énerva Zal, hésitant visiblement à braquer son arme sur Allistaire.

— Par déduction et parce que nous avons croisé une de ces familles. Nous nous attendions à ce genre de chose, c'est pour cela que nous ne sommes pas surpris. Ces jeunes ne sont pas en danger immédiat, ajouta-t-il, le mal est déjà fait. Nous devons avancer et trouver les responsables pour les empêcher de nuire.

Zal s'apprêtait à répliquer de nouveau lorsqu'un larsen, amplifié par le couloir carrelé et désert, détonna, nous vrillant les tympans. Le son stridant sembla pénétrer mon cerveau, m'obligeant à plaquer mes mains sur mes oreilles pour tenter de l'atténuer mais sans succès. Allistaire et moi, complètement désorientés, ne pouvions que subir, les oreilles sifflantes et bourdonnantes. Zal était encore la seule à avoir son arme à la main lorsqu'un dizaine d'hommes en noirs pénétrèrent dans le couloir.

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