Chapitre 42-2
*En ligne jusqu'au jeudi 20 Mai*
« Rose, ça va ? »
La question mentale, à la fois prudente et inquiète, m'atteignit avec moins de violence que les fois précédente alors que nous dépassions à peine la dernière voiture de police.
« Il y a un barrage de police ! Faite demi-tour ! », hurlai-je psychiquement à Nicolas en me redressant d'un seul coup.
« Ne t'inquiète pas, nous nous sommes arrêtés dès que j'ai senti que quelque chose n'allait pas. Vous avez réussi à passer ?»
Le soulagement me coupa presque le souffle, à tel point que je dus faire un effort conscient pour inspirer.
« Oui, grâce à Allistaire on a échappé au test, mais ce ne sera pas votre cas, vous devez trouver une autre route et prévenir les autres. »
« Ils nous suivaient, ils sont avec nous. Luc est déjà en train de chercher... un nouvel itinéraire... Ce mode de communication m'épuise toujours autant », reprit-il après quelques longues secondes de silence.
« Promis, la prochaine fois, j'enverrai un sms », répondis-je en me traitant d'idiote pour ne pas y avoir penser.
J'entendis Nicolas rire dans mon esprit, tandis que la connexion s'étiolait.
« Tu me manques, sois prudente », souffla-t-il avant de rompre le contact télépathique, me laissant comme à chaque fois, tremblante et vidée.
— Il s'est passé quoi, là ? me demanda Allistaire en me jetant un regard prudent. Tes yeux étaient...
— ... comme vitreux ? terminai-je à sa place.
— Oui, quelque chose comme ça.
— J'étais en communication télépathique avec Nicolas. Ils sont au courant pour le barrage, ils vont prendre un autre itinéraire.
— Waouh... cool ! siffla-t-il entre ses dents en esquissant un de ses fameux sourire en coin.
— C'est peut-être cool, comme tu dis, mais après on se retrouve en général complétement lessivé. Pas très pratique en situation de combat imminent.
— C'est sûr, mais là il nous reste presque une heure de route si on veut éviter les grands axes. Profites-en pour te reposer.
Je ne me le fis pas dire deux fois et m'endormie presque aussitôt mes paupières baissées. Je me réveillai, baignée par une lumière blafarde et jaunâtre.
— On est arrivé, me dit Allistaire en s'étirant sur son siège avant d'ouvrir la portière.
Les sons et les odeurs qui envahirent aussitôt l'habitacle me confirmèrent ce que la lumière m'avait laissé supposer... nous nous trouvions dans un parking souterrain.
— Il n'y avait pas de place en extérieur ? demandai-je en m'extrayant de mon siège et en essayant de calmer ma respiration qui venait de s'accélérer.
— J'ai une place attitrée, fournit avec l'appartement. Ce serait dommage de ne pas en profiter ?
— Cela ne te dérange pas... ce genre de lieu ? lui demandai-je en attrapant mon sac à dos.
— Non mais toi à l'évidence, si ! Tu es claustrophobe ?
— Nous sommes moitié loup, normalement notre côté animal n'apprécie pas trop les espaces clos. Mais pour les parkings, en l'occurrence, ce serait plutôt les odeurs. Ce mélange d'essence, d'urine et de béton humide, c'est... tout simplement immonde ! lui expliquai-je avec une grimace alors qu'il sortait nos deux sacs du coffres.
Pour sauvegarder les apparences, au cas ou nous serions surveiller, Azaldée, sur les conseils de Thomas, nous avait déniché deux petits sacs de voyage en toile que nous avions rempli avec les stocks de fringues et de serviettes mis à disposition dans les salles de bain. Retenant ma respiration au maximum, je suivis Allistaire jusqu'au ascenseurs et grimpai dans la cabine dès que celle-ci arriva.
— Sérieusement, l'odeur ne t'incommode pas ? ne pus-je m'empêcher de lui demander alors que les portes se refermaient dans un ding sonore.
— J'ai toujours vécu en ville, j'ai l'habitude. Et puis, je suis flic, si tu savais le nombre de poivrots que j'ai ramassé lorsque j'ai débuté, mon nez était insensibilisé bien avant que je devienne un loup garou.
— Cool ! lui répondis-je en singeant sa réponse, ce qui le fit rire.
Il souriait encore lorsque nous arrivâmes au troisième étage de l'immeuble, là où se trouvait son appartement mais il disparu aussitôt qu'il eut mis un pied sur le palier. Dague aussitôt en main, je bloquai les portes de l'ascenseur avant de me glisser derrière lui.
— Qu'est-ce qui se passe ? lui chuchotai-je à l'oreille, alors qu'il sortait son arme.
— Ma porte est ouverte, me souffla-t-il avant de s'élancer dans le couloir.
Il parcourut les quelques mètres qui le séparait de la porte plus comme un flic que comme un loup-garou, son entrainement prenant le pas sur son nouvel instinct. Je le suivi, tous les sens aux aguets et ne sursautait même pas lorsqu'il propulsa avec violence le battant contre le mur, avant de pénétrer à l'intérieur. Dans le couloir, une porte s'entrouvrit presque aussitôt, laissant deviner un œil bleu et des cheveux brun dans l'interstice de la chainette de sécurité.
— J'ai appelé la police, me prévint l'homme d'une voix tremblante sans pour autant refermer sa porte, alors que je cachai mon arme derrière ma jambe.
— Merci beaucoup, répondis-je à l'homme qui poussa un hoquet de surprise. Nous venons de rentrer et... au mon dieu... mon ami est à l'intérieur, vous croyez que les cambrioleurs sont toujours là ?!
Le trop serviable voisin, ne sachant pas quoi répondre, préféra se retirer dans les profondeur de son appartement avant de verrouiller sa porte.
— Il n'y a plus personne, me dit Allistaire d'une voix sourde. Entre, je vais aller récupérer les sacs.
À l'intérieur, c'était le K.O. Tous les meubles avaient été renversés, les tiroirs retournés et les livres et les bibelots éparpillés sur le sol. J'eus beau mobiliser mes sens, aucune trace olfactive ou visuelle ne m'apparut.
— Ça sent la mise en scène et le nettoyage magique à plein nez, dit Allistaire en posant nos affaires dans l'entrée.
— Tu ne crains pas qu'il y ait des micros ? m'étonnai-je tout en l'aidant à redresser le canapé.
— J'ai installé un détecteur dès que je suis arrivé. J'ai vérifié, il est toujours là et ne s'est pas déclenché, c'est que l'appart est clean.
— Pourquoi faire ça, dans ce cas ?
— Ça, je pense que nous allons très vite le savoir, me dit-il en sortant son portable.
— Au fait, ton voisin a dit qu'il avait appelé la police.
— Je sais, j'ai entendu. C'est sûrement un mensonge. Ce type est un hermite agoraphobe qui ne sort jamais de chez lui et ne parle à personne. Il a juste voulu t'effrayer, moi en revanche, je vais vraiment les appeler.
— Tu plaisantes ?!
— Non. Si je suis vraiment qui je prétend être, c'est ce qu'ils s'attendent à me voir faire et je suis presque sûr qu'ils nous surveillent. C'est un test.
— Qu'on a raté dans les grandes largeurs en investissant le couloir comme des commandos.
— Mon identité de couverture à un passé militaire et ils savent déjà que j'ai un port d'arme, ça ne les surprendra pas. En revanche, que je ne prévienne pas les flics, oui.
— Ils ne risquent pas de te reconnaître, tes collègues ?
— Je n'ai jamais travaillé dans ce secteur, ce serait la faute à pas de chance. Prépare ton plus beau rôle de composition, me dit-il avec un sourire ironique avant de lancer l'appel.
Au terme de trente minutes d'attente, puis environ deux minutes de conversation, Allistaire raccrocha d'un doigt rageur, le teint presque aussi rouge que le plaid gisant par terre au pied du fauteuil.
— Bon, tu peux ranger les larmes et les tremblements, ils ne passeront pas avant demain. Puisque rien n'a été volé, ce n'est pas une priorité.
— Ce n'est pas la procédure habituelle ?
— Non, ils devraient au moins envoyer une patrouille pour constater le délit.
— Tu crois qu'ils sont de mèches ?
— Si c'est le cas, ce serait vraiment inquiétant. Non, je crois plutôt qu'ils sont en sous effectifs, à moins que ce ne soit des feignasses ?! soupira-t-il en ouvrant la porte du frigo. Au moins, ils n'ont pas touché à la bouffe. Tu as faim ?
J'allais lui répondre oui, lorsque quelqu'un frappa à la porte. Avec une rapidité fluide issue de l'habitude, Allistaire planqua son flingue derrière la cafetière renversée avant de se diriger vers la porte.
— Oui, c'est pour quoi ? demanda-t-il en restant collé contre le mur. Alors qu'une balle fusait à travers l'œilleton, à peine précédée par le chuintement d'un silencieux.
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