Chapitre 42-1
*En ligne jusqu'au mercredi 19 Mai*
Le retour jusqu'au dortoir fut tendu et silencieux. Nicolas cherchait qui pouvait être le traître au sein de la communauté de Aaron tandis que je m'interrogeais sur l'identité du loup dont elle venait de parler. Les préparatifs s'accélérant nous n'eûmes pas un instant de tranquillité, sans parler d'intimité, pour en parler. C'est donc inquiète, frustré et un brin soulagée de partir que je montai dans la voiture trois heures plus tard.
Assise sur le siège passager, j'attendais Allistaire. Pour que notre couverture soit aussi parfaite que possible, nous avions décidé de jouer notre rôle de petit couple dès le départ. Ce qui signifiait voiture à part pour Nicolas et moi. Ça ne m'enchantait pas plus que lui, mais au moins, il serait à moins de deux kilomètres derrière moi et c'était eux qui devraient se coltiner Azaldée durant tout le trajet. Lorsque nous l'avions vu arriver, habiller comme pour un raid ninja, nous avions compris, sans qu'elle n'ait besoin de nous l'expliquer, que c'était elle qui s'occuperait du sort de dissimulation pour notre groupe.
L'enjeu était tellement important aux yeux de Riwanon, qu'elle avait accepté sans discuter que nous emmenions plus d'homme, nous adjoignant même un deuxième sorcier pour maximiser nos chances. Nicolas, Shane, Storm et Luc formaient le premier groupe et Uriel, Cooper, Grant et Thomas, le deuxième. Même si ce dernier ne maîtrisait pas du tout ses pouvoirs naissant, l'avoir avec nous nous avait semblé une bonne idée.
— Tu as l'air bien songeuse, à quoi tu penses ?
La voix d'Allistaire combinée au claquement de la portière me tirèrent de mes pensées et je me tournai vers lui.
— Je me demandai juste ce que nous allions trouver là-bas, répondis-je platement alors qu'il mettait le contact et démarrait aussitôt.
Les premiers kilomètres se déroulèrent dans le silence, tellement pesant que je finis par allumer la radio sur n'importe quelle station, histoire d'avoir un bruit de fond. Les nerfs à fleurs de peau ne faisaient pas bon ménage avec la nuit, le silence feutré de la voiture et la promiscuité avec un autre loup ne faisant pas partie de ma meute. Allistaire se trémoussa sur son siège, visiblement aussi peu à l'aise que moi.
— Il va falloir détendre l'atmosphère entre nous, sinon tu ne pourras jamais te faire passer pour ma petite amie, finit-il par sortir dans un essaie d'humour qui tomba complètement à plat.
— Tu sais très bien ce que l'on a convenu, pas de démonstrations d'affection, on se contente de se tenir la main et d'échanger un regard énamouré de temps en temps. Si l'on s'en tient à ça, il n'y aura pas de problème.
— Alors c'est quoi cette tension ? ça me rampe sur la peau comme des milliers d'insectes.
— Je suis inquiète et ma louve n'aime pas être séparée de son compagnon. En plus tu es un loup dominant... le trajet va être long, soupirai-je en m'abimant dans la contemplation du pare-brise.
L'éclair de surprise qui passa dans son regard fut fugace et avait déjà disparu lorsqu'il tendit la main pour changer de fréquence radio.
— Tu n'as rien contre la musique classique ? me demanda-t-il alors qu'une envolée de violon emplissait l'habitacle.
Je n'avais jamais été fan du classique, bizarrement cela avait toujours eut plutôt tendance à me stresser qu'à me calmer. Pourtant, l'air qui sortait des enceintes, était enjoué et aussi étrangement apaisant et je me pris à me laisser emporter par les notes.
— Ce morceaux-là, j'aime bien, finis-je par dire au bout de quelques minutes, me rendant compte, qu'emportée par la musique, je ne lui avais pas répondu.
— C'est un concerto de Brahms, me dit-il alors que ses doigts se décrispaient légèrement sur le volant.
Surprise par ses connaissances et comprenant qu'il était aussi stressé que moi et cherchait juste à faire la conversation, je me fis violence pour lui répondre.
— Tu aimes la musique classique ?
— Je joue du piano depuis que j'ai six ans et plus récemment, je me suis mis à la guitare classique. Ça a l'air de te surprendre ?! s'esclaffa-t-il en voyant ma tête.
— C'est que... tu as plutôt le look surfeur et tu es flic... mais tu as raison, c'est complétement idiot de juger les gens en fonction de leur métier ou de leur apparence.
— Et pourtant tout le monde le fait, moi le premier, dit-il dans un petit rire avant de commencer à me raconter son enfance.
Au début je l'écoutais par politesse, puis entrainée par la conversation et l'humour détendu d'Allistaire, me surpris à me détendre et à profiter de la conversation.
— Tu crois vraiment que je suis un dominant ? me demande-t-il soudain alors que nous venions de tomber dans un silence agréable et reposant.
— Oui, ma louve te ressent comme tel, toi non ?
— En fait, je ne sais pas. Je ne me sens pas... Lorsque Nicolas ou toi utilisez votre pouvoir d'Alpha, ça ne me fait rien. Je ne ressens pas le besoin de faire partie d'une meute et... si je ne veux pas me transformer, je ne me transforme pas. Ce n'est pas normal, hein ?
Je pris le temps de répondre pour ne pas qu'il croit que je prenais sa question à la légère, ce qui n'était pas du tout le cas. Mais nous avions déjà discuter de la question avec Nicolas et Thomas et je n'étais pas certaine qu'il apprécie que l'on ait discuté de cela derrière son dos.
— En fait, ce que tu décris, ce sont les caractéristiques des métamorphes.
— Comme Thomas ?
— C'est ça. Thomas est un loup mais il n'est ni tributaire de la lune ni d'un Alpha.
— Pourtant j'ai été attaqué...
— Oui, mais l'on pense qu'ils ont réussis à combiner des gênes de loup-garou et de métamorphes.
— Qu'est-ce que ça fait de moi dans ce cas ? Un hybride ? Tu crois que je pourrais contaminer quelqu'un en le mordant ou en le griffant ?
— Je ne sais pas, mais j'espère que nous trouverons des réponses à tes questions en plus du reste, tentai-je de le rassurer avec un sourire.
La route se poursuivit, rythmée par le chuintement des pneus sur l'asphalte et par la musique variée des différentes stations que nous trouvions. Je commençai à m'assoupir lorsque je sentis la voiture décélérer et la tension d'Allistaire grimper en flèche. Immédiatement sur le qui-vive, je me redressai dans mon siège, comprenant ce qui l'avait alerté lorsque mes yeux sondèrent la nuit. Là-bas, à cinq cents mètre de nous, brillaient deux petites lumières rouge. Des feux arrière de voiture, qui ne pouvait signifier qu'une chose sur cette route déserte de campagne... un contrôle de police.
— Il est trop tard pour faire demi-tour, me dit-il d'une voix calme malgré son cœur qui battait la chamade. Tu as tes papiers ?
— Oui, dans le sac à dos, lui dis-je en attrapant l'une des bretelles pour l'attirer à moi.
— Ok. Fais semblant de dormir et laisse-moi parler, m'ordonna-t-il en commençant à ralentir.
Son ordre réveilla Whisper, qui regagnait en force d'heure en heure, et je dus lutter pour l'empêcher de réagir à ce qu'elle prenait pour une provocation. La peur aidant, je me rencognai dans mon siège, la tête posée contre la vitre et laissant mes cheveux glisser sur mon visage, me dissimulant efficacement. Nous nous immobilisâmes et l'attente me parut insoutenable. Mon cœur accéléra encore lorsque j'entendis la vitre descendre dans un chuintement électrique, le vent frais de la nuit faisant voleter mes cheveux.
— Bonsoir, contrôle d'identité, vos papiers s'il vous plait ? demanda un homme à la voix grave et autoritaire.
— Bonsoir, répondit Allistaire, le déplacement d'air m'apprenant qu'il venait de passer nos papiers à l'agent.
— Très bien, tout m'a l'air en ordre. Un petit test d'espèce et je vous laisse partir.
— C'est vraiment obligatoire ? demanda Allistaire. Nous l'avons déjà fait deux fois en autant de jour. En plus, mon amie est malade en voiture et elle vient tout juste de s'endormir. Je vous assure que nous ne sommes pas des métamorphes, ajouta-t-il en ouvrant quelque chose dans un claquement sonore.
— Vous êtes inspecteur à la brigade surnaturelle ?! s'étonna l'agent, un brin d'hésitation s'insinuant dans sa voix.
— On ne l'appelle pas comme ça, mais oui, lui répondit-il. Donc vous vous doutez bien que je suis clean.
— Oui mais nous avons nos ordres.
— Soyez sympa, entre collègues ?
Mes battements cardiaques crevaient le plafond, à tel point que j'étais persuadée qu'ils allaient finir par l'entendre. Un filet de sueur froide glissa dans mon dos m'arrachant un frissons et je priais pour que le flic n'ait rien remarqué.
— Je peux voir le visage de votre amie ? Je dois être sûr.
Les doigts d'Allistaire effleurèrent mon crâne et j'essayai de me détendre le plus possible pour maintenir l'illusion alors qu'il repoussait doucement mes cheveux sur le côté. Une lampe torche balaya ma peau, son rayonnement presque aveuglant malgré mes paupières fermées. Son examen s'éternisa et je compris qu'il avait dû déceler quelque chose. Ma main se crispa sur l'arme blanche dissimulée dans le vide poche tandis que l'adrénaline inondait mes cellules me préparant à l'attaque.
— Très bien inspecteur, ça ira pour cette fois, mais à charge de revanche ?!
— Vous pouvez compter sur moi, lui répondit Allistaire en mettant le contact tandis qu'il laissait retomber mes cheveux et passait la première avec un petit peu trop de vigueur.
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