Chapitre 40-2

*En ligne jusqu'au dimanche 09 Mai*


Uriel, qui était en train de parler avec Nicolas, debout au milieu du couloir, se retourna vers moi et ouvrit de grands yeux lorsqu'il m'aperçut.

— Où est Allistaire ? redemandai-je, en dérapant à cause de mes pieds mouillés.

Le drap de bain qui m'enveloppait glissa et je le retins in-extrémis alors que Nicolas me rejoignait dans un mouvement flou.

— Que se passe-t-il ? me demanda-t-il d'une voix inquiète, tout en m'aidant à réajuster correctement le morceau de tissus éponge.

Un nouveau flash me bombarda à cet instant précis et je m'effondrai dans ses bras, momentanément terrassée par la surcharge sensorielle.

— Rose ?! s'alarma-t-il, ne comprenant pas plus que moi ce qu'il m'arrivait.

— Va chercher Allistaire, chuchotai-je d'une voix sans force tout en essayant de canaliser le flux d'information.

Je sentis plus que je ne vis, Uriel se précipiter vers le dortoir de droite, la porte cognant violemment contre le mur lorsqu'il l'ouvrit d'un geste trop brusque.

— Qu'est-ce qu'il lui arrive ? demanda Nicolas alors que de nouveaux pas résonnaient sur le parquet.

— On ne sait pas, lui répondit Cat d'une voix interdite.

Le bombardement s'étant arrêté, je me redressai lentement et me dégageai en douceur des bras de Nicolas. Je m'apprêtai à tenter de leur expliquer ce qu'il se passait quand Allistaire sortit de la chambre sur les talons d'Uriel. La chemise mal boutonnée, les yeux bouffis et les cheveux en bataille, il avait l'air de sortir du lit.

— Quelle heure est-il ? pris-je la peine de demander, lui laissant ainsi le temps d'émerger.

— Vingt-trois heures trente, me répondit Lyn avec un petit sourire malgré son air inquiet. Votre nouveau loup se couche comme les poules !

— Tu sais ce qu'il te dit le loup ? lui rétorqua Allistaire avec humour avant de déplacer son attention sur nous. Que se passe-t-il ? D'après Uriel tu veux me voir ?

Pendant un instant, je me sentis bête. A demi-nue dans ce couloir, mes visions me paraissaient bien légères et irréelles d'un coup.

— Lorsque tu nous as parlé de L.N, tu as dit que vous les soupçonniez d'avoir été de mèche avec Ivory et de faire des expérience sur les gênes de non-humains ?

— Oui, en gros c'est ça, pourquoi ?

— Où crois-tu qu'ils fassent leurs expériences ?

— Ça, nous n'en savons rien, mais vu les témoignages de Moïra et de ses enfants, il serait logique de supposer que cela se trouve non loin de leur centre pour jeune.

— Tu y es déjà allé ?

— Non, la prochaine étape était justement la visite des installations. Pourquoi ? redemanda-t-il de plus en plus intrigué, tout comme Nicolas et les autres qui me regardaient, leurs visages exprimant divers degrés de concentration et de surprise.

— Je viens d'avoir des... visions... des flashs, enfin... je ne sais pas vraiment comment les appeler, tentai-je d'expliquer maladroitement. C'était différent des rêves tout en étant étrangement semblable... Je me rends compte que ce que je dis n'a aucun sens, gémis-je, frustrée en me frottant le visage de mes mains, espérant que cela m'éclaircirait les idées.

— Maintenant que ta louve est en sommeil et le sort levé, ce sont tes pouvoirs qui s'éveillent, dit Azaldée, me faisant sursauter.

Personne d'autre à part moi n'eut l'air surpris de son retour. J'avais vraiment la sensation d'être devenue subitement sourde et aveugle. Qu'est-ce que Whisper me manquait, me lamentai-je intérieurement, soudain un peu trop consciente d'être le seul centre d'attention de la pièce. 

— Qu'est-ce que tu as vu ? me demanda gentiment Nicolas, ramenant mon attention volatile sur le problème actuel.

— Des labos, des personnes en blouses blanches mais surtout des cellules avec des jeunes comme Mia et Abby et ... ma mère. Elle était là-bas aussi.

— Libre de ses mouvements ou prisonnière comme les autres ? me demanda Azaldée d'un ton qui ne me plu pas.

J'hésitai à mentir, pourtant ce fut la vérité qui sortit de ma bouche.

— Je ne sais pas, les images étaient trop nombreuses et fragmentées. Mais... je sais que nous devons absolument trouver cet endroit. Ils préparent quelque chose qu'il faut arrêter à tout prix. Tu crois que tu pourrais nous faire entrer ? demandai-je à Allistaire.

— Non, j'ai raté le coche. La date où nous étions supposer nous rencontrer, c'était il y a deux jours. Vu leur niveau de parano, ils ne voudront plus me faire confiance.

— Pas si tu leur racontes la vérité, proposa Thomas, venu grossir les rangs des spectateurs. A savoir que tu t'es retrouvé pris dans le séisme. Ils auront du mal à réfuter ça, tu ne crois pas ?

Les prunelles d'Allistaire s'illuminèrent un instant, comme celles d'un enfant le soir de Noël. Puis il pensa à quelque chose et la lueur s'éteignit aussi vite qu'elle s'était allumée.

— Mon portable est H.S et je n'ai aucun autre moyen de les joindre.

— C'est quoi le problème ? lui demanda Azaldée.

— Il s'est éteint et depuis, impossible de le rallumer.

— Il est peut-être simplement déchargé ? proposa la sorcière, non sans bon sens.

Bien que si cela avait été le cas, il n'aurait certainement pas formulé sa phrase de cette façon, ce qu'il confirma aussitôt d'une voix légèrement agacé.

— Non, c'est évidemment la première chose à laquelle j'ai pensé ! L'un des vôtres m'a prêté un chargeur mais même après plusieurs heures de charges, il ne s'allume toujours pas.

— Passez-le moi ? lui demanda-t-elle en tendant la main vers lui.

— Heu, pendant que vous bavassez technologie, Rose pourrait peut-être en profiter pour s'habiller, non ?!  dit Lyn, dont le tee-shirt détrempé par ses cheveux mouillés collait à son dos comme une seconde peau.

— Bonne idée, acquiesça Nicolas d'une voix légèrement tendue. Ombre n'apprécie pas beaucoup de te voir à moitié nue au milieu de tous ces dominants, me murmura-t-il à l'oreille d'une voix rauque. Tu crois que ça va aller ? ajouta-t-il en s'éloignant malgré tout à contrecœur.

— Oui, lui affirmai-je, pour ne pas qu'il s'inquiète. Je me suis laissée surprendre mais maintenant que je sais à quoi m'attendre, ça ira. Nicolas, ma mère est en vie, réalisai-je soudain alors que mes mains se mettaient à trembler au même rythme que les battements accélérés de mon cœur.

Pour toute réponse, il me prit de nouveau dans ses bras et m'embrassa doucement en me serrant très fort contre lui.

— Je suis certain qu'elle n'a rien à voir avec tout ça, me chuchota-t-il à l'oreille tout en me caressant les cheveux. Maintenant va t'habiller avant que mon loup ne pète un plomb, ajouta-t-il avec une pointe d'humour avant de me pousser doucement vers Lyn et Cat qui m'attendaient.

Nous retournâmes dans la salle de bain où mes vêtements m'attendaient, toujours pliés sur leur banc. L'esprit accaparé par les dernières révélations, j'attrapai mon jean sans trop faire attention à ce que je faisais.

— Rose ! m'interpela Lyn d'un voix goguenarde. Les sous-vêtements d'abord, peut-être ? Et des propres ce serait encore mieux, ajouta-t-elle en agitant une culotte en coton noir, au bout de son index. Attrape !

Je saisis la pièce de lingerie au vol, puis le soutien-gorge assortit qui suivit. Me rendant compte, après inspection, que mes vêtements sentaient la sueur et le loup pas frais, j'optais pour l'une des tenues de yoga déclinée en différentes couleur et disponible dans le placard ouvert de la pièce. Pour un peu plus d'intimité, je pénétrai dans l'une des cabines, qui étaient déjà entièrement sèche, pour me changer. Cela ne me prit pas longtemps et à peine quelques minutes plus tard j'étais de retour dans le couloir, dont le nombre d'occupant avait encore augmenté. Cooper et Jenny me sourirent lorsqu'ils m'aperçurent et le mien s'agrandit en avisant leurs mains aux doigts entrelacés.

— Alors ? demandai-je à Nicolas, n'apercevant plus la sorcière.

— Interférence magique, apparemment, me répondit Allistaire avec une grimace. Ma sorcière bien aimé est parti remuer du nez dans le couloir.

Lyn éclata de rire à l'entente de la référence d'une autre époque, évoqué par le jeune loup.

— Mais tu as quel âge ?!

— Vingt-huit ans. Ce n'est pas pour ça que je ne connais pas mes classiques ! lui répondit-il du tac-au-tac. Et puis, cette demoiselle je sais tout me tape sur les nerfs !

— Amen, commenta Uriel d'une voix d'outre-tombe assis sur un banc et prenant bien garde d'éviter le regard de Lyn.

Au même instant, Azaldée revint triomphante, brandissant le téléphone allumé dans sa main.

— Je l'ai ressuscité, dit-elle à Allistaire qui se rua aussitôt sur l'appareil et se mit à checker ses messages et ses appels en absence à une vitesse ahurissante. Ils m'ont laissé trois messages, nous dit-il après quelques minutes.

— C'est encore jouable, ou non ? demanda Uriel en se penchant en avant.

— Oui, mais je ne pourrais emmener qu'une personne et une femme, puisque je leur ai dit avoir une petite amie.

— Ce sera moi, affirmai-je d'un ton sans réplique, ignorant volontairement le regard noir de Nicolas. Vas-y appelle-les.

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