Chapitre 39-2

*En ligne jusqu'au vendredi 07 Mai*


La réaction de Nicolas fut immédiate et instinctive et le « non » qui sortit de sa gorge fit presque trembler les murs.

— Dans ce cas, repartez d'où vous venez, moi je m'en lave les mains ! répondit le vieux sorcier d'un ton satisfait assortit à son sourire désagréable.

Uriel fut en mouvement avant que je n'aie le temps de protester. Regard de tueur et griffes en avant, il fut stoppé net à quelques centimètre de Gregor qui le regarda s'écraser sur le mur invisible qui l'entourait avec une délectation évidente.

— Toujours aussi fin et intelligent à ce que je vois ! se moqua-t-il en toisant Uriel d'un regard méprisant, avant de se retrouver sur les fesses, fauché par la jambe du loup toujours au sol.

— Autant que vous, apparemment, lui balança-t-il dans un grondement rauque, les griffes à quelques centimètres de sa gorge.

— Ça suffit !

Riwanon et moi venions de crier cet ordre à l'unisson, bien que pas sur le même ton. Celui de la sorcière était incisif alors que le mien était froid et cassant.

— Uriel lâche-le, franchement il n'en vaut pas la peine. Merci d'avoir essayé de nous aider, dis-je à Riwanon mais je crois que nous ne sommes pas les bienvenus ici.

J'avais déjà un pied dans le couloir lorsque la prêtresse réagit enfin et essaya de me retenir d'une main sur mon bras. Craignant que la colère ne me fasse dire des choses regrettables, je préférai l'ignorer et continuer à remonter le couloir d'un pas rapide, entourée de Nicolas et Thomas, Uriel fermant la marche.

— Rose, attendez ! Gregor est aigri et pas toujours très diplomate mais...

— C'est un vieux snob, pédant et cruel, la coupa Thomas. Tout ce que Rose obtiendra de lui, c'est du mépris et de la haine envers ce qu'elle est devenue.

— Peut-être, mais sans lui vous prenez un risque. Le sort finira par se dissiper de lui-même mais cela pourrait prendre des semaines, voire des mois, si ce n'est plus ! Et durant tout ce temps, tes deux natures vont s'opposer.

— Tant pis, je prends le risque ! lui répondis-je vivement. Hors de question que je retourne supplier ce vieux schnock, marmonnai-je en baissant la tête au moment de m'engager dans l'escalier.

— Une minute, jeune fille ! tonna, dans le couloir, la voix de mon soi-disant grand-père.

J'étais partie pour l'ignorer une fois de plus et continuer mon ascension, mais la main de Nicolas sur mon épaule et une petite voix dans ma tête, me firent comprendre que je me comportais comme une gamine. Je m'arrêtai donc dans un soupir agacé et me campai devant l'ouverture en ceintre menant à l'escalier, fixant Gregor d'un regard noir.

— Ta mère sait ce que tu es devenue ? me demanda-t-il en essayant de cacher son mépris mais y parvenant très mal.

— Non, puisqu'elle est morte il y a plusieurs mois ! lui balançai-je, heureuse de détecter de la surprise puis de la peine dans son regard.

— Comment ?

— Accident. Un chauffard ivre l'a renversé.

— Pff... alors elle est toujours en vie. Il faudrait plus qu'un banal accident de la circulation pour tuer ta mère ! s'esclaffa-t-il. Suis-moi, je vais voir ce que je peux faire pour toi.

— Non.

Le mot, sec et définitif, claqua comme un coup de feu dans le silence glacé du monastère.

— Je ne vous fais pas confiance, ajoutai-je, me délectant de son air outré et vexé.

— C'est que tu es une idiote !

— Ce n'est pas en l'insultant que vous vous attirerez ses bonnes grâces, intervint Riwanon qui commençait à perdre sa zen-attitude.

— C'est elle qui a besoin de moi et non l'inverse...

— ... et je n'en veux pas ! Donc la question est close.

— Maintenant ça suffit, les enfantillages ! s'énerva Riwanon en se plaçant entre nous. Vous n'êtes pas obligé de vous apprécier mais il vous propose son aide alors acceptez-là ! Vous pouvez lui faire confiance, je m'en porte garante.

— Pourquoi cela vous importe-t-il tant que ce sort soit levé ? demanda Thomas d'une voix soupçonneuse.

— Ils ne sont peut-être pas si idiot que ça, en fin de compte, les louveteaux ?! ricana Gregor en lançant un regard mauvais à Riwanon. Allez-y, dites-leur la vérité qu'on rigole.

Tous les regards convergèrent vers la prêtresse, qui subitement semblait beaucoup moins sûre d'elle.

— Qu'est-ce que vous ne nous dites pas ? la questionna Nicolas d'un ton accusateur.

— Si les sorciers noirs se sont alliés aux métamorphes et aux loups-garous et prennent le risque de se montrer au grand jour, c'est que la guerre est proche.

— Attendez, une minute ! Vous vivez bien dans le même monde que nous, non ? La guerre, même si elle n'est pas officielle, on est déjà en plein dedans ! Il faudrait peut-être vous réveiller ! lui assena Uriel.

— Je parlais d'un conflit entre sorcier, lui répondit-elle avec autant de sarcasme que lui. Et croyez-moi, vous n'avez pas envie que cela se produise. Mais si cela devait être le cas, je préfèrerais avoir Rose dans notre camp et en possession de toutes ses capacités.

— Désolée d'avoir à vous dire cela comme ça, mais ma priorité ira toujours aux miens, c'est-à-dire aux loups et aux métamorphes, dis-je à Riwanon en la fixant droit dans les yeux.

Le regard étonné et plein de gratitude que me lança Thomas me fit chaud au cœur, alors que je tenais tête à Riwanon, campant sur mes positions.

— Et c'est tout à ton honneur, mais crois-moi, si les sorcier noirs se dévoilent, tout le monde sera en danger.

Nicolas m'attrapa la main et la serra doucement pour attirer mon attention.

— Je ne l'apprécie pas plus que toi, mais ça vaut peut-être le coup d'essayer ? me chuchota-t-il à l'oreille, tandis que Gregor nous fixait d'un regard narquois.

— Je veux bien accepter votre aide mais seulement si l'un des miens peut m'accompagner, annonçai-je finalement du bout des lèvres mais d'un ton sans réplique.

Il ne répondit pas mais ses yeux s'assombrirent et son rictus méprisant s'élargit encore. Nous ne comprîmes qu'il venait de lancer un sort que lorsque celui-ci nous frappa. Riwanon se protégea, créant une barrière d'énergie dans un cri strident, mais Nicolas, Thomas et Uriel, furent balayés comme de simples quilles. La rage qui me submergea me brula comme de l'acide et je laissai les commandes à Whisper, mais une fois de plus, rien ne se produisit. J'étais toujours debout mais incapable de bouger, ni de parler.

— Gregor que fais-tu ? lui demanda Riwanon d'une voix troublée et incertaine.

— Ce que tu m'as demandé, lui répondit-il, ses mains s'agitant en un ballet compliqué devant lui. Mais je devais court-circuiter les loups pour pouvoir l'atteindre.

Les rides de son visage accentué par la concentration, il continua à marmonner tout bas tout en dessinant des glyphes dans l'air, me fixant tandis que j'écumais de rage.

— Tes amis vont bien, ils sont juste évanouies alors arrête de me maudire et dit à ta louve de me laisser entrer, m'ordonna-t-il. Sinon, je devrais forcer tes défenses et tu ne vas pas aimer.

Même si je l'avais voulu, je n'aurais pas pu faire ce qu'il me demandait. Paniquée de ne plus voir Nicolas et de n'être plus libre de ses mouvements, je ne parvenais pas à calmer Whisper et à reprendre le contrôle. Je ne savais même pas si j'en avais vraiment envie. Cet homme, qu'il soit mon grand-père ou non, nous avait attaqué et était donc devenu notre ennemi.

Alors que j'essayai une nouvelle fois vainement de me libérer, cette nouvelle force qui nichait au creux de moi s'éveilla soudain. Puis, telle la lave d'un volcan endormi, elle se fraya un chemin en dehors de mon corps. J'eus l'impression d'imploser en un millier de fragments, tandis que je hurlai sans qu'aucun son ne sorte de ma gorge. Le pouvoir me reconnaissait, s'insinuait dans toutes mes cellules me reformatant telle que j'aurais dû l'être depuis le début.

La douleur était insoutenable tandis que tout ce que j'étais disparaissait. Dans un dernier sursaut, je tentai de me fermer à la magie pour me protéger et protéger Whisper mais cela échoua lamentablement. Un vent invisible et surnaturel se leva, soulevant mes cheveux tandis que je m'élevai de quelques centimètres au-dessus du sol.

Ma voix me revint tandis que le pouvoir m'enveloppait, me rendant l'énergie et la force qu'il venait de me prendre. Puis un cri aigue et surpuissant sortit de ma bouche balayant tout sur son passage et tout devint noir.

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