Chapitre 35-2
*En ligne jusqu'au dimanche 25 Avril*
— Où est le problème ? Si tu es réellement infiltré, comme tu le prétends, tu n'as qu'à le faire et le tour est joué ? lui dit Cooper en le couvant toujours d'un regard méfiant.
— Ce n'est pas si simple. Ils savent que nous nous sommes divisés en trois groupes et chaque chef de groupe doit se signaler toute les dix minutes, si l'un manque à l'appel, ils envoient la cavalerie.
— De quels « ils » on parle, exactement ? lui demanda Grant.
— Quoi ?! Vous voulez dire que vous ne savez même pas contre qui vous vous battez ? s'esclaffa le soi-disant sorcier d'un ton moqueur et arrogant.
— Alors déjà, le merlin d'opérette, tu vas calmer ta joie tout de suite ! lui balança Lyn en nous rejoignant. Qu'est-ce qui nous dit que tu es vraiment ce que tu prétends, d'abord ? Tu confirmes ? demanda-t-elle en tournant son attention vers Azaldée.
— Je confirme que c'est bien mon cousin... éloigné. C'est un sorcier physique, spécialisé dans l'infiltration et les techniques de combat. Il est très bon dans son domaine, mais c'est un crétin imbu de lui-même ! ajouta-t-elle.
Je pensai aussitôt « ça doit être de famille ! », lorsque Arslan, les mains toujours attachées dans le dos, éclata d'un rire franc et communicatif.
— C'est ce qui arrive lorsque l'on vit en vase clos avec tout une bande de sorciers guindés et absolument certains d'être la crème de l'univers ! Au contact des humains, ou des métamorphes, je suis tout de suite plus fréquentable !
— Vos petites joutes verbales sont très divertissantes, grinça Grant mais nous perdons de précieuses minutes inutilement. Vous ne feriez pas autres choses si vous cherchiez à gagner du temps.
— Pourquoi vous aurais-je prévenu dans ce cas ? De toute façon, je suppose que tous les autres sont morts ? Donc à part se barrer d'ici très vite...
Nicolas, qui était resté immobile et silencieux jusque-là, s'approcha du jeune homme qui le regarda approcher d'un regard méfiant. Surtout quand Nicolas le contourna, son poignard dans les mains. D'un geste vif, il trancha les lien d'Arslan qui ramena ses bras devant lui avec une grimace tout en se tournant vers Nicolas.
— Nous avons un autre survivant, lui dit-il simplement en le détaillant d'un œil critique. Deux sur trois avec une bonne excuse, vous croyez que cela suffirait ? Au moins pour nous faire gagner du temps ?
— Ces mecs sont des fanatiques décérébrés, ils ne vous obéiront jamais. Surtout pas pour trahir les leurs.
— Celui-là, le fera, c'est l'un des nôtres.
— Ah, c'est Juan ! ricana-t-il. Pourquoi cela ne m'étonne-t-il pas ?! Ce type est un vrai rat !
— Non, c'est un tigre ! Même si j'ai toujours trouvé que la nature avait eu un drôle de sens de l'humour en lui choisissant ce totem, persifla Lyn.
Arslan s'esclaffa, envoyant même à la métamorphe un clin d'œil complice qui n'eut pas l'air de plaire à Thomas.
— Qui est resté avec lui ? demanda Cooper, devançant ma question.
— Cat, répondit Grant. Il ne bougera pas une moustache, ça vaudrait mieux pour lui.
Me rappelant le regard de tueuse qu'elle avait eut en reconnaissant le jeune métamorphe, je n'en doutais pas une seconde.
— Vous avez le chic pour ne pas répondre à nos question, balançai-je soudain en me plantant devant le sorcier. Ça marcherait ou non ?
— Oh là, du calme jeune sorcière, je...
Sans lui laisser le temps de finir sa phrase, je lui balançai mon pied dans les rotules. Il tomba à genoux dans un gémissement de surprise et de douleur qu'il n'eut pas le temps de mener à son terme.
— Pourquoi cherchez-vous à gagner du temps ? lui murmurai-je à l'oreille, ma lame de nouveau sur sa gorge. Répondez-moi ou je termine ce que j'ai commencé.
— Ok, ok, promis je ne cherche pas à gagner du temps, je suis comme ça, c'est tout ! Désolé.
D'un coup d'œil j'interrogeai Azaldée qui me fixait comme si elle ne m'avait jamais vu.
— C'est vrai, c'est un chieur de première classe mais il a toujours été fiable. A ta place je lui répondrais, ajouta-t-elle avec une grimace éloquente à l'adresse de son cousin.
— Je ne suis pas certain que cela fonctionne, mais on peut essayer.
— De toute façon on a plus beaucoup de temps, alors autant tenter le coup, approuva Grant. Je vais prévenir Cat et l'aider à motiver Juan, si nécessaire.
— C'est qui lui ? demanda Uriel en débarquant au moment où Grant partait au pas de course.
— Quelqu'un qui va nous aider, s'il ne veut pas avoir un nouveau sourire, ricana Lyn en me tendant le téléphone qu'elle venait de prendre dans la poche arrière du sorcier.
Je m'en saisis et laissant un peu d'espace à Arslan, lui tendis l'appareil sans un mot, ma lame toujours non loin de sa gorge.
— Au moindre mot suspect, vous êtes mort et je n'hésiterai même pas, lui susurrai-je à l'oreille, Whisper humant avec délice l'odeur âcre de sa peur.
— Je n'en doute pas, ma belle, plaisanta-t-il malgré tout en débloquant l'appareil d'un geste du pouce. Mais vous devriez demander à votre pote, là, de remplacer John. Ils ont quasiment la même voix, ça pourrait les duper, ajouta-t-il an désignant Uriel d'un signe de tête prudent.
Sans même réfléchir ou attendre qu'on lui explique, Uriel fonça en direction du troisième site.
— J'aime ce mec, approuva Cooper avec un grand sourire, imité par Nicolas.
Il revint à peine quelques minutes après, un téléphone dans les mains.
— Tu connais le code ? demanda-t-il à Arslan.
— Oui, 0000. Ils n'avaient pas inventé la poudre !
Il briefa brièvement le jeune loup, qui s'éloigna pour aller téléphoner pendant que mon sorcier, toujours sous ma lame, faisait de même.
— Équipe deux au rapport, énonça-t-il après trois sonneries. Avons subit une perte, mais la situation est sous contrôle.
Seul le silence lui répondit et nous retînmes tous notre souffle.
— Ok, venons de recevoir confirmation des équipes une et trois. Amenez les colis prévu au point de rendez-vous dans deux heures, répondit une voix froide et impersonnel avant de raccrocher brutalement.
— Un répit de deux heures, ça vous ira ?
— On a tous entendu les deux côtés de la conversation, du con ! lui balança Cooper alors que je relâchai enfin le sorcier qui s'assit sur le sol, les jambes étendues devant lui.
— Désolé, j'oublie parfois que vous êtes des...surhommes !
— Bon, on va peut-être arrêter les vannes si on veut que tous le monde reste entier ? Et croyez-moi, ça me fait mal de dire ça ! nous scotcha Lyn, alors que tous le monde se détendait légèrement.
Maintenant que l'influence de Whisper et l'adrénaline avaient reflué, la fatigue revint à la charge agitant mes muscles malmenés de tremblements. Nicolas m'enlaça tendrement par derrière et m'entraina vers les voitures, laissant Uriel gérer les deux sorciers. Il m'ouvrit la portière arrière et me fit signe de me glisser sur la banquette pendant qu'il ouvrait le coffre. Le courant d'air ainsi formé me fit frissonner de plus belle, mais fut heureusement de courte durée. Nicolas revint presque aussitôt avec une couverture, une bouteille d'eau et un paquet de gâteaux.
— Ce n'est pas un festin, mais il faudra s'en contenter, me dit-il en se glissant à côté de moi sur le cuir froid.
Calés l'un contre l'autre, nous dévorâmes les biscuits trop sucrés en buvant de l'eau, le regard rivé sur l'horizon et le jour qui se levait lentement, immuable et magnifique, ignorant du drame qui venait une fois de plus de se jouer.
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