Chapitre 33-2
*En ligne jusqu'au dimanche 18 Avril*
— Ça, c'est une sacrément bonne question, rumina Grant à côté de moi alors que le reporter mystère continuait son flash info entrecoupé de grésillements et de larsens qui nous déchiraient les tympans, nous forçant à nous éloigner de la voiture.
— Vous voyiez que c'était bien un tremblement de terre, nous dit Lucinda alors que nous revenions près du feu de camp anémique qui fumait plus qu'il ne chauffait.
— Et vous trouvez ça normal, vous, un séisme aussi violent dans une partie du monde où il n'y en avait jamais eu ?!
— Qu'est-ce que vous insinuez exactement ? Que cette catastrophe aurait pu être provoqué ?! Et par qui, les petits hommes verts ? Après tout, ils existent peut-être ?!
— Si vous saviez de quoi votre armée et votre gouvernement sont capables...
— Et on en parle de vos capacités à vous ?! s'énerva la sheriff. Comment vouliez-vous qu'ils réagissent après ces attaques sauvages ? Tous ces morts, tous ces gens transformés en...
— Allez-y, dites-le, vous en mourrez d'envie ! En monstres ! Pourtant, nous sommes tout de suite moins monstrueux lorsque vous avez besoin de nous ! aboya Grant, la main sur la cross de son arme.
L'esclandre commençait à attirer du monde et la situation risquait de dégénérer à vitesse grand V, vu la désapprobation et l'hostilité s'étalant sur les visages qui nous entouraient.
— Je ne vous considère pas comme des monstres, mais ceux qui sont transformés...
Un frisson la parcourut et je vis de la peur passer dans son regard.
— D'ailleurs, comment pouvez-vous être si différents ? ajouta-t-elle en détaillant volontairement Grant du regard.
Le métamorphe subit l'examen sans broncher, prenant peut-être cela pour le compliment indirect que c'était, au fond. Je vis plusieurs bouches s'ouvrirent, mourant d'envie de crier la vérité et de dévoiler notre secret, mais finalement, sous la pression du regard de Grant, personne n'osa aller jusqu'au bout.
— Parce que les métamorphes ne vous ont jamais menti, retentit la voix de Nicolas, douce et forte à la fois. Mais mes semblables et moi, nous ne sommes pas des métamorphes.
La bombe verbale de Nicolas explosa dans un silence incrédule. Les traits tirés, il marchait lentement vers nous, soutenu par Uriel dont le visage fermé ne laissait échapper aucune émotion. Doucement, il l'aida à s'assoir sur l'herbe, le dos appuyé contre un tronc couché qui servait déjà de banc à deux autres personnes.
— Nicolas, non ! gronda Grant lorsqu'il le vit ouvrir la bouche.
— On ne peut pas continuer comme ça, fuir, se cacher. Si on avait dit la vérité dès les premières attaques, on n'en serait peut-être pas là, aujourd'hui. Du moins, vous, vous n'en seriez pas là.
— Parce que tu crois vraiment qu'ils auraient fait la distinction ? Ils nous auraient tous mis dans le même panier, comme maintenant. Faire ton coming-out ne servira à rien, mis à part vous tatouer une cible dans le dos.
Lucinda fixait les deux hommes, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte, ne sachant pas vraiment sur lequel des deux fixer son regard.
— Je ne savais pas que tu prenais nos intérêts autant à cœur, Grant ? plaisanta Uriel, bien que son sourire ne montât pas jusqu'à ses yeux.
— Tu n'as pas l'air plus ravi que moi de la soudaine sincérité de ton Alpha.
— Détrompe-toi, nous en avons discuté avant de vous rejoindre et nous sommes d'accord depuis longtemps sur ce point. Je lui en veux pour m'avoir forcé à l'amener ici malgré un pneumo-thorax ! grinça-t-il entre ses dents serrées, lançant à Nicolas un regard noir que j'imitai presque aussitôt.
— Pas la peine d'en faire tout une histoire, vous savez tous très bien que j'en ai vu d'autre et Cooper avait besoin de place.
Nicolas tourna lentement la tête dans ma direction avant de me tendre la main dans un geste conciliatoire. Ne pouvant résister à son regard de loup battu, j'allais m'assoir à côté de lui et glissai sans hésiter ma main dans la sienne, la serrant pour lui montrer mon soutient. S'il devait y avoir une guerre entre nous et les humains, autant qu'ils soient au courant de tout. Si nous nous retrouvions dans cette situation c'était en grande partie en raison du secret entourant l'existence des loups-garous. J'étais d'accord avec Nicolas, cela avait trop duré, même si à mon humble avis il était un peu tard et qu'à notre petit niveau, cela aurait peu d'impact.
— Attendez, dit soudain Lucinda le front plissé par la concentration. Alpha, comme dans les films de loup-garou ?
— Le grand méchant loup est sorti du bois ! balança quelqu'un en ricanant.
— Non ! Vous voulez me faire croire que vous seriez des loups-garous, comme on peut en voir au cinéma ?!
— Ah non, désolé de vous décevoir, lui répondit Nicolas avec un rictus sardonique. On ne se transforme pas en monstres moches et hirsutes pas plus qu'on ne brille au soleil ! La seule chose véridique est que notre morsure peut transformer un humain, comme vous avez pu vous en apercevoir par vous-même. Mais nous sommes différents des métamorphes. D'ailleurs en temps normal, nous nous évitons cordialement, ajouta-t-il avec un clin d'œil en direction de Grant.
Vue de l'extérieur on aurait pu le croire blagueur et détendu mais ce n'était que de la poudre aux yeux. Sa main serrait la mienne à l'en écraser et je sentais la tension de tout son corps jusque dans ses doigts. Par son côté décontracté et détendu il essayait de faire passer un message à Grant, en dire oui, mais pas trop. Raconter que les métamorphes avaient jadis éradiquer les loups-garous n'étaient peut-être pas une bonne idée à ce stade, pas plus qu'entrer dans les détails. Lucinda qui paraissait avoir du mal à assimiler la révélation, fixait toujours Nicolas et Grant à tour de rôle. Finalement son regard tomba sur nos mains jointes, puis sur moi et ne me lâcha plus.
— Ok, admettons que je gobe votre histoire, pourquoi vous mettre subitement à nous attaquer ? Vous auriez pu vous dissimuler parmis les métamorphes et personne n'en aurait rien su.
— Parce que ceux qui ont fait ça, voulaient déclencher une guerre entre nos deux peuples, dit Grant.
— Nous ne nous sommes pas révéler car nous avions peur de votre réaction. Nous attendions que le choc de la découverte des métamorphes s'estompent et nous avons compris le danger trop tard.
— Vous avez essayé de l'empêcher ? souffla Lucinda d'une voix blanche.
— Bien sûr, intervins-je avec un sourire triste. Nous n'avons rien contre vous et les seuls humains que Nicolas a transformé s'était pour leur sauver la vie, mentis-je avec un aplomb qui m'étonna moi-même.
— Mais vous ne pouvez pas garder ça pour vous. Il faut que nos dirigeants l'apprennent...
— Et vous croyez vraiment qu'ils nous écouteraient ? Il faudrait déjà que nous puissions approcher d'un humain sans se faire tester, tuer ou arrêter, dit Uriel d'un ton amer. Vous allez voir qu'ils vont réussir à nous mettre ça sur le dos ! ajouta-t-il en désignant le parc et la maison dévastée d'un geste du bras.
— Parce que vous en êtes capable ?!
— Bien sûr que non ! Mis à part nous changer en loup et un petit boost de nos sens et de nos capacités physique, nos supers pouvoirs s'arrêtent là, s'esclaffa Uriel d'un rire sans joie.
— Nous nous ne pouvons pas, mais ce n'est pas le cas de quelqu'un que je connais.
La voix d'Allistaire nous parvint avant que Cooper et lui n'apparaissent au détour de l'une des voitures. Lorsqu'ils virent Lucinda, ils comprirent leur erreur mais le mal était déjà fait.
— Vous voulez dire qu'il existe des... des gens capables de provoquer des tremblements de terre ? s'étouffa-t-elle presque devant l'énormité de ce qu'elle avançait.
— Évidemment que non, on n'est pas dans X-men ! balança Lyn qui suivaient les deux hommes. Allistaire si tu discutais de ton plan d'évacuation avec le sheriff ? Deux représentants de l'ordre valent mieux qu'un ?
— Vous êtes flic ? s'étonna Lucinda en avisant la mise débraillé et l'air de surfeur d'Allistaire.
— Oui, Lorcan Allistaire, brigade des affaires non-humaine.
Le visage de Lucinda se détendit aussitôt et elle commença à bombarder le pauvre Allistaire de questions tandis qu'il l'entraînait à l'écart.
— Merci Lyn, tu es la meilleure, murmurai-je à son encontre en lui souriant.
— Qu'est-ce qu'il voulait dire ? attaqua aussitôt Grant dès que la sheriff ne fut plus à portée d'ouïe.
Cooper nous fixa d'un regard grave, avant de prendre une grande inspiration.
— Son chef, Gabriel Worth, peut provoquer des séismes et pleins d'autres choses, nous avoua-t-il d'un ton coupable et malheureux.
— Tu plaisantes ? siffla Lyn qui avait soudain cesser de rire.
— Non, je l'ai vu faire. Mais attendez, Allistaire et moi sommes d'accord sur un point, ça ne peut pas être lui, ça ne lui ressemble pas.
— Alors pourquoi nous en parler dans ce cas ?
— Ce n'est pas parce que nous ne connaissons que lui, que d'autres n'en sont pas capables ?
— C'est un peu tiré par les cheveux quand même ? hasarda Grant.
Lyn s'esclaffa d'un rire sinistre et sans joie avant de s'affaler sur le sol à côté de moi.
— C'est exactement ce que certains ont dit en parlant des loups-garous et regardez où ça nous a mené !
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