Chapitre 27-2

*En ligne jusqu'au jeudi 01 Avril*


Le regard que nous échangeâmes devait être éloquent car Cooper se mit à nous dévisager, à la fois surpris et pensif.

— Il s'est passé quoi, encore ? demanda-t-il dans un soupir, un sourire incrédule s'affichant momentanément sur ses lèvres, avant que son sérieux habituel ne le remplace.

— Si on te disait que l'on n'en sait rien, en fait, tu nous croirais ? lui demanda Nicolas d'un ton désabusé en se relevant.

Il m'entraîna à sa suite et je fus surprise de ne pas sentir le sol tanguer sous mes pieds. J'étais stable et ma fatigue paraissait s'être envolée. Plus de maux de tête, plus de vertige... en fait je ne m'étais pas senti aussi bien depuis des jours.

— Oh, avec vous, je m'attends à tout, donc oui, sans problème ! s'esclaffa-t-il de bon cœur en se dirigeant vers l'escalier. Le problème, c'est qu'un mystère de plus dans le décor ça va commencer à faire charger ! Il faut que vous voyiez ça ! nous dit-il en agitant le dossier qu'il tenait, dissimulé sous le bloc-notes qui ne le quittait presque jamais.

— Attend ! l'arrêtai-je, en le voyant déjà le pied sur la première marche. Où est Allistaire ?

— Il veille sur Mia et Abby.

— Tu ne crois pas que c'est un peu risqué ? s'étonna Nicolas, la mine soucieuse.

— Non, bien au contraire. Ils sont tout de suite plus apaisés lorsqu'ils sont ensemble.

— Même Mia ? m'étonnai-je à mon tour. Pourtant, ce n'est pas un loup ?

Pour toute réponse, Cooper se contenta de brandir son dossier dans notre direction, un sourire énigmatique sur les lèvres. Puis il grimpa l'escalier quatre à quatre, nous laissant seuls et perplexe dans la pièce désertée.

— On devrait peut-être parler de ce qu'il s'est passé ? me dit Nicolas. Tu crois vraiment que nous avons communiqué par télépathie ?

— Si c'est vrai, je n'en ai pas eu conscience, et toi ?

— Non plus. Mais les... sensations ont... disparues. Apparemment c'était transitoire ?

Oui mais transitoire pourquoi ? pensai-je en regardant Nicolas commencer à monter les marches. Je détaillai sa stature, sa musculature et sa manière de bouger qui m'était devenue si familière au fil des mois. Je crois que je cherchais un changement, une modification, même minime, qui témoignerait de ce que nous venions de vivre. Était-il différent ? Car moi, même subtilement, je me sentais différente.

— Tu veux en parler à Azaldée ? me demanda Nicolas alors que nous débouchions au rez-de-chaussée, en effleurant mon bras du dos de sa main

— Non, surtout pas ! m'écriai-je presque, me retenant suffisamment pour que ma voix ne porte pas à travers tout le corridor que nous étions en train de traverser.

— Ne t'inquiète pas, je suis d'accord avec toi, me dit-il alors qu'il s'arrêtait devant une porte lambda.

En théorie, aucun de nous deux ne savait où se trouvait le bureau de Grant, mais nous n'en avions pas besoin. L'énergie qui se dégageait de la pièce nous guidait encore mieux qu'un phare en plein brouillard. Nicolas frappa trois petits coups rapides sur le battant et l'ouvrit dans la foulée sans attendre de réponse. Nous étions attendu, pas besoin de bénédiction, approuvai-je alors que nous entrions.

Contrairement à son propriétaire, au premier abord, le bureau de Grant était chaleureux. Les murs chocolat décorés de tableaux de marine et de croquis de bateaux, se mariaient à merveilles avec les meubles en teck et le parquet façon ponton. Tout dans cette pièce respirait le calme et la sérénité, malgré l'aura d'excitation mêlé de peur qui émanait de Cooper. Assis dans un fauteuil club, sa jambe tressautant à la mesure de son impatience, il se leva tel un ressort dès qu'il nous aperçut.

— Il était temps que vous arriviez, nous accueillit Grant d'un ton narquois. Vu son état d'excitation, j'ai hâte de savoir ce qui va encore nous tomber sur la tête, ironisa-t-il. Ou peut-être pas, en fin de compte ?! Un verre ? nous demanda-t-il en levant celui qui, jusqu'à présent, était dissimulé par sa cuisse.

— Non merci, sans façon, lui répondit Nicolas.

— Tu es sûr ? insista Grant en avalant une gorgée du breuvage mordoré. Je sens que les nouvelles à venir passerons mieux avec un petit remontant.

— Je n'ai jamais apprécié le goût de l'alcool et Ombre n'en aime pas l'odeur, ajouta-t-il en fronçant délibérément le nez, un éclat malicieux dans le regard.

Grant sourit doucement avant de se resservir et de faire de même pour Thomas qui, assis sur une chaise, faisait tourner son verre entre ses paumes. 

— Et toi, Rose ?

— Je ne bois pas d'alcool non plus, mais merci quand-même, répondis-je simplement avant de me tourner vers Cooper. Alors, qu'est-ce que tu voulais nous dire ?

— Ah ben ce n'est pas trop tôt, maugréa-t-il entre ses dents avant d'ouvrir d'un geste sec la chemise cartonnée posée sur un guéridon.

Il en sortit plusieurs feuilles qu'il nous distribua. J'avais l'impression d'être de retour à l'école. C'était, à l'évidence, un résultat d'analyse mais les mots et les chiffres qui s'étalaient sur la feuille aurait aussi bien pu être du javanais pour moi.

— Pourquoi nous donner ça ? Je te rappelle que personne ici, n'a fait médecine, lui dit Nicolas aussi perdu que nous tous devant cet étalage de données.

— Comparez vos feuilles ? nous ordonna Cooper.

Interloqués, nous nous regardâmes tous durant une seconde avant de nous exécuter. Nous rejoignîmes Grant devant son bureau où il avait posé sa feuille et disposèrent les nôtres à côté.

— Qu'est-ce que vous voyez ?

— Qu'elles sont toutes identiques, sauf une ? répondis-je la première, avantagée par mes études et les centaines d'analyses de documents allant avec.

— Exactement, me félicita Cooper avec un sourire. Maintenant, regardez ce qui est écrit en haut à droite.

— Patient #3, lus-je sur ma feuille.

— Bon d'accord, il y a quatre patients différents, résuma Grant au bout d'une minute. Ça ne nous explique pas où tu veux en venir, ni ce que nous sommes en train de regarder.

— Vous regardez des analyses A.D.N. Le patient #1 c'est Allistaire, le #2 c'est Abby, le #3 Mia et le #4 c'est moi, pour la comparaison, nous expliqua Cooper.

— Mais c'est impossible ! intervint Thomas, sourcils froncés. Il a dû y avoir un problème lors de l'analyse ou du prélèvement ? Car si je me rappelle bien mes cours de S.V.T, ces résultats signifieraient qu'Allistaire, Mia et Abby sont des triplés ! C'est absurde !

— En effet, c'est absurde, renchérit Cooper. Pourtant c'est la réalité, aussi impossible qu'elle soit.

— Tu es certains de ces analyses ? D'ailleurs, comment es-tu parvenu à avoir des résultats aussi vite ? lui demanda Nicolas.

— Et des résultats tout court ?! ajouta Grant. Comment as-tu envoyé les prélèvements ?

— Je les avais confiés à Greta avant de venir ici. Le labo qui a fait les analyses a beau être clandestin, j'ai une totale confiance dans les médecins qui y travaillent. Ils n'ont pas fait d'erreur.

— Alors comment tu expliques ça ?

— Justement, je ne l'explique pas.

— Quelqu'un d'infiltré dans le labo aurait pu falsifier les résultats ? proposa Grant.

— C'est toujours possible, admis Cooper, mais dans ce cas-là, pourquoi nous laisser des résultats aussi... étranges ?

— Etranges dans quels sens ? demandai-je, lasse de tourner autour du pot.

— Et bien, nos amis, présentent tous un A.D.N mixte. Mélange d'humain, de métamorphe et de loup-garou.

— Ce qui est biologiquement impossible puisque lorsqu'un humain est transformé en loup-garou son A.D.N est recombiné pour devenir cent pour cent mutant. Sans cela, pas de transformation possible, nous expliqua Nicolas.

— Je le sais bien, s'énerva Cooper. Toujours est-il que c'est un fait. Ces trois-là sont des hybrides et apparemment ils peuvent eux-aussi se reproduire par morsure.

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