Chapitre 27-1
*En ligne jusqu'au mercredi 31 Mars*
Contrairement à la première fois, nous ne nous fîmes par surprendre ayant senti la montée en puissance brutale de son pouvoir. Le souffle nous projeta quand même quelques mètres en arrière mais nous parvînmes à rester debout. Cooper avait, lui aussi, plus ou moins résisté, même si c'était sans doute grâce au mur qu'il tenait toujours sur ses jambes.
Je secouai brièvement la tête pour m'éclaircir les idées et dégager les mèches de cheveux tombées devant mon visage. Une sorte de fourmillement traversait tout mon corps, couvrant ma peau de chair de poule et me donnant l'impression d'être parcouru d'électricité. Nicolas, tout de suite opérationnel, s'était placé aussitôt devant moi et je compris pourquoi lorsque je me décalai de quelques pas.
La porte de la cellule avait littéralement implosée et gisait, dans un amas de ferrailles tordues, à mi-chemin du mur. Nicolas, d'un geste du bras, me fit signe de rester en arrière mais ses précautions étaient inutiles car Allistaire n'était, dans l'immédiat, plus un danger pour personne. Il gisait lui aussi contre le mur de sa cellule entouré du lit de camps tordu qu'il avait entraîné avec lui. Il était conscient, mais ses yeux clignaient sur un regard flou, cherchant à faire le point sur nos visages sans y parvenir.
Nicolas s'avançait vers la porte défoncée lorsque Grant déboula dans la pièce, Thomas sur les talons.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé encore ? demanda-t-il avant que son regard ne se pose sur la cellule ravagée.
— On a senti une déflagration de pouvoir et on a cru... ajouta Thomas, s'interrompant lorsqu'il croisa mon regard. Tout le monde va bien ?
— Vous avez cru que c'était moi, repris-je avec un petit sourire narquois. Désolée de vous décevoir mais cette fois-ci, je n'y suis pour rien.
— C'est le louveteau qui a fait ça ?! siffla Grant entre ses dents.
— Je t'avais dit que ces cellules ne retiendraient pas un loup-garou déterminé, dit Nicolas en se tournant vers lui.
— Tu m'avais dit, très exactement, qu'elles ne résisteraient pas à un loup-garou de ton niveau. Ce loup à trois mois à peine ! Comment est-ce possible ?
— Franchement... aucune idée, expira Nicolas en entrant dans la cellule. Je ne m'explique même pas pourquoi il a pété les plombs. Tout le monde était calme, personne ne le menaçait...
— Il avait peur, intervint Cooper d'une voix légèrement essoufflée. C'est lorsqu'il a remarqué ses griffes qu'il a disjoncté.
— Parce que... ça n'était jamais arrivé, ânonna Allistaire d'une voix bredouillante tandis que Nicolas l'aidait à s'extraire de la carcasse martyrisée du lit de camp.
Heureusement qu'Allistaire ne pouvait pas voir l'expression arboré par Nicolas, car cela l'aurait fait flipper de plus belle, pensai-je alors que les deux hommes sortaient de la cellule. Grant recula, fixant l'avancée du jeune loup d'un regard méfiant et allant machinalement se placer devant l'escalier, comme s'il voulait l'empêcher de rejoindre le corps principal de la maison.
— Allistaire, vous voulez bien venir avec moi ? lui demanda Cooper.
Malgré le ton neutre et posé qu'il avait employé, Allistaire sursauta. Il jeta un regard interrogatif à Nicolas qui acquiesça d'un signe de tête avant de le confier à Cooper qui l'entraîna dans la pièce voisine.
— Non mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?! s'écria Grant dès que la porte se fut refermée sur eux. Comment ce mec peut-il être aussi puissant en si peu de temps ? Et apparemment sans en avoir conscience, en plus !
— Comme je te l'ai déjà dit il y a cinq minutes, je n'en sais rien ! s'énerva Nicolas d'un ton sourd. Que ce soit lui, ou les deux fillettes, il y a quelque chose qui cloche et cela a forcément à voir avec cette pseudo congrégation.
— Tu crois que c'est une bombe à retardement, comme la gamine ? Qu'il faisait partie d'un commando dormant sensé attaquer comme en Europe ?
Les deux hommes se regardèrent tandis que le silence s'installait dans la pièce nue et froide. Un frisson me parcourut et machinalement, je m'enroulai de mes bras. Mais le froid qui me saisissait n'était pas seulement physique. J'avais peur. Jusqu'au tréfond de mon être, je sentais la crainte m'envahir et me glacer jusqu'à l'os. Comme lorsque l'on est piégé dans un cauchemar et que quoi que l'on fasse, on ne parvient pas à en sortir. Je sentais que quelque chose se préparait, quelque chose d'énorme qu'il serait impossible d'arrêter une fois en route.
— Tu trembles, me murmura doucement Nicolas à l'oreille en effleurant mon épaule de sa main. Viens, on remonte, ajouta-t-il en m'entraînant vers l'escalier où Grant nous attendait.
— Il va se passer quelque chose, chuchotai-je. Nous devons trouver des réponses et vite... je sens...
La nouvelle énergie que je portais en moi sembla flamboyer et je sentis Nicolas hoqueter lorsque l'énergie le frôla. Pourtant il ne me lâcha pas, gardant son bras autour de mes épaules pendant que mon pouvoir s'émancipait. Comme une brise légère, il retourna se frotter contre l'aura de Nicolas, le gouttant et le testant.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? me demanda-t-il dans un souffle.
Je voulus lui répondre mais le pouvoir ne me laissa pas faire. Bloquant mon souffle dans ma gorge, il repartit à l'assaut. Nous étions à présent collé l'un à l'autre, nos visages séparés d'à peine quelques centimètres, seuls au monde. Je n'avais plus conscience de ce qui m'entourait, seul comptait Nicolas et le pouvoir. Cette force grandissante qui s'insinuait dans les moindres recoins de mon être, cherchant à me remplir entièrement. Lorsque nos lèvres se touchèrent, elle se déversa en Nicolas et l'engloba. Il hurla dans ma bouche et je le sentis se raidir dans mes bras, tandis que le pouvoir l'éprouvait, le testait, puis l'acceptait avant de nous relâcher enfin.
Nicolas s'affaissa dans mes bras et je ne cherchai même pas à le retenir, l'entraînant avec moi vers le sol où nous nous assîmes, toujours enlacés. Nous nous trouvions encore au pieds de l'escalier. Grant, quelques marches plus haut, nous fixait d'un regard agacé et réprobateur.
— Vous croyez vraiment que c'est le moment ? expira-t-il en secouant la tête.
Quoi qu'il vienne de se passer, il ne s'était rendu compte de rien ! compris-je en un clin d'œil, essayant de cacher ma surprise.
— Vous êtes sûrs que vous allez bien ? J'ai loupé quelque chose ? revint-il à la charge, l'inquiétude remplaçant progressivement l'irritation dans ses yeux quand il comprit que quelque chose n'était pas normal.
— Non, ne t'inquiètes pas, lui répondit Nicolas d'une voix légèrement chevrotante. Rose ne devait pas être si bien remise que ça de sa métamorphose. C'est juste un petit coup de pompe, on te rejoint dans quelques minutes.
— Ok, répondit-il dubitatif. Thomas et moi seront dans mon bureau.
Me rappelant soudain la présence du métamorphe, que j'avais totalement oublié, je le cherchai du regard et l'aperçu, quelques marches plus haut. Le regard qu'il fixait sur nous était pensif mais surtout terriblement incisif. Si Grant n'avait rien ressenti, ce n'était pas le cas de Thomas, compris-je alors que les deux hommes s'en allait nous laissant seuls.
Presque sans y penser nos regards se rivèrent de nouveau l'un à l'autre et je perçu dans celui de Nicolas de la surprise teinté de peur.
« C'est donc cela que tu ressens ? Cette... appréhension sourde et diffuse ? »
« Comment ça ? », lui demandai-je perplexe.
« Ce que tu me disais avant... qu'il ne se passe ce qu'il s'est passé. Cette certitude d'un malheur imminent. Je la ressens maintenant. Je l'éprouve, ici » m'expliqua-t-il en touchant sa poitrine puis sa tempe de sa main.
— Ben, qu'est-ce que vous faites ?! nous interpella Cooper, surpris. J'ai failli vous rentrer dedans !
La blouse mal boutonnée, un bloc note dans une main et son téléphone de l'autre, il s'était arrêté à quelques centimètres de nous.
— Pourquoi vous restez par terre, sans un mot, il y a un problème ?
— Non, j'ai juste eu un petit coup de mou, lui dis-je en essayant de sourire pour donner le change. Nous discutions un peu des derniers évènements en attendant que je sois assez d'attaque pour me lever.
— Vous discutiez ? Vraiment ? insista-t-il d'un air sceptique et un peu peiné. Si vous aviez envie d'être un peu seuls, il n'y a aucun problème, ce n'est pas la peine de me mentir.
— Non, nous discutions, c'est vrai. Pourquoi on te mentirait ? lui demanda Nicolas, aussi perplexe que moi.
— Ça devait être par télépathie alors ! Car si j'ai failli vous percuter, c'est parce que je lisais les derniers résultats et que je pensais la pièce vide. Il n'y avait absolument aucun bruit.
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