Chapitre 18-2
— Qu'est-ce que tu fais ? me demanda Nicolas surpris en se tournant vers moi.
Je l'avais tiré de ses réflexions en rabattant la couette et en m'asseyant au bord du lit.
— Je me lève. Pourquoi ? Lyn a dit que j'avais dormis à peine une heure.
— Tu devrais te reposer, je ne t'ai jamais vu aussi pâle, me répondit-il d'une voix inquiète.
— Je me suis déjà sentie plus énergique, avouai-je alors qu'un léger vertige me saisissait et qu'il me soutenait d'une main en me fixant d'un regard désapprobateur.
— Nico a raison, tu as l'air complétement vidée. Tu devrais en profiter et rester pénarde dans ton lit plutôt que vouloir crapahuter dans la poussière et les odeurs de transpirations, me sortit Lyn avec un clin d'œil.
Je ne pus m'empêcher de grimacer à l'adresse de la métamorphe rigolarde à moitié avachie sur le pied de lit.
— Si je me sens vraiment trop fatiguée je reviendrais me reposer, mais je ne veux pas passer toute ma journée au lit, dis-je à Nicolas en tournant vers lui mon plus beau regard de loup battu pour tenter de l'amadouer.
Il me fixa d'abord d'un regard sévère et désapprobateur, puis je vis les coins de sa bouche se relever, ses yeux s'adoucir et je sus que j'avais gagné.
— Je ne peux rien te refuser, me murmura-t-il en m'embrassant. C'est un problème. Je devrais peut-être commencer un entraînement intensif contre cet état de fait, qu'en penses-tu ?
— J'en penses que tu devrais lever tes fesses de cette chaise et me laisser passer que je puisse me rendre utile au lieu de bailler aux corneilles !
— Bailler aux corneilles ?! reprit-il avec un rictus amusé avant de fondre sur ma bouche pour me distraire pendant que ses doigts s'insinuaient traitement le long de mes côtes pour me chatouiller.
J'éclatai de rire et tentai de répondre à son attaque vicieuse mais ne parvins qu'à me retrouver dans ses bras, à-demi coucher sur lui.
— Et les amoureux, prenez une chambre ! gloussa Lyn en faisant une moue exagérément dégoutée.
— On aimerait bien mais... tu es dedans ! lui fit remarquer Nicolas dans un grondement amusé.
C'est cet instant précis que choisit mon estomac pour se rappeler à mon bon souvenir. Un gargouillement sonore, long et particulièrement gênant résonna à travers toute la chambre me faisant instantanément devenir rouge comme une pivoine. Lyn, à mi-chemin de la porte se retourna vers moi les yeux écarquiller avant d'éclater de rire en se tenant les côtes.
— Je crois que vous allez devoir remettre votre séance de gymnastique horizontal à plus tard. Rose semble avoir des besoins plus pressants à assouvir ! parvint-elle à nous balancer entre deux hoquets.
— Tu devrais peut-être te calmer Lyn, ou tu vas finir par convulser, sortit Nicolas d'un ton réfrigérant avant de se tourner vers moi. Quant à toi, petite louve, allons te trouver quelque chose à manger, me dit-il avec un sourire attendrit en se levant et en m'attirant à lui d'un seul mouvement. Je te croquerai plus tard, ajouta-t-il au creux de mon oreille dans un murmure coquin, me faisant virer à l'écrevisse.
— Fais le moindre commentaire et je t'assomme ! dis-je à Lyn, toujours morte de rire, alors que nous passions devant elle.
Elle me fixa, ses yeux pétillant d'humour, puis pressant son pouce contre son index les passa symboliquement sur ses lèvres, avant de m'envoyer un baiser imaginaire.
Sans que je ne puisse m'en empêcher, mes lèvres frémirent et je me sentis sourire. Il semblait impossible de rester fâcher contre Lyn. Sa bonne humeur était tout simplement contagieuse. Et soyons honnête, cela faisait un bien fou, pensai-je alors que Nicolas m'embrassait tendrement sur la tempe tout en ouvrant la porte.
La poussière, l'odeur de plâtre et le bruit des travaux, nous enveloppèrent dès que le battant s'entrouvrit. Il faudrait que je pense à féliciter Grant pour son isolation, c'était du costaud ! pensai-je alors que Nicolas m'entrainait à sa suite, les attaques olfactives et sonores me faisant déjà regretter d'avoir quitter ma chambre au bout de quelques pas.
— Tu sais, tu peux toujours faire semblant de t'évanouir et retourner dans le petit havre de paix que tu viens bêtement de quitter, me chuchota Lyn qui nous avait rejoins sans que je ne m'en rende compte.
— Tu as forcément conscience que je t'entends ? gronda Nicolas en poussant du bras la bâche plastique épinglée au plafond et servant de porte provisoire.
— Avec tout ce tintouin ?! J'avais le droit d'espérer quand même, lui répondit-elle en lui tirant la langue.
— Pfff... tu ne changeras jamais ! souffla-t-il en secouant la tête tandis que nous entrions dans la cuisine.
Abby et Mia, qui étaient en train de faire une bataille avec l'eau de vaisselle, s'arrêtèrent net à notre entrée. Nous nous figeâmes également, aussi surpris qu'elles mais certainement pas pour les mêmes raisons. La dernière fois que nous avions vues Abby, Grant avait été obligé de l'assommer avec son pouvoir pour calmer sa louve. La jeune fille qui était devant nous était transfigurée. Les cheveux coiffés en queue de cheval, les joues rougies par l'excitation du jeu, elle irradiait l'innocence et la joie de vivre, normales chez tout enfant de son âge. Enfin, avant que nous arrivions, car là, elles ressemblaient plus à deux souris surprises dans la tête dans la meule de fromage.
— Oh chouette, une bataille d'eau ! je peux jouer ?! lâcha Lyn en entrant en trombe dans la cuisine et se mettant à pourchasser les deux fillettes qui détalèrent en gloussant tout en aspergeant la métamorphe d'eau savonneuse plus ou moins propre.
— Si ta mère voit ça, Mia, elle risque de ne pas être contente ! intervint Grant en entrant dans la pièce.
Son ton sérieux démentit par la lueur d'amusement flottant dans ses prunelles.
— Rooh, n'écoutez pas ce vieux rabat-joie ! Tu sais Grant, il faut savoir s'amuser et se détendre dans la vie, tu devrais essayer un de ses jours ! lui lança Lyn tout en faisant un petit clin d'œil aux filles, qui pour la seconde fois s'étaient figées, légèrement effrayées par la vois naturellement grondante du métamorphe. Allez, nettoyons tout ce bazar et terminons la vaisselle, je vais vous aider, leur dit Lyn en entrainant les fillettes vers le double évier.
— Depuis quand Abby a-t-elle été autorisée à quitter la pièce sécurisée ? demanda Nicolas à Grant d'une voix peu amène en entraînant ce dernier dans le couloir, à l'abri des jeunes oreilles indiscrètes.
— Depuis qu'elle a croisée Mia.
— Explique ?!
— La gamine et sa mère ont absolument voulu nous accompagner lorsque nous avons descendu Allistaire en bas. Elles ne semblaient pas me croire sur parole lorsque je leur ai affirmé que nous ne lui ferions aucun mal, grommela-t-il d'un ton exaspéré. Bref... Abby était agitée, elle marmonnait des propos incohérent en faisant les cents pas lorsque nous avons débarqués. Dès qu'elle a aperçu Mia, elle s'est instantanément calmée et elle se sont mises à papoter comme si elles se connaissaient depuis toujours.
Nicolas et moi échangeâmes un regard surpris autant qu'alarmé.
— Je te rappelle que c'est une louve-garou instable qui n'a même pas conscience de ce qu'elle est ! gronda Nicolas en reportant toute son attention sur Grant. La laisser se promener librement au milieu d'humains innocents n'est pas du tout une bonne idée.
— Tu sembles oublier à qui tu parles ! Depuis qu'elles sont ensemble, la gamine est stable, je peux le sentir, nous expliqua-t-il d'un ton sec en se tapotant la tempe du bout du doigt. Et pour ce qui est des risques, va dire ça à humaine innocente concernée ! C'est elle qui a hurlé que nous maltraitions les enfants et que nous ne pouvions pas laisser la copine de sa fille dans cette cellule sordide.
Le doute qui avait commencé à germer dans mon esprit, se transforma peu à peu en certitude à mesure que Grant parlait. Voulant quand même être certaine que ma théorie était juste, je poussai la porte battante de la cuisine d'une main avant de lancer :
— Et les filles, vous vous connaissez ?
— Bien sûr, nous répondit Mia de sa voix fluette mais à la fois si adulte. Abby était ma référente au centre communautaire de la paroisse.
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