Chapitre 18-1


Lorsque je repris conscience j'eus l'impression d'être passée sous un camion. Courbatures, bouche sèche et tête dans un étau, je ne m'étais pas senti aussi mal depuis ma transformation. J'essayai d'ouvrir les yeux mais mes paupières résistèrent paraissant peser une tonne. J'y parvins tout de même, aux termes d'efforts démesurés, mais tout me paraissait flou. Une sorte de brume flottait dans la pénombre humide ne me permettant pas de distinguer quoi que ce soit. De la brume ?! réalisai-je dans un sursaut, percevant toujours le matelas moelleux contre mon dos. Personne n'aurait laissé de fenêtre ouverte ? De plus l'odeur de sous-bois et de fougère devenait de plus en plus prégnante à chaque seconde, c'était... irréel !

A l'instant où je compris cela, je sus que j'étais dans un rêve et me sentis plus calme. Depuis qu'Ivory était mort, je n'avais voyagé involontairement que très rarement dans mes rêves et à chaque fois dans des souvenirs personnels plus ou moins heureux. Avec l'aide de Waahana je m'étais donc entraînée à sortir de mes songes à volonté. Entrainement plus théorique que pratique la plupart du temps, mais les rares fois où j'avais véritablement essayé, cela avait fonctionné.

M'obligeant à me détendre et à calmer ma respiration, je refermai les yeux et me visualisai éveillée. Je projetai mon énergie et mon corps hors de mon rêve, comme j'avais appris à le faire et me heurtai... à un mur. Un mur métaphysique mais qui me fit presque le même effet que du béton lorsqu'il se dressa devant moi. Étourdie et la tête plus douloureuse que jamais, je gisais toujours sur ce matelas invisible, le souffle court et le cœur battant la chamade.

« Désolé, mais je n'avais pas le choix. »

L'influx mental fut si fort et tellement inattendu que mon cerveau sembla se disloquer sous l'impact. Je connaissais cette voix. C'était celle de Charles Moore, un puissant métamorphe plongé dans un coma inexplicable. La dernière fois qu'il était entré en contact avec moi c'était pour m'aider, mais j'avais comme le funeste pressentiment que cette fois-ci serait différente.

« Qu'est-ce que vous m'avez fait ? » hurlai-je mentalement après quelques secondes de récupération.

« J'avais besoin d'énergie en urgence. Avec ma fille, tu es la seule personne avec laquelle je puisse créer une connexion. Je ne voulais pas en arriver là, mais je n'ai pas eu le choix. »

« C'est vous qui m'avez piégé dans ce rêve ? »

« Oui. Je n'ai pu passer tes défenses qu'une fois que tu étais endormie. Je ne voulais pas te prendre autant d'énergie, mais je n'avais pas d'autres solutions. »

« Je sais vous me l'avez déjà dit... mais attendez, c'est vous qui m'avez rendu malade ? »

« Cela peut-être l'un des effets secondaires, en effet. »

« L'un des effets ?! Parce qu'il risque d'y en avoir d'autres ? » m'exclamai-je malgré la mélasse qui emplissait mon esprit, me rendant lente et bredouillante même en pensées.

Seul le silence me répondit tandis qu'une drôle de vague d'énergie me traversait, faisant vaciller ma conscience.

« Je ne vais plus pouvoir tenir longtemps. » dit Charles d'une voix éthérée que j'eu de la peine à comprendre. « Je suis trop faible et tes défenses sont trop puissantes. Préviens ma fille ! Dis-lui qu'ils me détiennent quelque part sous terre... dis-lui... »

La brume se dissipa brusquement tandis que le rêve volait en éclat, emportant la voix de Charles et le reste de ma conscience. Je rouvris les yeux et tombai dans le regard angoissé de Lyn. Les mains sur mes épaules et son nez à deux centimètres du mien, elle me fixait en louchant.

— Tu es réveillée ?! Rose, tu m'entends ? dit-elle en me secouant.

— Oui, oui je t'entends, pas la peine de crier, lui répondis-je d'une voix éraillée en portant une main à ma tête et en la repoussant légèrement de l'autre. On ne t'a jamais dit que le café donne une haleine de chacal ?

— Ma parole, vous trainez trop ensemble toute les deux ! Tes répliques dans sa bouche ça devient flippant, s'esclaffa une voix que je reconnu comme étant celle d'Uriel.

— Au lieu de raconter des âneries, va plutôt chercher Nicolas ! aboya Lyn en réponse tandis qu'elle s'asseyait lourdement sur la chaise présente à côté du lit.

La tête toujours douloureuse j'essayai de rassembler mes esprits et de chasser les dernières brumes de sommeil qui s'accrochaient encore et cherchaient à me réentraîner dans le néant. Je tentai de me redresser mais mes mains avaient la consistance du caoutchouc et mes muscles pas plus de forces que ceux d'un nouveau-né.

— Tu ne devrais peut-être pas...

— Aide-moi à m'assoir, demandai-je à Lyn d'une voix chevrotante. J'ai peur de me rendormir si je reste allongée.

Elle ne discuta pas et en cinq minutes m'installa confortablement contre mes oreillers.

— Tu as encore la nausée ? me demanda-t-elle en attrapant une bassine posée aux pieds du lit.

— J'ai dormi longtemps ? lui demandai-je après avoir répondu négativement à sa question d'un signe de tête prudent.

— Non, à peine une heure.

— Alors pourquoi cette mine inquiète ?

— Tu te débattais et gémissais dans ton sommeil. J'ai eu peur que ce soit une nouvelle attaque.

— Et tu n'étais pas très loin de la vérité...

— Quoi ?! Quelle attaque ? De quoi vous parlez ? Il y a cinq minutes encore tu dormais comme un bébé, dit Nicolas en se précipitant vers moi, l'inquiétude voilant momentanément ses yeux fatigués.

Je leur expliquai, aussi succinctement que je le pus, ce qu'il venait de se passer, la surprise et l'inquiétude emplissant leurs iris à mesure que mon récit progressait.

— Tu veux dire qu'il a... aspiré ton énergie, un peu comme un vampire ?! souffla Lyn en secouant la tête. Mais je croyais que c'était un métamorphe ?

— Un métamorphe qui a disparu, dit Nicolas d'une voix sinistre. Lui et toute sa communauté seraient introuvable depuis les attaques. Tous le monde pensait qu'ils se cachaient et que les siens l'avaient mis à l'abri. Mais ce que tu viens de nous dire change la donne.

— Et c'était logique de le penser, dit Cooper en pénétrant dans la chambre. Charles Moore a toujours été un hermite paranoïaque et les membres de sa communauté aussi. De fait, personne ne s'est inquiété.

— Et pourquoi le devrions-nous maintenant ? demanda Grant, debout dans l'encadrement de la porte.

— Parce que c'est à cause de lui que Rose s'est senti mal, lui expliqua Nicolas. Il peut la joindre par l'intermédiaire de ses rêves. Et pour que Charles Moore s'abaisse à demander de l'aide et surtout à s'excuser c'est qu'il doit être sacrément dans la merde.

— Franchement, rien que ça c'est bizarre, venant de sa part ! intervint Lyn. Ce n'est pas vraiment pas son genre de s'excuser. Tu es certaine que c'était lui ?

— Oui, j'ai reconnu sa... signature énergétique, tentai-je de leur expliquer avec des mots. Il m'a dit qu'il était prisonnier quelque part sous terre et que je devais prévenir sa fille.

— J'ai essayé de joindre Hannah et Worth plusieurs fois depuis qu'Allistaire nous a rejoint. Leurs téléphones sont éteints et on n'a même pas accès à la messagerie, nous dit Cooper d'une voix soucieuse.

— ça pu cette histoire, dit Lyn dans un claquement de langue inquiet. Tu crois que la B.H.U les aurait arrêtés ?

— Pour les parquer dans leurs soi-disant camps spécial métamorphes ? Non, ils sont beaucoup trop célèbres pour ça. J'espère et je pense plutôt qu'ils se planquent, répondit Nicolas.

— Mais comment Hannah pourrait ne pas être au courant de la disparition de son père ? demanda Cooper.

Personne ne répondit, les mines soucieuses et fatiguées de tous le monde exprimant assez bien le ressenti général. Quand aurions-nous une bonne nouvelle pour une fois ? Et pas une énième énigme et un potentiel désastre à venir ?

— Allistaire nous avait bien dit que le capitaine Worth l'avait aidé à mettre en place sa couverture de jeune cadre dynamique, non ? demanda finalement Lyn en se levant. Il doit pouvoir le joindre ?

— Au fait, comment il va ? demandai-je d'une voix un peu plus assurée maintenant que la migraine régressait légèrement.

— Il récupère dans l'une des cellules sécurisées du sous-sol. Il dort toujours, mais ses constantes sont bonnes et la fièvre est tombée, m'expliqua Cooper. Mais on ne sait toujours pas ce qu'il a eu. Je vais aller voir comment il va et tenter de le réveiller. Tu as raison, Lyn, il pourrait savoir comment joindre Worth.

Puis sans attendre de réponse il sortit de la pièce d'un pas pressé, les yeux déjà rivés à son smartphone. 

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/!\ IMPORTANT /!\

Attention ! Message très important !!! 

Comme "Whisper" le tome 2 de cette trilogie sort lundi en papier et en numérique, ma maison d'édition Beta Publisher, m'a demandé de cesser de poster la suite de "Lupus Nostrum" sur Wattpad !! :-( !!

Mais rassurez-vous, je suis parvenue à négocier pour que vous, mes lecteurs fidèles sur wattpad, puissiez lire l'histoire dans son intégralité ^.^

 Donc, à partir du chapitre 20, les chapitres ne resteront en ligne que 2 jours, pour vous laisser le temps de les lire et ensuite repasseront en brouillon pour ne pas que l'histoire soit entièrement disponible gratuitement ce qui pourrait porter préjudice à ma maison d'édition puisque ce tome sera publié en juillet. 

J'espère que cette arrangement vous convient et désolée pour cette contrainte supplémentaire. J'espère que vous serez malgré tout au rendez-vous ^.^ 

Je vous souhaite un très bon week-end et si vous avez des questions n'hésitez pas ^.^ 

Kissss et à très vite sur la suite <3 <3 <3 

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