Chapitre 16-2


— Défini « infiltré », lui demanda Nicolas après quelques secondes de silence.

— Ils me prennent pour un jeune cadre qui vient de s'installer dans le quartier. Au bout d'à peine une semaine j'étais déjà intégré.

— Je croyais vous avoir entendu dire qu'il n'y avait que des familles ? intervint Cooper. Et comment as-tu pu te faire passer pour un gentil gars du quartier en n'habitant pas là-bas ?

— Parce que depuis une semaine j'y loue une petite maison et qu'ils sont persuadés, preuves à l'appuies, que j'ai un fils et que je suis en train d'obtenir sa garde exclusive.

— Comment as-tu réussi ça ? Tu ne peux pas avoir gardé ton poste, après ce qu'il s'est passé ?

— Et si. Techniquement, je suis toujours flic. En arrêt maladie pour une durée indéterminé. Gabriel Worth, notre supérieur, expliqua-t-il pour notre gouverne, me couvre. Il espère faire passer ça pour une véritable opération de police en sous-marin, lorsque nous aurons pu prouver l'implication de Liberté Nouvelle dans les attaques de la seconde révélation.

Presque tout le monde grimaça à l'entente de cette dénomination mensongère mais qui, malheureusement, était quasiment entrée dans le langage commun.

— Qu'est-ce qui vous a amené à penser qu'ils pouvaient être impliqués ? demanda Nicolas.

— Et vous ? contra immédiatement Allistaire.

Nicolas fronça les sourcils et se mit à fixer intensément Allistaire. Même si nous ne partagions plus nos émotions je compris qu'il le jaugeait, cherchant à savoir s'il était vraiment digne de confiance.

— Son chef est le compagnon d'Hannah, je crois que l'on peut lui se fier à lui, dit doucement Cooper.

— J'ai été embringué là-dedans malgré-moi. Même si j'aurais dû savoir à quoi m'attendre en postulant pour la nouvelle division surnaturelle, ironisa Allistaire en baissant volontairement les yeux devant Nicolas.

Pourtant son aura commença à enfler, tout de suite contrer par celui de Nicolas, emplissant lentement la pièce d'un pouvoir subtil mais difficile à ignorer. Même Greta, qui était humaine, se mit à se dandiner d'un pied sur l'autre, visiblement mal à l'aise.

— Moïra ? Vous et les enfants devaient être fatigués ? Suivez-moi, je vais vous montrer un endroit où vous pourrez vous reposer.

La jeune maman se leva, hésitante, son regard faisant la navette en Allistaire et nous. Les deux enfants accrochés à ses mains, nous fixaient. Apeuré pour l'un et curieuse pour l'autre.

— Vous allez nous aider ? finit par demander Moïra d'une voix à la limite de la supplique en s'adressant à moi.

Sous ses airs de damoiselle en détresse, elle avait très bien compris où se trouvait le maillon faible. En tous les cas c'est ce qu'elle croyait ou ce que son expérience lui avait appris. Jouer la solidarité féminine n'était pas une mauvaise option et évidemment que j'avais envie d'aider une jeune mère et ses deux enfants, mais je ne mettrais pas non plus les miens en danger sans réfléchir et sur ce coup-là, je ferais confiance à Nicolas. S'il jugeait que c'était trop dangereux, j'appuierai sa décision.

— Bien sûr, si c'est en notre pouvoir, lui répondis-je d'une voix douce mais ferme.

Nicolas approuva d'un simple signe de tête toujours concentré sur Allistaire et Moïra finit par suivre Greta à l'extérieur de la pièce.

— Cooper ? Tu peux aller voir comment vont Cat et Asmodée et si elles peuvent et veulent venir avec nous ?

— O.K, répondit ce dernier en claquant la langue, montrant qu'il n'était pas du tout dupe du subterfuge peu subtil de Nicolas pour l'envoyer jouer ailleurs.

Pourtant il sortit à son tour, prenant bien soin de refermer la porte derrière lui. Le pouvoir monta encore d'un cran dans la pièce et je sentis Whisper affleurer à la surface, mêlant sa force à celle de Nicolas. Nous avions peut-être chacun notre meute à présent, mais l'amour et l'instinct de protection étaient encore là. Stable, rassurant et peut-être encore plus fort qu'avant. Ce n'est qu'à cet instant que je perçus vraiment la connexion et ce qui unissait nos loups. Ce n'était pas de l'amour au sens humain du terme, mais une confiance, une acceptation et un soulagement profond d'avoir trouver sa moitié.

Le pouvoir flamboya, me submergeant et me coupant le souffle avant de refluer lentement, me laissant essoufflée, tremblante mais curieusement... complète. Les yeux de Nicolas à présent flamboyant de pouvoir, me fixaient avec amour et une pointe de possession. Cela aurait pu m'effrayer mais c'était plus de l'appartenance que de la possession et il devait lire la même étincelle dans mon regard.

— Vous êtes deux Alphas ? souffla Allistaire.

— Comment le sais-tu ?

— Votre pouvoir... il m'appelle, répondit Allistaire dans un hoquet douloureux.

— Le mien ou le sien ?

— Le vôtre, finit-il par dire après quelques secondes. Vous pourriez arrêter de faire ça, c'est douloureux.

— C'est douloureux parce que tu résistes. Cesse de projeter ton pouvoir contre le mien et tout rentrera dans l'ordre.

— Je... je ne fais pas exprès ! dit-il d'une voix à la limite de la panique. Je ne sais pas comment faire ce que vous me demander.

Nicolas ne répondit pas et reporta son attention sur moi. Ses yeux dans les miens, je sentis son aura s'apaiser et se rétracter lentement, pour de nouveau, n'épouser que la forme de son corps. Je compris qu'il m'incitait à faire la même chose. Comme je m'exécutais, suivant son exemple, il se tourna de nouveau vers Allistaire.

— Sens le pouvoir. Chevauche-le et fais comme nous, lui dit-il alors qu'il m'accompagnait dans le processus.

Je me laissai guider, effleurer par son pouvoir et son essence. C'était presque comme si l'on se touchait. Comme une étreinte douce et passionnée à la fois. Lorsque je rouvris les yeux - que je ne me souvenais pas d'avoir fermés – l'atmosphère de la pièce était de nouveau respirable et je me sentais calme et apaisé.

— Pourquoi réagis-je ainsi à votre pouvoir si je ne suis pas un loup-garou ? demanda Allistaire, de nouveau maître de lui.

— Parce que tu en es un... sans en être un, lui répondit Nicolas d'un ton aussi perplexe que son expression. Je ne m'explique pas comment mais ton pouvoir sent le loup-garou et le métamorphe. D'après ce que je sens, tu as déjà un pouvoir actif, celui de dissimuler ta nature.

— Je pensais que tout les non-humains pouvaient le faire.

— Pas aussi tôt après la transformation. Du moins pas face à d'autres non-humain. Et durant plusieurs minutes nous sommes restés dans la même pièce que toi sans savoir ce que tu étais. En fait, j'avais à peine conscience de ta présence et ça, pour un jeune loup, c'est balèze !

Le compliment détourné fit étinceler les yeux d'Allistaire et je réalisai que ses iris n'avaient pas une seule fois changés de couleurs, même lorsque le pouvoir emplissait la pièce.

— Si vous me laisser vous aider et vous accompagner, nous aurons peut-être l'occasion de comprendre ce qu'il m'est vraiment arriver ? finit-il par arguer, visiblement à court d'arguments.

— Pourquoi vouloir nous accompagner hors de l'état si, comme vous le dites, vous êtes en pleine mission d'infiltration ?

— Je veux vous accompagner pour Moïra et les enfants. Ils ont besoin de votre protection et je sais qu'ils seront plus tranquilles si je suis avec eux. Une fois qu'ils seront en confiance, je reviendrai tenir mon rôle du bon petit adepte de L.N. Ils me croient en vacances avec mon fils, ils ne se méfieront pas.

— Le problème c'est que c'est moi qui me méfie, lui répondit Nicolas. Vous croyez vraiment que je vais vous laisser nous accompagner, voir et localiser notre lieu de retraite avant de retourner foncer chez l'ennemi ? Ce serait vraiment idiot et suicidaire.

Je vis les espoirs d'Allistaire s'envoler en même temps que son sourire. Pourtant il se reprit et redressant les épaules, nous fit de nouveau face.

— En vérité, je voulais venir avec vous aussi pour que vous appreniez à me connaître et comprendre que j'étais digne de confiance.

— Et pourquoi voudriez-vous cela, au juste ?

— Pour que vous m'autorisiez à emmener l'une des vôtres avec moi pour infiltrer Liberté Nouvelle. 

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