Printemps 1975 : premier avril

ART : Owen Kim - @himchann sur instagram


Un jour...


Remus s'éclaircit la gorge. La tête lui tournait un peu. Il avait beau avoir répété et être bien accueilli, face à tous ces élèves qui attendaient plus ou moins sagement le début du jeu, il était empreint de trac. Il balbutia un peu trop vite :

« Bon, alors, voilà : ce jeu, il s'appelle l'Assassin...

- Oh, c'est de bon goût, ça, taquina Ian.

- Vous allez recevoir une carte qui indique le nom de votre victime et le gage à lui faire faire pour "l'assassiner". Par exemple, si j'ai la carte "James Potter – reconnaître un de ses défauts", je dois amener James, notre cher ami à tous, ici présent, à déclarer un de ses propres défauts. Bien entendu, ce n'est pas ce que j'ai inscrit sur la carte de James : la partie ne se terminerait jamais.

- Haha, t'es fier de toi, Lupin, hein ! charria James.

- Attention, s'il ou elle devine ce que vous tentez de faire, c'est vous qui êtes abattu. Mais si vous parvenez à vos fins, vous récupérez sa mission, on comptera les points à la fin. Le jeu s'achève quand toutes les missions sont accomplies.

Et... Eh bien voilà, je crois. Vous avez des questions ?

- On commence quand ? »

Remus fit un large sourire en ouvrant sa besace et chacun se précipita sur sa carte en gloussant d'anticipation. Des cris de joie et d'énervement surgirent :

« Mais c'est impossible... gémit Leonard.

- Oh làlà, qu'est-ce qu'on va rigoler, oh làlà ! répétait Charlotte les yeux rivés sur son papier. Je ne savais même pas qu'il jouait, lui !

- Remus, gronda Lily, il faut qu'on parle...

- De moi ? sourit James de toutes ses dents avant de lui voler sa place dans la file pour interroger son ami : mec, j'ai pas compris comment je peux l'assassiner, si...

- Ah, attends, le tien est particulier », interrompit Remus en lui remettant une seconde enveloppe.

James lui adressa un clin d'œil.

« Ah mais toi, TOI ! 

Très chouette idée, monsieur Lupin, j'apprécie.

- Il ne faut surtout pas que tu te la fasses prendre. Ne te laisse pas assassiner avant d'avoir accompli ton méfait ! »

Remus ouvrit les bras, James qui n'attendait que cela s'y jeta.

« Joyeux anniversaire !

- Je t'AIME. »

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De cours en récréation, il ne fallut pas deux heures pour que l'école fût sens dessus dessous.

La première victoire fut attribuée à Paola, Serdaigle de première année, qui parvint à se faire passer pour une Poufsouffle et entrer dans leur salle commune grâce au préfet Anton. Ensuite, Felix imita si bien la voix de Rusard qu'il fit se dresser les cheveux sur la tête de trois de ses jeunes camarades, dont Judith, qui avait déjà abattu Mila en glissant dans sa poche un boursouflet qui avait entonné un chant de Noël au milieu du cours d'histoire. A ce moment-là, Sirius était en train de faire léviter une craie pour jouer au pendu, derrière Binns qui ne remarquait rien.

Mais tout s'accéléra encore quand, après avoir fait réussir un sortilège particulièrement compliqué à Sally, Flitwick exécuta une petite danse de la victoire dans un silence stupéfait.

« Nnnnnnnan ? s'écria James incrédule. VOUS ?! C'était quoi le gage ?

- Monsieur Lupin m'a mis au défi de faire réussir à votre camarade un sortilège de niveau cinq.

- Oh, mais c'est Sirius le meilleur !

- Bah justement, ça aurait été trop facile ! » frima Sirius, pendant que Sally apportait sa carte au professeur.

Les spéculations montèrent d'un cran. Suliman et Dumbledore jouaient-ils ? En ce qui concernait Hagrid, pas de doute possible mais il tardait à tout le monde de savoir qui serait son heureuse victime. Et comme nous étions le premier avril, plusieurs élèves qui ne participaient pas officiellement se joignirent à la partie, que ce fût pour le plaisir de jouer des tours ou pour duper ceux qui cherchaient à démasquer leurs assassins. Peeves s'en mêla, lui qui n'avait jamais eu besoin de prétexte ni d'encouragement pour semer la pagaille en, par exemple, dispersant des bavboules devant les salles de classe avant le déjeuner pour faire tomber les élèves ou en remplissant les fontaines de la vieille eau de vaisselle du cours de potion, avant de hurler : T'es mort ! dans leur oreille, de sa voix la plus stridente. Madame Pomfresh passa la journée à réparer des tympans lésés.

« Pitié messieurs les Maraudeurs, c'est vous qui avez organisé ce bazar, maintenant faites quelque chose de ce fichu esprit frappeur !

- Mais c'est pas du jeu, il ne va pas nous écouter, ma carte ne dit pas que...

- Et ça, c'est du jeu, peut-être ?! Débrouillez-vous !

- Mais il ne nous écoutera pas ! »

Et puis, il y avait Sirius, toujours sur le fil, qui pour une invitation, une suggestion, une provocation, bondissait sur chaque occasion de faire une bêtise, comme s'il devait mourir à chaque fois, ou plutôt défier la mort. Quitte à perdre, autant se saboter soi-même, tenir jusqu'au bout son propre destin sans les mains, choisir le moment de lâcher. C'était comme prendre un cognard en pleine tête pour ne plus le redouter. Il glissa des perce-oreilles dans le col de Taylor, grimpa sur les étagères de la bibliothèque à la recherche d'un lutin invisible et probablement inexistant qui lui aurait volé une mornille. À défaut d'avoir pu aller chez Honeydukes puisque leur dortoir était toujours surveillé, il entraîna Peter dans les cuisines afin de chaparder des provisions pour la soirée. Peter ne cessait de sursauter et Sirius n'arrivait pas à déterminer s'il redoutait plus de se faire prendre par un adulte ou que Sirius fût son assassin, et que ce cambriolage fût sa mise à mort. Mais quoi qu'il en fût, il n'arrivait à rien lui refuser, pas quand il s'agissait de briller un peu à ses côtés.

James finit par l'attraper par le bras et le tirer à lui derrière la tapisserie de l'Ichtyo Sapiens. Il sortit la cape d'invisibilité de son sac.

« Oh la triche !

- Il faut absolument que je ne me fasse pas tuer avant d'avoir accompli ma mission.

- Ouais ouais, c'est ça...

- On va arrêter Peeves.

- Ouais ! Tu as un plan ?

- En cours d'élaboration... J'ai demandé au Baron Sanglant de nous soutenir, il m'a jeté un regard, mon gars, je préfère ne pas te refaire ça, d'ailleurs, j'en serais incapable. J'en déduis qu'on ne peut pas compter sur lui.

- Si on demandait à la Dame Grise de l'encourager ?

- Oh làlà, non, je ne veux pas me mêler de ces affaires-là, pas de négociations : on trace ! »

Les élèves qui passaient par là purent entendre leurs rires diaboliques retentir dans le mur. Ils passèrent l'heure du déjeuner à traquer le malfaiteur – manquant la bataille de nourriture lancée par Dirk Cresswell pour parvenir à tartiner Mandy de crème – le dénichèrent dans les toilettes des filles où il tourmentait Mimi Geignarde, les deux esprits rivalisant d'intensité dans les aigus de leurs braillements. Sirius boucha les oreilles de James qui lança un sortilège à peine formulé. Une eau rouge jaillit des robinets.

« PEEVES ! » gronda-t-il, en transformant sa voix.

Merde, on aurait dû faire venir Remus, avec son timbre grave.

Les deux spectres se tinrent coi, cependant, plus surpris qu'effrayés. Peeves dégoulinait de liquide écarlate et scrutait l'endroit d'où venait la voix, une grimace mauvaise déformait ses traits et son imitation de respiration s'accélérait.

« La partie est terminée pour toi, continua Sirius, imitant de son mieux les intonations centenaires du Baron Sanglant. J'te garde à l'oeil... »

Et ils décampèrent prestement parce que Mimi commençait à s'adresser au Baron d'une abominable voix mielleuse, et qu'à voir la tête de Peeves, on devinait qu'il n'était pas trop dupe.

.

Dans l'après-midi, Flitwick, qui avait donc récupéré la carte de Mila, se trouva dans la délicate position d'encourager le jeune Esmond Graves à glisser sur la rambarde de l'escalier. Ses petits yeux noirs sondèrent Remus qui riait silencieusement : « Dites-moi, je connais votre intelligence redoutable, dites-moi si vous espériez que je récupère le gage de votre camarade et que j'en arrive là. » Remus pinça malicieusement son sourire plein de fossettes sans répondre et Sirius sentit son cœur chavirer à la vue de son espièglerie rayonnante.

Achille, si timide, parvint à rapporter des points à sa maison en répondant à Chourave – un peu aidé par Jesse - et sa victoire sur lui-même était telle qu'il ne fut pas du tout vexé d'avoir été assassiné. Charlotte se fit malheureusement repérer par sa victime avant d'avoir pu mener sa mission à bien et Sirius ne cessait de répéter à Peter qui le suivait : « Je suis sûr que je suis t'es après moi, je ne me laisserai pas faire, t'es pas discret, mec ! 

Eh, où est James ?

- Pourquoi, c'est ta cible ?

- Ah, ça non : c'est la première chose qu'on a vérifiée ! »

.

Trois étages au-dessus, Regulus sortait d'un cours de métamorphose, songeant vaguement à ses devoirs de la semaine, à la camarade qui lui tenait le bras, à la dernière lettre de sa mère. Et puis tout s'évanouit.

Il cligna des paupières, sonné, sourd à ce que disait la jeune fille à côté de lui.

James Potter était adossé derrière une colonne. Ne dépassaient que ses pieds et sa baguette, exprès, et encore, Regulus les avait vus une seule seconde mais il voyait son sourire narquois comme s'il eût été devant ses yeux, gravure de tous les souvenirs réunis. Il ne voyait plus que cela. Les genoux flageolants, il marmonna à l'attention de ses amis : « J'ai oublié quelque chose... Je vous rejoins en bas. » Il retourna en classe, fouilla sa table, bien entendu déserte, en pestant sur les camarades qui traînaient et posaient encore des questions à l'enseignante. 

« Monsieur Black, je peux vous aider ? sollicita, aimable, McGonagall.

- J'ai cru avoir oublié un parchemin, mais... sans doute pas. »

Il quitta la salle, avança vers Potter, le dépassa car des Serpentard traînaient encore derrière. James lui emboîta le pas.

« Ben, alors ? On a honte de traîner avec moi ? ricana-t-il.

- Tu veux de la mandragore ?

-Non, sourit James.

- Ah. »

Regulus s'arrêta à un angle désert. Snape l'avait profondément agacé quelques jours auparavant en lui reparlant, devant d'autres Serpentard, des fréquentations de son frère. De Potter, il critiquait la prétention, ce n'était qu'une vilaine jalousie. Ses sous-entendus sur Lupin étaient bien plus dérangeants. Regulus avait maugréé qu'il n'était ni responsable ni concerné par l'entourage de Sirius. Il n'arrivait pas à être aussi mesquin que son camarade, pourtant il sentait le même poison gangrener son ventre et noyer ses veines de colère et d'humiliation. Mais jaloux, Regulus n'attaquait pas : il s'accablait.

Sirius a mieux que moi alors qu'il ne vaut pas mieux.

Moi, jamais je n'aurai d'ami comme Potter.

« Bon anniversaire, murmura-t-il doucement, le coeur frémissant.

- Merci. »

Il leva lentement les yeux vers son visage avenant. La colère n'en gronda que plus fort, pour étouffer l'envie scandaleuse de se jeter à son cou.

« Tu joues ?

- Pardon ? »

Potter lui tendit une enveloppe. Elle contenait une carte qui disait :

Assassin : Regulus Black.

Victime : Sirius Black.

Mission : parler avec lui

Oh, le bâtard.

« Je dois faire ça aujourd'hui ? marmonna Regulus, les mains tremblantes.

- C'est pas dit que la partie ne doit durer qu'une journée. Peut-être que ce sera toi qui marqueras la fin du jeu. Oh tiens, comme un attrapeur... »

Il lui pressa l'épaule en repartant, son rire idiot semé comme des cailloux blancs qui l'invitaient à sa suite.

Regulus regarda encore le carton.

C'est vrai, il n'y en a que pour Sirius.

.

Eh mais avec tout ça, je ne sais même pas qui est mon assassin ! songea James en descendant. Un petit quelque chose néanmoins lui faisait toujours espérer qu'il s'agissait de Lily : sa réaction à la vue de sa carte, la croyance que Remus ne lui eût pas refusé cela le jour de son anniversaire. Cela lui donnerait une raison supplémentaire de la garder à l'oeil. Il retrouva son petit monde dans le parc, s'assit dans l'herbe parmi eux, et aussitôt eh bien... On ne pouvait pas lui reprocher de monopoliser la parole, c'était plutôt qu'à présent qu'il était là, tout le monde attendait qu'il parlât, ravi par avance de ses bonnes plaisanteries, de sa gouaille généreuse, spectacle intarissable. Les autres conversations s'essoufflaient spontanément, l'assemblée gonflait petit à petit. Et quand Sirius était avec lui : puissance décuplée, parce qu'il y avait aussi leur complicité inégalée et leur affection à laquelle chacun eût voulu sa part.

Et les légendes.

« Fontaine de limonade, pépites de chocolat, chips... énumérait Peter, en se rappelant ce qu'il avait volé en cuisines pour la soirée à venir.

- Juke-box ! »

Dorcas qui appartenait à la maison Serpentard s'en amusait, non sans au coeur un pincement de dépit.

« Vous êtes pas sympas les gars, compatit Marlene.

- Oh, t'inquiète..., apprécia Dorcas. Ils sont bien mignons.

- Eh, oh, toi-même ! rétorqua Sirius.

- Quoi, mignonne ? Cool ! »

Il leva les yeux au ciel et tira la langue.

« Remarque, c'est le bon jour pour faire entrer quelques VIP dans notre maison...

- Nan. La règle, c'est la règle.

- Tu as changé, Potter... »

Tout le monde éclata de rire.

« Vous pourriez au moins montrer votre danse de malheur..., suggéra encore Mary.

- Maraudeurs ! crièrent-ils en chœur.

- T'essaies d'assassiner lequel de nous, là ? sonda James, parce que tu n'es, mais alors, absolument pas subtile.

- Mais personne ! » répliqua-t-elle, la main sur le cœur, théâtralement indignée.

Sirius et James échangèrent un regard et se tournèrent vers leur ami, les bras croisés :

« Remus ? »

Il secoua la tête en riant sans un mot, les pommettes écarlates. Ses yeux d'or brillaient.

« On est en train de se faire avoir, là, non ?

- Mais en beauté !

- On le fait ?

- Avec toi jusqu'au bout, Potter. »

Sirius adressa à Remus une moue espiègle en se levant. Il ôta sa cape dans un geste majestueux qui amusa ses camarades, et la lui jeta à la tête. James leva les bras, se fit un peu prier, et ils commencèrent. Sa danse avait une ardeur un peu ironique, histoire de garder la face, mais ses mouvements de bras étaient amples, comme son ami le lui avait appris, les épaules souples. Les jambes précises. Et les hanches...

Affolantes.

Sous les applaudissements, ils firent une profonde révérence, bons perdants.

« Allez, dites-nous qui est mort, maintenant !

- Mais personne, je vous dis !

- Comment ? Je me suis ridiculisé pour rien ?

- T'étais pas du tout ridicule !

- On peut la refaire avec vous ?

- Pas le temps ! J'ai une mission à mener à bien ! » asséna Sirius, le sourire crâneur.

Et ils s'en allaient comme on sort de scène, animer un autre coin du Château.

.

« Épatant... » murmura Suliman, accoudée auprès de McGonagall à leur balustrade préférée. Elles suivaient de là les étranges schémas de relations que Remus avait tissés entre les élèves et les adultes, entre les maisons, des défis qui tiraient les sorciers les moins assurés vers le haut, qui faisaient renouer d'anciennes connaissances. Un tremblement remonta du rez de chaussée jusqu'à leurs pieds. Hagrid faisait danser Flitwick sur ses épaules – Flitwick qui ne manqua pas de jeter un regard scandalisé à Remus – et les rires gargantuesques de tous les apprentis sorciers épouvantés et émerveillés secouaient les vieilles pierres du Château.

« Mais dites-moi, il serait pas mal en Préfet, celui-là, non ? »

Sirius lança une ola qui se propagea à tous les étages. Hagrid posa Flitwick et essuya ses yeux brillants.

« Ça compte ou pas ? demanda-t-il à Remus. Je devais le faire pleurer de joie... »

Remus acquiesça et McGonagall sourit.

.

Chips, pépites de chocolat, limonade au sureau, et autres denrées attrapées au petit bonheur la chance, et surtout jukebox, et danse et énergie illimitée dans la joie.

« James, murmura Peter, Lily ne t'a pas quitté des yeux, quand tu dansais, tout à l'heure...

HAHA ! Gagné, t'es mort : t'as rougi !

- Oh ! C'était toi, mon assassin ?

- Non, Lily, mais j'ai récupéré sa carte.

- Ouah. Il est redoutable en fait, le petit pote Peter !

- Attends, Remus, c'était Lily mon assassin ? Ha, c'est trop DRÔLE.

- Quoi, Potter ? Tu crois que je ne peux pas te faire rougir ?

- Non, mais.

C'est pas que.

Je.

- Merlin, mais c'est Lily qui est redoutable, souffla Sirius : elle a re-tué le mort ! »

Il s'affala à côté de Remus dans un canapé.

« Moi, je ne suis toujours pas mort, alors que j'ai fait toutes ces conneries ! »

Il tira la langue à son ami qui riait doucement. Son sourire s'adoucit et s'atténua à mesure que la main de Sirius grimpait discrètement dans son dos.

« Ce n'était vraiment pas la danse ? J'y croyais, à celui-là. Les autres défis non, tu n'aurais pas poussé quelqu'un à me faire faire des conneries pareilles.

- C'est sûr, tu n'as pas besoin de moi pour ça... fit Remus en haussant les sourcils, les yeux rivés sur ses chaussures. Non. Je suppose que Mary a profité de ta bonne volonté d'aujourd'hui.

- Toi aussi.

- Hum. »

Remus se pinça les lèvres. Sirius se pencha légèrement vers lui, la cuisse contre sa cuisse, et murmura :

« Remus... Tu regardais mon... ? »

Remus lui écrasa la main sur le visage en rougissant.

Il se sentait, en réalité, assez bête. Il avait fui Sirius toute la semaine à cause de son stupide secret qui l'énervait. C'était facile de prétexter la fatigue, les préparatifs. « Si c'est pour que tu restes tout seul, c'est pas la peine... » s'était désolé Peter. La nuit, puisque toute sortie était impossible, ils échangeaient des baisers et des caresses urgentes, sans un mot, dans le couloir de la salle de bains, avant de regagner chacun son lit.

« Et toi, c'est quoi, ton gage ?

- Je ne joue pas, moi !

- Hum. Je te mettrais bien au défi de provoquer un orage.

- Est-ce une façon de me mettre au défi de contrarier McGonagall ? »

Sirius sourit, ses yeux traînèrent dans ceux de Remus un peu plus que de raison avant qu'il ne répondît à une boutade de Leonard. Remus sentait son dos brûler là où sa main ne voulait pas le lâcher, caresse qui pressait parfois la peau avec intensité. Ses mains, seigneur.

« Si tu avais été mon assassin, tu aurais aimé me faire quoi ? » murmura Remus en pressant un peu son genou qui se balançait contre le sien, comme un jeu.

Son murmure jeta des frissons jusqu'en bas du dos de Sirius.

« Dis-moi... murmura-t-il encore. Tu aurais aimé que je te fasse quoi ? »

Il s'amusait de la respiration de Sirius qu'il sentait s'emballer. Il murmura à son oreille, en le tenant fermement par l'épaule, comme James l'avait fait quelques jours auparavant, image parfaite de la complicité, image trompeuse, image traîtresse.

« Je t'aurais fait porter ces bretelles et...

- Oh, mais je les porte. »

Sirius sursauta et s'écarta de lui pour scruter avec perplexité son regard de braise. Il glissa carrément sa main sous son pull pour vérifier. Remus le repoussa en clamant : « Ne me chatouille pas ! » et tout le monde autour s'en amusa. Sirius lui tira la langue avant de bondir vers le groupe, pour ne pas s'isoler trop longtemps, mais en rejetant la tête par-dessus son épaule pour vérifier que Remus regardait.

Il leva les yeux au ciel.

Seigneur, ce cul.

Seigneur.

~

Un autre petit chapitre feel good.

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