Printemps 1974 : une maraude
Un jour
Les élèves restés à Poudlard pendant les vacances étaient parvenus, menés par Sirius et accompagnés par Hagrid avec la bénédiction amusée des directeurs et directrices de maison, à s'évader à Pré-au-Lard pour accueillir le train. A la terrasse toute fraîche des Trois Balais, Sirius et Remus avaient joué aux cartes et s'étaient battus pour la crème d'un milk shake et la mousse d'une bièraubeurre avec Chelsea et Dorcas. Le matin-même, ils avaient organisé tous ensemble une partie de Quidditch gigantesque, certains professeurs s'y étaient même mêlés. Aucun des deux amis ne connaissait les joies des familles nombreuses, mais cela ressemblait à ce que James racontait de ses après-midis interminables avec ses cousins et s'ils voyaient avec regrets la rentrée approcher, ce n'était pas à cause de la reprise des cours, mais parce que ces moments où personne n'affichait son blason, ces moments sans rivalité, prendraient fin.
La plupart des élèves en dernière année étaient restés préparer leurs ASPICs, profitant de la bibliothèque et de l'ambiance studieuse. Il y avait aussi ceux qui gardaient un œil sur leur potions, comme Merton Graves et Myron Wagtail qui débarquaient justement. Ils s'effondrèrent sur le banc en face de Chelsea.
« On a réussi !
- Vous êtes venus en courant ou quoi ? »
Les gars se frappèrent dans la main et commandèrent une tournée de bièraubeurre pour la tablée.
« J'ai réussi mon polynectar ! Trois mois qu'on bosse dessus... !
- Bravo !
- Yes !
- Slug l'a validé ? pendant les vacances ?!
- Non, je l'ai testé tout seul.
- Enfin, avec moi, rectifia Myron.
- Oui, en fait, moi c'est Myron, et lui Merton, on a échangé.
- Effectivement, c'est réussi ! »
Sirius, sourire jusqu'aux oreilles, ouvrit la bouche pour parler mais se mordit la lèvre à la place. Il tira la langue et balaya l'air de la main, ce n'est rien, en réponse au regard interrogateur de Remus.
« Myron, demanda Chelsea, c'est pas ta mère qu'on a vue dans la Gazette hier ?
- Non, c'est la mienne ! se rengorgea celui qui avait encore l'apparence de Merton.
- Haha, ce que t'es drôle, tiens.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Elle fait partie d'un collectif de soutien aux moldus. Elle répare les dégradations causées par les milices de...
- Ouais ouais, on sait qui.
- Enfin, vous voyez, quoi. Elle organise des manifestations contre les discriminations envers les nés-moldus aussi.
- C'est bien qu'ils en parlent dans le journal.
- Non. »
Remus fronça les sourcils. Myron s'expliqua :
« Ils en parlent parce qu'elle passe tous ses mercredis en prison depuis un mois. Les brigades magiques n'apportent plus de soutien face aux répressions des milices. Ma mère, elle a été baladée de service en service sans pouvoir porter plainte quand elle a été stupéfixée. Mais elle est accusée de troubler l'ordre public.
- Bouse de Boutefeu... pesta Dorcas.
- Qu'est-ce que ça veut dire exactement ? demanda Remus. Que le Ministère ne s'oppose plus au seigneur des Ténèbres ?
- Bah, ma mère dit qu'il ne faut pas tirer de conclusions hâtives. Peut-être que c'est simplement l'ensemble des brigadiers qui fatigue. Dans cette histoire du Secret, c'est quand même eux qui ont le plus de travail : ils encadrent les manifestations, réparent les conneries des milices, on leur demande pas leur avis et ils ne reçoivent pas plus de moyens du Ministère... Et pas de directives claires non plus. Le discours du ministère n'est plus aussi autoritaire, en fait, il n'y a quasiment plus de directives. Chacun se débrouille, abandonné à ses idéaux, c'est la guéguerre des clans, une... un conflit civil.
- Et vous en pensez quoi, vous, de la chute du Secret ? Ce ne serait pas forcément une mauvaise chose, si ? demanda Chelsea.
- Ces violences, je n'appelle pas ça du progrès, grinça Sirius.
- Les saccages c'est sûr, je trouve ça extrême, mais en même temps faut comprendre la colère des sorciers, on a des siècles d'oppression derrière nous...
- C'est pas de l'oppression, plus depuis longtemps en tout cas. Arrêtons de faire nos victimes. Nous ne manquons de rien et tout le monde est en sécurité, pourquoi vouloir changer ça ?
- Parce que les secrets, c'est insupportable. Il n'y a pas de vraie liberté, ni de vraie égalité. Manifestement à un moment le peuple sorcier explose.
- Tu sais ce qu'ils font ? C'est bizarre que la Gazette ne s'attarde pas là-dessus, tiens. C'est pas une révolution, c'est répondre au secret par l'oppression : les partisans du Lord sont toujours cachés, ils font leurs coups bas, les moldus ne peuvent pas se défendre contre notre magie !
- Il existe des alliances, le secret n'est pas si oppressif, intervint Dorcas. Mon père me dit que le premier ministre anglais connaît notre premier ministre.
- Les mariages aussi sont ouverts. Et la plupart des naissances spontanées de sorciers dans les familles moldues sont acceptées. Plus il y en aura, plus on progressera vers cette égalité.
- Mais Ses partisans ne reconnaissent pas les enfants de sang-mêlés ou les nés-moldus comme leurs semblables, objecta Remus. A mon avis, ce n'est pas une question de secret.
- C'est juste un désir de conquête », approuva sombrement Sirius.
Il tremblait, la cuisse nerveuse pressée contre celle de Remus.
Merton, redevenu lui-même, toussota.
« Allez, nouvelle tournée pour détendre tout le monde. Du lait-fraise, cette fois ! Eh, Remus ! Tu penses que tu pourras apporter ton jukebox pour la fête de fin d'année ? C'était génial à Noël ! »
&
Remus et Sirius se défiaient tacitement de ne pas cligner des yeux en scrutant les rails à l'horizon où bientôt apparaîtrait le Poudlard Express, portant le plus précieux des amis. Sirius capitula et essuya les larmes qui irritaient ses yeux rouges, sous le rire moqueur de Remus. Il fit semblant de le pousser sur les rails pour se défendre, et le retint, la main serrée un peu trop fort sur son poignet.
« Toi, tu sais de quelles violences il s'agit, pas vrai ? » demanda Remus tout bas.
Sirius ne répondit pas tout de suite. L'air vibrait de colère autour de lui.
« Mes cousins. Ils sont dans ces milices. Je suis certain que Regulus va y entrer aussi, quand il aura fait ses camps d'été et appris de la magie interdite.
- Si on ne le tire pas de là. »
Sirius sourit tristement.
« L'été dernier, ils ont détruit le jardin d'un moldu parce qu'il était venu travailler chez ma grand-mère. Ils ont peur que les moldus nous asservissent pour nos pouvoirs mais ils ne supportent pas non plus que les moldus travaillent pour nous. »
Le souvenir du jardinier lui serrait le coeur. Il donna un coup de pied dans un poteau pour s'en débarrasser.
« Sirius... appela doucement Remus.
- Et quand je suis allé regarder, la nuit de Yule, ils ont attaqué sa grand-mère. Parce que ça ne leur plaisait pas, c'est tout. Zéro morale, capables de tout. Affamés de destruction, mais vraiment. Le Lord prend les plus déséquilibrés. Ceux qui ont les gros privilèges, ceux qui auraient beaucoup à perdre, les plus peureux, les plus fourbes, les plus... rats ! Il tire la corde de l'avarice en l'appelant honneur. Il tire la corde de la crainte. Crainte de lui, crainte des moldus. Crainte de tout.
Xénophobie.
Consanguins de merde, tiens.
Si je n'y étais pas allé...
- Chut., tais-toi. Ce n'est pas ta faute s'ils sont ce qu'ils sont, tu sais.
- Mais si je ne peux pas les empêcher d'être ce qu'ils sont, je dois la protéger de leur furie.
- Elle... Elle a été tuée ?
- Hum, non. J'ai intercepté le maléfice. »
Remus blêmit.
« Tu es dingue... Sirius, tu es... »
Sirius éclata de son immense rire de chien généreux.
« Bah ! je n'ai rien à perdre ! Je n'ai que mon honneur, d'avoir craché sur tout mon héritage !
Quoi ?
Tu as dit quoi ? »
Le train arrivait avec fracas et dissimulait la voix de Remus.
« Tu as dit quoi ? »
&
Dès qu'il fut certain que Remus était endormi, tardivement et d'un sommeil agité à cause de la pleine lune, Sirius bondit dans le lit de James, ferma les rideaux d'une main et sa bouche de l'autre pour retenir son cri de surprise.
« Ce n'est pas l'heure de dormir capitaine ! J'ai. Une. Excellente. Nouvelle !
- Tes parents t'ont vendu à mes parents ? Mieux : ils ont payé mes parents pour te prendre ?
-...
Un peu moins excellente. Mais à peine ! »
Sirius sortit de sa poche de pyjama une fiole remplie d'un liquide transparent. Elle manqua de lui échapper des mains et son ami avait déjà tant gesticulé que James se demanda comment elle avait pu tenir jusque là.
« Dans le pub, les septième année parlaient de leurs examens. L'une des épreuves consiste à préparer du polynectar.
-...
- !!!
- COMMENT AS-TU...
- J'ai mes réseaux. Merton voulait acheter un violoncelle, j'ai alourdi sa cagnotte.
- Sirius, même avec du polynectar, tu ne seras pas aussi beau que moi, c'est une question d'attitude.
- Ta goule.
- Tu veux te transformer en McGonagall pour entrer dans son bureau ?
- Je n'y avais pas pensé !
- Mais à quoi avais-tu pensé, idiot ?
- A un elfe de maison pas trop chauve, genre celle qui apporte les repas à l'infirmerie et qui connaît Remus...
- Nim ? Tu sais que c'est fait pour les métamorphoses humaines le polynectar ? Sirius, tu devrais écouter les cours de Slug de temps en temps, ça te sauverait la vie... »
&
Ils se faisaient face dans la salle de bains, un peu après minuit, l'air grave. Sirius attacha ses cheveux sans quitter son ami du regard. C'était la pleine lune. Remus était absent, Peter dormait. Ils frappèrent virilement leurs poings l'un sur l'autre puis, plus naturellement, saisirent le poignet l'un de l'autre et échangèrent un sourire nerveux et, oui, innocent. Bordel, c'est ça, la vie. Il savent l'un et l'autre que la cause est oubliée, la quête aussi, ce qui compte, ce soir, c'est de sortir, sinuer et gagner ce jeu de plateformes. Et si on le perd ? On recommencera, en mieux. Personne ne pourra nous empêcher de recommencer. C'est pas le méfait qu'on a dans les veines, on s'en fout du mal et du bien, c'est le goût de la mission accomplie, du dépassement, de la cause, qu'elle soit juste ou non.
Sirius avait volé un courrier du ministère (et une bouteille d'alcool) dans le bureau de son père pour montrer le cachet à Mowgli. Tout autre que lui, face à la bonté de McGonagall, eût hésité voire renoncé à piller son bureau sur le temps même qu'elle lui accordait au château, loin de la prison familiale. Mais pas Sirius. Sirius s'était donné une mission. C'était ce qui le rendait si insupportable et redoutable, son aveuglement à aller jusqu'au bout.
Ils avaient rendu visite à Remus à l'infirmerie dans la soirée pour lui souhaiter bon courage et James en avait profité pour « enlever une miette » des poils de tête de Nim. L'elfe était devenue un peu plus grise, sa façon de rougir probablement. James blêmit en se demandant de quelle couleur était le sang des elfes et si, vraiment, il allait se retrouver dans sa peau. Il se maudissait d'avoir été moins rapide que Sirius. Le matin-même, ce dernier avait réussi à malencontreusement foncer dans McGonagall, lâcher un juron prodigieux, perdre des points en raison de sa grossièreté, arguer qu'il n'avait pas vu que c'était une adulte, se faire riposter que ce n'était pas une raison, partir en faisant un scandale, un fin cheveu caché au creux du poing serré.
Devenu plus grand et moins souple à cause du polynectar, il se glissa maladroitement dans la pièce. Toutes les sensations lui étaient plus vives et éclatantes dans l'intrusion nocturne et un frisson d'adrénaline joyeuse le parcourut, du ventre à la tête. Il se dépêcha d'enfiler une cape suspendue à une patère sur la porte car sa robe de sorcier était un peu trop petite. Tiens ? Il faisait donc presque la même taille que McGonagall à présent. Oui, c'était malaisant de se retrouver dans le corps d'une femme, sa professeure qui plus est, mais s'entourer de son vêtement odorant, comme des bras autour de son corps étranger, fit éclater une bouffée soudaine de réconfort, au fond de lui, très insolite, très inattendue.
James ouvrit un tiroir et en feuilleta rapidement les parchemins, finalement métamorphosé en McGonagall lui aussi, la robe beaucoup trop petite. Il avait beau avoir perdu la course, Sirius n'avait pas eu le coeur à le laisser risquer sa peau. James avait lutté juste ce qu'il fallait pour garder un peu de dignité, et ils avaient partagé la potion - devenue un sirop d'or rose, aux arômes piquants de gingembre - acceptant que la transformation durât moins longtemps. Sirius s'approcha de la bibliothèque, appréhendant qu'un sort y fût caché, espérant trouver un manuel de métamorphose avancée. Il trouva des lettres d'anciens élèves, des courriers de recommandation, des bulletins de salaire, des attestations de formation, des correspondances avec des collègues de BeauxBâtons, bordel, était-elle obligée de conserver tout cela ?
Et si la formule des animagus avait été brûlée après usage ?
Ils poursuivirent leurs recherches dans le plus grand silence. Coffrets, cartons, armoires, tous les recoins y passèrent.
« Je suis sûr qu'on est capable de trouver des trucs qu'elle croyait avoir perdus... Elle nous remerciera.
- James ! » soupira Sirius, à peine.
Il avait reconnu l'écriture d'Eiffel sur une lettre. Son coeur manqua un battement. Elle n'était pas datée, et aucune adresse n'y figurait.
« On n'est pas là pour ça ! »
Sirius s'assit tout de même sur la petite banquette sous la fenêtre pour la parcourir mais, soudain, Mowgli poussa un glapissement et fit cascader des bababulles. C'était le signal. Une voix appela, derrière la porte, si étouffée d'effroi que les garçons en frémirent :
« Minerva... ? »
Sirius écarquilla les yeux, James, blême, chuchota :
« Sandmann ?!
- Minerva, je vous en prie, ouvrez-moi, je ne vais pas y arriver, cette nuit...
Je vous entends. Je sais que vous êtes là.
Je vous en prie, ne me fermez pas votre porte ! Il va revenir...
- Mon cher ami, murmura James d'une voix chevrotante, je suis malade, je ne peux pas vous recevoir cette nuit.
- Il vient pour vous ! »
Les maraudeurs sentirent la terrible main glacée du doute se refermer sur le coeur.
« Vous ne dormez donc pas... C'est bien... C'est bien.
Pardonnez-moi, oh pardonnez-moi...
Ne fermez pas les yeux. »
Derrière la porte, la respiration sifflante du professeur s'évanouit. Ils sentaient pourtant toujours sa présence. En haut de la mezzanine, McGonagall dormait, probablement. Fallait-il la réveiller, l'alerter ?
« Minerva ?
- Vous pouvez vous en retourner. Je veille. Il ne me trouvera pas. »
Les garçons prièrent pour que Sandmann partît, le coeur battant, la baguette brandie, appuyés contre le mur, épaule contre épaule.
Mais un mouvement attira leur oreille, en haut de la mezzanine. Ils se sentirent défaillir. James fit signe à Sirius de partir mais son ami serra sa main. S'ils fuyaient, ce serait ensemble, et s'ils devaient être pris ensemble aussi. Ils se glissèrent le plus discrètement possible vers la trappe et s'y hissèrent, pendant que le tapage de Sandmann réveillait la véritable McGonagall.
« Qui êtes-vous ?
Je ne vous reconnais pas... Vous êtes deux ! Minerva ! Ouvrez-moi ! Que la folie ne me ronge pas ! Laissez-moi voir que vous n'avez pas été touchée !
Ne me laissez pas seul...
Si vous saviez ce qui arrive aux garçons imprudents qui écoutent aux portes !
Moi, je sais ! »
Ils avaient à peine refermé la trappe sur eux qu'un jet d'étincelles vertes jaillit. Sirius abandonna derrière lui la cape et la lettre. Peut-être pourrait-il revenir la chercher, un autre jour.
Parvenus à l'angle du quatrième étage, vingt minutes plus tard, après avoir rampé si vite que la peau de leurs genoux saignait et que tous leurs muscles étaient douloureux, ils trouvèrent une niche assez large pour s'adosser au mur humide, rejeter la tête en arrière et détendre leur nuque, en attendant que les effets de la potion se dissipassent complètement. Un patronus de chat apparut derrière la tapisserie qui les dissimulait, probablement un éclaireur. Ils retinrent leur souffle jusqu'à ce qu'il eut disparu.
« Bordel » lut Sirius sur les lèvres de James.
Encore tremblants.
On y va ?
Un frottement sur le mur, bruit de succion, coupa la respiration de James.
Ils sentirent plus qu'ils ne le virent la présence approcher, ou peut-être la sentirent-ils avant, ou peut-être qu'elle était invisible. C'était comme si elle était dans leur tête : ils se voyaient dans les murs, glacés et mouvants, inconsistants, en même temps qu'ils percevaient cette ombre plus consistante qu'une ombre, plus vaporeuse que de l'eau, se glisser dans les rainures et progresser, horriblement. Ils se serrèrent sur le mur en face. Elle passa sans prêter attention à eux.
Elle glissait vers la chambre de McGonagall.
« Oh, c'est pas vrai... soupira James en amorçant un demi-tour.
- James, tu saisis qu'ILS sauront qu'on était là ! »
Ils se turent et se considérèrent pendant une demie seconde avant de déclarer d'une seule voix :
« On s'en fout ! »
"Il vient pour toi" avait dit Sandmann.
Ils se précipitèrent de leur mieux vers la créature et Sirius se sentit pousser des ailes, comme cette fois où il avait été irrémédiablement attiré par cette sensation d'absolu, qui hurlait dans sa tête, aussi attirante que repoussante,
Au quatrième étage
Ils brandirent leurs baguettes, épaule contre épaule.
« Stupéfix ! »
La masse se rassembla, crispée en un spasme et elle s'étendit dans l'autre sens, de toute sa puissance monstrueuse vers Sirius qui ne put l'éviter. Il ferma les paupières et se sentit traversé par une onde ni chaude, ni froide, à la fois palpitante de magie et immobile comme la mort qui le recouvrait entièrement comme un voile, et remplissait tout son corps comme la lymphe.
Et cela disparut.
Il se retrouva seul dans le conduit, face à James, la lueur blafarde de leurs baguettes sur les pierres humides, ses cheveux hirsutes et trempés de sueur, ses yeux brillants, noirs dans le noir.
« Sirius ?
- Ça va, c'était... rien. »
S'ils n'avaient pas été accroupis, James l'eût pris sur son dos. Il s'arrangea pour le laisser passer devant lui, sourd aux protestations crânes de Sirius. Il voulait l'avoir à l'oeil. Ils atteignirent péniblement le lit de James tremblants, couverts d'une sueur poisseuse et glaciale, la respiration erratique. James ferma les rideaux du baldaquin, couvrit Sirius et ils se couchèrent sur le dos, pressés l'un contre l'autre, le temps de reprendre leurs esprits.
James glissait dans un sommeil de brute quand Sirius sursauta et faillit se prendre une claque de colère. Il tira de sa poche une lettre marquée du sceau du Ministère.
« Comment... ?
- La banquette sous la fenêtre sonnait creux.
- Sirius... »
« Très chère consœur,
Nous avons bien reçu votre demande et sommes heureux de vous attribuer un avis favorable... »
Mais les lignes s'effaçaient à mesure qu'ils les lisaient. De rage, Sirius étouffa un cri.
Il était trop tard pour dormir, le jour pointait déjà. Ils confièrent le papier à Mowgli et descendirent visiter Remus avant le petit déjeuner.
~
Je suis, en ce moment, très en proie au doute. Juste pour le dire quelque part et je finirai sûrement par effacer, je n'arrête pas de faire ça
Chaque ouverture de chapitre provoque des montées d'anxiété. Ça va ça vient mais ça m'épuise. Sensibilité maximale et rivalité insupportable - avec moi-même.
J'aime toujours écrire
J'aime toujours écrire cette histoire
je ne peux pas tout dire de ce qui se passe, on n'est pas là pour ça, j'avais juste envie de ne pas vous le cacher au cas où ça me submerge,
"un jour"
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