Printemps 1974 : Quidditch

Un jour...


Sensation

Sordide attraction

Et non pas la promesse d'un avenir radieux mais la sensation terrible, vengeresse et addictive

d'en finir avec l'angoisse

D'en finir

En était-il capable ?

A cette pensée, Sirius s'effarait

Non, bien sûr. Il y a Remus. Il y a James. La pression de leurs mains encore incrustée dans sa paume, pour le retenir : il y a peut-être un lendemain ! En attendant, accepte le jour, la nuit.

Seigneur, que la tentation est violente !

Il y a James. Il y a Remus

Qui, allongé à l'envers sur son lit, les pieds posés sur le mur contemplait encore les dessins suspendus-au-dessus-de-sa-tête-Certains-s-étaient-décrochés etflottaientparesseusementsansserésoudreà

tomber.

&ct.

Ça pourrait durer l'éternité ainsi,

Suspendons-nous

Sous ce nouveau ciel

Hors du monde

Le monde que tu mérites dans lequel nous pourrions nous perdre

Nous retrouver

Libres

Tu te rappelles ?

Ce nouveau ciel

Peint par Sirius

Offert par Sirius

Gigantesque et

Seigneur

Impossible de ne pas laisser éclore l'espoir

Qu'est-ce que tu veux dire en m'offrant tout cela

Ce n'est pas possible :

Mais il n'y a rien pour nous ici

Est-ce que toi aussi et

Terrifiant

Est-ce que je veux vraiment savoir

Où tout cela nous mènera ?





« Tu ne manges pas ?

- Si je mange, tu vois pas ?

- Oh l'ourson du matin, je ne l'avais pas vu depuis longtemps ! » railla James pour masquer son trouble.

Il se souvenait très bien avoir eu quelques bouffées de stress nocturnes en début d'année et après la rencontre invisible de la nuit, qui sait ? James était beaucoup trop confiant pour se faire dévorer par un Cauque-Mare, mais peut-être que l'incube avait trouvé des détours pour atteindre Sirius.

« Je crois que je vais rompre avec Mandy, déclara-t-il en avançant vers la classe de Sandmann.

- Déjà ? se désola Peter doublement : pour ce joli couple qui disparaissait et pour le détachement dont faisait preuve son ami, qu'il ne pourrait jamais afficher, trop soucieux qu'il était de faire une conquête.

- Ouais... Je trouve qu'on n'avance pas. »

Sandmann tardait à ouvrir sa porte mais alors que beaucoup en profitaient pour continuer leur nuit, James, insatiable, déroba la dernière bombabouse de Peter et la jeta dans le mur. Tout le monde retint son souffle. La bombe rebondit dans l'air, rattrapée de justesse par un sort de Sirius. D'accord. C'était leur nouvelle façon de s'entraîner au Quidditch, même entre quatre murs. Le batteur la renvoya, James riposta et Peter perdit tout espoir de retrouver son jouet. L'œil faussement réprobateur, Remus regardait, les autres Gryffondor acclamaient. Lily parlait du Crime de l'Orient-Express, le dernier film qu'elle avait vu au cinéma, avec Mary et puis les Serpentard traversèrent pour se rendre à leur cours de sortilèges.

« On joue à la balle dans le couloirs ? Le niveau... », dédaigna Freddie Ray en passant. À côté de lui, Snape renifla pour faire bonne figure, ignora Lily et, peut-être pour frimer auprès de ses camarades, peut-être par un hasard malheureux, on ne saura jamais, éleva la baguette.

« ATTRAPE ! » rugit James, et il jeta la bombe de toutes ses forces à son nez, aussitôt ensanglanté et inondé d'une substance infecte. Les Gryffondor applaudirent, les Serpentard huèrent, McGonagall déboula de sa salle et tonna : « Qu'est-ce que c'est que ce bruit ? » Les Serpentard huèrent plus fort. Elle effaça les dégâts du visage de Snape. Sirius déclara que c'était sa faute. Il n'eut qu'un regard à lui adresser pour que James comprît : il y avait match la semaine suivante et il ne pouvait le laisser être sanctionné. Oh, il lui revaudrait bien ça ! Snape le dédit, le ton monta, McGonagall perdit patience et cria, devant tout le monde, chose qu'elle s'était juré de ne jamais faire, sous aucun prétexte, avec aucun élève :

« BLACK ! »

Elle s'interrompit. Se tourna vers les Serpentard pour les congédier tous, oui, même Snape. Quand elle avisa de nouveau Sirius, il dardait sur elle son regard inébranlable.

« Monsieur Sandmann est souffrant, il ne peut pas assurer ses cours aujourd'hui. Monsieur Binns a aimablement proposé de vous prendre en charge, descendez en Histoire. »

N'importe quel autre jour, les élèves se seraient permis de protester mais personne n'esquissa l'amorce d'un soupir. Remus et Sirius retinrent leur souffle sur trois, cinq, dix pas mais elle ne les rappela pas.

« Tu crois qu'elle a pu oublier de te punir pour ça ?

- Elle mûrit sa punition, je suis sûr » marmonna Sirius.

Il s'installa au fond de la classe, entraînant avec lui Remus par le bout de la manche.

« Dans la conscience collective, les chasses aux sorcières en Europe se sont déroulées aux XVI et XVIIe siècle... » La classe somnolait. Peter dormait sur l'épaule de James qui façonnait avec soin un vif d'or en origami. Remus et Sirius levèrent leurs pouces lorsqu'il leur montra le résultat, sourire jusqu'aux oreilles, avant de l'envoyer tournoyer autour de Lily. Elle soupira à peine et l'écrasa du plat de la main, comme un moustique, sous le regard horrifié de James. Les quelques notes hasardeuses de Sirius se transformèrent bientôt en gribouillis d'où émergèrent un James à balai, un manoir si hanté que le pignon et les tours organiques devinrent bientôt indistincts dans la marée d'encre noire qui les engloutissait. Il s'étira pour calmer son énervement. James avait alors ensorcelé quatre autres boules de parchemin et s'apprêtait à débuter une partie de Quidditch avec Achille, Ophélie, Sirius, Remus et Lily - à ses dépens.

« Tu ferais un bon batteur ! félicita Sirius quand son voisin renvoya un faux cognard. Ou un bon gardien. Tu as été presque plus rapide que moi !

- Presque ?

- Je t'ai laissé l'avoir.

- Mais bien sû... »

Une nouvelle balle arrivait droit sur eux, leurs mains se percutèrent. Sirius mordit ses lèvres pour retenir un cri tandis que Remus secouait ses phalanges endolories.

« Achille, t'es MORT ! » murmura Sirius le plus fort possible en lui renvoyant la balle, sous le rire muet de Remus.

Remus reconnut le rythme et les notes de la cinquième symphonie de Beethoven quand la balle rebondit parfaitement sur les têtes d'Achille, Sally et Stevan avant de traverser gravement la tête de Binns. Si le professeur ne pût accuser qui que ce fût, ses quelques secondes de silence bien senti calmèrent la partie. Il retourna à ses notes, sourd au soupir de soulagement qui traversa la classe.

Remus enfonça le menton dans son poing, et fixa le tableau, les sourcils froncés, le visage très studieux, l'esprit loin ailleurs. Il sursauta : quelque chose grimpait sur sa main. C'était la plume de Sirius. Il avait quitté son parchemin, dessiné une suite de runes sur la table et atteignait à présent son poignet, le sourire espiègle. « Tu crois pas que j'ai assez avec mes cicatrices ? » plaisanta-t-il doucement. La calame de son ami survola les éraflures de ses doigts et remonta jusqu'à sa manchette. Remus le laissa la relever un peu. Il y avait, près du rond de l'os, une toute petite marque rose, un peu en forme de V ou de pointe qui taquinait son œil à chaque fois qu'il pouvait l'apercevoir. Il chargea sa plume d'encre, osa consulter du regard son ami qui affichait une grimace pleine de suspicion complice. « Ne regarde pas ». Sa pointe si fine, presque aiguisée grattait un peu la peau sous l'encre glacée. Il souffla pour la faire sécher. Oh, murmura Remus, rose, en contemplant les quatre branches qu'il avait ajoutées pour dessiner une étoile sur son poignet.

« On leur intentait des procès, continuait Binns, pour accusations extravagantes : pacte avec le diable...

- Diable ? demanda Sally à Marlene.

- Un opposant à leur grande figure mythique.

- Mythique ?

- Ils étaient à côté de la plaque. Ça allait de pair avec leurs guerres de religions : les protestants aussi ont subi, soupira Marlene.

- Ils protestaient contre quoi ?

- Il ne comprend rien ! s'agaça Lily.

- ... Sabbat, vol de... »

Toute la classe retint son souffle.

« ... Nuit, acheva Binns sans remarquer le trouble des élèves.

Remus était trop fatigué pour aller étudier, aussi préféra-t-il s'effondrer dans les gradins de Quidditch avec Peter. Sirius gagnait en force. Ses cascades perdaient en hasard, malgré leur audace. Ce serait toujours Sirius, sur la ligne rouge mais sur une ligne au moins, sans les mains, debout sur un seul pied, mais dans la lutte pour continuer.

« Black ! » appela Thelma.

Remus et Peter n'entendirent pas ce que la capitaine lui disait mais ils virent leurs amis exulter avant de traverser les airs comme un feu d'artifice vivant et pétulant.

« Quelqu'un vient d'intégrer l'équipe, je crois ! » sourit Peter avant de siffler a victoire.

Sirius piqua à la rencontre de Remus qui avalait les escaliers. Il bondit debout sur un siège et tendit la main à frapper mais les doigts de Sirius s'accrochèrent aux siens. Remus glapit, se voyant déjà faire le tour du stade mal suspendu à son poignet. Le balai dégringola plus loin, Sirius avait sauté sur le siège d'à côté. Il serra sa main plus fort, toute la passion du loup circulant vers lui et ils poussèrent le même cri sauvage, la tête rejetée en arrière. Sirius posa son front moite sur le sien dans une étreinte aussi fougueuse qu'embarrassée, à peine permise.

« Tu viens faire une balade ? »

La séance touchait à sa fin, les joueurs s'amusaient encore un peu. Remus les observa pour fuir le regard de son ami. Il était incapable de faire un pas vers Sirius de peur de trébucher et se faire repérer. A la simple idée de monter derrière lui en balai, il craignait de se liquéfier.

« Allez. Promis, je vais voler doucement. »

Sirius lui désigna sa place. Il glissa ses jambes dans le creux des siennes, enroula les bras autour de sa taille, si frémissant qu'il ne savait plus où étaient ses mains, ses jambes, sa tête, son âme. Seul son cœur le rappelait férocement à sa présence. Il priait Circé pour que Sirius ne se rendît compte de rien.

« C'est pas plus difficile quand tu as un passager ?

- C'est différent, mais ça va. Tu es facile à embarquer. »

C'était vrai. Remus se découvrit une toute confiance en lui, son poids l'accompagnait dans les virages comme un seul corps. La vitesse était grisante, les caracoles jamais inquiétantes. C'était une sensation merveilleuse. Sirius tournoya sur un refrain que Remus fredonnait, la joue contre ses omoplates où son rire vibrait quand James faisait l'idiot. Mais quelque chose changea. Sirius ralentit, comme malgré lui, tendu. Les Serpentard venaient d'entrer sur le terrain. En fait, Remus vit d'abord Regulus dans les gradins et il en conçut une surprise amusée car le jeune garçon continuait d'afficher son mépris pour le sport. James descendait vers lui, Sirius s'interposa :

« Je peux savoir ce que tu fabriques ? »

Walpurgis approchait, le congé dans la famille aussi. Sirius grattait le vernis de son balai.

« Je dis bonjour à la famille, monsieur ! »

Le visage de Regulus s'assombrit pourtant quand il l'approcha. Il était accompagné de son camarade Martin Lewis. Sirius s'enfiévrait sous les bras de Remus qui murmura à son oreille :

« Va le saluer aussi.

- Pfff... »

Toute cette tension, c'était terrible.

« Vas-y et je t'invite dans la cabane hurlante.

- QUOI ? »

Sirius fit demi-tour en balai, oubliant que Remus était derrière lui. Il se tordit alors le cou :

« Tu peux répéter ça ?! »

Remus rit et enfouit sa tête dans ses épaules. Il resserra, sans vraiment le vouloir, les bras autour de son ventre. Sirius fit un autre demi-tour mais cette fois, c'était pour se dérober à Regulus et James qui se chamaillaient déjà. Son dos se soulevait quand il respirait, à la force de son dilemme. Il frotta le bras de Sirius, entre la bourrade et la caresse.

« Tarentallegra ! »

Ils se retournèrent en entendant Regulus lancer le sort, les yeux écarquillés, Sirius la baguette déjà en main, Remus un juron aux lèvres. Mais James esquiva d'une cascade en le félicitant :

« La vache ! Ça, c'est du sortilège ! »

Regulus souriait.






~

En ce moment, j'improvise.

Je me dis que j'éditerai peut-être plus tard

Mais aussi que ça ressemble à la vraie vie, qui n'a rien de construit

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