Printemps 1973 : un grand jeu
art : mistsu3_3
Un jour...
« Mes chers élèves... Je suis au regret de perturber cette belle journée de printemps par de si funestes nouvelles mais je ne prendrais pas la parole pour interrompre les festivités si la situation n'était pas de la plus haute urgence...
- Il cause bien, dis donc ! souffla Peter à Sirius.
- Chers élèves, chers collègues - et pour certains amis-, une rumeur court depuis quelques semaines dans nos couloirs et il est temps pour moi d'affirmer la vérité, bien que certains estiment qu'elle devrait demeurer cachée. J'ai confiance en votre sagesse, oui, même en toi, le première année, et en vos capacités de déduction, et je compte sur votre loyauté pour combattre cette ignominie qui s'est abattue sur notre école. »
Un frisson parcourut le dos de Remus, malgré la tiédeur de l'air printanier. A côté de lui, Sirius ne perdait pas une miette de ce discours solennel.
« Car oui ! un traître se cache parmi nous. Un traître qui a déjà causé bien trop d'incidents en mélangeant les ingrédients des potions... »
Ali hocha vivement la tête en signe d'acquiescement.
« Un traître qui a saboté plusieurs balais, en coupant les pointes de leurs brosses, afin qu'ils ne volent plus droit ! Et ce, dans le but de faire perdre les Poufsouffle au Quidditch ! Les Poufsouffle ! Qui ose faire cela à un Poufsouffle ?! Ils sont bien trop gentils pour être considérés comme des adversaires ! »
Ali, Poufsouffle lui-même, fronça les sourcils.
« Ce traître, encore, nous a privés hier de petit déjeuner, en remplaçant le jus de citrouille par du vulgaire jus d'orange ! Il a enfermé votre professeure de métamorphose dans un placard pendant toute l'heure du thé ! Il a bouché les toilettes des filles du deuxième étage ! (quoique cette information reste à vérifier, il s'agit peut-être de l'esprit frappeur).
Cela ne peut plus durer ! Notre infirmière est épuisée ! »
Mila rougit en hochant la tête.
« Hagrid doit multiplier les rondes afin de garantir votre sécurité ! »
Le Gardien baissa les yeux, immensément digne et modeste.
« Nos professeurs craignent bien de devoir enseigner tout l'été pour rattraper le temps perdu !!! »
Les élèves poussèrent des cris de protestation. Lorsque le silence fut revenu, l'orateur reprit, la voix basse d'abord, puis de plus en plus puissante, tremblante d'émotion :
« Mes chers élèves, je connais votre force et votre courage. Unissons-nous pour démasquer ce vil malfaiteur !
- On y croirait, mec !
- Je vous en prie, Horace, surveillez votre langage ! »
James caressa sa longue barbe argentée et jeta d'un geste pompeux, dans la petite foule des camarades, son chapeau étoilé, copie conforme de celui du directeur. Il sauta du rocher qui lui avait servi d'estrade, tapa dans la main d'Ali qui portait le costume de Slughorn au ventre factice joliment dodu. Mila jouait Pomfresh, rayonnante dans son uniforme, Marlene avait l'honneur d'incarner McGonagall mais elle grommelait que quiconque eût tenté d'enfermer leur professeure pendant l'heure du thé ne serait plus de ce monde pour continuer ses bêtises. Un groupe de cinq élèves représentait les Elfes des cuisines, le reste des camarades et Hagrid jouaient leur propre rôle, excepté Sirius qui avait insisté pour devenir James. Des cartes ensorcelées, glissées dans leur poche, déguisaient les élèves, d'autres objets avaient le pouvoir de leur donner des gages et malédictions, au fil de la partie. Ce jeu de rôle extraordinaire était l'œuvre de Fleamont Potter. Son fils unique et bien-aimé n'étant pas à la maison pour fêter ses treize ans, il avait choisi lui offrir une fête inoubliable à Poudlard.
« THE GAME IS OOO-ON ! » brailla James, de sa voix qui muait déjà un peu et qui n'avait plus rien de Dumbledoresque. Les apprentis détectives se précipitèrent d'échanger des informations, de relever des indices et certains furent victimes de nouvelles farces de la part du « traître », comme Sirius qui reçut une carte de mutisme, sous le rire moqueur de Peter. Exaspéré, il désigna sa bouche puis celle de Remus, le regard impérieux : « Tu veux que je parle pour toi, c'est ça ? » Sirius acquiesça. « Je refuse de dire des gros mots, on est d'accord ? » Sirius remua les lèvres avec hargne, mais ne produisit aucun son. Il soupira, les dents serrées et saisit le bras de son ami qui rougit. « Mais oui, je reste avec toi, "Jimmy" ! »
Les professeures Athenray et Eiffel, qui se promenaient en direction des serres, s'approchèrent, intriguées par cette agitation.
« Oh oui, venez jouer avec nous mesdames ! implora Peter.
- Qu'est-ce que c'est que ce jeu ? sourit Athenray qui avait perdu son zozotement et gagné une feuille supplémentaire à sa châtelaine.
- C'est une enquête, mais personne ne joue votre rôle !
- Je m'étais porté volontaire, tu sais ! rit Paul, leur camarade de Poufsouffle.
- T'allais pas t'habiller en fille ! protesta Peter.
- Allez, venez, même Hagrid joue avec nous !
- Qu'en pense monsieur Black ? demanda Eiffel.
- C'est pas Black, c'est Potter !
- C'est pas vrai, ça recommence... Je suis désolée, j'étais persuadée d'avoir réussi à vous différencier !
- Ah mais en vrai c'est Black, mais dans le jeu, c'est Potter.
- ... »
Eiffel plissa les yeux, passa une main fatiguée sur son visage avant de leur sourire du sourire d'Athenray.
« Allons observer un peu sur ce jeu, veux-tu ? » demanda l'une des deux femmes à sa complice en avançant vers Hagrid.
Au bout d'une heure et demie, la partie commença à patiner. James déclara alors : « Vous êtes trop nuls ! On va changer les équipes ! », et s'empara de la main de Mila. Sirius secoua la tête et posa la sienne sur l'épaule de Remus dont le regard vibrait de complicité. « Oui, moi aussi je pense qu'il a organisé tout ça pour en arriver précisément là.
Et tout le monde en profite... » termina Remus dans un murmure. Sirius laissa sa main derrière son dos, il le pressa même contre lui, un instant. Un grand oiseau passa devant le soleil de mars, éclipse instantanée. Il sentit Remus se... non pas se tendre, mais s'immobiliser, le souffle suspendu. Pourquoi son ami ne pouvait-il pas agir aussi spontanément que James ? Sirius avait cru que dévoiler son secret eût rendu les choses plus simples. Il avait envie de serrer plus fort pour le faire réagir, pour le – garder, là abolir la distance, mais quelle distance ? Sirius ne connaissait rien aux sentiments, sinon la colère, le plus simple. Il ne savait même pas regarder les siens. Il ne voyait pas sa frayeur. Il regardait Remus pour apprendre. Et il croyait que Remus retenait son souffle sans se rendre compte que c'était lui qui avait arrêté de respirer.
Oh Remus, toutes ces années de solitude, avant Poudlard ! Et... après ? Le cœur de Sirius plongea tout à coup, à la pensée revenue que Remus risquait de tout perdre.
Un sursaut de gêne les sépara. James et Mila se précipitaient vers eux. James plongea la main dans la poche de Sirius qui, surpris, donna une tape sur son poignet.
« Ça se fait pas, James, un mec en plus ! s'écria Paul.
- Oh, c'est bon, c'est mon meilleur pote ! En plus il me joue moi, donc je me fais mes propres poches et... VICTOIRE ! rugit James en tirant une carte de son pantalon ! C'était toi le traître !
- QUOI ! feula Remus. On enquêtait ensemble... ! »
Sirius eut un sourire contrit qui s'épanouit plein de malice quand il eut retrouvé l'usage de la parole puisque la partie était terminée.
« Eeeeh oui ! Hagrid m'a dit qu'il avait pensé à Peter mais il aurait sûrement gaffé, il joue trop mal la comédie ! J'étais très content de jouer le méchaaaAAAH ! » Hagrid l'avait saisi par la taille et il fit mine de le jeter à l'eau. Un concours de ricochets s'ensuivit, dans le lac qui reflétait toutes les couleurs que le printemps euphorique mélangeait dans le ciel, lilas et abricot, des nuages aux contours dorés, qui habillaient le parc de paradis. Hagrid faisait rebondir des cailloux plus larges que les têtes ahuries des élèves, et lorsqu'il eût appris à Peter à réussir les siens, il reçut en rougissant le titre de professeur. Sirius baignait ses pieds, un peu déçu de n'avoir pas été vraiment balancé dans l'eau. Il leva la tête et appela Remus avec un sourire amusé, pour désigner James et Mila, assis en tailleur face à face, qui n'osaient même plus s'effleurer les mains. James remarqua le regard de Sirius et lui tira la langue, Sirius tapa dans la main de Remus qui fit un clin d'œil à Peter, qui leva le pouce en direction de James qui se pencha pour embrasser le front de Mila.
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