hiver 1973 : réconfort

Un jour...


« J'ai un petit peu... du mal à y croire ?

- C'est normal, Peter. »

Encore étourdi, presque grisé par sa crise de larmes libératrice, Remus souriait, les yeux rougis, enveloppé dans son pull, les pieds ramenés sous lui dans le canapé le plus confortable de la salle commune. James était assis sur le tapis, adossé à l'accoudoir, tout près de lui. Peter à l'autre bout, un peu ramassé sur lui-même, les mains glissées sous ses cuisses.

« Est-ce-que ça fait mal ? »

Sirius adossé au manteau de la cheminée, contemplait la lumière chatoyante qui redessinait le visage doré de son ami.Remus sembla réfléchir. Il finit par répondre, les yeux baissés :

« Oui. »

Il hésitait encore. James dit très vite :

« T'es pas obligé de répondre.

- Non, non, je sais... Mais j'ai envie... De vous expliquer. Que vous compreniez. Ça ne me dérange pas, je ne suis juste pas habitué à en parler. Je voudrais ne pas être trop dramatique ou effrayant.

- Remus, tu viens de passer une minute à pleurer dans mes bras comme un bébé, je ne pourrai jamais vivre de moment plus dramatique ou effrayant.»

Remus rougit violemment et cacha son visage dans ses mains en pouffant.

«Chut.

Bon, la première chose à savoir, James : Sirius et moi on n'a jamais préparé de farce contre toi. On faisait des cachotteries parce qu'il savait déjà.

- SIRIUS ! s'offusqua James. Et tu ne m'as rien dit ! »

Après une demie seconde de silence, il ajouta :

« Tu progresses. Je suis fier de toi. »

Sirius lui tira la langue.

« Alors, ça fait mal ?

- Très... Tous mes os et muscles se déforment. Et comme le loup est frustré de ne pas pouvoir chasser, d'être enfermé, je me... »

Il leva les bras pour désigner ses blessures.

« J'ai beau boire des potions calmantes, dans des quantités déraisonnables, rien n'y fait.

- Tu te souviens de ces nuits-là quand tu te réveilles ?

- De vagues images, comme un rêve... Même pas, comme le souvenir d'un rêve. Mais je préfère ne pas me souvenir. J'essaie de... C'est un peu bizarre à expliquer, j'essaie de me mettre en retrait ? »

Ils hochèrent la tête. Sirius demanda tout bas :

« Ça fait longtemps ?

- J'avais presque cinq ans.

- Cinq ans ? Merlin, qui fait ça à un petit de cinq ans ? gémit James. Déjà douze ans, c'est horrible, mais... cinq !

- Un monstre... » murmura Remus en haussant les épaules.

Il y eut un silence.

« N'y pensez pas trop, leur intima-t-il. Je suis enfermé ces nuits-là, c'est tout ce qui compte. »

James toussota, souffla et donna une petite tape sur son genou.

« Où est-ce que tu es enfermé ? Dans les cachots ?

- Non, on m'entendrait. Dumbledore a tout prévu : il a fait construire cette cabane qui a la réputation d'être hantée...

- LA CABANE HURLANTE ! jubilèrent les garçons.

- La cabane hurlante ! s'écria Peter avec un train de retard.

- Tais-toi, Peter, faut pas qu'on nous entende !

- Pardon monsieur Lupin ? Tu connaissais un moyen d'aller à Pré-au-Lard et tu ne nous as rien dit ! »

Remus tordit les manches de son pull.

« C'est que...

- Il plaisante, Remus... le rassura Sirius avec un sourire espiègle pas du tout rassurant, on comprend bien que tu ne pouVAIS rien nous dire... »

Remus gloussa, mal à l'aise. La dernière chose qu'il voulait faire était trahir la confiance de Dumbledore. L'avant-dernière : décevoir ces trois filous qui n'avaient pas sourcillé en apprenant qu'il était un monstre.

« Finalement, on l'aura faite notre nuit blanche... murmura-t-il en regardant par la fenêtre le jour qui se levait, habillé de brumes.

- C'est ça, oui, change de sujet... » ricana James.

Remus ne trouva rien à répondre. Il renversa la tête en arrière, ailleurs. James et Sirius cessèrent d'échanger leurs grimaces éloquentes.

« Votre malice est vaste, gronda-t-il au plafond, mais il n'y a pas de magie plus puissante que la bonté de Dumbledore.

- Faut pas nous mettre au défi comme ça. »

Un rire silencieux secoua son ami.

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