Été 1977 : The outsiders

Un jour...


Remus tremblait encore. Il avait oublié que ça ne le quittait plus. Il tremblait de joie comme on rit, il tremblait de fatigue comme on bâille, il tremblait de colère pour ne pas crier, il tremblait d'excitation, il tremblait de froid, de faim, il tremblait de peu.

« Remus ? » appela doucement James.

Le tremblement s'arrêtait une fois par mois, mais comme c'était pour la pleine lune, ça ne comptait pas, et Remus oubliait à chaque fois. Il revenait trop vite pour qu'il ne s'en rendît vraiment compte.

Ils étaient étendus sur des tapis élimés, dans le grenier de la Cabane Hurlante, où le loup avait grimpé pour regarder la lune une dernière fois, à travers les planches brisées du toit. Ensuite, il s'était retiré du corps de Remus. Maintenant, terrassés tous les quatre, ils contemplaient la poussière qui volait dans la pièce, si brillante dans les rayons du levant qu'elle semblait soufflée dans de l'or. Quand Remus referma les yeux, le pourpre de ses paupières en était encore tout scintillant. Il serra la main de Sirius tant que personne ne les voyait. Le muscle de son bras le lançait : c'est qu'il retournait avec réticence à sa forme humaine, faible, si fragile,

En tremblant

Parfois, il songeait que la force brute du loup était plus simple à accepter

Remus se redressa, observa les corps amorphes de ses amis. James le salua d'un geste de la main, et laissa retomber son bras sur ses yeux dont le brun ténébreux était à peine éclairci par les rayons piquants.

« Comment ça s'est passé ? » murmura-t-il dès qu'il put articuler.

Peter serra les dents. Sa voix, au sortir de la métamorphose, c'était quelque chose. C'est lui qui répondit, rassurant : « Comme d'habitude. On s'est amusés comme des petits fours...

Petits fous.

J'ai faim. ».

Sirius effleura sa hanche, comme par inadvertance. La peau de Remus frémit, reste de l'appétit sauvage du loup mêlé à son propre désir, nourri de l'amour qui s'enflammait dans son cœur.

« Moi aussi, j'ai faim, déclara-t-il.

- Tes vêtements sont dans le sac », marmonna James.

Il se leva nu, sans pudeur superflue et descendit l'escalier sur ses jambes encore capricieuses. Sirius le rejoignit le premier, lui réclama un baiser, d'un signe de tête qui surveillait que les autres ne descendaient pas. « J'ai une haleine épouvantable » s'excusa son ami. Il glissa alors simplement dans ses bras, lui frotta longuement le dos, et sous ses grandes mains puissantes de batteur, les muscles, les os, la peau recouvrèrent leur forme. L'escalier geignit sous le pas de Peter qui réclama : moi aussi je veux un câlin. Remus rit, lui ouvrit l'étreinte.

Merci les gars

Merci pour toujours

Comment peux-tu savoir que ça durera toujours

Comment peux-tu oser croire

Oh non, je sais que ça ne durera pas toujours

Pas plus que les premières feuilles du printemps, au vert si tendre qu'il semble gorgé d'or,

Stay Golden, Ponyboy

dit ce poème que nous avons partagé, à la fin de l'été

Pas plus que le dernier flocon de Noël, ou la joie de franchir les portes de Poudlard pour la première fois

Nothing gold can stay

Je dis merci pour toujours précisément parce qu'un jour viendra où je serai seul à nouveau pour la pleine lune, un jour où nous ne nous parlerons plus

Mais cet instant de reconnaissance-là, jamais je ne pourrai le regretter

Ce sentiment jamais ne s'atténuera

Merci pour toujours

« Queudver, va réveiller James... marmonna Sirius.

- Pourquoi moi ? »

Remus sentit l'étreinte de Sirius se défaire tandis qu'il fondait pour se métamorphoser, en soupirant. Il remonta les escaliers, sa queue en panache balançant élégamment derrière lui, et quelques instants plus tard, la voix de James beugla : « Mais ça va pas la tête de me lécher le visage mais arrêêêêête, t'es dégueulasse ! »

« Remus, déclara gravement James devant un copieux petit déjeuner, je ne t'ai pas tout dit. »

Remus, qui s'inquiétait à l'idée que les habitants de Pré-au-Lard pussent faire le lien entre les cris de la cabane, leur présence au petit déjeuner une fois par mois et la pleine lune, leva vaguement les yeux. Il n'avait peur de rien en ce qui concernait James, c'était probablement du bon vieux bluff. Il allait déclarer qu'il sortait avec Lily depuis leur deuxième année, que Dumbledore était son grand-père, que l'équipe des Pies de Montrose l'avaient approché. Two lies and one truth.

« Je... McGonagall t'a dit quelque chose au sujet des Préfets-en-Chef ? »

Remus sourit.

« C'est tout ? Je suis déçu. »

Il y tenait, à cette affaire de Quidditch.

Son ami fronça les sourcils.

« Tu savais ?

- Je viens de comprendre.

- Pas moi, indiqua Peter.

- Tu vois bien, je t'avais dit de ne pas t'en faire, James ! rouspéta Sirius.

- Quoi, tu t'inquiétais ?

- Mais de quoi ? demanda Peter.

- ÉVIDEMMENT !

- Oh, James... McGonagall m'a demandé, en fin d'année dernière, si je voulais ce poste. Généralement, elle ne demande pas, mais avec (il haussa les épaules), ma condition... Je lui ai dit que j'étais capable de l'assumer, que j'étais bien entouré (il ouvrit les bras), mais que si elle pensait à quelqu'un d'autre, quelqu'un de digne, quelqu'un qui le méritait, au meilleur des Gryffondor, je lui laisserais cette place. »

James exultait.

« Tu plaisantes, dit-il pour la forme en balayant l'air de la main.

- Non. Par contre, elle a répondu que cette personne n'avait probablement pas encore posé les pieds à Poudlard, mais qu'elle y réfléchirait. »

James lui adressa une ignoble grimace.

« Elle se trompe, sourit Remus. Je suis content que ce soit toi.

- Tu sais quoi, murmura James, la tête baissée, je suis encore plus content que ce soit toi qui le dises.

- Wew, chuchota Peter en poussant Sirius du coude, Lily a de la concurrence. »

Sirius lui adressa une ignoble grimace.

« Chut. »
« Vous croyez que McGo est une entremetteuse ? demanda Peter en regardant les Préfets en Chef, Lily et James, s'éloigner vers la tête du train.

- Non, déclara Sirius. Elle n'a pas de cœur.

- Je pense que Dumbledore en est un, mais par goût de l'expérience plus que par cœur. »

Ils rirent, toujours tournés vers le chemin qu'il venait d'emprunter. Que deviendra James ? Un leader, sans l'ombre d'un doute. Capitaine, que ce soit d'une équipe de Quidditch ou d'un vaisseau de pirates. Chef d'une équipe d'explorateurs. Professeur, même, peut-être. Et pourquoi pas Ministre ? James oh James... Il n'y a pas de magie plus puissante que son insolence. Il nous sauvera tous, sans le chercher, sans le savoir, en étant simplement James, avec ce merlin de rire, son énergie sans pareille et sa capacité à nous emporter dans son enthousiasme.

Un peu plus tard, Remus parcourut les wagons à son tour. Il salua Victor, rabroua les Boursouflets dont les voix avaient mué, et aida des jumelles moldues, peu habituées à l'argent sorcier, à faire leurs emplettes de friandises.

« Ce n'est pas la peine d'acheter de tout juste pour goûter, murmura-t-il, gardez votre argent pour plus tard, il y a des bonbons à Poudlard aussi... ». Il leur souhaita un bon voyage et reprenait sa tournée quand un mot fit vriller son oreille :

« Il faudrait construire un nouveau village comme Varcol, un endroit à eux, tu vois, où ils se sentiraient en sécurité et pourraient se soutenir. Ils sont mieux entre eux. Et comme ça, ils seraient localisés, on pourrait mieux surveiller les nuits de pleine lune aussi. »

C'était Angus, un Poufsouffle de cinquième année, qui venait de déclarer cela à un camarade. Deux autres élèves écoutaient la discussion, sans y prendre part.

« Ouais mais avec quel argent ? C'est pas notre faute cet attentat, c'est pas à nos taxes de le repayer quoi...

- Entre ça et te payer des dispositifs anti-lycaons sur ta maison, tu préfères quoi, hein ? Et puis, sur le long terme, ça coûterait moins cher que toutes ces battues organisées par le Ministère... Parce que là, on parle quand même de cinq loups-garous qui n'ont pas été identifiés ! Qui sait où ils rôdent ?!

- Est-ce qu'ils parlent de vrais loups-garous ? demanda une des jumelles à Remus, qui ne l'avait pas entendue arriver. Je croyais que ça n'existait pas... Est-ce que les sorciers ne devraient pas prévenir les moldus ? »

Angus leva les yeux vers Remus. Il attendait sa réponse, lui aussi.

« Les créatures magiques sont comprises dans le Secret, expliqua-t-il péniblement. Les dirigeants ont décidé de ne pas prévenir les moldus. La plupart des loups-garous s'enferment volontairement les soirs de pleine lune, pour éviter de faire du mal autour d'eux.

- Ouais, enfin ça, c'est dans un monde idéal... railla Angus.

- Dans un monde idéal, il n'y a pas de loups-garous », riposta Remus.

Il lui semblait que ses cicatrices clignotaient sur son visage.

« C'est une nuit par mois, le reste du temps, ils sont inoffensifs.

Enfin, autant que des hommes ordinaires. »

La jeune fille ne sourit pas à sa boutade. Remus se rendit compte après qu'il ne souriait pas non plus.

« Et les autres ?

- Qui ?

- Ceux qui ne s'enferment pas ? »

Remus retourna la question dans sa tête. Aucune réponse n'était très joyeuse.

« Il y a plein de façons de faire du mal aux autres. Si un lycaon le décide, il peut se laisser aller au mal et se promener en liberté les nuits de pleine lune. Si un sorcier en a envie, il peut t'attaquer dans le dos, piéger ta maison, j'en passe, tu as compris. Les moldus aussi ont leur armes.

- Les lycaons, ils ont quand même quelque chose de déséquilibré en eux.

- Alors il faut leur donner encore plus de stabilité. Imagine la confiance qu'il faut pour se livrer volontairement à la police, les soirs de pleine lune, sans être certain qu'on te libérera le lendemain. Tu le fais parce que tu sais que tu ne pourrais pas vivre en ayant fait du mal à quelqu'un. »

Son interlocuteur voulut répondre, mais la fillette fut plus rapide, elle insista :

« Mais que font les sorciers pour les moldus, puisqu'ils leur cachent la vérité ?

- Ils essaient de résoudre les problèmes. » soupira Remus.

James et Remus poursuivaient leur tournée des compartiments quand un cri strident les interpella, reconnaissable entre tous : celui de l'amusement.

Un groupe de cinq élèves jouaient aux rois explosifs, un aménagement du jeu de cartes traditionnel à la sauce roulette russe. Dans la pioche se cachaient quatre rois qui sautaient à la tête de ceux qui les tiraient et qu'on remettait au hasard dans la pile après coup. C'était exactement le genre de jeu dont James raffolait, le genre que Remus détestait. D'ailleurs, ce premier regarda la partie en soupirant d'envie, appuyé contre la porte, jusqu'à ce que le plus petit des joueurs le remarquât et, paniqué, fît signe à ses camarades de se taire. James baissa les yeux en direction de son regard. Son insigne de Préfet. Ah oui, c'est vrai.

« C'est comme ça que j'ai rencontré Patoune, sourit-il à Remus.

- Il faut quand même que tu leur dises quelque chose au sujet du bruit.

- Oui, il y avait ça aussi, le jour où j'ai rencontré Patoune. Eh ! C'est vous qui faites tout ce bazar ?

- C'est pas nous, c'est les cartes !

- Oh, fit James en y pointant sa baguette, arrangeons ça...

- Non ! supplia le gamin en les rangeant prestement.

- Alors premièrement, n'essaie pas de jouer au malin avec moi, je connais toutes les ruses, tu n'as pas idée.

- Tu n'as vraiment pas idée, approuva Lily, derrière lui.

- Deuxiè... Oh, hello Evans. Deuxièmement, je te demande seulement de faire moins de bruit, c'est possible, ou pas ?

- Vous êtes ensemble, elle et toi ?

- C'est pas tes affaires, répondit Remus, exactement en même temps que Lily répondait :

- C'est compliqué, et que James se lançait dans un :

- Eh bien non, tu sais, on n'a pas tout ce qu'on veut dans la vie mais c'est pas pour ça que... Hein ?

- Hein ? feignit Lily.

- Elle a dit : "c'est compliqué", répéta le gamin.

- Ça veut dire quoi "compliqué" ? Attends, mais je ne suis pas au courant ! Mais attends-moi ! fit James en se lançant à sa poursuite. Et vous, les première année, du calme, hein ! »

James se cogna dans les préfets de Serdaigle qui venaient prendre le relais. Ils échangèrent quelques paroles puis Remus déclara, droit dans les yeux de James : « Je vais rejoindre Sirius. » Et il lui fit un petit clin d'oeil, les pommettes rouges, fier pour la première fois de cette rougeur révélatrice qui plongeait James dans un plus grand malaise encore.

Allez, dégèle, un peu.

Lily et lui avancèrent lentement dans le couloir du train baigné de grandes flaques de soleil, marbré parfois de feuillage, de reflets d'eau, de vols d'oiseaux. Ils saluèrent des camarades qui passaient. Le malaise de James se dissipa sans qu'il ne s'en rendît vraiment compte, entre deux effluves de bonbons, plaisanteries de boursouflets, frôlements de la main de Lily qu'il n'osait prendre. Cela ne lui ressemblait pas de ne pas oser, et il apprécia cette retenue nouvelle, le hasard du balancement qui les rapproche, exquise surprise, et pas de mouvement de recul. Pourquoi Lily avait-elle dit cela aux enfants impertinents, au lieu de riposter comme Remus ? Cela ne lui ressemblait pas non plus. D'accord, on ne se ressemble plus. Réapprenons ensemble ? Il leva les yeux vers elle, juste pour sourire.

Une rature.

Ils s'écartèrent l'un de l'autre comme s'ils avaient commis une erreur. C'est que Regulus et Snape avançaient dans le couloir, droits et blêmes comme des statues désincarnées. La lumière du soleil sembla défaillir. Une flamme traîtresse colora pourtant les joues du cadet, ému contre son gré. Il serra les dents, comme Snape, qui croisa son rival sans baisser les yeux vers lui. Sous les longues capes noires qui pesaient sur leurs épaules, la superbe des Serpentard s'était craquelée. James et Lily continuaient de s'éloigner dans leur dos. Snape et Regulus échangeaient de vagues paroles qui n'avaient plus d'intérêt, sinon de duper les apparences. Ils n'avaient qu'une envie : hausser le menton, sauter sur n'importe quoi pour le dévorer, le réduire en cendres, et dans un monde ravagé s'enfermer dans un silence peuplé de rêves jamais éclos.

« Bonjooour ! bienvenue à tous, et particulièrement aux nés moldus ! Je suis votre nouveau et, en réalité, premier professeur de Défense Contre les Forces du Mal, professeur Cuthbertson. On va commencer par un petit échauffement vocal, hum hum, chantez avec moi. »

Le professeur babilla, les bras levés comme un chef d'orchestre, en faisant monter et descendre sa voix. Il entraîna dans toutes sortes de curieuses vocalises, une classe de débutants qui, bien que circonspects, se plièrent à l'exercice.

« Bien bien, bien.»

Il pianota sur la table, le regard dirigé vers la porte, comme s'il attendait quelque chose. Puis, il haussa les épaules et déclara :

« Bien, maintenant que nos voix ont ouvert leurs chakras, je vais vous présenter le premier sortilège de l'année. Il va vous sembler inoffensif mais il est assez efficace pour arrêter les ennemis. Entraînons-nous sur ce rat que j'ai apporté comme cobaye. Allez, viens. Si si, ne fais pas le difficile, sors de là.

Bien.

Regardez. »

Le rat semblait savoir ce qui l'attendait car il n'était pas très anxieux, il avait plutôt l'air blasé à vrai dire. Les élèves étaient de plus en plus intrigués.

« Rictusempra ! » s'écria l'enseignant. Un jet de lumière frappa la pauvre bête, et elle se tordit de... - ils grimacèrent avant de comprendre – elle se tordit de rire.

« Exécutons ce geste, très bien... Et parlez clai-re-ment !

- Rictusempra !

- Miss Carter, me ferez-vous l'honneur d'être la première de mes élèves à tenter ce sortilège ?

- Moi ? », accepta-t-elle avec une légère appréhension.

Le rat soupira en se redressant sur ses pattes et fusilla Cuthbertson du regard.

Un sifflement retentit dans le couloir, puis une sorte de grand chahut indistinct. « Oh ! » glapit l'enseignant en pointant la porte du doigt. Les élèves tournèrent les yeux vers l'entrée, mais rien ne se passa. Ce fut quand ils retournèrent à lui, après cette piètre diversion, qu'ils constatèrent qu'il avait disparu.

Enfin, à moitié. Son épaule gauche et sa jambe étaient tout à fait invisibles et sa tête inquiète, quoique toujours un peu malicieuse, flottait dans l'air. Il regardait la porte, atterré. C'est alors qu'un second Cuthbertson entra, le pas plus lourd, le regard moins vif. Il posa son sac et soupira.

« Monsieur Potter, quand je vous ai demandé de prendre la classe pour excuser mon retard, ce n'est pas exactement à cela que je songeais.

- Oh non, fit mine de regretter l'imposteur, il fallait être précis. Je me suis démené pour rien. »

Le rat glissa dans sa poche. « Lâche » murmura James du coin de la bouche, avant de retirer sa cape d'invisibilité et de la ranger.

« Par curiosité, lesquels d'entre vous sont capables de me dire comment je m'y suis pris pour vous duper ?

- On n'a pas été dupes du tout, frima un jeune garçon.

- Non mais dis donc, tu vas parler autrement à ton professeur ! glapit la poche de James.

- Hein ?

- Hein ? répondit le rat.

- Dans le doute, suggéra un autre élève, on lui fait un sort de dé... détransformation ? Ça doit exister ?

- Vous êtes dur, on ne connaît rien...

- On peut pas continuer les sortilèges qui font rigoler ?

- Seigneur, soupira Cuthbertson à l'attention de James, déguerpissez avant que je ne perde le contrôle de cette classe.

- Vous leur direz de ma part que c'était juste un sort de vieillissement, avec quelques aménagement du côté du nez, de la couleur de la peau et...

- Oui oui oui, je leur dirai. »

Le roman dont il est question est "The Outsiders" de S. E. Hinton, considéré comme le roman fondateur du genre "Young Adult". Le poème est de Robert Frost.

Nature's first green is gold,
Her hardest hue to hold.
Her early leaf's a flower;
But only so an hour.
Then leaf subsides to leaf.
So Eden sank to grief,
So dawn goes down to day.
Nothing gold can stay.

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