Été 1974 : tiens-toi bien
Un jour...
Qui en a quelque chose à faire, parce que Sirius n'aspirait pas au bonheur. Il n'aspirait pas à la paix, ni à la sérénité, encore moins à l'harmonie. Il avait été bâti sans tout cela et n'en avait que faire : c'est dans les failles qu'il y a le plus de lumière. S'il y avait une chose à laquelle aspirer, c'était ce grand idéal humain aboli par ses parents et, parfois, sur le chemin, éventuellement, il avait de la joie. Une joie éblouissante et douloureuse, citron pressé sur langue affamée. Il frappa de toutes ses forces. Air froid, tension, explosion, frisson. Apogée. Son cognard fonça vers le pauvre Lawrence Bell qui laissa le vif d'or échapper à sa vue.
« Mais Margot, tu fous quoi ? rétorqua Sirius. T'es là pour protéger tes coéquipiers, bordel !
- Black, c'est pas parce que tu es un sportif que tu peux jurer comme un charretier ! »
Béryl Thomas, la nouvelle capitaine les fusilla du regard. James faisait des grimaces dans son dos. Il ne lâchait pas Béryl, voletait autour d'elle comme un lutin de Cornouailles déguisé en angelot, dans l'espoir de passer les sélections pour devenir le nouvel attrapeur, après le départ d'Azzedine Malek. La brutalité de Sirius n'était donc pas purement due à un souci de professionnalisme. Cela ne suffit pas et James fut cantonné à sa place de poursuiveur.
« Tu es un superbe poursuiveur, pourquoi tu n'arrives pas à être heureux d'être le meilleur de ta catégorie ? demanda Remus.
- Je ne sais pas. Attrapeur, c'était un rêve.
- Au moins, tu es bon à quelque chose. » avança Peter.
James, qui boudait pour le plaisir d'être consolé, leva vivement la tête, l'attention piquetée en dehors de la conversation des Maraudeurs. C'était le rire de Lily. Il venait de tinter à ses oreilles. Elle s'éloignait de ses copines pour saluer Snape qui attendait le premier, devant la porte de la classe. Les amis ne manquèrent pas de remarquer le léger malaise du jeune homme quand il dut se détourner des autres Serpentard pour lui répondre, ni la moue méprisante desdits Serpentard lorsqu'ils virent Lily les approcher sans considération pour leur statut de sang pur. L'avait-elle vue ? Rien n'était certain, rien ne l'eût rendue moins spontanée. Elle était du genre à tendre l'autre joue si on la frappait, mais une joue d'acier sur laquelle les phalanges les plus agressives s'éclateraient dans la douleur. Remus vit James passer une main dans ses cheveux, redresser les épaules et il se rapprocha instinctivement de lui pour parce qu'il connaissait sa maladresse brusque et les reparties de Lily. Sirius, à côté, ne faisait attention ni à Lily ni à Snape : il avait fait une remarque idiote à Mila à propos de son manuel de potions, et son groupe de copines avait cessé de discuter mais pas par mécontentement, elles étaient plutôt comme dans l'attente de quelque chose. De plus en plus souvent, les autres se mettaient en suspens quand il débarquait, filles et gars, c'était pareil, dans un genre de reconnaissance qu'il daignât s'intéresser à eux ou offrir le divertissement de sa beauté et de son esprit. Il embraya sur les nouvelles, elles posaient des questions sur l'entraînement, il rappela à chacune une plaisanterie potache avec une facilité déconcertante. Ils riaient, le regardaient, espéraient. Il n'en ressentait pas grande pression, parce qu'en dehors du Square, il prenait tout à la légère, et puis il avait James son frère refuge que lui-même pouvait aimer sans mesure, et à égalité. Il était à peine un peu triste pour les autres camarades. Mais déjà les élèves entraient en classe et il leur faussa compagnie pour sauter dans le dos de Remus et se garder une place au fond.
Pour les remettre tranquillement en train, Slughorn leur donna quelques exercices de révisions, notamment la découpe des plantes délicates que certains avaient pris l'habitude de bâcler. "Ne suivez pas mon regard". Lorsque Sirius retroussa ses manches, Remus remarqua un petit point noir sur son poignet. Il le désigna d'un léger mouvement de tête mais Sirius, paré d'un sourire en coin, s'amusa à l'ignorer, non sans poser son menton dans sa paume, le poignet à portée des yeux de son ami, encore plus ostensible. Remus pouffa d'un rire silencieux, une petite bouffée d'air, petite bouffée d'or, et tendit le doigt pour l'effleurer. Il lui échappa au dernier moment.
Bon, pour les bonnes résolutions, c'est foutu, mais à partir de maintenant, promis, je me tiendrai bien.
Le sourire de Sirius s'élargit. Remus leva les yeux au ciel et serra son poignet dans sa main douce et glacée.
Hum.
Il gratta doucement le petit point.
« Serait-ce un tatouage, monsieur Black ?
- N'importe quoi ! Je me suis piqué avec ma plume au Camp, c'est tout.
- Piqué ?
- Oui. Tu comprends.
- Oui. »
Ses canines un peu trop longues, bien blanches perçaient sous ses lèvres roses, rose frais
HUM.
« C'est carrément un tatouage.
- Quoi ? Mais non. Oh. Misère... »
Sirius considéra son bras avec dépit.
« Ce n'est pas grave. Tu ressembles à un vrai motard. Enfin, en tout petit.
- Je suis à peine moins grand que toi, marmonna Sirius en lui donnant une bourrade, puis en passant la main là où il l'avait brusqué, comme pour réparer.
- ... Et tu vas être obligé de le recouvrir d'un plus beau dessin ! »
On dira que ce sera ma promesse pour ne plus y retourner, jamais.
Remus se voulait un peu ironique mais, eh, il n'avait pas tort. En fait, c'était même plutôt excitant d'envisager une telle transgression
Comment pourrais-je bien me tenir ? J'ai pas envie de me taire, j'ai envie de laisser ça hurler au fond de moi, me renverser comme un torrent, m'abandonner à tes tempêtes impitoyables qui m'emmènent à tous les coupsà l'apogée,
ça coule profondément en moi, dans mes veines et dessine sur mes bras
m'abandonner ?
Ils levèrent la tête d'un même geste. James venait d'interpeller Snape.
Oh non... soupira Remus.
« Tu t'es lavé les cheveux on dirait ! Ou c'est les limaces qui ont absorbé le gras ?
- Tu sais que l'ortie c'est bon pour ce que t'as ? renchérit Peter.
- Promis, je te dénoncerai pas si tu en choures en partant.
- Genre mais vraiment en fait, fais-le. S'il te plaît. Pour le bien de la classe.
- Ça va le courage, les Gryffondor ? Trois contre un, tranquille ?
- Contre deux on dirait, ricana Sirius.
- Ça suffit ! coupa Slughorn.
- Oui monsieur, clama James sans déférence aucune.
- On voulait juste rendre service.
- C'est pour son bien ! »
Snape renifla. James échangea un regard mesquin avec Sirius et ils reniflèrent à leur tour. Remus engloutit son visage dans ses mains.
« Vous êtes répugnants, les gars...
- Ksss...
- Kssss....
- Kssssnif.
- Sssssnif.
- Oh yes, murmura Peter juste pour Sirius et James : Snifferus Snape. »
Les deux autres éclatèrent de rire avec un tapage faussement réprimé. Lily tiqua à l'attention de Remus. Les dernières minutes de cours furent interminables, Remus en équilibre craignait que ses amis ne le prissent à parti. Heureusement, ils étaient bien assez de trois pour se moquer de Snape et respectaient - ou du moins connaissaient - suffisamment Remus pour ne pas lui reprocher sa discrétion.
« Monsieur Lupin, pouvez-vous rester dans la classe un instant s'il vous plaît ? »
Une enclume s'abattit sur ses épaules. Il n'osa protester, dire qu'il n'avait rien fait, et demeura brave et droit, assis à sa table du fond, pendant que les autres déguerpissaient, à l'exception toutefois de Lily, James et Sirius. Slughorn fit signe de sortir aux garçons : « Cela ne vous concerne pas.
- C'est notre pote. »
Le mot sonnait très bizarrement dans la voix de Sirius.
« Alors on reste. Il n'a rien fait.
- Surveillez votre langage. Je n'accuse nullement votre ami, maintenant veuillez attendre dehors. »
James sortit le premier, comme un prince et il se trouva que la présence de Lily avait un peu pesé dans sa décision. Sirius le suivit, mûrissant mille vengeances terribles pour le cas où Slughorn fît du mal à Remus.
« Je donne une petite soirée de rentrée ce vendredi à dix-huit heures, et mademoiselle Evans et moi-même aimerions beaucoup vous compter parmi les invités.
- Une soi... rée ? bégaya Remus, interdit.
- Quelque chose de bien simple, vous savez, continua le professeur alors que le jeune homme sentait la tension se liquéfier dans ses muscles : un petit buffet, des conversations informelles... Tenez, demandez à votre amie !
- Oui, on discute d'actualités, de recherches dans le domaine de la magie, de lectures, de sport... c'est très sympa !
- C'est une belle occasion de renforcer la cohésion entre les différentes maisons. »
Remus se tourna vers ses amis qui l'attendaient derrière la porte. Lily secouait la tête avec vigueur.
« Qui est invité ? Pourquoi moi ? » s'étonna-t-il.
Slughorn rit, paternellement, en posant une main sur son épaule :
« Vous êtes de ces élèves dont j'apprécie particulièrement l'esprit ! Me donnerez-vous votre réponse d'ici mercredi ?
- D'accord.
- J'aimerais bien que tu viennes », dit Lily.
Remus la regarda. Pour la première fois, les insinuations de Sirius infiltraient sérieusement son esprit. Oh non, ce serait si triste ! Mais ? Cette idée était trop présomptueuse ! Vraiment, Lily ? Qu'est-ce que je fais de ça, moi ? "T'es si désespéré?" m'a demandé Sirius, mais je ne vais pas... Non, c'est une idée ridicule. Il se trompe, elle n'agit pas avec la même bizarrerie que les filles qui tournent autour de James et Sirius
Que James quand il la voit
Remus sourit.
« Tu les connais mal, murmura-t-il, comprenant que Lily essayait surtout de l'éloigner un peu du mauvais esprit de ses amis.
- Ils ne me laissent pas voir grand-chose de bien. »
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