Eté 1971 : un visage
Un jour...
« Regarde ce que tu fais de moi, je te connais depuis deux jours et je me retrouve déjà à la bibliothèque !
- Eh, je t'ai rien demandé ! marmonna Sirius.
- Je ne peux pas te laisser avec cette coiffure, c'est de la pure charité... »
C'était leur deuxième journée à Poudlard. Ce matin-là, Sirius avait reçu une lettre de ses parents qui l'avait plongé dans une colère froide et muette durant toute la journée. James avait respecté son silence, ses autres camarades l'avaient craint. En fin d'après-midi, son ami l'avait entraîné dans la bibliothèque. Il ne savait pas que la mère de Sirius lui avait rasé le crâne à deux jours de la rentrée pour le punir, mais il avait envie de faire n'importe quoi pour lui remonter le moral et son ami passait souvent la main sur sa tête, comme un vieux réflexe, avant de soupirer avec exaspération. Voilà pourquoi il parcourait frénétiquement les volumes à la recherche d'un sortilège de pousse.
«Là ! » s'écria-t-il avec un enthousiasme qui lui coûta trois « chut ! » venus de différents recoins et d'un regard noir de Mme Pince. Les deux garçons s'assirent par terre, dissimulés par les rayonnages.
« Tu es prêt ?
- Affirmatif.
- Tu... Tu as confiance ?
- Ça ne pourra pas être pire ! bougonna-t-il en haussant un sourcil. Allez, vas-y bon sang !
- Capellini augmenti ! »
Le crâne de Sirius le démangea furieusement mais il résista à l'envie de se gratter. La mine de James s'illuminait. « Non, continue ! » ordonna-t-il quand son ami s'apprêta à lever la baguette. Les mèches de cheveux qui balayaient son front et ses oreilles descendirent sur sa nuque, ployèrent sur épaules. Il en saisit une dans ses doigts et la leva jusqu'à son nez, le sourire féroce. Ils déguerpirent alors jusqu'aux toilettes, sans prendre la peine de ranger le grimoire. Sirius planta un regard de défi à son reflet. Il l'avait toujours méprisé, ce visage trop semblable à celui de son père. Dans le miroir, les boucles noires, plus longues qu'elles ne l'avaient jamais été, redessinaient sa figure. Rebelle. Hors du commun. Un visage dérobé à la liberté. « Ça, c'est moi ! » murmura-t-il, oublieux du reste. Jusqu'à ce que James posât sa tête rieuse et admirative sur son épaule.
Lorsqu'ils sortirent, ils croisèrent Remus, accompagné de Lily Evans. Inévitablement, leurs regards aimantés se retrouvèrent. Sirius tourna la tête pour prolonger ce contact.
Et il sourit.
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