Automne 1974 : bouillonnements
Un jour...
Qui avait fait cela ? Allons. Vous savez qui, imprécisément - c'est là leur distinction - mais vous savez qui. Il n'y a pas de nom que l'on ose poser sur cet ennemi qui se meut dans l'ombre et gronde aux murailles du Château pour l'ébranler. C'est la face visible d'un iceberg d'autant plus redoutable qu'il est insondable.
« Dumbledore a eu raison, il doit s'engager vu sa position. Il a bien fait, sa puissance va servir une cause juste ! »
« Cause juste, j'admets, mais il est responsable d'une école ! Il n'est pas censé se montrer si partial. Et puis regarde ce qui nous retombe dessus. J'ai confiance en la protection qui entoure le Château, mais c'est vachement menaçant ! »
« Non mais de quoi on parle, là ? Arrêtez, elle n'est pas défendable, sa position. C'est un directeur d'école ! Il a une neutralité à tenir ! Il enseigne la magie ! Un sorcier qui lutte en faveur des moldus, c'est contre intuitif, c'est contraire à tout bon sens ! »
Les débats s'enflammaient dans les maisons, dans chacune des maisons, et c'était la même chose chez les professeurs, à ce que les Maraudeurs avaient pu glaner. Ce qu'ils ne soupçonnaient pas, c'était les proportions que l'affaire prenait dehors. A l'abri du Château, on ne recevait plus de journaux : les hiboux ne pouvaient traverser la tempête. Si quelques échanges essentiels étaient permis par cheminette, cela ne suffisait pas pour comprendre combien les sorciers se divisaient pareillement sur la question aux quatre coins du Royaume Uni et au-delà des frontières. Il était impossible de ne pas prendre parti.
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Dix heures quarante, ou vingt-deux heures quarante, qui sait désormais ? cours de Métamorphose. Peter, las faisait tourner sa feuille sur ses dents. James laissait divaguer son regard et retombait systématiquement sur Lily. C'était à cause de ses cheveux. La tempête continuait de cogner aux vitres avec l'insistance d'une foule fanatique, cela les réveillait la nuit, dérangeait les cours, les privait de lumière et, passé les deux ou trois premiers jours inédits et donc vaguement excitants, elle plongeait tout le monde dans l'apathie. Dans cette atmosphère glauque, la chevelure rouge de Lily réjouissait le regard. Une bourrasque s'écrasa sur le mur avec un bruit mat et profond, du genre à vous saisir à la gorge. Mila et Duncan sursautèrent un peu plus fort que les autres mais il n'y eut personne pour en rire ou s'en agacer. James sortit de sa transe et détourna les yeux une énième fois. A côté de lui, Remus planchait sur son exercice avec une application qui dépassait toutes les considérations, magiques ou non. Comment pouvait-il rester si concentré, imperturbable à ce point ? C'était déjà lui qui avait mené quasiment tout le cours de Soins aux Créatures Magiques, l'heure précédente. Le seul autre élève qui ne semblait pas accablé par la torpeur ambiante était Sirius, mais il avait été isolé au premier rang en raison de ses bavardages intarissables. Il boudait ostensiblement, sauf quand McGonagall lui tournait le dos, il agitait alors ses camarades pour leur tirer la langue ou faire circuler un dessin. Son bouillonnement naissait du refus inconditionnel de se laisser abattre et venait piquer et réveiller son entourage. James se délectait des petits rires graves de Remus quand leurs messages se croisaient, juste avant de s'égarer à nouveau dans les mèches folles de Lily.
« Bien, il reste cinq minutes, rangez vos affaires et restez silencieux : j'ai plusieurs informations à vous communiquer. »
Un murmure remua dans la classe, chargé d'appréhension excitée.
« Étant donné la brutalité de la tempête, il ne nous sera pas possible de maintenir la sortie de Yule à Pré-au-Lard.
- Oh nooon, gémirent les élèves.
- Nous tâcherons toutefois d'organiser une soirée festive avant votre retour dans vos foyers. »
James pressa le bras de Remus en articulant silencieusement : JUKE-BOOOX ! Remus sourit vaguement ; le masque de Fripon de Sirius tombait pièce à pièce et il espérait en récupérer la forme par la force de ses yeux.
« La deuxième chose, c'est que les professeurs Flitwick et Dumbledore ont enchanté une salle de la tour de l'Est afin que vous puissiez prendre un semblant d'air.
- Est-ce qu'on peut y voler en balai ? » bondit James.
La classe s'esclaffa. McGonagall le toisa par-dessus ses lunettes et, à la surprise générale, finit par sourire.
« Monsieur Potter, doutez-vous de la puissance de vos professeurs ? »
Elle avait déjà tendu un index menaçant pour empêcher James d'exulter bruyamment. Son gloussement réprimé n'en fut que plus contagieux.
« Un planning sera affiché, un règlement imposé...
- Et caetera et caetera... » conclut James déjà dans les nuages.
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« EXPECTO PATRONUM ! »
La classe tout entière suivit des yeux le puissant flot d'argent qui jaillit de la baguette de James. Ses volutes brillantes, plus intenses que la fois précédente, se massèrent et laissèrent enfin apparaître une longue échine cabrée. Elles se propagèrent encore comme de la poudre en feu pour se dresser en ramures majestueuses.
« Ooh, murmura la classe admirative.
- Mais... C'est pas un lion ! s'exclama Peter, complètement dépité.
- Un cerf ! admira Suliman. Ça, c'est plutôt original... »
James, trop émerveillé pour être fier, contempla son protecteur jusqu'à ce que sa silhouette se fut évanouie. Derrière, Remus mimait des applaudissements.
« Qu'est-ce que ça représente, un cerf, selon toi ? »
Un gloussement de Félicie brouilla la réponse de son ami.
« C'est génial, c'est noble, un peu le roi de la forêt, tu sais ! »
James haussa les sourcils, l'air de dire : d'accord, bien, où est ma couronne, maintenant ?
« Et toi, ça va ?
- Oui, ça va. On n'a pas le choix de son Patronus mais tant qu'il fait le boulot...
- Faut pas que ça te donne peur de l'invoquer, hein !
- Mais non, je ne pense pas, répondit Remus avec un sourire. J'ai assez de belles choses à me rappeler. »
James ébouriffa les cheveux de son ami.
« Bon, eh oh ! »
C'était Sirius qui attendait leur soutien pour lancer son enchantement. James le railla, Remus lui adressa un clin d'œil et un très léger mouvement du menton, hey. Sirius ferma les yeux, le cœur palpitant. On voyait son visage changer quand il se concentrait vraiment.
« Expecto Patronum. »
La classe poussa un cri de surprise en se baissant, les mains sur la tête. Son Patronus se jeta à travers la salle dans tous les sens, traqué par une menace incompréhensible. Il se cognait dans les murs, et on voyait pousser dans ses voiles des sortes de membres étouffés qui ne réussissaient pas à sortir. Il fuyait. Se fuyait ? Toute la classe sentit son cœur se soulever de frustration et presque aussi de compassion. « Qu'est-ce que c'est ?! » Un énervement plus insoutenable encore montait dans sa poitrine de Sirius. Suliman leva la baguette et le spectre s'évanouit. « La séance va bientôt s'achever, relevez-vous, rangez vos affaires. » Sirius pressa les mains dans ses cheveux, et arma un coup de pied qui échoua dans un sac de sable, pupitre métamorphosé juste à temps par sa professeure. Et, parce qu'elle était transformée et que Sirius était très contrariant, il cessa aussitôt de taper dedans, réfréna ses pulsions, enferma tout bien serré derrière ses bras croisés. James lui-même n'osa pas tapoter l'épaule de son ami, il s'écria seulement : « Allez, viens, c'est à nous d'aller dans le jardin d'intérieur aujourd'hui ! » tandis que Suliman et Remus échangeaient un regard qui voulait tout dire. Ce dernier laissa ses amis sortir avant lui. Félicie et Mila eurent un autre gloussement en lorgnant vers James tandis que Lily soupirait, rouge de colère.
« Vous aviez déjà vu ça ? » demanda Remus à sa professeure.
Suliman pinça les lèvres et soupira : « Je n'en ai même pas entendu parler.
- REMUS TU VIENS ? !
- Il réussira peut-être mieux après sa partie de Quidditch ? »
Elle hocha la tête, sans sourire, le regard brillant comme un joyau.
James lui tapa dans le dos pour le précipiter dans le couloir et une fois arrivés dans la tour Est, il ouvrit la porte, pompeux comme s'il avait été le maître d'oeuvre. Mais son admiration le dédit bien vite. Il avança d'un pas et il était dehors : les pieds dans l'herbe, le visage pincé par un vent frais. Le ciel était nuageux, mais de vrais nuages gros et pâles de décembre. Remus inspira à pleins poumons avec extase. Cela lui avait-il donc tant manqué ?
« Ils auraient pu nous mettre en mai, tant qu'à faire », grommela Sirius.
Flitwick, ou Dumbledore mais étrangement tout le monde se rangea de l'avis que c'était Flitwick, avait dressé un rang de pins autour de ce jardin artificiel et fermé le cercle par un mur décoré d'une magnifique fontaine pour en représenter les limites. Il y avait même une petite mare glacée où ils pouvaient patiner. Sara et Beryl bousculèrent les Maraudeurs en entrant, la caisse des balles dans une main, leur balai dans l'autre :
« Allez Sirius ! James ! Vous attendez quoi ? Peter, Remus, vous voulez jouer ? »
Remus préféra s'isoler dans le rôle du gardien, il n'avait pas envie d'évoluer au milieu des balles aux mouvements hasardeux et cela lui permettait de regarder les autres jouer. Peter prit la place de James qui était trop ravi de devenir attrapeur. C'était plus facile car le Vif d'Or ne pouvait pas s'échapper bien loin, il se le faisait d'ailleurs régulièrement rappeler quand son joyeux orgueil devenait trop ostentatoire. Sirius envoyait les cognards dans le mur, sans vérifier que personne ne se trouvait sur leur trajectoire. Il attrapa James par les crins de son balai « Mais fais gaffe, c'est dangereux ! ». Il emmerdait tout le monde, se moquait de Peter dès qu'il laissait passer une balle, chatouillait Remus, déjà en équilibre malaisé en l'air, détournait l'attention des coéquipiers quand il passait à côté.
« Black, je vais te jeter dehors ! Mais qu'est-ce qu'il a bouffé, putain, il est en train de muter en Doxy après sa morsure ou quoi ?
- SIRIUS ! » hurla James.
Le hurlement de James glaça les sangs, arrêta le mouvement du monde, arrêta le temps, arrêta la crédulité. Sirius fonçait tout droit vers le ciel artificiel, vers la cime des sapins. Non, ce n'est pas possible ce que je vois, ce n'est pas en train d'arriver. Il percuta violemment une surface élastique : la limite magique du mur. Quelle lubie partageaient ces professeurs, à rendre mou tout ce sur quoi on eût pu taper ou s'écraser.
« Putain Sirius, mais t'es tellement con ! »
Il haussa les épaules, le sourire insolent, déjà rattrapé sur son balai avant d'avoir pu être intercepté par Peter et James qui se ruaient sur lui.
« Il fallait que je vérifie. »
Remus chancelait, des taches blanches collées sur les pupilles. Il se précipita à terre avant d'être aveuglé, avant de ne plus sentir ses mains abandonnés par le sang, ses jambes fourmillantes, l'abîme dans les entrailles. Il tituba vers la sortie, étranger au monde qui perdait ses contours, écaille par écaille. Sirius atterrit à côté de lui avec fracas, le prit brutalement par les épaules, en clamant : « Mais allez ça va ! » et l'entraîna dans les couloirs d'une poigne autoritaire, qui pétrifia Remus. Ces bras dont il aimait trop l'étreinte, ces bras le déséquilibraient. Pourquoi tu fais ça ? Les décorations de Noël chaviraient d'épouvante sur leur passage mais Sirius ne faisait pas exprès, le bras serré autour du cou de Remus, à en faire mal. Il s'agitait et serrait à corps perdu. Remus, fais-moi un sourire, tu es beau quand tu souris, tu sais, on ne peut pas se sauver des secrets qui nous enferment : toi et moi on ne peut plus se regarder, à chaque fois c'est un mensonge à la face de James, et on ne peut pas ne plus se regarder sinon j'étouffe de ce sentiment d'abandon insondable, sans mesure et sans raison, Remus est-ce que tu sens le magma qui roule sous ma peau, parasite, quand je te touche ? Je ne sais plus si j'essaie de le révéler ou de le faire taire mais je sais qu'on ne sauve jamais les gens d'eux-mêmes. Remus regarde-moi, je ne t'oublie pas, c'est juste que parfois ça me me saisit par les tripes, mais faut pas t'inquiéter, la tempête hurle et nous avec à en devenir fous, mais tu vois, c'est comme ça qu'on est vivants, à force de se cogner, à force d'étouffer, on finit par en respirer plus fort. N'oublie pas ta promesse : que de notre infortune, on se sauvera l'un après l'autre ; et on deviendra les plus vivants de tous les enfants perdus.
Dans le couloir silencieux, James commença à chanter Let it be.
Je t'attendais, Sirius, je t'attendais depuis si longtemps.
Mais James ne connaissait pas les paroles, il chantait faux et n'importe quoi et c'était impossible de ne pas finir par craquer et éclater de rire plutôt qu'en larmes. Sirius serra son cou plus fort, front contre front, un regard comme celui-là, même furtif, c'est comme un baiser. Ils se sourirent. « Ça me donne envie d'un gigantesque chocolat chaud à la crème, pas toi ? » L'instant d'après, Remus s'adossa à une poutre des cuisines, la tête perdue dans les bavardages qu'il vivait mieux quand il ne parlait pas, quand il les écoutait en les regardant. Toutes les douceurs sont plus vives par-dessus la douleur, chocolat révélé par une pointe de sel.
« Il arrivera, il va arriver ton Patronus. Quel animal peut se déplacer comme ça, tiens ?
- J'ai pensé à un dragon d'abord, et puis à un dauphin, murmura Remus. Des bonds dans les flots... Ce serait beau, un dauphin ! Ça te ressemble : c'est joueur et malin.
- Ooh Remus, petit flatteur », gloussa Sirius qui en profita pour pincer sa joue, faire chasser ses doigts et batailler assez pour que Remus dût les retenir serrés dans les siens.
Mais plus tard, dans la nuit, quand Remus fut endormi, Sirius secoua James :
« James ! Si je me transforme en dauphin, comment on fera ?
- Tu seras un joli dauphin...
- Mais comment on fera : je ne pourrai pas aller dans la forêt ! »
James enroula son bras autour du cou de Sirius pour l'attirer dans son lit.
« Dors. »
Plus tard, dans la nuit, Sirius entendit vaguement bouger dans la chambre. James respirait profondément, appuyé sur lui. La silhouette de Remus, deux lits plus loin, se dressa. Sirius le rejoignit, tant pis pour le sommeil, qu'il aille voir ailleurs si j'y suis.
« Tu ne dors pas ?
- Je t'ai réveillé ? »
Remus s'extirpait d'un cauchemar très érotique et très macabre. Il serrait son drap contre lui pour se cacher et pour ne pas se confronter déjà à ce Sirius vivant, trop attrayant.
« Je viens de me réveiller. Non, c'est pas toi. »
Il espérait que Sirius ne mentait pas. Il voulait le croire mais il le savait capable de mentir pour ne pas l'embarrasser.
« Je vais prendre un verre d'eau, souffla Remus. Tu viens ? »
Sirius glissa sa main sur la taille de Remus pendant qu'il buvait, en cherchant son regard. Remus leva vivement la tête, farouche, vers la porte. En même temps, son bras se referma sur les épaules de Sirius pour l'entraîner encore plus à l'abri, dans une cabine. Tous ses gestes ressemblent à ceux d'un danseur. Sirius frémit sous la grâce protectrice, son charme sans merci, sur leurs bouches déjà scellées. Un rire furtif, complice, vrombit le temps d'un soupir, et très vite, plus rien, rien que ce qui monte, ce qui brûle, ce qui parcourt le dos sur mille et une aiguilles, qui colonne du cœur au ventre, ce qui gémit, ce qui enfin. Sirius a une façon de s'accrocher à son dos et ses épaules avec abandon qui le rend fou. Tu m'as manqué, oh comme tu m'as manqué. Remus saisit une lèvre entre les siennes en tenant très fort, paumes ouvertes, sa nuque et son omoplate, mais Sirius repoussa sa langue en souriant. Pardon... Non. Non non, ça va. Un frisson dans l'air entre leurs corps détachés. Sirius empoigna son tee-shirt des deux mains sur ses épaules, posa sa tête contre sa poitrine, pour soupirer et grogner, en tirant sur le tissu. Remus crut que sa retenue était celle d'un jeune homme effrayé par la fougue de leurs premiers baisers et il s'en mordait les lèvres d'embarras en caressant ses cheveux. Il baissa les yeux, effleura l'ecchymose de son cou. Pardon. Ça va, murmura Sirius. Laisse-moi t'étreindre plus fort pour toutes les étreintes qu'on ne connaîtra pas dehors. Les frissons grimpaient dans la confusion, sur la peau froide mordue par la chair de poule des sanitaires. Ils regrettaient de ne pas porter leurs robes de chambre, elles eussent réchauffé leurs peaux blafardes, couvert l'embarras de ces corps blessés et encombrants, et viciés. Sirius réclama encore un baiser, pardonne-moi sans parler, pour cette feuille qui pique ma langue dont je ne peux rien te dire, il l'embrassa encore comme un assoiffé, retardant le moment de retourner se coucher, attends le dernier moment, quand on sera tout crispés de froid et que ça deviendra trop insupportable.
Remus retint sa main pour l'arrêter dans la salle commune. Elle était éclatante de guirlandes qui se réunissaient au centre du plafond en soleil, de branches de houx givré et de rameaux aux baies scintillantes sur les frises, illuminés jour et nuit par des chandelles magiques. Ils n'y avaient pas fait attention, personne ne songeait à Noël cette année-là. Ils collèrent un fauteuil au canapé de la salle commune devant la cheminée, Sirius se jeta par terre à plat ventre pour mieux se cacher. Remus s'assit dos au canapé, les jambes sur les siennes, puis ils se retrouvèrent côte à côte sur le dos, épaule contre épaule, Sirius se redressa sur les coudes pour contempler Remus qui cachait encore son visage, il s'étendit sur son buste pour l'embrasser, corps à corps, deviner sans révéler. Ils étaient à chaque instant prêts à bondir et se séparer, au moindre bruit, ils le faisaient même parfois pour le plaisir d'effarer l'autre et se précipiter à nouveau dans ses bras. Sirius parlait très bas, par morceaux de phrases dispersés, des fêtes, du retour dans sa famille dont il n'avait pas eu de nouvelles depuis la fin de l'été, et de ce silence qui laissait une place trop grande à l'imagination. Il songeait sérieusement à ne pas rentrer et prétendre qu'il avait oublié leur existence. Il détestait Noël. Il savait qu'il n'avait qu'à demander à McGonagall, même pas demander, lui faire un signe, et il resterait à Poudlard. Mais ce n'était pas par fierté qu'il ne le faisait pas, c'était par peur d'un châtiment plus grand derrière, et des choses cachées, imprécises, ce qu'on dirait, ce qui se murmurait et qui tomberait peut-être dans son oreille. Il disait tout ça en souriant parce que Remus le tenait contre lui avec toute son odeur de nuit et son cœur dévorant.
Les lumières des flammes grattent la peau. Ils sont allongés face à face. Sirius a les yeux fermés, une cheville entre les pieds de Remus, une main près de son visage. Remus caresse son épaule, sa nuque, son bras, en pressant ses lèvres sur les doigts, il écoute jusqu'à ce que Sirius ait fini de parler.
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