Automne 1972 : si proche, si lointain


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Un jour...


BON, quelle farce pour Athenray à Halloween ? (J.)

On n'aura pas cours avec elle, c'est un mardi. (S.)

ça nous empêche de la piéger ? (R.)

REMUS ?! :o (J.)

REMUS !! :D (S.)

Remus pouffa en lisant le lambeau de parchemin qui venait de lui revenir. « Passe ! » murmura Peter, « Non ! » siffla Sirius qui attrapa vivement son poignet pour récupérer la missive. Peter tira de l'autre côté, Remus, écartelé, lutta pour se débarrasser d'eux sans attirer l'attention de Eiffel, jusqu'à ce que Sirius l'emportât un peu trop vivement. Ils se bousculèrent sur le banc. Le poignet de Remus brûlait, là où les doigts crâneurs de Sirius s'attardaient. Il se cogna le coude au pupitre en s'arrachant à cette étreinte, faisant chavirer de l'encre, et adressa un sourire crispé à son enseignante. Dès qu'elle fut retournée, il se frotta le crâne, pendant que Sirius lui frottait le coude en réprimandant injustement Peter.

« Mais taisez-vous, elle va vous entendre ! s'exaspéra-t-il.

- Il me faudrait un volontaire pour l'expérience suivante et... Oh, tenez, au hasard : monsieur Lupin ! » proposa Eiffel avec un clin d'œil. Remus gémit, soupira, et accepta de la rejoindre au tableau, non sans stupéfixer au passage, un par un, chacun des membres de sa table.

« Monsieur Lupin, nous avons appris, il y a deux semaines de cela, le sortilège du bouclier. Pouvez-vous m'en faire la démonstration ?

- Protego ! invoqua Remus, et une bulle l'entoura de son halo irisé.

- Impeccable, le félicita-t-elle. A présent, nous allons passer à l'étape supérieure : je vais vous lancer un sortilège inoffensif et vous devrez être capable de l'arrêter. »

Remus hocha la tête.

« Purpurissum capillamentum ! »

Sirius bondit en entendant la formule et se demanda si Eiffel et Slughorn n'avaient pas eu le temps de discuter du précédent Halloween. Peut-être même qu'ils préparaient la contre-attaque. Remus contra le sort avec une vivacité nerveuse qui laissa planer un petit silence sur la classe, entre admiration et perplexité. Eiffel s'empressa de poursuivre :

« Vous allez à présent travailler deux par deux, je vous autorise toutes les couleurs de cheveux imaginables... Mais elles seront un gage de défaite ! Le but reste d'arrêter les sortilèges ! »

Elle profita du mouvement des élèves qui se réunissaient pour demander discrètement :

« C'est très bien, monsieur Lupin, mais je vous sens tendu... Est-ce moi qui vous ai mis dans cet état de stress ? »

Remus eut une moue amusée à la Sirius.

« Oh non ! Ne vous en faites pas ! Je ne crois pas qu'il y ait un seul élève stressé dans votre classe !»

Il trébucha néanmoins en descendant de l'estrade, retint un juron, maudit ce corps grandi trop vite, maudit le regard de Sirius qui ne l'avait pas quitté, et tant qu'à faire, maudit aussi son petit sourire moqueur si parfaitement dessiné, sous une fossette, au coin des lèvres. Remus lui tira la langue en passant à côté de lui, et son ami rit en saisissant sa manche.

« Je suis avec James ! s'écria Peter.

- Et moi, j'ai pas mon mot à dire ?! s'indigna James.

- Non ! jubila Sirius en entraînant Remus un peu plus loin pour avoir suffisamment de place. Bon... Voyons voir si tu es toujours aussi chatouilleux...

- Protego ! glapit Remus, avant même que Sirius n'eût eu le temps de lancer son sortilège.

- Si ce n'est pas un aveu, ça !

- Non ! » gloussa Remus en reculant vivement, les bras autour des côtes. Ce faisant, il bouscula Peter.

« Oh, excuse-moi...

- T'arrêtes pas depuis ce matin, un mauvais jour ? demanda Peter.

- Ça arrive, compatit James.

- Ça va, c'est Peter, pas besoin de t'excuser !

- Mais va au diable ! Purpurissum capillamentum ! »

Sirius secoua une crinière écarlate parsemée d'étincelles écarlates.

« Tu n'as même pas essayé... ?

- Non ! s'écria-t-il avant de partir dans un grand éclat de rire.

- Remus, essaie de lui teindre les cheveu en vert, tu vas voir s'il ne se défend pas... ! »

Les sortilèges fusaient dans la classe. Eiffel évoluait de binôme en binôme.

« Tiens, monsieur Lupin, votre ami n'a pas réussi à parer...

- J'ai pas essayé, précisa Sirius.

- Ce n'est pas grave, monsieur Potter, on retente !

- Mais ce n'est pas moi Potter ! C'est lui, avec les lunettes et les cheveux en pagaille !

- Merlin ! Je vous confondais donc depuis le début de l'année ?!

- Ce n'est pas grave, rit Peter, ils sont inséparables !

- Ce qui rentre dans l'oreille de l'un sort par l'oreille de l'autre...

- C'est donc pour cela que vous boudez, Potter : vous avez été séparés... taquina l'enseignante.

- NAN JE BOUDE PÔ ! »

Sirius profita que Remus rît de leur ami pour lui lancer un rictusempra.

« TRAÎTRE ! s'indigna Remus qui était parvenu à se protéger de justesse.

- Mais tu es invincible !

- Petrificus tot...

- Protego ! »

Madame Eiffel leur adressa un sourire impressionné.

« C'est pas mal du tout ! Vous travaillez beaucoup ?

- Ah ça oui, grâce à mes cousins, on ne manque pas d'entraînement !

- Vos cousins ?

- Oui, les Black. Des gens formidables, absolument charmants. Vous les avez en classe, non ? »

La baguette de Remus lui échappa des mains, bêtement, comme si ses doigts fébriles ne pouvaient plus la tenir. Mais, à part Peter, personne ne rit. Il ferma les paupières, les pressa un instant dans ses paumes froides. Ses oreilles vrombissaient à cause des cris, rires et chocs des sorts. « Allez donc vous asseoir, vous maîtrisez parfaitement ces sortilèges... » murmura Eiffel que ce trouble inquiétait légèrement. Sirius l'entraîna vers une table, au fond de la classe, sur laquelle ils s'installèrent pour contempler le mouvement chamarré des chevelures multicolores qui s'épanouissaient dans la classe, comme une tablette de peinture enchantée.

« T'es le seul à avoir gardé tes cheveux naturels » constata Sirius.

Il taquina du bout du doigt une mèche qui tombait sur sa pommette, tout près d'une cicatrice rose. Remus eut un sourire embarrassé.

« C'est parce que euh... tu t'es laissé faire !

- Ouais mais même... Je n'ai pas réussi à t'avoir.

- Ça a l'air de te vexer...

- Non. »

Remus rit silencieusement, un peu trop longtemps, puis se tut, toujours agité de tensions dans les mains, les jambes et la nuque où Sirius voyait presque jaillir des étincelles électriques. Il avait envie que son ami posât sa tête sur son épaule, comme le faisait James si naturellement quand il était claqué par un fou-rire ou quand il se lamentait. Mais Remus avançait droit, solitaire, distant sans le vouloir, même quand il était si près que Sirius entendait sa respiration. C'était comme espérer cette place auprès de Regulus. Il semblait à Sirius qu'il n'avait pas grand-chose d'autre à offrir que cette épaule.

« James non plus n'a pas les cheveux rouges... » murmura Remus, amusé.

Peter et lui s'amusaient, sous les yeux attendris de Mila et Félicie, qu'ils avaient très bien remarquées.

« Qu'est-ce que tu fais ? Ça ne se fait pas ! »

Il retint la main de Sirius qui se préparait à lancer un sort à Peter :

« Pas dans le dos !

- Attends ! répliqua-t-il avait d'interpeller : Eh Peter !

- Qu... ?

-Expelliarmus ! lança Sirius sur James.

- Pro... MERDE !

- Potter langage ! s'écrièrent en chœur Eiffel, Remus et Sirius.

- AH BEN POUR ÇA VOUS ME RECONNAISSEZ MADAME ! » cria James à Eiffel qui éclata de rire. Puis, se tournant vers son ami, il déclara, après une seconde de réflexion :

« Sirius, tu es redoutable. Et note bien comme j'ai réfléchi pour tourner ça en compliment. Dans ma tête, c'était beaucoup plus méchant. Bordel ! j'avais tenu tout le cours ! »

Sirius rit en lui tendant une baguette, puis une autre, au moment où James allait saisir la première. James lui donna une tape sur la tête de sa main contrariée.

« Non, mais... Attends, c'est laquelle en fait ?

- Acajou.

- Mais moi aussi !

- C'est pas vrai !

- Comment ça se fait qu'on n'ait jamais remarqué ça ? jubila Sirius.

- Silence les garçons ! réprimanda Eiffel.

- Bon, mais alors laquelle est à qui ?

- Qui a la plus longue ? demanda Remus, angélique.

- REMUS !!

- SILENCE !

- Alors Jim ? frima Sirius.

- Vingt-sept centimètres et demi !

- Trente-et-un, petit joueur ! » exulta Sirius en lui jetant sa baguette.

Ils regagnèrent leurs places. Madame Eiffel rétablit le calme après cette séance agitée, en leur rendant leurs couleurs de cheveux naturelles. Pendant qu'elle dressait un bilan de la leçon du jour, Sirius murmura :

« Tu sais quoi ? Je trouve que ce serait du gâchis d'être métamorphomage et de ne pas en profiter à Halloween...

- Tu oserais soumettre l'idée à Eiffel ?

- Je ne sais pas... La semaine prochaine, peut-être. Elle est super cool, quand même. »

Ils se dirigèrent vers la salle de Sortilèges en poursuivant leur conversation :

« T'imagines ! Je me changerais en Dumbledore pour donner des points à notre maison pendant le discours de fin d'année !

- On pourrait rentrer dans la salle des Serpentard pour y jeter des bombabouses !

- Ou même se glisser en salle des profs pour dénicher les sujets de devoirs !

- Dans la réserve de la bibliothèque pour trouver des sortilèges...»

Athenray les fit entrer et elle était parvenue à obtenir le calme quand on frappa.

« Oui ? »

C'était Eiffel.

« Excuse-moi, darling, susurra-t-elle, c'était juste pour te souhaiter un bon anniversaire !

- Mais que... »

Elle avait déjà refermé la porte. Athenray n'avait pas fini d'inspirer pour soupirer que les élèves s'écriaient déjà :

« C'est votre anniversaire ?

- Mais pas du tout...

- On peut chanter ?

- Ce n'est pas mon anniversaire !

- On va avoir des bonbons ?

- Vraiment, je...

- Vous avez quel âge ?!

- Mais on ne va pas vous faire travailler le jour de votre anniversaire, quand même!»

Remus se tourna vers Sirius qui regardait encore la porte avec admiration.

« Je pense qu'elle n'a pas besoin de nous...

- Le défi est lancé ! »

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