Un jour...

Rien n'était plus stimulant que la bibliothèque en automne. Les rayons d'un soleil orangé ou les brumes qui invitaient à l'isolement envahissaient les rayonnages odorants et la sagesse semblait s'exhaler des volumes que Remus brûlait de dévorer.

Deux camarades, Lily et Mary, travaillaient à une table. Elles le saluèrent discrètement lorsqu'il passa près d'elle.

« Tu étais malade ? s'inquiéta Lily.

- Ça va mieux. Je peux t'emprunter les cours d'aujourd'hui ? »

Il parcourut les parchemins de la jeune fille, satisfait de trouver des notes plus claires que celles de Peter, plus complètes que celles de James, et plus existantes que celles de Sirius.

« Où sont tes copains bruyants ?

- Ils n'ont plus le droit de venir jusqu'à la fin du mois. »

Elles sourirent, un peu.

« Demande-moi si tu as besoin d'explications.

- Merci. En sortilèges, vous avez pratiqué ?

- On a repris le sort de découpe parce que beaucoup n'y étaient pas arrivés la semaine dernière. Ceux qui ont réussi à déchirer un parchemin se sont entraînés sur des tissus et des cordages. Tu avais réussi, toi ?

- Le parchemin, oui, je n'ai pas essayé les autres.

- Tu t'entraîneras plus tard, dans la salle commune.

- Oui. Je suis déçu d'avoir manqué le cours d'Athenray.

- Je comprends ! C'est la meilleure prof. Enfin, avec Mme McGonagall.

- Je préfère aller dans la classe d'Athenray. Dès que j'entre, je sais que je vais passer un bon moment. C'est plus détendu. »

Ils parcoururent et commentèrent quelques volumes, discutèrent des cours de Métamorphose, de la puissance inégalable de la voix de Binns, se demandèrent quelles formes prendraient leurs Patronus, songeant aux années à venir avec une soif de découverte exaltée que Remus ne rencontrait pas chez les nés sorciers. La soirée avançait à pas de velours, apportant dans ses bras tendres le réconfort dont il avait besoin en ce lendemain de pleine lune qui l'avait laissé frémissant de dégoût et épuisé.

Une ombre passa. Remus leva les yeux sur Snape. Les deux garçons se toisèrent ; Snape hésitait à s'asseoir à la table, Remus hésitait à l'inviter. Mais son regard parcourait sans retenue la longue cicatrice de son visage qu'il n'avait jamais vue de si près. La gorge nouée, Remus choisit de se lever. « A plus tard, dit-il très vite. Merci pour les cours. »