Lune noire
Les coups d'épées fusaient dans tous les sens. Les flèches enflammées pleuvaient du ciel pour atterrir sur les toits des maisons qui partaient en fumée. Le feu se propageait de plus en plus dans les rues ravageant tout ce qui se trouvait sur son passage et déformant ce paysage, autrefois si paisible. Les assaillants décimaient les villageois les uns après les autres sans la moindre pitié, faisant tomber leurs corps à terre. Les quelques survivants essayaient de fuir mais en vain. Leur sentence était annoncée par les cris déchirants et les pleurs suppliants.
Le château se faisait assiéger et commençait également à tomber face aux assauts de l'ennemi. Les gardes essayaient tant bien que mal de repousser les attaques incessantes de leurs adversaires mais sans succès. Même les plus vaillants des soldats périssaient aux combats. Tous les habitants du château se faisaient exterminer jusqu'au dernier. Quels qu'ils soient, chevaliers ou serviteurs, hommes ou femmes, jeunes ou âgées, tous mouraient.
Sur tout les visages était peinte une expression d'effroi. Ils en étaient certains : cette nuit allait être la dernière de ce royaume. Personne ne pourra survivre face à cette terrifiante armée !
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Pendant que les assauts continuaient, une ombre se faufila hors du palais par une porte dissimulée à l'arrière. L'ombre en question se révéla être encapuchonnée de sorte qu'on ne puisse voir son visage et semblait porter quelque chose dans ses bras. Elle se dissimula dans l'obscurité de cette nuit sans lune, évitant de se faire remarquer par les soldats ennemis. Elle contourna avec une extrême prudence le château, s'arrêtant de temps à autres quand elle apercevait des soldats du camp adverse au loin qui faisaient des rondes. Elle se déplaçait en serpentant ou bondissant pour éviter les corps inertes des braves guerriers de son pays qui gisaient au sol, sans vie.
Après avoir passé les remparts du château, non sans difficulté face au nombre de garde, la personne s'engagea dans le village dévasté. Ce lieu qui, auparavant, était un lieu chaleureux et vivant, où les enfants courraient dans les rues et où les troubadours animaient la grande place, était à présent un champ de ruine. L'inconnu se désola à la vue de ce triste tableau mais continua néanmoins sa route, évitant encore une fois les cadavres des villageois. Par chance et grâce à la pénombre il pu passer inaperçu.
L'ombre arriva enfin à l'entrée de la forêt qui se situait à l'opposé du château, soit à la limite du royaume. Là, à quelques mètres de la silhouette, se dressait un arbre où était attaché un cheval. Elle s'approcha de l'animal qui, ne reconnaissant pas son maître, poussa un puissant hennissement qui fit écho dans tout le village. L'encapuchonné posa ce qu'il tenait à terre et se précipita vers la bête pour la calmer. Il avança sa main doucement et commença à caresser son museau avec douceur, ce qui la calma instantanément.
Soudain un petit cri se fit entendre. L'ombre se retourna d'un coup pour voir que la petite créature qu'elle venait de poser pleurait. Elle se dépêcha de la ramasser et la berça pour qu'elle se rendorme comme elle l'avait si bien fait. Ceci fait, la silhouette retourna près de sa monture. Elle s'apprêtait à l'enfourcher lorsqu'elle entendit des bruits de chevaux au galop qui s'approchaient. Quand elle tourna la tête, elle vit des cavaliers tenant chacun une torche. Ils l'ont sûrement repérés à cause du hennissement et des pleurs du bébé. Tâchant de garder son sang froid, le fugitif se hissa sur le dos du cheval et le lança au galop dans la forêt.
L'animal galopait le plus vite possible, évitant, parfois de justesse, les troncs des grands arbres de cette forêt dense. Ses poursuivants avaient beaucoup de mal à le suivre mais tentaient tout de même de le rattraper, en vain. Ils ne pouvaient l'attaquer au risque de se faire davantage distancer ou de se cogner contre les arbres. Rapidement ils durent se résigner à abandonner leur poursuite car, sans l'aide de la lune et même s'ils pouvaient entendre les cris du bébé, ils ne pourraient pas réussir à rattraper ce fugitif. De plus, une épaisse brume commençait à se lever. Ils retournèrent donc au château, se disant qu'il valait mieux ne pas dire à leur chef qu'une personne avait réussi à s'enfuir.
De son côté, le survivant continuait sa route toujours à la même allure. Son cheval étant le plus rapide des étalons de tout le royaume et étant donné sa parfaite connaissance de la forêt, il pu facilement semer ses poursuivants. Mais même s'il y était parvenu, ce n'était pas pour autant qu'il s'arrêta. Il poursuivit donc son chemin, s'engouffrant de plus en plus dans cette obscurité profondément où n'importe qui pourrait se perdre.
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