Une séparation douloureuse
Aujourd'hui j'ai revu la psychiatre. Je lui ai écrit que j'acceptais de me faire interner. Je ne sais pas ce qu'il va se passer ni même si c'est la meilleure des solutions mais je veux essayer. Peut-être qu'avoir un suivi psychologique poussé me ferait du bien. Je n'ai aucune idée de comment tout va se dérouler en revanche et ça me fait peur. Devoir aller dans un environnement inconnu, rempli de personnes que je ne connais pas m'angoisse. Je sens que je suis stressé depuis ce matin parce que j'ai mal au ventre.
J'ai peur qu'on me mette dans une de ces petites pièces toute blanche qui ne possède aucun meuble. Les murs et le sol y sont matelassés, c'est tout ce que je sais. Je suis également au courant que ce sont des endroits où on enferme les fous et c'est ce qui m'effraie le plus. Entendre quelqu'un me dire que j'ai perdu la tête. Peut-être qu'en réalité je n'irai jamais mieux parce que je suis une cause perdue. Et si je faisais perdre son temps à Raphaël ? Je n'espère pas... Hier il a vraiment été adorable avec moi, il m'a dit qu'il reviendrait aujourd'hui avec des affaires pour que je puisse être interné avec de quoi me changer au moins. Je ne vais pas être en camisole de force pas vrai ? Et s'ils pensent que je suis réellement dangereux et que c'est le seul moyen pour me calmer ? Je me triture nerveusement les doigts. Je me mets également à me ronger l'ongle du pouce, comme un automatisme lorsque l'angoisse me gagne.
Ça toque. Je redresse vivement la tête. Est-ce qu'on vient me chercher ? Mais Raphaël n'est pas encore venu, je n'ai pas encore mes affaires ! Mon cœur s'affole, mes mains deviennent moites et mon souffle gagne en profondeur. Il est plus long mais également plus rapide. Je me mords maladroitement la lèvre inférieure pour tenter d'étouffer ce stresse qui prend possession de moi mais rien y fait.
Dans les secondes qui suivent, une personne entre dans ma chambre. Et ça n'est aucunement celle à laquelle je m'attendais. Je suis surpris et garde mon regard verrouillé sur la charmante personne qui vient de faire son apparition. Mon champ de vision est égayé, mon monde semble déjà plus rassurant grâce à sa présence.
- Salut, comment ça va ?
Je n'arrive pas à répondre. D'habitude je suis submergé par des émotions négatives telles que l'angoisse ou bien encore la peur. Mais aujourd'hui c'est différent, c'est une boule d'excitation qui me titille. Raphaël a comme toujours un magnifique sourire plaqué sur le visage, je le détaille, prenant un malin plaisir à laisser mes yeux se balader sur lui. Il est bien habillé, comme à son habitude. J'ai un peu honte face à lui... Je suis toujours en blouse médicale, aujourd'hui j'ai décidé de ne pas remettre mon caleçon. Je l'ai déjà porté deux jours de suite, je ne me sentais vraiment pas à l'aise à l'idée de le porter un jour de plus. Alors je suis nu sous ma blouse et ça me fait étrange. Mon voisin ne le sait bien sûr pas mais j'ai l'impression qu'il est au courant, que tout le monde est au courant.
Il approche vers moi en trainant ma valise. Alors il est réellement revenu et il m'a bel et bien rapporté des affaires. Je lui ai fait une petite liste hier avant qu'il parte. Il m'en a demandé une alors je me suis plié à ses exigences. Mais malgré tout j'avais peur qu'il ne vienne pas. Je ne sais pas pourquoi... Dès qu'il disparait de mon champ de vision, j'ai peur que ce soit la dernière fois que je le vois. Comme si à tout moment il était capable de m'abandonner.
- Je t'ai ramené des affaires. Tu vas enfin pouvoir changer de caleçon.
Il me fait un clin d'œil. J'en reviens pas ! Il se rappelle que je lui ai dit que je n'avais qu'un seul sous-vêtement ?! Je lui mets un petit coup dans le bras :
- Je l'ai changé déjà !
Je mens. Oui je mens parce que j'ai peur qu'il me pense sale. Il semble surpris, il me regarde l'air amusé et continue à m'embêter :
- Avec quoi ? Une couche pour les papis et les mamies ? A ce que je sache tu n'as pas de quoi te changer.
- J'ai trouvé une solution...
Marmonnais-je dans ma barbe en croisant les bras contre mon torse et en déviant le regard. Il se moque réellement de moi ! Je sais que c'est juste pour me taquiner et que c'est purement bienveillant mais malgré tout je ne peux m'empêcher d'être un peu mal à l'aise.
- Je suis curieux de savoir laquelle...
J'aurais très bien pu laver à la main mon caleçon ! Alors que je pense cela je me rends compte que j'ai été stupide au point de ne pas y penser plus tôt. Pourquoi j'ai pas fait ça ? Je suis vraiment bête... Je peste alors contre moi-même et comme si de rien était je sors du lit et récupère timidement ma valise pour vérifier ce qu'il a mis dedans. Raphaël s'assied sur le fauteuil tandis que moi je m'accroupis et ouvre ma valise. Quand j'entends rire tout doucement derrière moi.
- Dis plutôt que tu n'as pas mis de caleçon en réalité...
J'ouvre grand les yeux et me retourne brusquement pour me cacher. Le rouge me monte rapidement aux joues. Je le fixe sans savoir quoi dire ou faire. Peut-être que si je reste immobile ça le fera fuir ? C'est comme ça qu'on fait avec les prédateurs, non ? Je tente de me défendre et de dire quelque chose mais rien ne passe la barrière de mes lèvres pendant de longues secondes.
- Regarde pas !!
C'est tout ce que je parviens à prononcer. J'agrippe ma couverture et m'enroule dedans avant de m'asseoir au sol et d'ouvrir ma valise. Je me sens tellement bête ! C'est de la faute à ces fichues blouses aussi ! Pourquoi elles laissent voir mon cul ?! Raphaël vient s'asseoir à côté de moi, un papier et un stylo à la main. Je n'ose même plus le regarder. Je sais que je suis rouge à l'extrême et je n'ai pas envie qu'il voit mon visage aussi gêné.
- Tu sais que tu aurais pu le laver à la main et le laisser sécher la nuit ?
Sa question titille mes nerfs. Je me jette sur le papier et gribouille dessus :
" Je viens juste d'y penser..."
Puis je lui rends brusquement. Je suis en colère contre moi-même. Je ruine tout. Je suis loin d'instaurer une aura de charme et une ambiance particulièrement séductrice entre nous, je fais tout l'inverse même ! Jamais je ne pourrais l'attirer sincèrement de la sorte, je fais n'importe quoi... Je regarde brièvement ce qu'il a mis dans ma valise. Je repère rapidement plusieurs caleçon. En plus il a vu tous mes sous-vêtements. Je me pince l'arrête du nez pour camoufler l'agacement qui croit en moi. Je ne suis pas agacé par lui, il n'a rien fait mal de mal mais je m'énerve contre moi-même qui fait tout de travers. Comme d'habitude j'ai envie de dire. J'ai toujours tout fait n'importe comment dans ma vie.
- Ne sois pas gêné, c'est rien.
Plus facile à dire qu'à faire... Plus encore qu'être mal à l'aise j'ai peur qu'il en ait marre de moi... J'aimerais être séduisant, beau comme lui, lui donner envie de se rapprocher de moi mais qui voudrait se rapprocher d'un mec qui n'est même pas fichu de changer de caleçon ? Je reste silencieux et écris simplement :
" Tu aurais pu faire comme si tu n'avais rien vu..."
Il étouffe un petit rictus et sa réponse ne tarde pas :
" Tu aurais préféré que je mente et te laisse les fesses à l'air ?"
Présenté comme ça, c'est pas l'idéal non plus. Je fais machinalement non de la tête, mordant ma lèvre inférieure. Il a raison, il a bien fait de me le faire savoir...
" Je passe d'un suicidaire au caleçon sale à un idiot au cul nu, ça donne pas franchement envie de flirter avec moi..."
Je confie simplement cela, voulant tenter pour une des rares fois de lui transmettre tout le doute qui m'habite. J'essaie de faire passer cela avec humour sur le papier mais dans le fond mon cœur me fait mal. Je ne connais pas Raphaël depuis longtemps il est vrai mais je sens déjà que notre relation est spéciale et forte malgré sa jeunesse. Je ne veux pas la perdre. Raphaël me prend le stylo des mains :
" Tu as peur que ça me rebute ? Moi je trouve ça mignon, du moins si on exclut la partie ''suicidaire''. Tu veux que je te raconte quelque chose de gênant sur moi pour contrebalancer ? Libre à toi de vouloir continuer à flirter ou non avec moi après..."
Je laisse passer un doux sourire. Il cherche à me rassurer. Je me décide enfin à le regarder timidement, j'attends simplement qu'il continue d'écrire. Ses orbes croisent les miennes, je pourrais jurer qu'elles pétillent de quelque chose de particulier. Une sorte de fascination ? C'est drôle... Il finit par ajouter :
" Je me suis déjà vomi dessus."
Il grimace un peu comme si dans le fond il n'avait pas envie d'y repenser. J'ai un petit rictus et lui vole le stylo des mains :
" Moi aussi, petit joueur."
Sauf que ça n'est pas un souvenir joyeux du tout en réalité. Il est même horrible, il me donne envie de disparaitre de ce monde. Je tente malgré tout de ne rien laisser passer.
- J'étais pas bourré mais malade, en réalité j'ai bien du me vomir dessus plus d'une fois cette fois-là. Et toi ? T'avais trop bu ?
Je perds mon sourire, je ne m'attendais pas à ce qu'il me demande. Je fais simplement non de la tête, ne sachant pas comment rebondir. Je me suis vomi dessus une seule fois dans ma vie et c'est le moment où je me suis senti le plus sale et le plus inutile. J'avais l'impression de n'être qu'un déchet et de ne rien valoir. Alors que je me perds dans mes pensées, la main de Raphaël vient se perdre sur ma joue :
- Léo ?
La consonance de mon prénom dans sa voix est pure et mélodieuse. Je me ressaisis alors et réponds timidement :
- Oui ?
Ma voix se brise en montant dans les aiguës, ce qui le fait doucement rire. Je me l'éclaircis. Je ne pense pas être prêt à lui raconter ce moment pitoyable de ma vie. J'écris sur le papier :
" Je te raconterai peut-être un jour..."
Il fait simplement oui de la tête, me témoignant alors qu'il ne me posera plus de question jusqu'à ce que je lu en parle de moi-même. Je plonge à nouveau mon attention dans ma valise, j'y trouve la petite liste que je lui ai fait hier. Il a coché tout ce qu'il a mis dedans soigneusement. Il a vraiment pris son temps pour faire ma valise en réalité. Je souris, trouvant ca mignon.
- Au fait, tu me trouves sale et n'a plus envie de flirter avec moi ?
A la fois sa voix est amusée mais je pourrais jurer qu'elle est également parsemée d'un petit doute, qu'une certaine inquiétude je dirais même. Je lui réponds à travers l'encre :
" Qui a dit qu'on flirtait toi et moi ?"
J'ai envie de l'embêter à mon tour, d'oser jouer avec lui comme il le fait avec moi. J'espère qu'il ne va pas mal le prendre ou qu'il va pas croire que je suis sérieux... Mais et s'il pensait que je lui mettais un stop car je ne veux pas plus me rapprocher de lui ?! Je prends alors conscience que je viens possiblement de tout gâcher entre nous, je lui arrache le papier des papiers et le glisse sous mes fesses. Il ne pourra pas aller le chercher au moins...
- J'ai déjà eu le temps de lire, pas la peine de la cacher.
- Merde...
Comment je peux rattraper la chose ? Alors qu'il est sur le point de parler je plaque mon indexe sur sa bouche comme pour intimer de se taire. Il semble comprendre le message puisqu'il ne dit rien. Je déglutis péniblement tout en tentant de trouver les mots justes qui pourraient rattraper ma bêtise.
- Je...
C'est déjà un début de phrase, ça part bien... Je souffle longuement pour me calmer et rapproche doucement ma tête de la sienne. Sauf que je ne le regarde pas dans les yeux, hors de question je vais perdre tous mes moyens. Je fixe ailleurs ; ses épaules pour être plus précis. Je chuchote :
- Je flirte avec toi. Ou du moins... j'essaie... Je le veux... reprenais-je maladroitement.
Mon cœur est sur le point d'exploser. Je me mets à trembler de partout. Je finis par me rendre compte que je sens le souffle chaud de Raphaël sur mon doigt mais au lieu de le retirer précipitamment je suis figé. Je viens simplement l'observer. Lentement, nos yeux se rencontrent à nouveau.
- Je sais, moi aussi j'essaie...
Sa voix était délicate. La manière qu'il a de s'exprimer est fascinante, il a une voix suave et entrainante. J'ai presque l'impression qu'elle m'est interdite. Comme si je n'avais même pas le droit de l'entendre. Raphaël et moi restons l'un en face de l'autre à nous regarder. Mon indexe est toujours contre ses lippes, il ne semble pas s'en déplaire puisqu'il n'a toujours pas pris le temps de le retirer. A la place son regard profond me transperce. J'ai l'impression qu'il est presque capable de lire en moi. Je me laisse alors porter dans ses beaux yeux envoutant. Sa prestance m'obnubile, je n'ai aucune envie de le quitter du regard. J'ai l'impression d'être captivé par sa personne. Le temps semble se stopper pour nous laisser une part d'intimité. Au fur et à mesure que les secondes passent la tensions s'accumule et alors, comme si nous étions irrémédiablement attiré l'un par l'autre nous nous rapprochons. Je ne cherche plus à lutter ou à renier cette flamme qui brûle dans mon cœur. Une certaine volupté s'empare de moi, j'ai le sentiment de ne plus être maitre des choses qui se produisent. Le silence n'est pas pesant, il est le fil conducteur qui témoigne de toute la complexité de nos émotions. A la fois apeuré par le danger d'un potentiel baiser et à la fois parfaitement captivé à l'idée de céder à la tentation. Mes lèvres viennent frôler mon indexe.
Mon souffle s'alourdit, mon cœur se met à battre plus fort. Seul ces quelques centimètres nous séparent. Ceux que mon indexe délimite. Un frisson d'envie remonte le long de mon échine, me rendant tout chose. Cependant je n'ose pas céder, je n'arrive pas à retirer mon doigt pour que nos chairs soient scellées. La main de Raphaël vient attraper la mienne et alors il fait tomber cette barrière. Lentement, dans un geste habile et langoureux, il l'abaisse faisant alors glisser mon indexe contre nos lèvres. Des pétillements d'excitation me traversent. Mon indexe n'est désormais plus qu'un souvenir, sa présence n'est qu'un détail auquel ni lui ni moi ne prêtons plus attention. Il n'est plus un obstacle alors il n'est plus intéressant. La seule chose qui nous captive c'est l'appel de nos lèvres.
La torpeur qui découle de cet instant me plonge dans une parfaite folie extatique. Je me perds dans un torrent de bien être mais alors que je suis sur le point de l'embrasser je me réveille. Comme si tout ce qu'il venait de se passer lors des dernières secondes n'était qu'un parfait rêve. Je me redresse précipitamment, agrippe rapidement des vêtements et m'empresse de partir dans la salle de bain, sans rien dire.
Je respire fort. J'ai presque mal au cœur tellement il bat vite ! Je tapote contre mon torse pour me calmer. Je souffle longuement pour apaiser ma respiration saccadée. Mais qu'est-ce qu'il m'a pris ?! Non pas qu'est-ce qu'il m'a pris de vouloir l'embrasser mais qu'est-ce qu'il m'a pris d'être parti en courant ?! Mais pourquoi je suis si idiot ?!
- Tout va bien ?
Raphaël est juste derrière la porte.
- Ou-Oui ! Balbutiais-je.
J'aurais du rester, céder à cette tentation. J'avais qu'une seule envie : sentir ses lèvres sur les miennes et savourer tout le bien qu'il peut m'apporter. Je tape doucement ma tête dans le mur, me fatigant profondément. J'ai encore une fois, tout gâché... C'était pourtant parfait, l'alchimie qui se dégageait de ce moment était si intense...
Si seulement je pouvais rester enferme dans cette fichue salle de bain à jamais... Je finis par me décider à me changer malgré tout. Si je reste ici je vais finir par mourir de faim. J'ai toujours des bandages au niveau des avant-bras, je fais alors attention à ne pas me faire mal alors que je m'habille d'un pull ample et d'un jean serré noir. Ça fait du bien d'avoir des vêtements et sous-vêtements propres ! Être en blouse toute la journée n'était pas bon pour mon moral, ce ne faisait que me rappelait ma tentative et tout le mal que j'aimerais me faire par moment...
Je finis par sortir de la salle de bain, Raphaël se recule immédiatement, comme s'il ne voulait pas risquer de me toucher. Peut-être qu'il pense être allé trop loin ou que je lui en veux par rapport à ce qui a failli se passer entre nous ? Je n'espère pas... Je le détaille longuement.
- Merci pour la valise.
C'était nul, vraiment la pire chose que je pouvais dire mais je ne savais pas quoi raconter d'autre. Je retourne bêtement à ma valise, est-ce que je dois reparler de ce baiser qui était sur le point de se produire ? La dernière fois ça n'était pas si intense et on était pas littéralement à deux millimètres de s'embrasser alors on a fait comme si de rien était mais là nos intentions étaient claires... J'agrippe une nouvelle feuille de papier et écris :
" J'en avais envie."
Accompagné par une fleur. Je ne lui tends pas le papier, n'osant pas lui donner, je le laisse simplement trainer sur la table, il finira bien par tomber dessus. Je m'assieds sur mon lit sans un mot.
- Ça te va bien, c'est quand même plus rassurant de te voir habillé comme ça.
Je lui envoie un doux sourire en guise de remerciement. Raphaël revient vers moi et s'assied sur la chaise à côté de mon lit. Alors que les secondes passent il semble remarquer la nouvelle feuille que j'ai sorti. Il se penche quelque peu pour lire ce que j'ai écrit puis sourit. Son expression est bien trop mignonne. Nos regards se croisent.
- On devrait ré-essayer un de ces jours.
lance-t-il tendrement, comme s'il me témoignait qu'il ira à mon rythme, qu'il est prêt à attendre que je sois prêt pour l'embrasser. Je me pince les lèvres entre elles et finis par fixer le plafond. J'ai trop chaud ! Je me fais timidement de l'air.
Ça toque. Je me redresse et fixe la porte d'entrée. La psychiatre ne tarde pas à entrer. Elle nous espionne ou quoi ? Elle arrive au moment parfait... Elle nous salue.
- Je vois qu'on t'a ramené des affaires ! C'est très bien que tu aies pu te changer. Tu es toujours partant pour ce qu'on a décidé ?
Je fais oui de la tête. Même si je suis mort de trouille je suis toujours d'accord. Ça ne peut pas être pire que d'être seul chez moi.
- On est pas obligé d'y aller maintenant, c'est quand tu veux.
- On peut y aller...
J'ai parlé à voix basse mais je pense que tout comme Raphaël, elle m'a entendu. Je me lève du lit et me dirige vers ma valise que je referme. Comment est-ce que ça va se passer ? Je vais partager ma chambre ? Je n'espère pas...
Nous sommes dans le couloir, la psychiatre me parle, elle m'explique comment ça va se passer mais je n'écoute pas réellement, je suis perdu. Raphaël est également là, il a proposé de m'accompagner et je lui en suis sincèrement reconnaissant. En réalité je ne pars pas dans l'aile psychiatrique comme je le pensais, ça n'est pas du tout le cas. Nous partons dans un autre bâtiment un peu à l'écart de l'hôpital, c'est un hôpital annexe, un HP comme on dit dans le jargon. Un hôpital psychiatrique quoi. Elle m'a vendu cela comme une sorte de maison de repos. Bien tenté mais je suis toujours autant effrayé.
Nous arrivons dedans. La psychiatre prend la parole :
- On a pour habitude de conserver les téléphones portables et ordinateurs pour une durée de 14 jours. C'est essentiel dans le processus de se détacher des réseaux sociaux notamment pour mieux se focaliser sur sa récupération. Tu te rappelles, on en avait parlé ?
Elle m'en a déjà parlé ? Je ne devais plus écouter car je n'en ai pas le moindre souvenir... Je fais malgré tout oui de la tête. 14 jours sans téléphone ou ordinateur. Pour être honnête ça me convient, ça m'est même complètement égal, je ne communique avec personne. Les seuls messages que je reçois sont ceux de ma mère et généralement ils n'apportent pas de bonnes nouvelles. Je donne alors mon portable à l'accueil et en profite pour sortir mon ordinateur portable que mon voisin avait également apporté. Elle s'adresse à ce dernier :
- En général il est plus facile pour les proches de dire au-revoir maintenant. Il est important que Léo s'adapte aux prochaines journées qui vont suivre car il n'est pas autorisé à recevoir de visites pendant ces 14 jours, après nous pourrons envisager une sortie et donc un retour à la vie quotidienne ou un prolongement de son séjour avec son accord. Si le séjour est prolongé, il pourra recevoir de la visite en fonction de sa condition psychologique. Il est important de mettre ton bien être en avant, d'accord ? Sa dernière phrase m'est destinée.
Mais je ne suis pas rassuré. Au contraire, je suis complètement effrayé. Je ne vais pas pouvoir voir Raphaël pendant deux semaines ?! Je le fixe, apeuré. Il semble m'envoyer une expression rassurante mais ça ne fonctionne pas réellement. Il me permet d'aller mieux comment est-ce que je suis censé passer deux semaines sans lui... ?
- Je viendrais te voir dans deux semaines, ne t'inquiète pas.
Son sourire ne suffit pas à apaiser mon angoisse. Je sens que respirer devient désormais difficile. Je ne veux pas rester ici pendant deux semaines loin de la seule personne que je connais et en qui j'ai confiance. Tous ces gens ici je ne les connais pas, ils me font peur... Je respire lourdement. J'ai juste envie de pleurer. Je veux partir en courant, tout abandonner.
- Il peut m'accompagner ?
Ma détresse semble se ressentir à travers ma voix. La psychiatre semble surprise que j'ai parlé mais elle accepte. Elle n'a pas dit que c'était interdit après tout, elle nous a juste conseillé de nous dire au revoir maintenant mais je n'en suis pas capable. Je veux le garder près de moi encore un peu, qu'il me console, me rassure.
Nous nous dirigeons vers ma chambre. Je suis le seul dedans, c'est déjà un bon début. Je tremble de tout mon être. La psychiatre nous dit qu'elle nous laisse nous installer et qu'elle viendra me revoir plus tard. Je regard autour de moi.
Les murs sont jaunes pâles. Jaune, la couleur de l'espoir. Bien choisi. La pièce est neutre mais pas étouffante comme ma chambre étudiante. Elle est simple mais harmonieuse, elle dégage quelque chose de familier. Une grande fenêtre éclaire la pièce, le lit est pour une personne seulement mais semble confortable malgré tout. Les draps sont blancs, simple et efficace. Le sol est un parquet en bois clair, c'est joli. Quand aux meubles ils sont tous en bois également.
Sans un mot, Raphaël m'aide à défaire mes affaires. Une fois que nous avons tout rangé je m'installe sur le rebord de mon lit et détaille à nouveau la pièce. Je ne veux pas qu'il s'en aille... Je repose mon regard sur mon voisin qui n'est pas très loin de moi.
- Ça va aller ?
Je fais non de la tête. Bien sûr que non ! C'est un endroit inconnu rempli d'inconnus ! Comment ça pourrait aller ? Si j'arrivais à parler sans aucun trouble c'est ce que je lui dirais.
- Ne t'inquiète pas, ça se passera bien.
Il ne peut pas le savoir. C'est très gentil de sa part mais il ne peut pas me l'affirmer à cent pour-cent... Peut-être que ça sera l'enfer. Avec la chance que j'ai dans ma vie, c'est pas impossible.
- J'ai peur...
Ça me fait bizarre de l'avouer. Raphaël approche vers moi, il glisse ses doigts au niveau de mon menton et me fait lever la tête. Je le regarde timidement.
- C'est ne plus te voir qui me fait peur...
- Je t'enverrai des lettres.
Je fais la moue comme pour lui dire : bah bien sûr. Il insiste alors et me taquiner en pinçant l'une de mes joues.
- Je suis sérieux ! Si c'est ça qui te fait peur, tu peux te détendre. Je ne vais pas t'oublier en deux semaines.
- Et si c'est plus...
- De même.
Je me détends un peu plus. Si je peux communiquer avec lui à travers des lettres ça me convient. Ça me rassure. Raphaël se penche vers moi. Mon cœur commence à s'affoler. Plutôt que de m'embrasser il dépose un tendre baiser sur mon front. Des petits picotements d'exaltation me traversent. Je ferme les yeux, savourant ce moment. Un geste d'une affection tout particulière... Je me sens fondre. Il chuchote :
- Je te le promets.
*********
Je viens de me rendre compte que je dois refaire une couverture pour cette histoire ;---; Vu qu'il y a le titre ''lune de sang'' dessus... Pour celles et ceux qui n'auraient pas suivi l'histoire, je vais changer le titre car sur WP toutes les histoires nommées ''lune de sang'' (oui il y en a beaucoup) sont des histoires sur les vampires et je ne veux surtout pas que ma fiction soit associé à ce thème :') No hate, ça n'a juste rien à voir quoi XD Pour l'instant je n'ai toujours pas trouvé d'idée x) Merci à celles et ceux qui ont fait des propositions malgré tout !
Et pour râler un petit peu (parce que sinon ça n'est pas drôle) j'en ai vraiment marre d'instagram. Ca n'est pas du tout une plateforme que je trouve pratique pour se développer en tant qu'artiste. Je suis pas mal en colère quand je vois que mes dessins ont à peine 30 likes alors que des gens qui dessinent mal ont des milliers de like. Ça sonne peut-être très prétentieux mais je sais bien dessiner et je ne vais pas faire la fausse modeste en disant que ça n'est pas vrai, ça serait stupide. Ce que je produis n'est pas parfait ça s'est vrai, je dois encore m'améliorer dans certains domaines mais ça dépasse largement le niveau de certains sur Insta et donc quand je vois le nombre de retours qu'ils ont ça me démotive tellement. C'est pas impossible que j'arrête de partager mes créations là-bas en réalité, je ne vois pas l'intérêt de publier au final. De toute manière je ne dessine relativement plus que du NSFW (dessins moins de 18 pour faire simple) et des illustrations pour des romans alors je peux même pas montrer ce que je fais xD
Je vais aussi bientôt mettre en vente ma guitare. Je ne l'ai touché que deux fois. Je sais pas, je n'ai pas eu d'affinité avec cet instrument, j'ai essayé mais il y a pas eu cette étincelle alors autant la revendre. Je préfère largement le piano.
Ces derniers temps je reçois beaucoup moins de votes sur cette histoire, j'espère que ça n'est pas parce qu'elle vous déçoit :/
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