Un doux regard


Je suis profondément excité, je me sens différent de d'habitude, je suis sur le qui vive et n'arrête pas de gigote de partout. L'impatience me gagne. Depuis que je me suis réveillé je me sens étrange, c'est comme si une boule d'énergie s'amusait à voyager dans mon être. Raphaël est censé arriver à tout moment et je suis à la fois stressé et exalté. Je me sens fébrile, à chaque fois que je pense à lui qui est sur le point de toquer à la porte de la chambre, je souris comme un idiot. Mais d'un autre côté, je stresse énormément et plus le temps passent plus cette boule de stresse monte en moi. Je n'aime pas me sentir comme cela : parfaitement nerveux et déchainé. Je ne sais pas sur quel pied descend, cette ambivalence est singulière, je crois que je ne m'étais jamais senti comme cela.

- Arrête de tourner dans tous les gens, tu me fiches la gerbe !

Râle Alexis qui a été forcé à se lever de bon matin également. Je me suis levé largement en avance pour avoir le temps de me préparer mais je n'arrête pas de me sentir stupide. A chaque fois que je passe devant mon miroir je me trouve ridicule, aucunement charmant ou même attirant. Je finis par me planter devant le miroir, je toise ma tenue fade et nonchalante. Je suis moche... Quand Raph était venu, il était si beau, parfaitement beau. Il a pris le temps de perfectionner son apparence et il était atrocement beau garçon et puis il y a moi à côté qui fait tâche. Même aujourd'hui alors que je sais qu'il vient... Mais je n'ai pas pris de beaux vêtements pour venir. Il faut dire qu'en réalité je n'ai pas de tenue chic et classique contrairement à mon voisin.

- Ça s'appelle ton ''reflet'' ce que tu vois dans le miroir, si jamais...

Alexis me détaille l'air perturbé par mon immobilité à me fixer. Je ne fais pas de remarque sur ce qu'il a dit. Je ne suis pas stupide, je sais très bien qu'il s'agit de moi-même dans le miroir :

- C'est bien ça le problème... chuchotai-je pour moi-même.

Étant donné que je n'obtiens pas de réponse de la part de mon camarade, je comprends rapidement qu'il n'a pas entendu, ça n'est pas plus mal. Cette réflexion m'était destinée après tout...

- Je vais vraiment finir par croire que tu n'as pas d'âme, héhoooo Léo ! Bouge de devant le miroir, tu me fais flipper.

Je me ressaisis alors et repars m'asseoir sur mon lit, une mine penaude sur le visage. Et s'il me trouvait inintéressant ou qu'il pensait que je n'ai pas fait d'effort ? Ça n'est pourtant pas le cas... Je veux lui montrer que je sais être enivrant pour lui, mais là c'est raté... Je veux changer de vêtements, je veux être beau... Je me redresse alors une nouvelle fois et me dirige timidement vers Alexis. J'arrive devant lui, tête baissée car je n'ose pas le regarder.

- Dis...

Je marque une pause, n'osant pas lui demander ce que j'ai en tête. Je pince mes lèvres entre elles, Alexis attend que je poursuive. Je triture nerveusement mes lèvres et finis par prendre mon courage en mains :

- Tu pourrais me prêter un haut plus joli ?

Je relève quelque peu la tête, peinant à rencontrer le regard amusé d'Alexis.

- Tu ne te sens pas bien habillé comme ça ?
- Je me trouve horrible... J'ai rien pris comme vêtement qui soit classe...
- Je sais pas non plus si j'ai quelque chose pour être honnête mais je peux regarder.

Il se redresse sur ses pieds et part fouiller dans son armoire. Il est tellement gentil... Je me mets à sourire, même s'il ne trouve rien, il veut bien m'aider et ça me touche.

- Tiens, essaie ça.

Il me tend un haut fluide bordeaux à manches longues. Il est en effet bien plus joli que le gros sweat miteux et ridicule que je porte. Je lui tourne le dos et retire mon sweat à la vitesse de la lumière avant d'enfiler celui qu'il m'a passé. Je me remets face à lui et attends son appréciation.

- Je suis comment ?
- Ça te va très bien, tu es très charmant.

N'importe quoi ! Je me sens rougir et pars me cacher de son regard. Je jette un bref coup d'œil dans le miroir, c'est vrai, je suis mieux comme ça. Alexis s'approche vers moi, il est à côté de ma personne et se regarde également dans miroir. Il me détaille à travers ce dernier.

- Beau gosse en vrai.
- Dis pas n'importe quoi...
- Mais un problème. 

Je tourne la tête vers lui, surpris. Un problème ? Quoi donc ? Mon visage est moche ? Mon pantalon est horrible ? C'est pourtant un jean classique noire à la coupe quelque peu moulante... Je n'ai en revanche pas pu mettre de ceinture comme elles sont interdites... Peut-être que mon haleine est horrible ?! Je mets ma main devant ma bouche ce qui fait rire mon ami.

- Mets un peu de ton parfum sur le tee-shirt, il y a mon odeur dessus comme il était dans mon armoire.

Il me sourit doucement comme pour me rassurer. Oh je vois... Je pars donc rapidement dans la salle de bain pour mettre un peu de mon parfum. On a pas le droit à de gros flacon, ils ont peur qu'on le boive et donc on est réglementé et donc un peu de mon parfum a été mis dans un tout petit flacon qui est disposé dans notre salle de bain. Je regarde l'heure, Raph va arriver, il est presque dix heures. Je suis profondément angoissé, j'étais excité tout à l'heure mais maintenant je suis juste nerveux. J'ai presque la nausée. Je commence à avoir chaud, à transpirer, je me fais de l'air et tente de rester le plus calme possible mais je n'arrive pas à rester serein.

- Détends toi, sois naturel.

Facile à dire ! Si seulement c'était comme ça que ça marchait ! Il ne suffit pas de me dire de me détendre pour que tout mon stress s'évapore comme par magie ! Je laisse passer plusieurs râles témoignant de toute la pression qui s'accumule en moi.

- Je suis vraiment bien ? J'ai pas trop l'air ridicule hein ?

Alexis lève les yeux au ciel comme s'il était désespéré par mon comportement. Il souffle et se plante devant moi. J'arrête alors de tourner en rond et le fixe, les yeux ronds emplis de diverses émotions. Il m'agrippe par les épaules.

- Attends, bouge pas.

Doté d'une petit sourire doux et réconfortant, il amène une de ses mains à mes cheveux et les arrange. Il passe ses doigts dans une des mèches de mes cheveux qui retombait sur mon front et la relève quelque peu. Je reste immobile à le détailler sans aucun bruit. Je n'ai pas peur, il me touche mais tout se passe bien, je n'angoisse pas, je me sens rassuré et en sécurité.

- Là, t'es vraiment bien. Ça te cachais, montre lui ton joli visage.

Mes joues me chauffent. Je m'éclaircis la voix et me recule un peu de lui en le gratifiant d'un sourire gêné. 

- Ça va aller, ne te sens pas inférieur ou moche. Y'a aucune raison. On dirait que c'est ton premier date avec lui, c'est trop mignon en vrai.

Si seulement il savait... Raph et moi ne sommes jamais allés en date tous les deux. On a jamais eu de rendez-vous, de moments intimes entre nous. Par intime je parle bien sûr d'une atmosphère propice au flirt, d'un moment dédié à nous qui viserait à faire grandir notre attraction. Non, rien de tout cela. Mais j'aimerais avoir un rendez-vous avec lui, un vrai.

Ça toque. Je m'empresse alors de remettre bien mon haut, d'essuyer mes mains moites contre mon pantalon et d'arranger les plis de ce dernier. Mon cœur s'affole, la tension augmenter. Alexis ricane et part ouvrir dans la porte dans une démarche guillerette.

Je ne suis pas prêt ! Au secours, je suis sûr que j'ai encore des choses à arranger dans ma tenue, dans ma personne, dans ma posture, ma démarche, mon visage. Je suis sûr que je ne suis pas encore assez bien.

- Salut ! Léo est bien là mais il est un peu stressé à l'idée de venir t'ouvrir visiblement.

Mais qu'est-ce qu'il raconte ?! Je m'empresse de me jeter sur lui et de le repousser pour qu'il ne se mette pas à dire n'importe quoi sur moi ! Je sens alors une présence à côté de moi. Je me tourne timidement vers cette dernière. Raphaël est là : dans l'embrasure de la porte et il me détaille, un joli sourire sur le visage.

- Salut...

Je n'ose pas lui répondre. Je baisse simplement la tête. Rien que de l'avoir vu, mon cœur s'emballe et pétille déjà. Je ressens plein de choses. Mon corps tout entier réagit à la vue de sa personne, c'est perturbant... Alexis revient vers moi et me pousse en ouvrant en grand la porte.

- Le laisse surtout pas entrer, impoli va.

Il a raison, je fais n'importe quoi ! Je me ressaisis péniblement tandis que Raph pénètre dans la chambre.

- Ça va, vous cohabitez bien ensemble tous les deux ? questionne-t-il tout en détaillant la pièce.

Il l'a connait mais lorsqu'il est arrivé elle était complètement vide de toute présence humaine. Alexis prend la parole étant donné que je reste muet :

- La plupart du temps je fais la conversation tout seul mais ça me va, c'est drôle. Il est facile à vivre même si c'est une princesse.
- Une princesse ?!

M'offusquais-je. Il tire la langue et se marre dans le dos de Raph, il cherchait juste à me faire réagir. Je vais l'étrangler un jour... Raph semble également amusé par la situation puisqu'il laisse passer un petit rictus.

- Bon, moi je file !

Alors qu'il franchit le pas de la porte, il prononce :

- Faites pas de cochonnerie s'il vous plait ou sinon envoie moi un message que je sache que je ne dois pas entrer et laisser personne entrer non plus.
- Ça, ça risque pas,
pouffais-je.

Et il sort, refermant la porte derrière lui. Ça c'est sûr, il ne sera passera rien dans cette chambre entre Raph et moi. Je me sens un peu idiot, je ne sais pas quoi faire. Je regarde autour de moi, comme si je cherchais quelque chose qui pourrait m'aider mais rien y fait. Je bondis alors sur Raph et parle précipitamment :

- Tu peux retirer ta veste ! Mets toi à l'aise !

Je m'éclaircis la voix, me rendant compte que cette dernière a craqué. Je fais n'importe quoi ! Je lui tourne le dos et grimace. L'ambiance est étrange... Je ne sais ni quoi faire ni quoi dire... Et pourtant je suis tellement heureux à l'idée qu'il soit là. Il est bien habillé, comme la dernière fois mais cette fois-ci c'est plus sobre. Il a un pull noir qui recouvre une chemise dont le col est visible et un jean parfaitement taillé de couleur ébène.

- T-Tu es très bien habillé... balbutiais-je.

Raph me donne son long manteau noir que je pose sur la chaise de mon bureau. Je finis par m'assoir sur le rebord de mon lit, pour éviter de gigoter de partout. J'admire sa grande beauté.

- Et encore, j'avais mis une belle ceinture en cuir noire pour agrémenter le tout mais on me l'a prise à l'entrée.
- Elles sont interdites oui... Pour éviter...

Je fais le geste qui mime une pendaison. Il grimace quelque peu. Je lui avais dit que les ceintures étaient interdites pour nous, pensionnaires mais pas qu'il ne pouvait pas en porter non plus. A vrai dire, je ne le savais pas non plus... Raph s'approche vers moi, mon cœur bat lourdement, je l'entends taper vivement dans ma poitrine. Alors qu'il est de plus en plus proche je relève la tête pour ne pas briser ce long contact visuel entre nous deux. Il est juste devant moi, ses jambes touchent mes genoux, il passe une de ses mains dans mes cheveux ce qui fait s'accélérer mon cœur.

- Tu as changé de coiffure ?

Je suis heureux qu'il le remarque. Je me pince les lèvres entre elles en me retenant de sourire comme un idiot. Je fais simplement oui de la tête continuant à me perdre dans son beau regard intense. Le sourire délicat de Raph me fait planer dans un autre monde.

- Ça te va très bien, ton visage est plus éclairé.

Il s'amuse avec les mèches de mes cheveux qu'il sculpte pour les laisser un peu relevées. J'ai tellement envie de le prendre dans bras, de m'excuser encore pour la dernière fois, de lui dire qu'il m'a horriblement manqué et que je meurs d'envie de lover contre sa personne. Je me sens trembler d'excitation. Je me noie d'amour dans ses yeux qui ne me quittent pas non plus. Cette agréable bataille que se livrent nos regards me fait vibrer.

- Tu veux t'asseoir ?

J'aimerais oser le serrer contre moi mais je suis comme tétanisé, je n'ose pas me rapprocher de lui. Il retire ses chaussures et s'assied simplement à côté de moi.

- Tu parles de plus en plus, tu as l'air d'aller beaucoup mieux.

Je hausse les épaules, oui je vais mieux. Ou du moins depuis hier je vais vraiment mieux parce que je n'arrête pas de penser à lui. Nous avons passé une grande partie de la soirée à discuter par messages et j'ai adoré ça. J'attrape une feuille et un stylo et m'installe en tailleur dans mon lit, je m'appuie sur l'une de mes cuisses et rédige :
" Je parle beaucoup plus oui, Alexis m'aide beaucoup avec ça, il faut dire qu'il est trèèès bavard, j'insiste dessus. Ça ne me dérange pas : j'aime bien et ça m'aide à parler de plus en plus. J'ai également envie de parler plus avec toi mais tu m'intimides..."

Raph s'est installé comme moi, en tailleur et il attrape mon mot et se met à le lire dans sa tête.

- Tu m'intimides aussi tu sais ?
- Moi ?

Il fait oui de la tête et regarde finalement ailleurs, semblant être quelque peu gêné. Je trouve cette réaction adorable. Je me mords doucement la lèvre inférieure et viens poser une de mes mains sur son genou. A la fois pour capter son attention mais également parce que je veux établir un contact entre nous. Raph regarde du coin de l'œil ma main et dans un silence lourd de sens, il capture ma main dans la sienne. J'ai de plus en plus chaud... Pour tente de penser à autre chose je continue mon récit sur le papier :
" En revanche, je ne sais pas trop quand est-ce que je pourrais sortir..."

Je lui montre. Il fait une petite grimace et me rassure :

- Ça n'est rien, si tu ne sors pas tout de suite c'est que tu n'es pas prêt, il faut que tu ailles à ton rythme pour que tout se passe bien quand tu sortiras.
- Tu seras là ?
- A ta sortie ?

Je fais oui de la tête. Je veux qu'il soit là avec moi, qu'il m'aide à rentrer chez moi et à affronter la lourde vérité qui m'attend là-bas. Celle de ma vie pesante et de tous mes problèmes. Ce studio qui respire la mort et qui me rappellera probablement ma TS.

- Si tu le veux je serais là.

Je fais oui de la tête et m'empresse de répondre :
" J'aimerais oui, je pense que ça ne sera pas facile de revenir chez moi. La dernière fois que j'y étais seul ça ne s'est pas franchement bien passé pour moi..."

Sa mine s'obscurcit, il est attristé je pense... J'exerce une certaine pression sur sa main, il y répond et vient ensuite entrelacer nos doigts. J'adore, c'est tellement agréable comme moment. La pureté transparait parfaitement de nos deux êtres et j'aime ce que je ressens.

- Je serais là et si tu veux passer la première nuit chez moi, tu le peux.

Un nœud se forme instantanément dans mon ventre. Je n'ose pas répondre. Même le papier set pénible à cet instant précis. Je l'observe, sentant le rouge me monter aux joues.

- De manière purement innocente !

Je laisse passer un petit rire suite à sa réaction. Il a eu peur d'avoir fait une gaffe. Et pourtant non, c'est moi qui me suis imaginé des choses déplacées. Bizarrement... Mais pas faire l'amour avec lui, non, je me suis plutôt imaginé collé à lui à le câliner en ayant les mains un peu baladeuses. Je tente de jouer avec cette folle idée et écris :
" J'ai pensé à des choses..."

Il répond sur le papier :
" Des choses ?"

Tout en capturant ma lèvre inférieure entre mes dents je continue mon histoire :
" Je pense que ça n'était pas purement innocent pour être honnête. Je n'ai pas non plus pensé à faire l'amour avec toi !"

Oh mon dieu mais qu'est-ce que j'ai écrit ?!!! Je rature violemment cette dernière phrase, ne voulant surtout pas qu'il lise ça.

- Oh ? Pourquoi cet excès de colère contre cette pauvre feuille, rit-il.
- Tu ne dois pas lire ça !

Je regarde ailleurs, me figeant complètement. Mais n'importe quoi Léo ! Tu voulais flirter avec lui et lui faire sous entendre qu'il te rassure au point que tu commences à avoir un peu envie de lui pas lui faire une déclaration érotique en suggérant que tu veux faire l'amour avec lui !! Il va s'imaginer des choses ! Je n'en suis pas encore à ce stade !! Il attrape le papier et regarde mais impossible à lire, j'ai parfaitement fait en sorte que ce soit illisible.

- Tu n'arriveras pas à lire...
- Pourquoi ? C'était cochon ?

Il se rapproche de moi, jouant avec mes émotions et laissant transparaitre un regard joueur et aguicheur. Je m'éclaircis la voix et le repousse au niveau du torse me sentant parfaitement fébrile.

- Peut être un peu...

Avouais-je en fixant le mur. Du coin de l'œil je l'aperçois sourire. Il caresse tendrement ma main, s'amusant tout d'abord à passer son pouce sur le dos de ma main pour au fil des secondes ses gestes sont plus localisés, plus farouches. Des pressions exercées, des mouvements plus langoureux. Mon cœur est sur le point de me lâcher.

- Tu sais que même si tu t'amuses sur le papier avec moi de la sorte, ça ne veut pas dire que je prends cela pour ton consentement à ce qu'il se passe réellement cela, pas vrai ?

Je le regarde à nouveau. Ses paroles me font chaud au cœur, je me sens un peu bête et semble avoir encore perdu l'usage de la parole. Je suis interdit, à l'observer dans la plus grande des fascination. Il reprend :

- Même si tu es un peu aguicheur ou joueur sur le papier, ça ne reste que sur le papier. Ne t'inquiète pas. Tu n'as pas à raturer quelque chose que tu penses trop intime ou déplacé, je sais faire la différence entre le réel et ce qu'on se dit là-dessus.

M'avoue-t-il en désignant le papier du bout des doigts. Il fait fondre mon cœur. Je l'aime réellement, je le sens. Ça n'est pas juste une fascination ou une amourette, c'est plus intense. Je sais que je tombe parfaitement amoureux de Raphaël. Toute la délicatesse dont il fait part, la manière dont il me regarde... Alexis avait raison, il a une manière de me regarder qui me fait me sentir différent. Ses orbes sont dotées de passion, d'exaltation toute particulière. Il ne regarde pas les autres comme cela. Lorsqu'il parlait à Alexis il n'avait pas la même expression... Je me livre alors un peu plus à lui et ose écrire :
" A la baise j'avais écrit : Je n'ai pas non plus pensé à faire l'amour avec toi"

J'attends sa réponse, je me sens tout étrange. Mon estomac me fait mal. Il sourit de manière espiègle et répond :
" Tu devrais te relire."

Pourquoi cela ? Je me relis mais rien ne semble poser problème, je fronce alors les sourcils et ne comprends pas. Il s'éclaircit la voix et chuchote :

- Tu as écrit : A la baise. Je pense que tu voulais dire : A la base.

Je me jette sur le papier, yeux grands ouverts et bouche à l'identique. Oh non je n'ai pas écrit cela quand même ?! Je relis attentivement et en effet, j'ai bel et bien écrit ça. Je cache alors mon visage dans mes mains et bafouille maladroitement :

- Tu as rajouté le I !
- Absolument pas ! Quel lapsus révélateur...

Sa voix languissante me fait frémir. Mais pas de dégout, de quelque chose de nouveau. Ça n'était pas seulement de l'excitation pure, non, c'était bien différent. Ce picotement de fougue m'a dévasté. Je me sens profondément bête... J'aurais du me relire ! Si seulement j'avais la confiance nécessaire pour rebondir la dessus et en jouer en lui disant que c'était fait exprès, que je voulais voir sa réaction... Même si je mentirais car je n'ai pas fait exprès mais au moins ça pousserait ce flirt dans une nouvelle dimension plus sensuelle. Raph rit en m'entendant pester contre moi-même. Je m'arrête lorsque je sens ses mains se poser par-dessus les mains.

- Allez, fais moi voir ton joli visage.

Je suis tel un loukoum. Il me retire mes mains, je me laisse faire malgré ma gêne évidente. Il caresse doucement ma joue et susurre :

- Et tu pensais à quoi alors ?

Mon corps tout entier réagit. Je me sens patraque. Je serre sa main dans la mienne et tente de parler. Je prends mon temps pour rassembler mon courage, pour tenter de me calmer et pour parler de manière claire et distincte. J'aimerais communiquer avec lui en utilisant de moins en moins le papier. Même si j'aime cette forme particulièrement communication entre lui et moi je veux être à l'aise, ne plus en avoir besoin.

- Je me suis dit que si on se câlinait un peu se serait bien...

Je me sens tellement libre, comme si mon monde redevenait comme il l'était dans le passé. Sans gêné, sans tracas, sans aucune limite. Comme si j'étais à nouveau habité par cette témérité qui me caractérisait avant.

- Ça peut se négocier.

J'esquisse un petit sourire et suis content qu'il ne cherche pas à forcer les choses pour insinuer qu'il voudrait que ça dérape plus que cela entre nous. Savoir qu'il est prêt à aller à mon rythme me pousse à m'ouvrir de plus en plus.

- J'aime bien comme tu es habillé, le bordeaux te va très bien au fait.
- C'est Alexis qui m'a prêté ce haut,
confiais-je.

Il doit bien se douter qu'il n'est pas à moi, c'est lui qui a fait ma valise pour l'HP et il n'a mis à aucun moment ce haut dedans. Raph semble quelque peu surpris. Il acquiesce simplement, il me lâche la main et retire sa main de ma joue. Son expression est moins enjouée:

- Tu es proche d'Alexis ?

Je hausse les épaules et réponds tout naturellement :

- Pas autant qu'avec toi.
- Tu es sûr de ça ?

Je relève alors la tête vers lui et au vu du timbre sa voix et de sa question je comprends. Oui, je me rends compte qu'il est jaloux. Je trouve ça mignon. Je ne réponds pas immédiatement, non pas parce que je doute de ma relation avec Alexis ou de mes sentiments pour lui mais parce que je sais que je l'ai percé à jour et que je n'ose pas lui dire. Je n'ose pas lui faire face pour lui demander cela. Je m'approche alors de lui et viens le serrer dans mes bras, comme un geste parfaitement naturel entre nous. Je glisse ma tête dans son cou, il sent bon le parfum. Je souris doucement et viens susurrer timidement dans le creux de son oreille :

- Tu es jaloux ?

C'est plus facile de poser ce genre de questions lors que tu n'as pas la personne face à toi je trouve. C'est pour cela que j'ai préféré me réfugier dans son cou. Raphaël ne répond pas à ma question ce qui m'indique alors que j'ai mis le doigt sur quelque chose de sensible. Ça me touche, il tient sincèrement à moi et cette petite jalousie qu'il ressent me fait plaisir dans le fond. Je ne sais pas ce qu'il me prend mais je viens simplement m'asseoir sur ses cuisses, il se laisse faire et me tient par les hanches. Mon cœur bat à tout rompre, il casse presque le bruit du silence entre nous deux, j'ai l'impression que Raph est capable de l'entendre... Ma tête logée dans son cou me donne un regain de puissance, de confiance et d'estime de moi. Sentir mon corps contre le sien et cette proximité entre nous me rassure, elle me fait du bien et panse mon cœur meurtri. J'observe la peau pale de son cou et je ne sais pas ce qu'il me prend mais une envie folle me prend. Pris pas un élan de passion et d'innocence j'y dépose un tendre baiser. Mon muscle vital implose.

- Je suis très sensible aux baisers dans le cou...

Il ne parle pas fort, comme si parler à un volume normal briserait ce moment entre nous. La peau douce de son corps m'appelle, c'est comme une pulsion incontrôlable. Peut-être que parce que je n'ose pas l'embrasser pour de vrai, je le fais dans son cou pour lui témoigner de cette envie qui me prend ? Je ne sais pas... en revanche, je me surprends à ne pas me préoccuper de son avertissement et je viens presser à nouveau mes lèvres dans son cou.

- On ne s'est encore jamais embrassé et tu me donnes déjà des baisers dans le cou ? rit-il.

Il semble sincèrement amusé par la situation. Je souris simplement contre son cou et me recule de lui. Je lui fais face en pinçant mes lèvres entre elles. Il a raison... Je ne l'ai encore jamais embrassé mais ça n'est pas l'envie qui manque. Les mains de Raph restent sages, elles ne descendent pas sur mes fesses ou ne vont pas se faufiler sous mon haut. Elles glissent simplement dans mon dos pour mieux me maintenir.

- C'est quoi ce petit sourire ?

Je hausse les épaules. Je n'ose pas lui répondre que c'était pour laisser entendre que je veux l'embrasser pour de vrai. Ça me brûle les lèvres de le dire et de céder à cette envie mais je m'y résous, comme si les mots étaient interdits dans cette situation. Il vient attraper mon menton entre ses doigts. L'intensité qui découle ce moment est particulière. Je tente de parler mais n'y arrive pas tout de suite. Après quelques secondes à subir le silence qui témoigne de notre désir je laisse passer ce son improbable et pourtant si délicieux :

- Raphaël  ?

Le regard qu'il m'offre est ardent, il brûle d'une flamme nouvelle qui m'enivre parfaitement. Il semble surpris mais à la fois totalement dépassé par les évènements. Son visage se rapproche du mien. Je louche sur ses lèvres. Bien que je sois sur ses jambes et retenu par l'une de ses mains qui est logée dans mon dos, je ne me sens pas prisonnier. Au contraire, je veux succomber.

- J'ai envie de t'embrasser...

La manière dont il a chuchoté cette phrase me décroche des papillons dans le ventre. Je viens nouer mes bras dans son cou et commence à respirer de plus en plus rapidement. Je perds mes moyens... J'ai envie de lui montrer qu'il me plait, de lui faire comprendre clairement, qu'il ne se sente pas délaissé... Je ne veux jamais quelqu'un se sente aussi peu désiré et méprisé par la personne qu'il chérit comme je l'ai été. Jamais... Alors je rassemble mon courage et prononce à mon tour :

- Moi aussi...

Je descelle dans ses yeux une ardeur toute particulière, il se rapproche de moi, faisant diminuer le vide qui nous sépare. On va enfin s'embrasser... J'attendais ce moment avec impatience. J'entrouvre les lèvres et suis sur le point de cueillir les siennes quand j'entends la porte s'ouvrir violemment. Je sursaute et me recule brusquement de celui qui fait battre mon cœur de cette manière si spéciale.

Et alors, ce baiser tant attendu nous échappe à nouveau...



*****

Quand je vois le peu de lecteurs que j'ai, parfois j'aimerais me remettre à faire des fanfic BTS juste pour avoir une plus grande commu comme avant. C'est super triste de voir que seules les histoires sur les groupes kpop notamment les BTS fonctionnent de fou. Ça m'attriste un peu... Ou c'est juste que mon style est mauvais en vrai, je ne sais pas trop.

Petite baisse de morale en ce moment en voyant la chute des lecteurs qui ne semble jamais s'arrêter...

Sinon, une bonne nouvelle : le premier avril je sors mon premier roman ! Il s'agit d'une autre de mes histoires qui est publiée ici : ESJCP ~ Je pense que j'adapterai également Lune de Sang en roman btw ! En roman illustré bien sûr héhé ~

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre plus pimenté ?~ Malheureusement toujours pas de baiser mais je peux vous le dire, ca arrive ;) Ils étaient vraiment pas loin en plus ! Mais qui a pu ouvrir la porte et surtout pourquoi ? Ca c'est la question ! ~ La réponse dans le prochain chapitre.

Si jamais vous voulez me donner des idées de dessins il n'est toujours pas trop tard !

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